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56, avenue de la Grande-Armée, 75017 Paris

Prier : le secret de la joie

« Soyez toujours joyeux, priez sans cesse » (Thess. 5:16) nous dit l’apôtre Paul. C’est quand même curieux ! D’abord peut-on ordonner à quelqu’un d’être joyeux ? Ensuite, quel rapport entre ces deux ordres ?
Or oui, les deux sont liés, et pour être toujours joyeux, priez !

Mise en ordre dans la parole
La prière peut être source de joie, d’abord parce qu’elle permet de mettre en ordre ses sentiments. Même si l’on ne croit pas en Dieu, faire le point sur sa vie du moment, dire ses sentiments, fait un bien extraordinaire. Cela met de l’ordre dans
le fatras de nos expériences, et l’ordre est source de joie. Et même s’il y a des menaces à notre propre équilibre, nommer ces adversités, les reconnaître, c’est déjà leur enlever une bonne part de leur pouvoir.

Action de grâces et recherche de la perle
Ensuite, il y a une grande part d’action de grâces dans la prière : remercier. Pour cela il faut chercher dans sa vie ce qui est beau, ce qui a été bien et le remettre au centre de sa préoccupation. Comme la femme de la parabole qui trouve la perle rare dans sa maison en désordre et qui est toute joyeuse. Rendre grâces, c’est choisir de chercher le bien pour s’en nourrir. De là peut découler un sentiment fort de joie et de reconnaissance.

Redevenir sujet de sa vie
Le troisième point est que prier, c’est dire « je », se positionner comme sujet, reprendre la barre de sa vie. Nous sommes trop souvent objets d’événements subis, blessés par les autres. Dans la prière, on peut redevenir sujet, renforcer ce moi aimé et sauvé par Dieu qui ne peut être ni défini, ni vaincu par ce qui lui arrive d’extérieur. « Je » ne suis pas ce qui m’arrive. Le Cogito ergo sum, de Descartes ne dit pas tant qu’il est important de penser, mais que je suis vraiment quand « je » pense. Dans la prière, ce « je » est remis au centre, et par Dieu il est écouté, pris en considération et aimé.

La grâce qui permet de dire « je »
Ici intervient le message de la grâce. C’est Dieu qui nous dit : tu es accepté, tu as le droit de dire « je ». Et ce « je » n’est ni condamné, ni rejeté, ni méprisé, mais il est infiniment valorisé parce que ce « je » est considéré comme sacré par Dieu lui-même. Dieu te regarde comme une personne sauvable et sauvée, comme une personne aimée et capable d’aimer.

On a dit parfois que le moi était haïssable. C’est vrai quand le moi veut se faire centre du monde. Mais pour pouvoir accueillir l’autre comme aussi quelqu’un qui peut dire « je», comme un autre « moi-même », il faut déjà que je me considère, moi, comme un sujet. Si je ne suis rien, que vaut l’amour que je donne ? Si je suis incapable de me considérer moi-même, quel cadeau fais-je à l’autre ?

S’ouvrir aux autres
Bien sûr, il ne faut pas s’arrêter là, la prière n’est pas simplement prier pour soi, c’est aussi prier pour les autres, et c’est là encore une autre source de joie. Au-delà de la question de l’efficacité de la prière d’intercession, s’ouvrir aux autres, c’est se décentrer de soi-même et par là même se libérer de tout ce qui nous menace et nous préoccupe égoïstement. Par là aussi on peut trouver la joie profonde de la communion passant du « je » au « nous ».

Ouverture vers un au-delà de tout
Et enfin, la prière est aussi une ouverture vers Dieu, vers la transcendance, vers l’esprit. C’est une fenêtre ouverte vers le ciel qui est source de paix, de joie et de vie.
Dans la prière, je peux comprendre que je ne suis pas seul, mais accompagné de bienveillance, d’un amour dans lequel je peux me mettre en confiance. Et cette source infinie que j’atteins dans la prière est la puissance créatrice du monde qui est donnée pour moi, pour me recréer, me reconstruire et me faire avancer.
Paul a donc bien raison de lier joie et prière. Quelles joies que donne la prière ! Ordre, réflexion, confortation, acceptation du « je », libération, ouverture aux autres, communion, partage, relativisation de tout ce qui m’agresse, protection, confiance, et amour et source de vie. Priez. Priez sans cesse, balbutiez, apprenez, mais priez !
Et vous serez toujours joyeux !

Louis Pernot


 

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