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La foi, l'espérance et l'amour

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Prédication prononcée le 6 mars 2016, au Temple de l'Étoile à Paris,

par le pasteur Louis Pernot

Ces trois réalités : la foi, l’espérance et l’amour, présentées comme essentielles par Paul, et comme les trois seules choses qui peuvent demeurer pour l'éternité (1 Cor 13:13) sont appelées les trois vertus théologales. Elles permettent certainement au mieux de définir ce qu'est la vie du Chrétien, ce que sont les promesses de l'Evangile. C'est une espèce de trinité de la vie chrétienne, trois dimensions, trois approches, de la même réalité, chacune étant essentielle, mais aucune ne pouvant être séparée des autres.

Le problème, c'est que chacun des termes est difficile, peut prêter à de nombreux contresens et peut, en tout cas, être compris de bien des manières différentes.

 

La foi

Aujourd'hui, on entend souvent par « foi » une démarche irrationnelle ou affective, ayant trait au sentiment de la présence de Dieu dans nos vies. C'est quelque chose qui existe mais il serait dangereux de réduire la foi à cela. Si la foi n’était qu'un sentiment, comme le fait de tomber amoureux, alors elle risquerait d'être une réalité fugace et sans autre fondement que notre état d'âme. On comprend alors que certains disent perdre la foi, puis la retrouver, et la reperdre, ou que d'autres attendent tout simplement d'avoir la foi.

Mais cette dimension affective de la foi n'est certainement pas son propre fondement. La foi, en tout cas dans la Bible, est bien autre chose.

En Hébreu, la foi se dit « emouna », ce qui vient du mot « aman » qui signifie « la certitude », « la vérité ». La foi pour la Bible, c’est la certitude de la vérité. C'est donc une démarche plus rationnelle qu'irrationnelle qui a plus à voir avec l'intellect qu'avec l'affectif. C'est en particulier ce même mot qui est utilisé dans le petit mot « amen » que nous utilisons constamment. « Amen », veut dire : « C'est vrai ». Dans l'Evangile, on le rencontre souvent, en araméen dans le texte grec quand Jésus dit, ainsi que nous l'avons dans nos traductions: « en vérité en vérité, je vous le dis... » (par exemple en Jean 6:47), dans le texte original, nous avons simplement: « amen Amen, je vous le dis... » mais la traduction est bonne. Souvent, on a traduit le mot « amen » dans les prières par « ainsi soit-il », ce n'est pas vraiment exact, sauf que si l'on dit « amen » a la fin d'une prière et que celle-ci est une demande, on comprend que ce soit plutôt un vœux qu'une constatation.

Thomas d'Aquin qui connaissait bien l'écriture, affirmait que la foi, c'est l'adhésion de l'intelligence à la vérité, il était dans la droite tradition biblique. Ce n'est que derans d’autres courants dits mystiques que la notion de foi s'est trouvée teintée de sentimentalisme et d'irrationnel, pour en arriver à cette formule peut être intéressante, mais à l'antipode de la pensée biblique: credo quia absurdum : je crois parce que c'est absurde.

La foi, pour les auteurs bibliques, c'est l'acte par lequel on adhère à un message, à une vérité, qui est ce en quoi l’on peut croire, c'est-à-dire, ce l’on veut reconnaître pour vrai, juste et bon. Avoir foi dans l'Evangile ou dans le Christ, c'est penser que le message de Jésus est la vérité, qu'il est ce que devrait vivre l'humanité, et ce dont je veux faire le fondement de mon existence. La foi peut ainsi être considérée comme un choix objectif, comme un acte de mon intelligence et de ma propre liberté.

La foi n'a pas besoin d'être cantonnée dans l'irrationnel ou l'affectif. Elle peut, au contraire être vue comme une démarche extrêmement rationnelle.

Ce qui la distingue d'une opinion scientifique, c'est qu'elle est un discours plus a priori qu'a posteriori sur la réalité. Il ne s'agit pas comme en science de décrire une réalité existante, mais de faire un choix sur le sens que l'on croit pouvoir donner à cette existence, au monde, à l'homme et à la vie en général. En, science, la vérité est indiscutable, comme 2 fois 2 font 4. Pour la foi, il s’agit de réalités moins objectives, parce que ce sont des vérités humaines. Ainsi la foi, ce peut être de croire que la vérité de ce qu’est appelé à vivre l’être humain, c’est l’amour, le pardon, la service, l’humilité et la grâce, c’est dire que l’égoïsme, la haine pourrait être une manière pour l’humain de s’accomplir est un mensonge, une erreur.

La foi est ainsi essentiellement une visée, comme un choix éthique fondamental. Elle est de l'ordre de la conviction téléologique, c'est-à-dire concernant le but possible de notre vie, du monde, de l'humanité etc. Notre foi, c'est le système de valeur qui oriente notre existence, c'est ce que nous croyons qui est essentiel et vrai dans nos vies.

Et ainsi, cette foi n’a rien de fluctuant, c’est la base de notre conviction fondamentale concernant le sens de notre vie. Et elle ne laisse que peu de place au doute, il y a un choix à faire, c’est tout. Personnellement, cette foi qui est la mienne et pour laquelle je veux donner ma vie à l’Evangile ne comporte aucun doute. Je crois dans l’amour, et à aucun moment je ne doute en pensant que finalement, j’aurais pu me tromper et que je ferais mieux de prêcher la haine, ou que la vengence et la violence vaudrait mieux que la pardon, le malheur serait meilleur que le bonheur ! Ma foi n’est donc pas un état d’âme que je devrais ausculter chaque matin dans une sorte d’instrospection romantique pour savoir si je puis encore prétendre à être chrétien ou pasteur. Ma foi est une conviction inébranlable que l’Evangile est le seul programme possible pour moi et pour l’humanité si nous voulons vivre en paix et heureux. La foi est une ferme assurance,  « la ferme assurance des choses que l’on espère » dit l’épître aux Hébreux (Ch. 11).

Mais cette foi étant par définition le fondement même de nos convictions et de notre vie, il est évident qu'elle ne peut que devenir une démarche dans laquelle nous sommes ultimement impliqués. C'est la conviction de toute sa vie, c'est le système de valeur ultime qui oriente tous les autres, et la foi véritable entraîne une implication de toute la personne, non seulement intellectuelle, mais aussi dans ses dimensions affectives. Ainsi, la dimension affective de la foi que nous récusions au départ comme fondement existe véritablement, mais elle devrait être plus un effet qu'une cause au risque de rendre la foi fort fragile.

Il y a, par ailleurs, une grande diversité de personnalités. Certains sont naturellement plus rationnels, et d'autres plus affectifs. Ainsi certains qui ont depuis leur enfance le sentiment de la présence de Dieu penseront pouvoir se contenter d'une foi instinctive, dite « foi du charbonnier » et verront même d'un assez mauvais œil tout essai de rationalisation qui risquerait de bouleverser leur foi naturelle, qu'ils considèrentcomme un trésor précieux, tout en la sachant vulnérable puisque sans fondement objectif. D'autres au contraire, par nature ou par éducation, ont du mal à ressentir la présence de Dieu et à comprendre ce que cela peut signifier concrètement dans leur vie. Ils risquent alors de se sentir inférieurs à ceux qui parlent de leur foi affective comme la chose la plus naturelle, et risquent même de penser qu'ils n'ont pas la foi, ce qui est faux.

Il semble bien, en effet, que cette dimension affective de la foi, si elle en est une composante, n'est pas forcément première, ni peut-être même la plus importante. On peut très bien avoir une foi de conviction extrêmement forte, avec un engagement de toute son existence, sans pour autant être un fanatique de la prière ou des monastères. Sans doute, l'affectivité étant une part non négligeable de notre personne, si elle reste absolument intouchée par cet engagement, on peut penser que l'on aurait là une foi quelque peu incomplète. Mais pour certains, cette découverte du Dieu relationnel est une chose longue et difficile, et qui ne peut venir qu'après longtemps comme un fruit discret et inattendu d'une foi purement rationnelle.
La foi du charbonnier, quant-à elle, si elle peut paraître enviable, est en fait dangereuse. En effet, celui qui a une foi affective risque de croire qu'il pourrait s'en contenter. Mais c'est là risquer d’être en danger de se tromper dans ce à quoi l'on croit dans la foi. Le fait que l'on ressente quelque chose n'est pas une preuve que ce que l'on pense est juste. Il y a des fois très sincères mais fausses, que l’on pense aux intégristes ou aux membres des sectes. Leur problème, ce n’est pas qu’ils manquenraient de foi, mais que ce sentiment est mal orienté, mal canalisé. Cette foi, si grande risque alors de devenir pénible pour les autres, et même parfois nuisible ou dangereuse. Et puis, on risque toujours de faire de sa propre foi la projection de ses désirs infantiles, de ses craintes, de ses frustrations, et de vouloir compenser celles-ci dans le monde imaginaire de la foi. La foi ne doit pas être un refuge, mais une information créatrice que nous prenons comme fondement de décision de tous nos actes. Le but n'est pas d'avoir une foi qui nous plaise, mais d'avoir une foi juste. Et c'est pourquoi la foi doit sans cesse être le fruit d'une réflexion, et l'objet de remise en cause, par notre raison, et par la confrontation au texte biblique qui est le meilleur stimulateur possible de nos convictions.

 

L'espérance

Cette deuxième est peut-être la plus dificile à cerner.

Tout d'abord, il y a le risque de confusion avec la notion plus profane d'espoir. L'espérance et l'espoir sont de natures très différentes. L'espoir, c'est l'idée, ou la volonté que les choses vont pouvoir s'améliorent matériellement quand on se trouve dans une situation d'épreuve ou de manque. L'espoir concerne ce monde alors que l'espérance est une vertu qui concerne le monde spirituel. Il peut arriver ainsi que l'on se trouve dans une situation dans laquelle il n'y a plus d'espoir, mais l'espérance est quelque chose que nous sommes appelés à conserver toujours, et selon Paul c'est même une réalité qui est éternelle, qui demeure alors que toute chose passe dans ce monde. Le mourant qui sait qu'il va mourir n'a plus d'espoir de vivre et pourtant, il peut être illuminé par l'espérance. La vie humaine même, dès qu’on a passé 21 ans n’est qu’une dégradation sans espoir et qui ne peut mener qu’à la mort. Mais si l’homme est condamné à la mort par sa dimension physique, d’une autre manière il est promis à la vie.
L’espérance renvoit donc à une autre dimension qui est celle de la transcendance, du spirituel. C’est la conviction qu’il y a une dimension de l’invisible qui nous dépasse, et c’est vouloir y attacher sa vie. Ainsi Paul dans Romains 8 dit-il que par définition, l’espérance concerne ce que l’on ne voit pas : « l’espérance qu’on voit n’est plus espérance : ce qu’on voit, peut-on l’espérer encore ? » (Rom. 8:24).

La foi que nous avons vue précédemment, finalement, pourrait être presque une foi humaniste, son contenu sont des valeurs, des idéaux. Mais avec l’espérance, nous entrons dans un autre domaine qui est celui de l’esprit et de l’éternité. L’espérance, c’est que ce monde matériel pein d’imperfections, de violences, de souffrance n’est pas la réalité ultime, mais qu’il y a une autre réalité d’ordre spirituelle qui est paix, joie et lumière, cette réalité qui est le Royaume de Dieu auquel nous sommes invités à participer. Cela, Paul le dit poétiquement en affirmant que : « la création a été soumise à la vanité » (Rom 8:20) ou qu’elle « soupire et souffre les douleurs de l’enfantement » (Rom 8:22). En effet, nous pouvons expérimenter que ce monde matériel, ou notre situation physique sont parfois bien désespérantes, tellement pleines de maux, d’injustices et de souffrances, mais dit-il : « il n’y a pas de commune mesure entre les souffrances du temps présent et la gloire à venir qui sera révélée pour nous » (Rom 8:18 ) et ainsi oui, «  c’est en espérance que nous avons été sauvés » (Rom 8:24). Parce que « nous regardons non pas aux choses visibles mais à celles qui sont invisibles parce que les visibles sont pour un temps et les invisibles sont éternelles » (2 Cor. 4:18)

Le mot « espérance », « elpis «  en grec est utilisée dans l'ancienne traduction grecque des Septantes de l'Ancien Testament pour traduire l'hébreu « batah » qui signifie « la confiance », « la sécurité ». Ainsi, cela nous permet de préciser la notion biblique d'espérance : espérer en Dieu, c'est mettre sa confiance en lui, c'est se reposer sur lui, s'appuyer sur lui de telle sorte qu'on se sente en sécurité.

Ainsilisons nous dans le Psaume 4:9 : « aussitôt couché, je m’endors en paix, car toi seul, ô Éternel ! tu me fais habiter en confiance (ou sécurité, ou espérance) ». Psaume 16:9 « mon cœur est dans la joie, mon esprit dans l’allégresse, même mon corps repose en confiance (ou sécurité, ou espérance)  ». Et pour le verbe correspondant, « elpizein», il est le plus souvent traduit par « mettre sa confiance en », et nos traductions écrivent soit « espère en l’Eternel », soit « confie toi en l’Eternel », soit « aie confiance en l’Eternel ». Ainsi le Psaume 33:21: « notre coeur met en lui sa joie, car nous avons confiance (ou espérance) en son saint nom », ou le Psaume 40:4: « heureux l'homme qui place en l'Eternel sa confiance (ou son espérance)... » etc.

On peut donc dire que l'espérance, c'est la confiance, confiance en Dieu, confiance dans un futur éternel qui nous est offert, un salut qui nous attend. L’espérance est donc une démarche plus personnelle que la foi, c'est une démarche plus intérieure, moins intellectuelle, peut-être moins fondée, mais c'est la façon avec laquelle on pense que cette réalité invisible, spirituelle dans laquelle on croit est bien la réalité solide et véritable dans laquelle il n'est pas vain de croire. L'espérance, c'est l'engagement personnel que nous mettons dans notre foi et qui fait qu'elle devient pour notre vie source de dynamisme et d'enthousiasme.

Avoir foi dans l'amour, c'est croire que l'amour est la chose la plus importante. Mettre son espérance dans l'amour, c'est aller plus loin qu’une simple proposition intellectuelle, c’est croire qu'effectivement nous sommes sauvés par l'amour et que cet amour demeure éternellement, c'est croire que l'amour que Dieu nous porte est plus fort que tout le mal qui peut nous atteindre, c'est croire que nous pouvons vivre de l'amour, et qu'il peut nous suffire.
S'il y a dans la foi une démarche personnelle de recherche de la vérité, un effort de connaissance, de compréhension, d'adhésion, une montée vers Dieu, l'espérance complète ce mouvement en choisissant d’investir son être dans ce en quoi l’on croit, par un un abandon confiant dans l'amour et la puissance de Dieu, l'espérance est une forme de dépréoccupation de soi-même, une manière de ne pas se soucier du lendemain en pensant que le « lendemain prend soin de lui-même », (Matt 6:34) c'est avoir confiance dans l’Evangile et dans la bonne nouvelle qu’il comporte pour nous et pour le monde.

La foi m'incite à agir devant tout le mal du monde, l'espérance me fait croire que cette action n'est pas vaine et que quoi qu'il arrive, Dieu ne sera pas vaincu. Par l'espérance, j'accroche ma vie à quelque chose auquel je crois mais qui n'est pas actualisé sur notre terre, mon espérance, c'est que Dieu nous sauve et sauve le monde, même si le cours des événements terrestres pouvait me donner des raisons de désespérer. Mais c'est en espérance que nous sommes sauvés. « Or, l'espérance qu'on voit n'est plus espérance: ce qu'on voit, peut-on l'espérer encore? » (Rom 8:24). L’espérance, c’est croire dans l’amour même si le monde nous renvoit une image de haine, c’est croire dans le bonheur même si nous pleurons, croire dans l’humanité même si elle donne des raisons de désespérer.

Et si l’on peut faire cela, c’est que au milieu de tout ce mal du monde, on aperçoit des traces d’amour, de bonté, de générosité qui permettent de continuer à croire à ces réalités. Et parce que même si notre vie est sombre, on y voit des moments fugaces peut-être de lumière, et de joie qui permettent de croire que cela existe et est possible. C’est ce que dit encore Paul dans ce même magnifique passage de l’épître aux Romains sur l’espérance : « nous aussi, qui avons les prémices de l’Esprit » c’est bien cela, nous percevons par des bribes, des miettes, qu’il y a une réalité autre qui est lumineuse et à laquelle nous pouvons décider de croire, d’accrocher notre vie, comme le berger dans la nuit qui croit dans la lumière parce qu’il voit une petite étoile briller. Nous avons, comme le dit Paul : « les arrhes » de cette réalité promise sur laquelle le croyant veut miser comme étant la plus importante. « Dieu nous a donné les arrhes de l’Esprit. Nous sommes donc toujours pleins de courage et nous savons qu’en demeurant dans ce corps, nous demeurons loin du Seigneur – car nous marchons par la foi et non par la vue » (2 Cor. 5:5,6)

 

L'amour

Quant à l'amour, la plus grande de nos trois vertus théologales, elle est à la fois l'origine et la conséquence des deux premières. Elle en est la cause et l'effet, car l'amour est avant tout relation. C'est la manière avec laquelle je reçois de Dieu et des autres, et la manière avec laquelle je me tourne vers les autres et vers Dieu pour vivre concrètement ma foi et mon espérance.

Aujourd'hui en français, le mot « amour » est fort ambigu. En effet, nous traduisons par ce mot au moins deux notions grecques: l' « eros » et l' « agapé ». L'amour-eros, est l’amour charnel, l’amour passion, c'est un amour de désir de l'autre. Au contraire, l'amour-agapé est l'amour fraternel, c'est un amour désintéressé, qui n'est pas tourné vers soi comme un sentiment ou un désir, mais simplement ouverture à l'autre, accueil de l'autre, pour le comprendre, lui donner et le recevoir.

Pour éviter la confusion, nos vieilles traductions avaient choisi de traduire parfois « agapé» par « charité » plutôt que « amour ». Mais ce mot de « charité » a pris un sens tellement affaibli aujourd'hui, qu'on ne peut plus l'utiliser dans son sens originel, si l'on parle aujourd'hui de charité, on comprend plutôt le fait de donner quelque pièce à un pauvre, ce qui risque d'être plus l'expression d'une pitié ou d'une mauvaise conscience que d'un véritable amour fraternel. Alors nous utilisons le mot amour pour parler de l'agapé, avec le risque inévitable de confusion qui fait que l'on entend ce texte dans les mariages en croyant parfois qu'il célèbre l'amour charnel entre l'homme et la femme alors qu'il parle de tout autre chose.

L'amour dont il est question ici n'est pas un sentiment mais une attitude profonde, une manière de voir l'autre, de le comprendre. Autrement, ce que dit Jésus : « ce que je vous commande, c'est d'aimer »...(Jean 15:17) n'aurait aucun sens, on ne commande pas un sentiment, on ne peut pas se forcer à trouver sympathique quelqu’un que l’on n’aime pas, et l’Evangile ne nous demande pas de faire l’amour avec ses ennemis. Par contre, on peut apprendre à s'ouvrir à l'autre, à ne pas rester replié sur soi-même, car l'amour est véritablement le contraire de l'égoïsme, de la préoccupation de soi-même, c'est « que chacun ne se préoccupe pas de ses propres intérêts, mais considérer aussi ceux d'autrui » (Phil. 2:4, 1 Cor. 10:24)... c'est « regarder les autres comme étant au-dessus de soi-même » (Phil. 2:3)... selon les expressions de Paul.

L’amour de l’Evangile, c’est de s’ouvrir à l’autre pour l’accueillir, essayer de la comprendre, et le recevoir comme il est. Ainsi nous est-il dit : « tu aimeras ton prochain comme toi-même », c’est-à-dire de considérer l’aure comme un autre soi-même, comme un sujet qui peut dire « je » et que je respecte et accueille. Ainsi les mariés ont raison de prendre 1 Corinthiens 13 comme texte de mariage, non pas en tant qu’il parlerait de l’amour qui les a fait vouloir se marier, mais de l’amour qu’ils doivent apprendre à avoir l’un pour l’aure, une vraie manière de regarder l’autre non pas comme on voudrait qu’il soit, mais comme il est, et de lui vouloir du bien.

Et cet amour, il concerne l'autre dans plusieurs acceptions. Bien sûr, il concerne le prochain, l'autre qui est semblable à moi-même, mais il concerne aussi l'Autre qui est différent de moi-même: Dieu. Aimer Dieu, c'est apprendre à se sortir du terrestre pour s'ouvrir à une autre dimension, qui est celle de l'invisible et du spirituel. Aimer Dieu, c'est aimer l'amour, accueillir l'amour pour apprendre à aimer.

Car Jean dit bien que « nous aimons Dieu parce qu'il nous a aimés en premier » (1 Jean 4:19). Ainsi, l'amour, c'est aussi la façon avec laquelle Dieu nous accepte et nous reçoit, Et nous ne pouvons donner de l'amour que si nous nous remplissons nous-mêmes d'amour. Notre vie ne peut rayonner d'amour que si nous sommes nous-mêmes pleins d'amour, capables de recevoir nous-mêmes un amour qui nous est donné. De même, nous ne pourrions recevoir indéfiniment tous les soucis des autres si nous ne pouvions nous-mêmes nous décharger sur celui qui nous accueille tous et qui est le Dieu d'amour, infiniment patient et miséricordieux. (Ps. 103:8) Nous pouvons écouter parce que nous sommes écoutés, l'autre peut nous parler parce que nous parlons, nous pouvons aimer parce que nous sommes aimés.

L'amour est le premier et le dernier mot de tout l'Evangile et de toute la théologie chrétienne. L'amour, c'est la bonne nouvelle du salut gratuit, c'est la grâce qui nous est offerte d'une façon imméritée, et l'amour c'est aussi le commandement qui nous est donné, c'est la réponse que nous devons donner à la grâce, c'est ce par quoi nous devons répondre à la grâce qui nous est donnée.

Dieu est amour nous dit la Bible, on pourrait dire aussi que si Dieu, personne ne l'a jamais vu et que nous ne savons qui il est, croire en Dieu, c'est tout simplement croire dans l'amour.
C'est dans l'amour... que j'ai foi, espérance et amour. Dans l’amour que je crois, en l’amour que j’espère et me confie, et c’est l’amour que j’aime.

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1 Corinthiens 13

Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas l’amour, je suis du bronze qui résonne ou une cymbale qui retentit. Et quand j’aurais (le don) de prophétie, la science de tous les mystères et toute la connaissance, quand j’aurais même toute la foi jusqu’à transporter des montagnes, si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien. Et quand je distribuerais tous mes biens pour la nourriture (des pauvres), quand je livrerais même mon corps pour être brûlé, si je n’ai pas l’amour, cela ne me sert de rien.
L’amour est patient, l’amour est serviable, il n’est pas envieux ; l’amour ne se vante pas, il ne s’enfle pas d’orgueil, il ne fait rien de malhonnête, il ne cherche pas son intérêt, il ne s’irrite pas, il ne médite pas le mal, il ne se réjouit pas de l’injustice, mais il se réjouit de la vérité ; il pardonne tout, il croit tout, il espère tout, il supporte tout.
L’amour ne succombe jamais. Que ce soient les prophéties, elles seront abolies ; les langues, elles cesseront ; la connaissance, elle sera abolie. Car c’est partiellement que nous connaissons ; c’est partiellement que nous prophétisons ; mais quand ce qui est parfait sera venu, ce qui est partiel sera aboli. Lorsque j’étais enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant ; lorsque je suis devenu homme, j’ai aboli ce qui était de l’enfant. Aujourd’hui nous voyons au moyen d’un miroir, d’une manière confuse, mais alors, nous verrons face à face ; aujourd’hui je connais partiellement, mais alors, je connaîtrai comme j’ai été connu.
Maintenant donc ces trois choses demeurent : la foi, l’espérance, l’amour ; mais la plus grande, c’est l’amour.

Romains 8:20-25

La création a été soumise à la vanité – non de son gré, mais à cause de celui qui l’y a soumise – avec une espérance : cette même création sera libérée de la servitude de la corruption, pour avoir part à la liberté glorieuse des enfants de Dieu. Or, nous savons que, jusqu’à ce jour, la création tout entière soupire et souffre les douleurs de l’enfantement. Bien plus : nous aussi, qui avons les prémices de l’Esprit, nous aussi nous soupirons en nous-mêmes, en attendant l’adoption, la rédemption de notre corps. Car c’est en espérance que nous avons été sauvés. Or, l’espérance qu’on voit n’est plus espérance : ce qu’on voit, peut-on l’espérer encore ? Mais si nous espérons ce que nous ne voyons pas, nous l’attendons avec persévérance.

Hébreux 11:1

La foi est la ferme assurance des choses que l'on espère, la démonstration de celles qu'on ne voit pas.

I Cor. 13:1-13, Rom. 8:20-25, Heb. 11:1