Le grand orgue de l'Eglise Protestante Unie de l'Etoile
Mémoire complet sur les grandes orgues de l'Eglise protestante de l'Etoile
Par Philip Mead, organiste à l'Eglise protestante de l'Etoile
Introduction
Les origines de l'orgue à tuyaux et l'orgue moderne
Histoire et évolution de l'orgue de l’Etoile
L'orgue Cavaillé-Coll d'origine 1874 - 1910
Conception et installation de l’orgue agrandi par Charles Mutin 1911 - 1917
Réparations et améliorations apportées à l'orgue par Gonzalez. 1947 – 1959
Réparations et relevage faites par Jean-Marc Cicchero. 1960 – 2006
Restauration complète de l’orgue par Antoine Pascal. 2006 – 2023
L’évolution de la spécification et la composition de l'orgue
Tous les travaux effectués sur l'orgue dès le début
Les tuyaux : Types, nombres et disposition
L’alimentation de l’orgue
Les sommiers
Postage et sommiers auxiliaires
La traction mécanique
La machine Barker
La console
Introduction
Les orgues à tuyaux se présentent sous de nombreuses formes et tailles, chacune étant unique au monde. Si deux orgues avaient une spécification identique, ils sonneraient différemment selon le volume et la réverbération du bâtiment dans lequel ils se trouvaient. L'orgue est installé souvent sur une tribune au-dessus de la congrégation et peut sembler mystérieux et lointain. Les informations contenues dans cette partie du site Web tentent d'expliquer l'histoire de notre orgue depuis sa première installation il y a 150 ans et fournissent également quelques détails sur son fonctionnement.
L'orgue de l'Étoile est actuellement en très bon état et sonne sans doute aussi bien, voire mieux, qu'il ne l'a jamais fait au cours de son histoire. Il est suivi de près pour garantir que son état peut être maintenu. Son bien-être actuel est dû aux organismes suivants :
- Le Conseil de l'Association Cultuelle de l'Etoile qui considère l'orgue comme partie intégrante du culte et s'est assuré qu'un soutien et des fonds étaient disponibles pour garantir que l'orgue serve les générations actuelles et futures.
- Une équipe d'organistes bénévoles, dévoués, dirigée par leur titulaire Liesbeth Schlumberger.
- Le Pasteur Louis Pernot, passionné depuis toujours par l'orgue de l'Etoile, son bien-être et sa place au centre de la vie de l'Église. Il a toujours été prêt à comprendre et à aider pour tout projet ou problème.
- Un facteur d'orgue expert et dévoué Antoine Pascal.
- L'Association des Amis d'Orgues qui diffuse des activités culturelles autour de l'orgue et apporte une aide pratique.
Les origines de l'orgue à tuyaux et l'orgue moderne
Les origines de l'orgue à tuyaux.
Les flûtes existent depuis des temps immémoriaux, et l'orgue à tuyaux semble avoir été inventé vers le troisième siècle avant JC à Alexandrie en tant que joueur de flûte mécanique, il s'appelait l'Hydraulis et était alimenté par l’air déplacé par mouvement de l'eau. Les premiers orgues n'avaient pas d'association religieuse, étant utilisés pour des jeux, des banquets, des cirques romains, etc.
Les soufflets ont commencé à être utilisés pour fournir du vent vers le 6ème siècle et à cette époque, les orgues ont commencé à être utilisés pour des événements religieux. Au 12ème siècle, des orgues se trouvaient dans de nombreux lieux de culte et étaient d'usage courant au 15ème siècle. Il y avait un orgue à Notre Dame de Paris dans les années 1300. Au 16èmè siècle, les orgues avaient déjà pratiquement toutes les caractéristiques des orgues modernes, y compris la possibilité de séparer et/ou de combiner des rangs de tuyaux avec les tonalités différentes, ce qui permet de générer une grande variété de sons.
L'orgue moderne.
La conception de base de l'orgue n'a pas changé depuis le 16èmè. Des tuyaux d'orgue sont plantés sur des trous percés dans un canal au sommet d'un sommier qui est rempli d'air comprimé fourni par un soufflet attaché à un ventilateur. Chaque canal représente une note sur l'orgue et chaque fois qu'un organiste appuie sur une touche représentant cette note sur la console, une soupape permet à l'air de pénétrer dans ce canal au moyen d'une liaison directe. Chaque canal a des trous qui correspondent au nombre de jeux disponibles à la console. Lorsqu'un jeu est sélectionné par l'organiste, un registre coulissante est actionné pour permettre à l'air d'entrer dans une rangée de tuyaux si la note est jouée sur le clavier.
Chaque rang contient des tuyaux d'une couleur de ton spécifique, avec un tuyau différent pour chaque note sur le clavier. L'orgue de l'Etoile dispose de quatre orgues distincts disposant chacun de son propre clavier, trois de 56 touches pour les mains (Grand Orgue, Récit et Positif) et un de 30 touches pour le pédalier. Chaque clavier contrôle un ensemble complet de rangées de tuyaux qui peuvent être joués indépendamment ou couplés ensemble au sein d'un même orgue ou en conjonction avec un ou tous les autres orgues. L'orgue à pédales joue principalement les notes de basse.
En plus d'avoir des tuyaux de différentes tailles et puissances donnant une large gamme d'expression, deux des orgues, le Récit et le Positif, sont enfermés dans des boîtes avec des persiennes qui peuvent être ouvertes et fermées par l'organiste avec des pédales séparées donnant plus de possibilités d'expression.
Histoire et évolution de l'orgue de l'Etoile
L'orgue Cavaillé-Coll d'origine 1874 - 1910
Les orgues ont de longues vies et évoluent, ils n'échappent jamais aux améliorations, aux modifications, aux agrandissements et parfois au manque de soins et d'entretien. C'est le cas de notre orgue à l'Etoile et il est intéressant de suivre ses origines et son évolution au fil des années.
Il n'existe pas de photos du premier orgue, mais nous savons exactement à quoi il ressemblait car le buffet d'orgue d'origine de 3.2 mètres de large, forme la partie centrale de notre buffet d'orgue actuel ! Ce premier orgue avait sans doute été sélectionné parmi plusieurs spécimens proposés par le facteur d'orgues français de renommée mondiale Aristide Cavaillé-Coll et de toute évidence il s’agit du type N° 18 (cf. illustration ci-dessous) qui proposait un orgue de 10 jeux répartis entre deux claviers sans pédalier.
Un jeu d’orgue est une série/rang de tuyaux de même forme, donc de même timbre, et de longueur décroissante. Un jeu et nommé par son timbre et par la taille du plus grand tuyau qui se mesure en pieds (1 pied = 30 cm), par exemple Bourdon 16 pieds ou 16p, souvent écrit Bourdon 16’. Chaque tuyau se connecte directement avec une touche spécifique sur l'un ou l'autre des claviers.
Les spécimens étaient inclus dans un catalogue édité par la Maison A. Cavaillé-Coll et intitulé « Orgues de tous modèles ». L'orgue de l'Etoile ne présentait que deux variantes par rapport au N°18 : il y avait un Plein jeu 2 à 5 rangs à la place du Cor de Nuit au Récit et pas de pédalier. Le spécimen N°18 dans le catalogue montrait bien un pédalier mais sans jeux réels qui n'étaient que des emprunts au Grand Orgue. Le Plein jeu comprend plusieurs tuyaux qui parlent simultanément lorsqu'une touche est enfoncée sur le clavier. Le son qui en résulte ajoute un certain brio à la sélection des jeux tirées. Il est souvent catégorisé comme un jeu de mutation et peut aussi être appelé « Mixture » ou Fourniture ».
Ainsi la composition de l'orgue d'origine de l’Etoile était la suivante :
• Grand orgue : Montre 8’, Bourdon 16’, Prestant 4’ et Flûte Harmonique 8’
• Récit : Viole de gambe 8', Flûte octaviante 4', Voix céleste, Plein jeu 2 à 5 rangs, Trompette 8' et Basson-hautbois 8'
La date officielle de la livraison de l’orgue était le 2 novembre 1874, bien qu'il ait été probablement érigé en août 1874. Il était donc en service le jour de l'inauguration de l'Etoile le 29 novembre 1874.
En 1892, à la suite de discussions avec l'organiste M. Weber et Pasteur Picard qui avaient rejoint l'Etoile en 1890, Aristide Cavaillé-Coll avait établi un devis pour la fourniture de deux jeux de pédalier, une Soubasse 16’ (bouchée) et une Flûte(ouverte) 8’ (toutes deux en bois) et pour le remplacement du Plein jeu du Récit par un Cor de Nuit 8’ ou Bourdon 8’. C'est le Cor de Nuit qui a été accepté. Il est intéressant de noter que cela a ramené l'orgue à la spécification originale du N° 18 mais avec deux vrai jeux de pédale cette fois.
Tout cela impliquait un travail considérable sur l'orgue et sur la tribune qui était beaucoup plus petite qu'elle ne l'est aujourd'hui. L'orgue devait être avancé sur la tribune car les tuyaux des jeux de pédales devaient être posés au fond de l'orgue contre le mur en-dessous de la rosace. L’avant de la tribune devait être avancé car il n'était pas assez profond du fait des modifications envisagées. Pour permettre tout cela, il était nécessaire que l'orgue soit complètement démonté. Lors de la reconstruction et de l'apport de nouveaux jeux, sommiers, réservoirs, pédalier et traction mécanique, le reste de l'orgue devait être entièrement nettoyé, tuyaux, boiseries etc., Aristide Cavaillé-Coll ayant pointé le fait que cela n’avait pas été fait depuis son installation 18 ans auparavant.
Le Conseil d'administration accepta le relevage mais pas l’agrandissement de l'orgue qui dut attendre 1897/1898 pour être entrepris.
A la fin du 19ème siècle, l’orgue comptait les 12 jeux suivants :
• Grand orgue : Montre 8’, Bourdon 16’, Prestant 4’, Flûte Harmonique 8’
• Récit : Viole de gambe 8', Flûte octaviante 4', Voix céleste, Cor de nuit 8’, Trompette 8', Basson-hautbois 8'
• Pédale : Flûte 8’, Soubasse 16’
En octobre 1909, M. Weber dut démissionner de son poste d'organiste pour raison de santé et fut remplacée en janvier 1910 par Alexandre Cellier, âgé de 27 ans.
Conception et installation de l’orgue agrandi par Charles Mutin.
Vers 1911, la possibilité d'un relevage et d'un agrandissement de l'orgue se présenta à nouveau, soutenue avec enthousiasme par Pasteur Picard et Alexandre Cellier, organiste nommé en 1910. Cependant, la situation économique était difficile et les travaux sur l'orgue étaient liés à un autre projet consistant à faire venir une ligne électrique à l'Etoile pour permettre de doter l’orgue d'une soufflerie électrique et de convertir les lampes à gaz du temple à l’électricité. L'orgue était jusqu'alors pompé manuellement par un souffleur qui coûtait 2 francs par séance et, dit-on, occasionnellement un verre de vin rouge. Les pédales de pompage à pied à l'arrière de l'orgue existent encore aujourd'hui. On estimait que le coût par séance tomberait à 14 centimes après l’électrification !
En février 1914, les choses ayant évolué, Pasteur Picard déclara qu'il fallait procéder au relevage de l'orgue, pour lequel 5.000 francs avaient déjà été votés. Les travaux d'installation de la soufflerie électrique de l'orgue pourraient se poursuivre et cela permettrait de réaliser également une étude pour installer l'éclairage électrique dans le Temple.
Picard et Cellier étaient en discussion avec Charles Mutin depuis décembre 1912 et étaient très intéressés par l'ajout d'un troisième clavier, un Positif, qui permettrait à l'orgue de jouer une musique jusqu'alors impossible sur l'instrument actuel. Mutin fit remarquer que le Positif ne pouvait pas simplement être ajouté à l'orgue existant car, pour se conformer à la musique moderne, tous les claviers devaient être étendus à 56 notes. De plus, les restaurations précédentes avaient usé les sommiers car il y avait trop de jeux pour le volume des gravures.
Le Conseil souhaitant que le buffet existant soit conservé dans le cadre du nouvel orgue, Mutin suggéra que le buffet actuel demeure comme motif central, avec des extensions de buffet boulonnées de chaque côté de l'orgue existant contenant des sommiers, des réservoirs et la traction mécanique.
Ci-dessus à gauche, image de l'orgue Cavaillé-Coll original figurant au catalogue de 1873 superposée au croquis de l'orgue actuel réalisé par Jean Simpère, trésorier des Amis d'orgues pendant de nombreuses années. A droite, photographie récente de l'orgue.
Une commission fut mise en place, présidée par Charles Widor (organiste titulaire de Saint Sulpice) pour décider des améliorations nécessaires, impliquant 6 mois de travaux, 3 dans l'église et 3 dans l'atelier. Le Conseil approuva.
Le premier devis fut reçu début 1914 et Mutin proposa deux spécifications, l'une de 26 jeux et l'autre de 25 jeux, qui incorporeraient toutes deux la tuyauterie Cavaillé-Coll existante et auraient trois claviers. Le deuxième devis fut accepté à condition qu'un Octavin 2' soit inclus et que le prix de 26.000 francs soit retenu.
Dans sa réponse, Pasteur Picard, faisant preuve d’un certain sens commercial, déclara qu'il aimerait avoir la mise à disposition d'un espace sur les sommiers pour 2 ou 3 nouveaux jeux et une Voix Humaine dont Charles Widor lui avait assuré qu'elle était nécessaire à l'exécution de certaines pièces de César Franck.
En avril 1914, Picard écrivit à Mutin disant que la commission présidée Widor approuvait le devis et que les travaux pouvaient continuer. Picard souhaitait toujours que soient fournis des jeux supplémentaires sur chaque clavier et un harmonium en prêt pendant la durée des travaux. Ce dernier fut jugé insuffisant et remplacé par le prêt temporaire d'un petit orgue qui fut par la suite, en décembre 1916, transféré au Temple de Béthanie. Mutin confirma que la commande était désormais définitive pour 26 jeux, toujours au prix initialement proposé et il suggéra qu'on avait encore la possibilité de reparler de la Voix Humaine qui n'était pas incluse dans le devis actuel.
En août 1914, Picard annonça au conseil que les travaux concernant l’électrification et le nouvel orgue avaient été suspendus, apparemment pour des raisons économiques. Or Mutin avait déjà envoyé le buffet à Nancy pour y apporter les modifications nécessaires.
En 1915 (la date exacte n'est pas connue) fut établi le cahier des charges définitif pour l'orgue avec une liste de surcoûts prévoyant l'inclusion de 6 jeux supplémentaires portant le total à 32 jeux. Les jeux supplémentaires étaient un Basson 8’ grosse taille et une Quinte ouverte 2 2/3 pour le Grand Orgue, une Voix Humaine, Viola 4' et Tierce 1 3/5 pour le Positif et un Cromorne 8' pour le Récit.
En mai 1916, Picard assura que les travaux étaient presque terminés et que le nouvel orgue serait mis en service sans autorisation préalable. Le concert d'inauguration était prévu en janvier 1917 mais il semble qu’il ait fallu y renoncer justement en raison de problèmes d’autorisations relatives à l’utilisation de l'électricité en temps de guerre.
A l’installation en 1917 l’orgue comptait les 32 jeux suivants :
Grande orgue : Bourdon 16, Montre 8, Flute harmonique 8, Salicional 8*, Bourdon 8*,
Prestant 4, Quinte 2 2/3**, Basson 8**.
Positif : Principal 8*, Cor de Nuit 8, Flûte douce 4*, Nasard 2 2/3*, Octavin 2*,
Tierce 1 3/5**, Voix humaine 8**, Basson-hautbois 8.
Récit : Quintaton 16*, Flûte harmonique 8*, Gambe 8, Voix céleste 8,
Flute octaviant 4, Viole 4**, Plein jeu 3/5 rangs*, Basson 16*, Trompette 8, Cromorne 8**,
Clairon 4*.
Pédale : Contrebasse 16*, Soubasse 16, Flute 8, Bourdon 8*, Basson 16*.
* Les 14 jeux additionnels proposé dans le devis de 1914 utilisant les 12 jeux dans la spécification de 1892.
** Les jeux additionnels ajoutés au devis de 1914 après discussions entre Pasteur Bersier, Cellier, Mutin et Widor.
Réparations et améliorations apportées à l'orgue par Gonzalez.
Alors qu’un orgue devrait normalement faire l’objet d’un relevage tous les 15 ans, rien n’avait été fait sur l’orgue entre 1917 et 1947. Bien que la tribune ait été agrandie en 1925 jusqu'à sa taille actuelle permettant un plus large accès aux chœurs et à l'accompagnement instrumental, très peu de travaux avaient été effectués : réparations limitées en 1933, commande d’un nouveau moteur en 1931, toujours en place aujourd'hui, réparations sur le pédalier.
En 1947, l'église approuva des travaux à faire conformément à un devis établi par Gonzalez, le facteur d’orgue dont on note l’arrivée dans les années 1930. Il s’agissait de trois améliorations, approuvées par Cellier comme suit :
• Conversion du Basson 8' en Trompette 8' au Grand Orgue.
• Retrait du Cromorne 8' du Récit (d’origine Mutin), refonte complète des tuyaux et des
noyaux et remplacement par une version reconstituée. Les alliages à haute teneur en étain et en étain-plomb pouvant être sujets à corrosion, c’est peut-être pour cette raison que le Cromorne devait être refait.
• Remplacement de la Quinte au Grand Orgue par un Plein Jeu de 4 rangs (224 tuyaux). La fonte de la Quinte serait utilisée pour le faire.
Au cours des deux années suivantes, un rapport fut publié, vraisemblablement à l’intention du Conseil, soulignant que très peu avait été fait sur l'orgue pendant les 32 années écoulées depuis sa reconstruction et qu'un relevage complet était nécessaire, ce qui impliquait :
• Enlèvement et nettoyage de tous les tuyaux.
• Vérification de tous les sommiers, tables, soupapes, etc.
• Vérification complète de l'action mécanique.
• Démontage et traitement des anches pour éviter l'oxydation etc.
• Réharmonisation totale après remontage.
En plus du relevage, d'autres améliorations étaient nécessaires :
• Transformation du Basson 16' de la Pédale en Bombarde par remplacement des anches.
• Modification des boîtes expressives pour leur permettre de s'ouvrir au maximum.
• Suppression de la Voix Humaine et remplacement de celle-ci par le transfert de la Viole
4’ du Récit au Positif. Nous ne connaissons pas la raisonnement à l’origine de cette
décision.
• Fourniture d'une Quarte de Nasard 2' en remplacement de l'Octavin 2' qui serait
transféré au Récit.
• Fourniture d'une Flûte 4' au Grand Orgue et transfert du Salicional au Récit où il
remplacerait la Gambe 8'.
En 1951 il fut établi un important devis pour le relevage complet de l'orgue et les améliorations indiquées ci-dessus, à l'exception des derniers éléments - le Salicional est toujours sur le grand orgue et il n’y a pas une Flute 4’. Des concerts spéciaux et un appel aux dons permirent de recueillir une grande partie des fonds nécessaires et le devis de Gonzalez fut accepté et les réparations lancées. A la suite des travaux, en novembre, un procès-verbal de vérification et de réception fut rédigé par un expert de la Reconstruction du Service des Monuments Historiques.
L’intérieur du temple avait été refait en 1956 mais Alexandre Cellier fit remarquer au Conseil que l’orgue avait été insuffisamment protégé pendant les travaux et qu’il conviendrait de procéder à une remise en état de l’instrument.
Enfin, la dernière réalisation de Gonzalez à l'Etoile fut en 1959 incluse dans un devis qui comportait deux réparations à faire :
• Feutrage du pédalier pour supprimer le jeu latéral.
• Révision de la machine Barker.
Bien que le feu vert ait été donné pour le feutrage du pédalier, il n'y a aucune trace d'une quelconque approbation par le conseil pour la révision de la machine Barker.
A la fin de cette période l’orgue comptait les 32 jeux suivants :
Grande orgue : Bourdon 16, Montre 8, Flute harmonique 8, Salicional 8*, Bourdon 8*, Prestant 4, Plein jeu 4 rangs*, Trompette 8*.
Positif : Principal 8, Cor de Nuit 8, Viole 4*, Flûte douce 4, Nasard 2 2/3, Quarte de Nasard 2*, Tierce 1 3/5, Basson-hautbois 8.
Récit : Quintaton 16, Flûte harmonique 8, Gambe 8, Voix céleste 8,
Flute octaviant 4, Octavin 2*, Plein jeu 3/5 rangs*, Basson 16, Trompette 8, Cromorne 8*, Clairon 4.
Pédale : Contrebasse 16*, Soubasse 16, Flute 8, Bourdon 8, Bombarde 16*. *Jeux modifiés pendant les travaux de Gonzalez.
Réparations et relevages faites par Jean-Marc Cicchero.
1967 voit le départ d'Alexandre Cellier comme organiste titulaire et son remplacement par Madame Françoise Rogé avec un concert spécial et une réception organisée pour lui le 5 février.
Suite aux travaux sur le clavier à pédale en 1960, rien ne semble avoir été fait sur l'orgue jusqu'en 1982, date à laquelle le gérant de Gutschenritter (le successeur de Merklin) se rendit à l'Etoile en novembre 1982 pour y faire quelques réparations mineures et écrivit ensuite une lettre d'avertissement concernant la grave dégradation de l'état de l'orgue, particulièrement en ce qui concerne les réservoirs, les gosiers et les soufflets de l'orgue et le cuir utilisé pour leur fabrication (peau de mouton). Il a suggéré que des travaux indispensables étaient nécessaires et que l'église devait contacter la Ville de Paris pour obtenir des aides financières pour aider à y remédier. Il n'y a eu aucune suite positive et la Ville de Paris a confirmé qu'elle n'était pas en mesure d'aider. A noter que Gutschenritter a arrêté ses activités en 1986.
À la suite d’une séance du conseil tenue en mai 1986 paraît le procès-verbal suivant « Mme Rogé a été interrogé sur l’état de l’orgue à la suite des critiques parues dans la presse ». Aucune autre information supplémentaire n'est disponible !
Il y eut cependant une réaction puisqu’en septembre 1986 on constata qu’un devis et contre-devis avaient été reçus Un de Jean marc Cicchero et deux contre devis ont été soumis par Adrien Maciet (Société d’Exploitation de Manufacture d’Orgues), le premier pour un relevage et le deuxième pour la restauration de la Machine Barker. En décembre il fut décidé que Jean-Marc Cicchero réparerait l'orgue et les travaux devaient être terminés en mars 1988. Il fut également décidé de créer l'Association des Amis de l'orgue pour aider avec le financement. Aucune aide n'a été apportée par la Ville de Paris.
En février 1988, un autre projet fut soumis par Cicchero pour des travaux sur la Montre 8 du Grand orgue à réaliser pendant les travaux déjà engagés. Une modification avait été faite dans le passé, probablement lors des gros travaux effectués par Gonzalez, pour remonter de deux tons (quatre places sur le sommier), tous les tuyaux de la Montre 8 et ajouter 4 tuyaux en bois nouvellement fabriqués pour le fond. Remarques. L’objectif était vraisemblablement d’obtenir un son plus « flûté ». Evidemment, cela n'a pas plu dans le temps et ce dispositif devait inverser la situation et fournir quatre notes de tête en métal pour remplacer celles supprimées, enlever les quatre tuyaux en bois du bas, déplaçant à nouveau tous les autres tuyaux de quatre places vers le bas.
L'orgue était dans un état très précaire avant les réparations décrites par Jacques Blanc lors du concert d'inauguration. « En 1987, l’état de l’instrument inspirait quelques inquiétudes : conduits de vent percés, tuyaux de pédales muets, l’organiste ne disposait plus que d’un jeu complet sur les cinq de ce plan sonore (Pédale). Si Françoise Rogé qui a succédé à Alexandre Cellier et ceux qui l'assistaient, pouvaient encore, avec peine parfois, faire participer honorablement l'instrument aux office, il était exclu de proposer à un organiste d'y donner un récital. »
En 1995, un autre projet a été soumis par Cicchero pour la réparation de deux gosiers non réparés lors du relevage de 1988. De plus, une expérience a été faite pour bloquer trois sur des quatre rangs du Plein jeux du Grand orgue afin de retrouver l'équivalent d'un Quinte et de conserver le meilleur résultat, c'est-à-dire avec ou sans les trois rangs – en revenant à la spécification originale de Mutin. La solution n'a pas été retenue, et il n'est pas du tout clair que le blocage des 3 rangs donnerait les caractéristiques équivalentes du Quinte original puisque les tuyaux non bloqués n'auraient pas été aux dimensions correctes. A noter que le Quinte original a été fondu par Gonzalez pour aider à fabriquer les 4 rangs du (à l’époque) nouveau Plein jeu donc ça n'allait jamais donner un bon résultat !
Liesbeth Schlumberger est nommée organiste titulaire et Françoise Rogé titulaire honoraire, à compter du 1er janvier 1994. Une cérémonie a eu lieu le 16 janvier pour célébrer cela et rendre hommage à Françoise Rogé.
Finalement, un devis fut reçu de Cicchero en 1996 pour la remise en état des deux gosiers restants non réparés huit ans auparavant lors du relevage de 1988. Il fut approuvé.
Restauration de l'orgue par Antoine Pascal.
Il y a eu un schéma récurrent de dégradation de l'orgue au fil des années, suivi de travaux de réparation et d'« améliorations » occasionnelles (qui dans certains cas s'écartaient des spécifications originales du Post Symphonique). Bien que de nombreux travaux de nettoyage et de réparation aient été effectués au fil des années, il restait encore des éléments de l'orgue qui n'avaient pas été touchés depuis 1917 et d'autres nécessitaient une seconde restauration.
Au début du nouveau siècle, les organistes, Liesbeth Schlumberger organiste titulaire et assistants, Philip Mead et Lionel Avot, furent sérieusement préoccupés par l'état général de l'orgue et furent convaincus qu'il fallait prendre des mesures drastiques. Ce vaste projet de restauration trouve son origine dans l'invitation de notre organiste titulaire à une séance du Conseil en juin 2006 où l'état de détérioration de l'orgue a été souligné. Trois facteurs d'orgues avaient été consultés et les devis obtenus indiquaient qu'un vaste programme de travaux serait nécessaire pour remettre l'orgue dans un état impeccable. Le Conseil, bien que sympathique, a indiqué qu'il avait besoin d'informations beaucoup plus détaillées sur l'état de l'orgue et les coûts nécessaires pour le remettre en état.
En avril 2008, les organistes ont exposé en détail leurs inquiétudes concernant l'état de l'orgue et ont demandé l'embauche d'un nouveau facteur d'orgues, Antoine Pascal, connaisseur des orgues Cavaillé-Coll et Mutin. Antoine a succédé à son père dans l'entreprise familiale et est responsable, entre autres, de l'entretien de l'orgue Cavaillé-Coll de la Cathédrale d'Amiens et de l'orgue Mutin de la Collégiale Saint-Pierre de Douai.
L'orgue Saint-Pierre a été commandé par le Conservatoire de Saint-Pétersbourg et achevé en 1914, juste avant le déclenchement de la guerre. En raison de la révolution russe de 1917, la commande fut annulée et l'orgue resta dans le hall d'entrée des usines Mutin. A la fin de la première guerre mondiale, l'intérieur de l'orgue de Douai fut entièrement détruit par les Allemands en retraite qui comptaient emporter les tuyaux avec eux à la ferraille ! En 1922, l'intérieur de l'instrument de Saint-Pétersbourg fut installé à l'intérieur du buffet original de l'orgue de Saint-Pierre de 1792, qui n'avait pas été détruit. Pendant la guerre de 1939-1945, l'orgue fut gravement endommagé et restauré par la Maison Pascal entre 1954 et 1957. Un autre grand relevage fut également réalisé par la Maison Pascal à la suite des graves détériorations dues (principalement) à d'importants travaux effectués sur la structure de l'église.
Les principaux problèmes identifiés à l'époque avec l'orgue Etoile étaient les suivants :
• Pour éviter que l'assemblée ne soit dérangée par le bruit, le ventilateur a été installé à l'entrée de l'église pompant l'air jusqu'à l'orgue de la tribune. Cet air était à une température et une humidité différentes de celles de la tribune provoquant de sérieux problèmes de stabilité.
• Le ventilateur d'origine, installé en 1917, est tombé en panne et a été remplacé en 1931. Il a maintenant 90 ans et fonctionne toujours, mais on ne sait pas avec certitude pendant combien de temps. Cependant, à l’époque, des inquiétudes existaient quant à la sécurité de l’installation électrique, qui est en 440 V triphasé.
• L'air s'infiltrait de partout à l'intérieur de l'orgue, sommiers, réservoirs, gosiers et soufflets dont la plupart avaient été réparés autrefois mais qui nécessitaient maintenant une restauration complète et le remplacement des joints en cuir (peau de mouton).
• La machine Barker était usée et bruyante et n'avait pas été révisée depuis son installation en 1917. La révision proposée en 1959 avait été annulée en raison des implications financières.
• Toutes les pièces mécaniques commençaient à montrer des signes d'usure importante, y compris les sommiers qui fuyaient à de nombreux endroits et n'avaient probablement jamais été restaurés ou réparés. On sait que la dégradation est fortement accrue par les systèmes de chauffage à air pulsé qui sont souvent installés dans les grandes églises comme celle de l'Étoile.
• Les décorations successives de l'église avaient amené saletés et poussières dans l'orgue.
• La maçonnerie autour de la Rosace présentait des lacunes et introduisait de la saleté et de l'air extérieur dans l'orgue, affectant la stabilité de la température et de l'humidité.
La nomination de Pascal a été confirmée début 2009 et il a été convenu qu'un travail de base devait être effectué avant d'établir une liste complète de tous les travaux essentiels à effectuer.
Cela impliquait principalement:
• Réalisation de la trappe d'aspiration dans le plancher de la tribune permettant à l'orgue de prendre l'air de la tribune au lieu de l'entrée de l'église qui est à une température et humidité différente.
• Réparation de 4 sur les 5 réservoirs sur les tronçons les plus abimés.
• Démontage et réparation des anches Trompette 8 (GO) Basson Hautbois (Pos) et Cromorne 8 (Récit) très instable à l’accord.
À la suite de ces travaux, Philip Mead a présenté en octobre les résultats d'une étude réalisée par Antoine Pascal répertoriant tous les travaux essentiels nécessaires pour assurer la qualité et la préservation de l'orgue. Le programme a été proposé en sept tranches indépendantes par ordre de priorité – avec l'objectif d'exécuter une tranche chaque année. Le conseil a approuvé le plan, sous réserve des ressources disponibles et a donné le feu vert pour la première tranche en août 2010. Le plan était le suivant :
Après l'achèvement satisfaisant de la tranche 1, le programme a été poursuivi et respecté à l'exception des tranches 4 et 5 qui ont été inversées. Par ailleurs, certains autres travaux complémentaires essentiels ont été réalisés entre 2010 et 2016 :
2011. Restauration complète du gosier du Pédale car la dégradation de la peau a été jugée grave lors des travaux effectués sur la tranche 1. Les travaux de sécurité électrique ont été effectués dans le placard ventilateur.
2014. Restauration complète du gosier de Récit de façon identique en double peau. Installation d’éclairage dans l’orgue.
2015. Mise en place du système de réglage sur filetage pour chacun des claviers dans leurs bras et de façon indépendante. Cela a permis d'ajuster finement les écarts entre les claviers pour éviter un raidissement du toucher dû aux différences de température.
Après 2016 et la fin du programme septennal, d’autres travaux ont été menés :
2017. Restauration du porte-vent dans son ensemble au niveau des points faibles.
2021. Console, démontage complète, restauration et regarnissage de tout. En 2009 la console présentait un état relativement satisfaisant mais a détérioré depuis.
2022. Restauration du clavier du pédalier.
2022. Relevage du Grand Orgue et du Pédale Orgue.
Au cours de la période indiquée ci-dessus, le Conseil a également entrepris d'importants travaux sur la structure des bâtiments religieux pour assurer l'avenir des générations futures. Certains de ces travaux, notamment la restauration de la rosace et sa protection extérieure, ont également amélioré l'environnement de l'orgue concernant la stabilité de la température et, notamment, de l'humidité sur la tribune.
Composition actuelle de l'orgue
I. Grand Orgue (GO) Bourdon* 16' |
II. Positif (PO - Expressif) Principal 8' |
III. Récit (Expressif) Quintaton 16' |
IV. Pédale Contrebasse 16'
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Accessoires. Tirasses: GO/Pédale - PO/Pédale - Récit/Pédale Copula: Récit/GO, Récit/GO (sub-octave), Récit/PO, PO/GO Appels: Jeux de Fonds GO et Pédale. Anches GO, Récit et Pédale. Action: Mécanique claviers et jeux. (Machine Barker au GO) |
N.B. Les jeux d'anches sont en italiques et gras.
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Travaux effectué sur l’orgue de l’Etoile.
1874. Construction de l’orgue Cavaillé-Coll. 2 claviers, 10 jeux.
Grand orgue : Montre 8, Bourdon 16, Prestant 4, Flute Harmonique 8.
Récit : Viole de Gambe 8, Flute octaviant 4, Voix céleste 8, Plein jeu harmonique 2/5 rangs, Trompette 8, Basson-hautbois 8.
1897. Travaux faites par Cavaillé-Coll en 1892. Spécification 2 claviers, Pédalier, 12 jeux.
Grand orgue : Montre 8, Bourdon 16, Prestant 4, Flute Harmonique 8.
Récit : Viole de Gambe 8, Flute octaviant 4, Voix céleste 8, Cor de nuit 8*
Trompette 8, Basson-hautbois 8.
Pédale : Soubasse 16* et Flûte 8*.
*Nouveaux jeux. Le Plein jeu harmonique était enlevé et remplacé par le Cor de nuit.
1914. Proposition de reconstruction par Mutin avec 3 claviers (deux expressifs) de 26 jeux en utilisant les anciens jeux de Cavaillé-Coll.
1917. La procédure et les discussions ont été très longues et beaucoup de temps a été perdu pour construire l'extension du buffet dans l'Est de la France. Les 12 jeux de Cavaillé-Coll existant depuis 1892 ont été réutilisés.
Grande orgue : Bourdon 16, Montre 8, Flute harmonique 8, Salicional 8*, Bourdon 8*,
Prestant 4, Quinte 2 2/3**, Basson 8**.
Positif : Principal 8*, Cor de Nuit 8, Flûte douce 4*, Nasard 2 2/3*, Octavin 2*,
Tierce 1 3/5**, Voix humaine 8**, Basson-hautbois 8.
Récit : Quintaton 16*, Flûte harmonique 8*, Gambe 8, Voix céleste 8,
Flute octaviant 4, Viole 4**, Plein jeu 3/5 rangs*, Basson 16*, Trompette 8, Cromorne 8**, Clairon 4*.
Pédale : Contrebasse 16*, Soubasse 16, Flute 8, Bourdon 8*, Basson 16*.
* Les 14 jeux additionnels proposé dans le devis de 1914 utilisant les 12 jeux dans la spécification de 1892.
** Les jeux additionnels ajoutés au devis de 1914 après discussions entre Pasteur Bercier, Cellier, Mutin et Widor.
1931. Divers travaux – inconnu pour le moment. Compteur + nouveau moteur/ventilateur.
1947. Travaux faits par Gonzalez.
Grande orgue :
1. Remplacement de la Quinte par un plein jeu de 4 rangs (224 tuyaux).
2. Basson 8 transformé en Trompette 8.
Récit : Cromorne refonte et refait. Rien n'indique pourquoi cela a été jugé nécessaire.
1951. Travaux faits par Gonzalez.
Relevage complet de l’orgue, le premier depuis la construction de l'orgue en 1917.
Transformation des boites du Récit et du Positif pour permette l’ouverture maximum.
Positif :
1. Fourniture d’une Quarte de Nasard a la place de l’octavin 2 du Positif.
2. Voix humaine 8 enlevé et remplacé par la Viole 4 du Récit.
Récit : Remontage de l’octavin du Positif à la place de la Viole 4.
Pédale :
1. Basson 16 transformé en Bombarde 16.
2. Amélioration de la Contrebasse 16 en baissant les bouches.
1956. Nettoyage après décoration de l’église (orgue pas suffisamment protégé).
1959. Proposition feutrage du pédalier et insonorisation de la machine Barker (pas fait).
1988. Relevage générale par Jean-Marc Cicchero.
En 1987 l'état de l'instrument inspirait quelques inquiétudes ; conduits de vent perces, tuyaux de pédale muets, l'organiste ne disposait plus que d'un jeu complet sur les cinq de ce plan sonore, et inégalité de certains jeux. Si l'organiste titulaire, Françoise ROGE qui a succédé à A. CELLIER et ceux qui l'assistaient, pouvaient encore, avec peine parfois, faire participer honorablement l'instrument aux offices, il était exclu de proposer à un organiste d'y donner un récital.
Un relevage s'imposait. Il fut confié à Jean-Marc CICCHERO et a ses compagnons. Les tuyaux environ 2 000 - furent déposés, dépoussières, décabossés et désoxydés, les conduits et soufflets soigneusement colmatés, les pièces défectueuses changées, la mécanique et les boites expressives révisées, le buffet dépoussiéré et traité.
L'harmonisation a été reprise au plus près de celle d'origine, effaçant ainsi certaines interventions un peu discutables, effectuées juste après la deuxième guerre mondiale (transformation de la montre en flute très pâteuse*, assourdissement du jeu de tierce du positif).
*A noter qu’un moment donné les tuyaux de Montre ont été montés 2 tons pour le rendre plus « flûté » avec l’addition de 4 tuyaux en bois pour les 4 derniers notes. En 1988 la situation était retournée à son état de l’origine.
1995. Au moment de réparer deux gosiers un essai de boucher les 3 sur les 4 rangs de Plein jeu était fait pour revenir à la Quinte. (Solution pas adopté).
2008. Présentation à l'Association Cultuelle mardi 1 avril 2008. Depuis quelques années, l'équipe de l'orgue s'inquiétait de l'état de l'orgue. Plusieurs spécialistes avaient été consultés concernant les travaux nécessaires pour assurer la pérennité de l'orgue et sa capacité à servir correctement la paroisse.
L'orgue est en train de se dégrader rapidement et de nombreux problèmes sont apparus.
2009. Principaux travaux réalisés
1. Réalisation de la trappe d'aspiration dans le plancher de la tribune permettant à l'orgue de prendre l'air de la tribune au lieu de l'entrée de l'église qui est à une température différente.
2. Réparation de 4 sur les 5 réservoirs sur les tronçons les plus abimés.
3. Démontage et réparation des anches Trompette 8 (GO) Basson Hautbois (Pos) et Cromorne 8 (Récit) très instable à l’accord.
2010. Début du programme de sept années pour la restauration de l’orgue. Travaux fait par Antoine Pascal, en plusieurs cas la première intervention depuis.1917. Les principaux travaux réalisés dans chacune des sept tranches sont énumérés ci-dessous. Tous les détails sont contenus dans la lettre du 10 juillet 2009 ci-jointe (les options citées à la fin n'ont pas été retenues).
2010. Tranche 1. Restauration complète du Pédale, tuyaux, mécanique, sommier et sommiers auxiliaires. Repeaussage du réservoir. Pendant la rénovation de Pédale la Bombarde 16’ était restauré, autant que possible dans son état d’origine c.à.d. comme Basson 16’.
2011. (Hors programme). Restauration complète des gosiers du Pédale car la dégradation de la peau a été jugée grave lors des travaux effectués sur la tranche 1.
2011. Tranche 2. Restauration Grand Orgue. Démontage, nettoyage et remontage des 43 tuyaux de façade et 573 tuyaux à l'intérieur. Retrait des chapes et des règles du sommier. Désassemblage et repeaussage des sommiers auxiliaires. Démontage et regarnissage des soupapes et boursettes.
2012. Tranche 3. Restauration de Machine Barker et mécanique y compris les accouplements. Démontage complète. Refabrication des soufflets et boursettes (56 de chaque) et repeaussage de l’ensemble des 112 soupapes. Démontage et repeaussage des anti-secousses.
2013. Tranche 5. Réservoirs de Positif et Grand Orgue, régulateurs. Gosier Positif. Repeaussage de façon traditionnelle et identiques des réservoirs et gosier en atelier. Fabrication et montage de 2 régulateurs à rideau. A noter que l'ordre des Tranches a été légèrement modifié
2014. Tranche 4. Restauration des réservoirs primaire et Récit et régulateur du Récit. Modification du buffet latéralement et localement pour permettre l'extraction des réservoirs, sans démonter l'ensemble du buffet. Repeaussage de façon traditionnelle et identiques des réservoirs en atelier. Fabrication et montage d’un régulateur à rideau.
2014. (Hors programme). Restauration complète du gosier de Récit de façon identique en double peau.
2015. Tranche 6. Restauration du Récit, sommier, tuyauterie et mécanique. Regarnissage à l’identique des soupapes et des boursettes. Retrait des chapes et des règles du sommier. Repeaussage du des soufflets et remplacements des joints des sommiers auxiliaires.
2015. Mise en place du système de réglage sur filetage pour chacun des claviers dans leurs bras et de façon indépendante.
2016. Tranche 7. Restauration du Positif, sommier, tuyauterie et mécanique. Retrait des chapes et des règles du sommier. Repeaussage du des soufflets et remplacements des joints des sommiers auxiliaires.
2017. Restauration du porte-vent dans son ensemble au niveau des points faibles.
2021. Console, démontage complète, restauration et regarnissage de tout.
2022. Restauration du pédalier.
2022. Relevage du Grand Orgue et du Pédale.
Les tuyaux
Depuis les toujours, l'orgue à tuyaux fonctionne toujours selon les mêmes principes, l'air étant soufflé à travers les tuyaux pour créer du son.
Les tuyaux se présentent sous de nombreuses formes et tailles, des tuyaux de seulement quelques centimètres de long qui jouent les notes les plus aigu hautes jusqu'aux plus grands et longs qui jouent les notes les plus graves. Ils peuvent être en alliage étain/plomb, en zingue ou en bois.
Les tuyaux d’orgue se répartissent en deux catégories principales – flûtes et anches
La flûte. C’est un tuyau qui a une bouche comme une flûte à bec. Le son y est produit par le vibration provoquée par le passage de l’air sous pression dans un orifice horizontal étroit, la bouche.
Pied. Partie inférieure conique du tuyau, par laquelle pénètre l’air provenant du sommier et qui se fixe dans la chape.
Lèvre inférieure. Partie aplatie du pied, qui force le passage de l’air sur le biseau.
Lumière. Fente étroite par laquelle sort l’air provenant du pied après avoir heurté le biseau.
Bouche. Ouverture horizontale située en façade du tuyau entre le corps et le pied, par laquelle s’échappe l’air pour produire le son.
Lèvre supérieure. Partie aplatie sur laquelle se brise l’air sortant de la lumière, permettant de mettre en vibration la colonne d’air contenue dans le corps.
Corps. Partie supérieure du tuyau, délimitant la colonne d’air mise en vibration et servant de résonateur.
L’anche. Ce tuyau fonctionne comme une clarinette. Le son y est produit par la vibration d’une languette sur la face ouverte d’une gouttière. L’air entre par l’orifice du pied et passe entre une petite languette en laiton qui vibre contre un bloc. L'air entre ensuite dans un résonateur qui amplifie le son.
Pied. Partie inférieure conique du tuyau, par laquelle pénètre l’air provenant du sommier et qui se fixe dans la chape.
Anche. Dispositif creux (gouttière) dont une des faces, sur laquelle vibre la languette, est ouverte.
Languette. Petite feuille de laiton ayant une courbure donc amplitude des vibrations sur la face ouverte de la gouttière détermine la hauteur du son.
Coin. Pièce de bois fixant la languette à la gouttière à son extrémité supérieure.
Noyau. Dispositif mobile inséré dans le pied du tuyau, dont l’extrémité inférieure enserre l’anche.
Rasette. Tige métallique profilé de modifier la longueur de la partie vibrante de l’anche pour accorder le tuyau.
Pavillon. Corps de résonnance amplifiant les vibrations de l’anche dans lequel est inséré le résonateur.
Pour les jeux de tuyaux à bouches – Diapasons, Flûtes, Gambes, Bourdons et mutations, chaque jeu est indiqué par son nom suivi d'une mesure, par exemple Flûte 8, qui fait référence au premier plus grand tuyau du rang. Cette mesure (8 pieds) représente la distance entre la bouche et le haut de ce premier plus grand tuyau du rang, qui est le résonateur. Un pied (du roi) mesure 30,5 cm.
Pour un jeu de 8 pieds (écrit souvent 8') le son produit est à la même hauteur que celui d'une note au piano.
Lorsque la longueur d’un résonateur diminue de moitié, la fréquence de vibration double et le tuyau sonne donc une octave plus haut. Si le résonateur est doublé en longueur ou bouché (comme pour un bourdon), le son est abaissé d'une octave.
Il s’agit d’une règle générale : longueur divisée par deux égale fréquence doublée égale note montée d’une octave. Cette règle s'applique également aux cordes de piano, aux instruments à cordes, aux trompettes, voire aux morceaux de métal ou aux blocs de bois (comme pour un xylophone) !
Les longueurs courantes des jeux sont 16, 8, 4 et 2 pieds avec des jeux de mutation à 2 2/3 et 1 1/3 et d'autres longueurs fractionnaires. Certains tuyaux de pédale peuvent atteindre 32 pieds et très rarement 64 pieds (21 m).
Pour les jeux de tuyaux à anches, cette règle n’est pas toujours respectée en raison de la manière dont le son est produit. Le résonateur d'un tuyau à anche n'est pas soumis aux mêmes règles qu'un tuyaux à bouche, et peut être ajusté pour obtenir des effets sonores très différents. Lorsqu’un tuyau à anche est indiqué comme 8 pieds (8’) ou 4 pieds (4’), il s’agit d’une référence à la hauteur du son plutôt qu’à la longueur du résonateur. Les tuyaux à anche sont accordés avec un outil spécial (un accordoir) qui est utilisé pour déplacer un tige (profilé), ce qui modifie la longueur de l'anche et modifie la hauteur du son vers le haut ou le bas. Là encore, la forme, les diamètres et les longueurs des résonateurs donnent naissance à différentes catégories, comme Trompette, Clairon, Basson, Hautbois, Cromorne, Voix Humaine.
L’orgue de l'Étoile à 2006 tuyaux :
• 1 696 tuyaux à bouches dont 386 sont bouchées. Sur ces 1696, 233 sont en bois.
• 310 Anches, toutes en alliage d’étain.
Seuls 43 tuyaux sont visibles sur la façade du buffet et ce sont des tuyaux de la Montre 8' et du Salicional 8' choisis pour donner une présentation agréable. Ils sonnent tous alors que dans certains orgues, de faux tuyaux sont parfois utilisés pour constituer le motif géométrique souhaité sur la façade. Ces tuyaux qui ne servent que de décoration portent le surnom de Chanoine !
Suivez les liens ci-dessous pour en savoir plus :
Nombre de tuyaux dans l’orgue de l’Étoile
Disposition des tuyaux sur le Récit
Disposition des tuyaux dans le positif, grand orgue et orgue de pédale
Alimentation – Ventilateur, réservoirs et gosiers
Les tuyaux d’un orgue ont besoin d’air pour produire un son. L'orgue de l’Etoile est composé de quatre orgues en un, chacun possédant son propre clavier - Grand Orgue, Récit, Positif et Pédale (qui se joue avec les pieds). Ces tuyaux nécessitent une énorme réserve d'air sous pression, qui est introduit dans l'orgue à partir d'un ventilateur et distribué aux sommiers via un système de cinq réservoirs à l'aide des porte-vents et gosiers.
Le Ventilateur est installé dans l'accueil de l’église afin qu'aucun bruit ne soit entendu par la congrégation. Il consiste en une hélice tournant dans un boîtier circulaire et fournit 28 m3 d'air par minute à une pression de 140 mm (jauge d'eau) dans un grand porte-vent qui le conduit jusqu'à l'orgue sur la tribune. Le ventilateur électrique (en 440 V triphasé), tourne à 1400 tours par minute (vitesse similaire à une machine à laver) et pèse environ 80 kg. Il est en service depuis 92 ans et nul doute qu’il faudra bientôt le remplacer ! Alimentation1
Soufflerie à main, ou plutôt à pied ! En cas de panne du ventilateur ou de coupure de courant, il y a deux pompe cunéiformes qui ont chacune leur pédale, à l'intérieur de l'orgue. Chacun est fixé sous la réservoir primaire pour l’alimenté.
La Soufflerie. Comme on peut le voir sur l’illustration, l’orgue ressemble à une maison à deux étages distincts. Le rez-de-chaussée (soubassement) abrite les cinq réservoirs et la Machine Barker. Les sommiers forment la base du deuxième étage avec les tuyaux placés directement dessus. L'exception est le sommier de Pédale qui est en bas avec ses gros tuyaux en bois disposés le long du mur du fond de la tribune sous la rosace.
L'air est fourni aux sommiers à partir de cinq réservoirs qui stockent l'air et produisent le volume requis à une pression constante, bien que chaque réservoir ait une pression de fonctionnement distincte, comme indiqué sur l'illustration.
Chaque réservoir comporte plusieurs plis (système à plis compensé) qui permettent au réservoir de monter et de descendre lorsqu'il alimente en air où se remplit d’air. Le réservoir est limité à une hauteur de fonctionnement maximale et de lourds poids (plaques de fontes) sont placés sur sa surface supérieure pour obtenir la pression exacte requise. Un régulateur (vanne d'entrée) prévue pour couper l'alimentation en air entrant dans le réservoir lorsqu'il n'est pas utilisé, permet d’éviter qu’il soit endommagé. À l'inverse, lorsque le réservoir fournit de l'air aux sommiers, le régulateur peut s'ouvrir pour permettre à plus d'air d'entrer dans le réservoir.
Réservoirs à droite vide avec 3 des 5 gosiers, Réservoirs à droite plein & Réservoirs à gauche vide
Porte-vents et gosiers. L'air fourni entre points fixes circule à travers de grands tuyaux appelés porte-vents, qu’ils sont de couleur verte ou les gosiers qu’ils ont en un forme d’accordéon peuvent être vus sur les photos. Lorsqu’il y a des pointes qui varient en hauteur au cours du fonctionnement, un gosier est utilisé. Les gosiers disposent également de plis leur permettant de s'adapter aux différences de hauteur lors du transfert d'air entre un point fixe et un point qui monte ou descend. C'est le cas du réservoir primaire qui varie en hauteur lors du passage de l'air vers la base du réservoir Récit qui est fixe. Il en va de même par exemple lorsqu'un gosier est utilisé pour transférer l'air du réservoir Positif vers le sommier Positif. Il y en a cinq en tout.
Photos : Gosiers en cours de restauration, Gosier de Grand Orgue, Gosier de Positif & Réservoir en cours de restauration.
Sommiers
Il y a un sommier pour chaque division de l'orgue, Grand Orgue, Récit, Positif et Pédale. Sa fonction est de laisser entrer l'air dans les tuyaux (via une soupape) lorsqu'on appuie sur une touche du clavier et de permettre la sélection du nombre de jeux à faire sonner.
Les croquis ci-dessus et ci-dessous montrent le fonctionnement de base d'un sommier. Il s'agit d'un boîte rectangulaire, alimenté par un porte-vent, composé de canaux hermétiques appelés gravures, chaque gravure correspondant à une touche (note), 56 sur un clavier manuel et 30 sur un clavier à pédale. Chaque gravure possède une soupape qui est reliée directement à une touche du clavier de sorte que lorsqu'une touche est enfoncée, l'air pénètre dans la gravure.
Il y a une table au-dessus des gravures avec 56 trous, pour chacun des jeux. Dans l'exemple ci-dessus, il y a 3 jeux, donc il y aurait 168 trous.Au-dessus de la table se trouvent des registres coulissants, un pour chaque jeu, également comportant 56 trous. Au-dessus des registres coulissants il y a une chape pour chaque jeu, qui a aussi 56 trous ; elle est fixe et tous les tuyaux y sont insérés tenues par la faux sommier qui tiennent les pieds des tuyaux.
L’extrémité de chaque registre coulissant est reliée directement au tirant de jeu dans la console et lorsqu’un jeu est sélectionné, le registre coulissant peut se déplacer d’une courte distance. Ainsi, les trous du registre coulissant s'alignent avec les trous dans la table et la chape. Ensuite, lorsqu'une touche est enfoncée sur le clavier, cela permet à l’air de passer de la gravure, au travers de la table, du registre coulissant et de la chape pour alimenter le tuyau.
Si un jeu n’a pas été sélectionné, le passage d’air est bloqué et aucun air ne peut pénétrer dans les tuyaux de ce jeu.
Dans le croquis ci-dessus la Flûte 8 et le Gambe 8 peuvent sonner mais la Flûte 4 qui n'a pas été sélectionnée reste silencieuse.
Les registres coulissants et les actions des tirettes de jeu
Le faux sommier est la partie supérieure qui maintient fermement le pied des tuyaux,
et la chape en dessous avec le petit orifice où va le pied du tuyau et qui se connecte au sommier
Soupape ouverte à gauche, et soupape fermée à droite
Postages, commandes pneumatiques et sommiers auxiliaires
Il y a plusieurs endroits dans l'orgue où les Tuyaux doivent être placés à l'écart du sommier mais contrôlés par celui-ci. Il s'agit principalement des quarante-trois tuyaux placés sur la façade du buffet, faisant partie du plan sonore du Grand Orgue, qui donnent un effet décoratif et les 120 tuyaux en bois que sont les basses des Flutes et Bourdons en bois associés au plain sonore du pédalier. Les tuyaux qui sont dans certains cas très grands nécessitent de l'espace pour parler clairement. Il y a trois façons différente de faire :
1. Un tuyau de plomb (vert) est posé directement dans le trou de sommier où devrait normalement reposer le tuyau concerné et part vers la base du ce tuyau sur la façade. Lorsque la touche de cette note est enfoncée sur le clavier, la soupape laisse entrer l'air dans la gravure du sommier puis l'air circule à l’intérieur du conduit pour faire parler le tuyau de façade. C'est ce qu'on appelle la Postage.
2. Un tube de plomb (Commande pneumatique) est posé directement dans le trou de sommier où devrait normalement reposer le tuyau concerné et part vers le sommier auxiliaire, qui possède sa propre alimentation en vent et dessert plusieurs tuyaux avec une canalisation dédiée pour chacun.
Lorsque la touche de cette note est enfoncée sur le clavier, la soupape laisse entrer l'air dans la gravure du sommier principal, l'air circule à l'intérieur de la commande pneumatique qui actionne le soufflet et donc la soupape pour permettant à l'air d'entrer dans la canalisation du sommier auxiliaire puis circule à l'intérieur du conduit pour faire parler le tuyau
3. Cet exemple est presque identique à l'Ex. N° 2 mais les tuyaux sont posés directement sur le dessus de la canalisation du sommier auxiliaire et non alimentés par un conduit comme c'est le cas pour l'Ex. 2 (voir photo de l'Ex. 3).
Ex. N° 2. Sommier Auxiliaire, tuyaux de postage et commandes pneumatiques.
Le plan sonore de pédale utilise les trois méthodes. Principalement avec des sommiers auxiliaires, pour différentes raisons. Dans l'exemple suivant, le Basson 16' (anche) est posé directement sur le sommier, les autres tuyaux des quatre jeux, tous en bois – le Bourdon 8', la Flûte 8', la Soubasse 16' et la Contrebasse 16', sont tous rangés le long du sommier sous la rosace. Ces tuyaux en bois sont volumineux, et ont besoin d’espace pour parler distinctement. La plupart des Tuyaux sont placés sur des sommiers auxiliaires. Certains tuyaux de Soubasse 16’ sont également relies par postage.
Ex. N° 3. Tuyaux du pédalier placés sur Sommier Auxiliaire.
Cette illustration est explicite mais il est intéressant de noter les longueurs différentes des pieds des tuyaux afin que ceux du fond, aux pieds très courts, puissent toujours trouver de l'espace pour parler correctement.
La traction mécanique
Il est impératif d'avoir une bonne connexion entre les touches du clavier et les soupapes laissant entrer l'air dans les gravures des sommiers.
Traction mécanique.
Il s'agit d'un système qui existe depuis des siècles et qui est encore largement utilisé sur les orgues de toutes tailles. Il est le plus fiable car il ne comporte pas d'éléments électriques, pneumatiques ou de contacts susceptibles de tomber en panne.
De nombreux organistes préfèrent la traction mécanique qui rend les claviers sensibles au toucher, ce qui donne à l'organiste un contrôle plus précis sur le moment exact où l'air entre dans le tuyau. A l’Etoile, seuls le Récit et le Positif sont sensibles au toucher alors que le Grand Orgue ne l'est pas en raison de son assistance pneumatique.
Lorsque on enfonce une touche sur le clavier, un ensemble de vergettes (longues lattes fines et légères, en bois, parfois en métal) sont tirées permettant à la soupape de laisser entrer l'air dans les gravures des sommiers. Comme les vergettes ne peuvent fonctionner qu'en ligne droite, elles doivent souvent passer par un système compliqué d’équerres, d’abrégés (articulations permettant de transmettre un mouvement latéralement sans augmenter l’effort d’abaissement de la touche) et de rouleaux (articulation essentielle de l'abrégé, le rouleau est une longue tige cylindrique en métal, fixée horizontalement et tournant sur son axe).
Les tirants des jeux disposent d'un système robuste de ronds de bois pour les relier aux extrémités des registres coulissants. Celles-ci sont visibles sur les photos
Toutefois, la traction mécanique présente quelques inconvénients pour les très grands orgues, pour les raisons suivantes.
• La console doit être directement connectée à l'orgue, ne permettant pas son utilisation à distance et de plus, l'organiste ne peut pas toujours entendre directement les effets des jeux choisis.
• L'action peut devenir lourde lorsque davantage de jeux sont ajoutés et que davantage de claviers sont couplés. C’est l’une des raisons pour lesquelles l’invention de la machine Barker a connu un tel succès au milieu du XIXe siècle.
• L'action peut être un peu bruyante. Ce n'est pas le cas de l'orgue à l’Etoile mais la machine Barker peut être entendue lors de passages musicaux très calmes.
C’est pour ces raisons que de nombreux efforts ont été déployés afin d’améliorer les systèmes d’action et ils sont décrits ci-dessous :
Un changement de direction pour l'action juste derrière l'organiste !
Autres systèmes de tractions des notes.
Action tubulaire-pneumatique.
Il semble que la première utilisation partielle de ce mécanisme ait eu lieu en 1851, dans l'orgue Willis de la Grande Exposition à Londres et que le premier orgue utilisant une action tubulaire-pneumatique ait été celui de Lewis à St Andrews Hall, Glasgow, en 1877. Un tube séparé est nécessaire pour chaque touche manuelle, pédale et commande de jeu sur la console. Un grand orgue à quatre claviers peut nécessiter plus de 300 tubes individuels qui représente plusieurs milliers de mètres de tube de commandes pneumatiques. Ce type d'action a connu un certain succès pendant un moment et il existe encore de nombreux orgues qui l’utilisent.
Traction électropneumatique.
Développée vers 1866, avec la participation de Charles Barker, ce type d’action n'a jamais rencontré un grand succès.
Traction électrique.
Cette technique de transmission permet le contrôle d’un nombre considérable de tuyaux et aussi de jeux, ainsi que la mise en place de consoles déplaçables. Très populaire durant la seconde moitié du 20ème siècle, elle est encore aujourd'hui la plus grande rivale de la traction mécanique, étant utilisée notamment pour les plus gros orgues. Sa fiabilité a augmenté après 1950, lorsque le courant de secteur a été utilisé à la place des dynamos et des accumulateurs.
Traction informatique/numérique.
Ce système de contrôle électronique à semi-conducteurs et fibre était disponible dès 1990. Il a été installé dans l'orgue de Notre-Dame de Paris entre 1990 et 1992 mais n'était pas toujours fiable et à un moment donné, l'orgue a été injouable pendant une longue période. Le système a été totalement révisé de 2012 à 2014 et sera sans doute réinstallé lorsque l'orgue de Notre-Dame sera à nouveau opérationnel. Il y a eu également d'autres moments embarrassants sur plusieurs autres orgues de concert, le système n’ayant pas fonctionné.
La machine Barker
La machine Barker doit son nom à son inventeur, Charles Spackmann Barker, né en 1804. C'était un ingénieur anglais qui s'est formé et installé comme facteur d'orgues à Bath et qui a considérablement contribué à la renommée et au succès d'Aristide Cavaillé-Coll !
Au 19e siècle, comme les orgues devenaient beaucoup plus grands, la pression de l'air augmentait considérablement, ce qui signifiait qu'il y avait une résistance considérable à la soupape qui laissait l'air pénétrer dans les gravures du sommier. Avec une action mécanique, le toucher du clavier était beaucoup plus dur et l'orgue difficile à jouer. Dès 1833, Barker rechercha et inventa un levier pneumatique afin d’assister la mécanique en utilisant un soufflet, permettant ainsi de réduire considérablement l'effort à fournir par l'organiste, mais ni Barker ni ses idées n'ont été acceptés par ses pairs en Angleterre.
En 1837, il rencontra Aristide Cavaillé-Coll à Paris. En 1833, Cavaillé-Coll, alors en début de carrière, avait obtenu très jeune, à l'âge de 22 ans, en association avec son père, le marché de la construction de l'orgue de la basilique royale de Saint-Denis. Il fut alors confronté au sévère problème de la dureté de la mécanique de ce grand instrument - 3 claviers plus pédalier, 69 jeux. Heureusement, le retard pris par la réalisation du buffet néo-gothique laissa à Charles Barker le temps de peaufiner son invention au sein de la manufacture Cavaillé-Coll et de déposer le brevet correspondant en son nom en 1839. L'orgue, inauguré en 1841, fut donc le premier instrument doté d'une machine Barker et fit la réputation de Cavaillé-Coll.
Ceci n'empêcha pas Charles Barker de quitter Cavaillé-Coll dès 1841, pour rejoindre comme contremaître la manufacture concurrente Daublaine & Callinet. Barker participa alors à la construction de l'orgue de l'église Saint-Eustache à Paris, chantier qui s'acheva le 16 décembre 1844 dans des conditions dramatiques : l'orgue prit feu à cause d’une bougie renversée lors d'une intervention de Charles Barker qui assista impuissant à l'incendie qui ravagea tout l'instrument. Cet incendie entraîna également la disparition de la manufacture Daublaine, qui comptait parmi les principaux concurrents de Cavaillé-Coll !
Une machine Barker comporte 56 leviers pneumatiques, un pour chaque touche du clavier, alimentée par un porte-vent dans la chambre A. Quand une touche du clavier est enfoncée, la soupape 1 s'ouvre et la soupape 3 se referme. Cela permet au soufflet C de se remplir ce qui va actionner la vergette et ainsi ouvrir les soupapes des sommiers pour la touche concernée. Pendant ce temps, la soupape 2 se referme, isolant de la sorte le soufflet de la partie B. Le soufflet est ainsi maintenu sous pression jusqu'à la réouverture de la soupape 3, c'est-à-dire lors du relâchement de la touche du clavier par l'organiste. Le poids P permet d'évacuer rapidement l'air contenu dans le soufflet C.
L'orgue de l’Etoile possède une machine Barker connectée au Grand Orgue, mais les plus grands orgues des 19e et 20e siècles avaient souvent des machines Barker sur plusieurs claviers.
Machine Barker dans l'orgue de l'Etoile devant et arrière.
La console
La console vue par l'organiste
Il y a trois claviers manuels, Récit en haut, Positif au milieu et Grand Orgue en bas, qui ont tous à leur disposition des jeux et des sons différents. Ainsi, par exemple, un hautbois peut être joué sur le Positif et accompagné de flûtes sur le Récit, etc.
Les tirants des jeux pour le Récit sont disposés sur les 2 rangées du haut à gauche et les 2 rangées du bas sont pour la Pédale. Avant l'électrification de la soufflerie le Tacet (tirant en bas à gauche) était relié à une petite cloche servant à avertir le souffleur de commencer à utiliser la pompe manuelle.
Vue de la console avec le couvercle relevé
Les tirants des jeux pour le Positif sont disposés sur les 2 rangées du haut à droite et les 2 rangées du bas sont pour le Grand Orgue. Les jeux du Positif comportent un Tremolo qui n'est pas considéré comme un jeu mais apporte un vibrato a l’ensemble de ce plan sonore.
Pour toutes les autres opérations, les organistes disposent de 14 pédales, permettant d'initier la plupart des actions tout en jouant sur les claviers. Les pédales suivantes, qui peuvent toutes être utilisées individuellement ou ensemble, sont disponibles :
• Les 2 grandes pédales au centre donnent à l'organiste un contrôle expressif des plans des sonores des Orgues Récit et Positif qui sont chacun logés dans une grande enceinte en bois avec des lames de bois verticales mobiles qui peuvent être ouvertes ou fermées à l'aide de ces pédales.
• Fonds de Pédale. Cela ferme ou ouvre l'alimentation en air du plan sonore de la Pédale Orgue et de ses jeux. Cependant, les pédales fonctionnent toujours si un jeu est couplé à un clavier manuel.
• Tirasses. GO, Pos, R. Ces pédales peuvent permettre de coupler respectivement le plan sonore de Grand Orgue, celui du Positif ou celui de Récit aux Pédalier.
• Anches. Péd, GO et Récit. Active ou coupe l'utilisation des jeux d'Anches et Plein Jeux sur les claviers pour ces divisions. Permet à l'organiste de sélectionner un certain nombre d'Anches à l'avance et de les activer au cours d'un morceau en utilisant ces pédales.
Copulas ou accouplement.
• GO. La pédale active la mécanique grand orgue sur la Machine Barker mais reste active pour les accouplements Récit et Positif lors de l’utilisation du clavier grand orgue.
• P/GO, R/GO et Oct. Grave du Récit sur le GO. Ceux-ci permettent de connecter les plans sonores des Positif et Récit au Grand Orgue ainsi que le Récit couplé au Grand Orgue une octave plus bas.
• R/POS. Relie le Positif au Grand Orgue.
Le couplage des plans sonores est activé par ces pédales et s'effectue dans la console où les vergettes descendent verticalement depuis l'extrémité arrière des touches avant de passer sous le pédalier et d'entrer dans l'orgue. Lorsque ces pédales sont engagées, il y a une série de barres horizontales qui, lorsqu'elles sont élevées ou abaissées par les pédales, peuvent relier les vergettes ensembles et les jeux peuvent être jouer sur plusieurs divisions en même temps, ajoutant ainsi à la large palette sonore dont dispose l'organiste.
A la base de la console, les équerres permettent de renvoyer la mécanique sous le pédalier et dans l'orgue.
Arrière de la console avec panneaux retirés