Accéder au contenu principal
56, avenue de la Grande-Armée, 75017 Paris

Ecouter la version audio
Voir la Video complète
Voir la version imprimable

Daniel dans la fosse aux lions

Prédication prononcée le 8 mai 2022, au temple de l'Étoile à Paris,
par le pasteur  Louis Pernot

Daniel dans la fosse aux lions est une histoire frappante qui a inspiré grand nombre de peintres, d’illustrateurs, et d’artistes. L’histoire se trouve en fait deux fois dans le livre de Daniel, une fois dans sa version officielle (Ch. 6) où il est question de l’empereur Darius, et une deuxième fois dans une partie deutérocanonique du Daniel grec (Ch. 14), donc dans un passage qui ne se trouve pas dans les Bibles protestantes, où l’affaire est attribuée à Syrius, le roi de Babylone qui libéra le peuple hébreu en lui permettant de repartir chez lui.

Les récits sont souvent mélangés, en particulier dans l’iconographie qui nous présente parfois, à partir de la version deutérocanonique, le prophète Habacuc venant nourrir Daniel dans sa fosse où il se trouvait depuis une semaine. Dans le premier récit, il n’y reste en fait qu’un jour et personne ne vient le nourrir. La seconde histoire n’est que la réinterprétation de la première, et on peut s’intéresser principalement à la véritable histoire et trouver quelques éléments supplémentaires d’interprétation dans la deuxième.

Les causes de l’épreuve

Daniel est envoyé dans sa fosse aux lions pour plusieurs raisons. Certaines bonnes et certaines mauvaises, en tout cas, comme souvent, pour qu’un problème arrive, il faut qu’il y ait différentes causes qui s’accumulent.

La première est la jalousie des satrapes et des gouverneurs, jalousie à l’égard de Daniel. Cela doit déjà nous mettre en garde contre ce sentiment destructeur, cause de bien des choses les plus mauvaises de ce monde. La jalousie, est une tentation qui nous concerne tous, il arrive à tout le monde d’être jaloux de quelqu’un et de vouloir l’accuser, le rabaisser, et à qui on risque de faire une injustice profonde. Peut-être que Daniel avait mérité, d’une certaine manière, cette jalousie par son attitude arrogante, sa réussite et sa position enviable toujours proche du pouvoir, mais il ne faut pas inverser les rôles en prétendant que la victime pourrait être coupable par rapport au bourreau, faire du mal à quelqu’un, c’est toujours faire du mal, point.

La deuxième cause, c’est l’obstination du roi. On le voit dans l’histoire, le roi est pris à son propre piège. Il paraît qu’à Babylone, une loi qui édictée était irrévocable, en tout cas, le roi, mal conseillé, poussé par des gens envieux, édicte une loi sans réfléchir vraiment à ses conséquences, puis, au lieu de se dédire, il se croit obligé de l’appliquer contre son gré. Cela aussi est une cause de crime lorsqu’on n’est pas capable de revenir sur une de ses décisions, de se remettre en cause, d’admettre qu’on ait pu se tromper. Les Réformateurs se sont toujours opposés aux vœux perpétuels, c’est-à-dire aux décisions (n’engageant que soi) que l’on pourrait prendre à un moment et que le temps peut révéler avoir été prise sans en connaître tous les éléments et sans en mesurer vraiment toutes les conséquences. On peut et on doit même être capable de réviser une position, de remettre en cause ce que l’on a cru vrai à un moment. Ainsi Darius avait pris cette décision, et pourquoi pas, pour renforcer le pouvoir royal, mais il n’en avait pas saisi toutes les conséquences. Prenons donc garde d’abord de qui nous prenons nos conseils, et ayions ensuite l’humilité de parfois reconnaître que l’on s’est trompé. Finalement Darius va regretter sa décision, il passe une très mauvaise nuit, il ne touche pas à sa favorite et même ne prend point de nourriture. Donc finalement, Darius semble être un chic type, il n’est pas méchant, il regrette son geste, mais il devient une forme d’assassin uniquement parce qu’il refuse de modifier une loi et de revenir sur une décision, il refuse de se dédire par rapport à ce qu’il avait dit, et par peur d’affaiblir son pouvoir ou que son image de roi puisse être affaiblie, il se met en position de tuer son meilleur ami !

Et puis la dernière cause, la troisième, c’est la foi de Daniel. Alors qu’il y a un édit interdisant d’adorer qui que ce soit d’autre que le roi pendant un mois, il continue à prier la fenêtre ouverte. Ce courage de Daniel qui refuse de pratiquer sa religion en cachette est souvent montré comme un exemple, comme un risque certes, mais comme une qualité, faisant de lui le modèle même du martyr pour la foi. Mais est-on certain que l’attitude de Daniel ait été juste et mesurée ? Finalement, Daniel risque sa vie d’une façon un peu bête. Un mois c’est provisoire, il aurait bien pu faire discrètement pendant un mois. Il y a bien des gens parmi qui ne vont pas au culte pendant un mois, ça ne les empêche pas de vivre. Est-ce que Daniel n’aurait pas été aussi un peu intégriste dans sa foi ?

Jusqu’où la radicalité de la foi ?

C’est une question très compliquée, il ne s’agit pas de plaider pour l’hypocrisie, la dissimulation, le nicodémisme (attitude de ceux qui pratiquent le religion en se dissimulant, comme Nicodème venant voir Jésus de nuit par peur des pharisiens en Jean 3), ni de justifier ceux qui pratiquent en cachette, ceux qui n’assument pas, ceux qui ne veulent pas témoigner de peur de représailles, quelles qu’elles soient. Il faut assumer courageusement sa foi, pourvoir dire comme Paul : « Je n’ai pas honte de l’Evangile » (Rom. 1:16). Jésus, lui, n’a pas eu peur de témoigner de sa foi. Etienne non plus, le premier martyr, et les apôtres, tous, ont témoigné de leur foi et tous ils ont été martyrs, témoins et ils sont morts pour leur foi. Nous sommes précédés par une « nuée de témoins » courageux (Héb. 12 :1). Jusqu’à la Réforme où nombre de personnes, sont mortes pour avoir témoigné de leur foi, et ce témoignage n’a pas été vain parce qu’il a été justement un témoignage fort. Les protestants qui, refusant de renier leur foi réformée, étaient mis sur un bûcher et alors qu’ils commençaient à brûler chantaient à tue-tête le psaume 68 : « Que Dieu se montre seulement... », le psaume des batailles, avec les foules entières qui étaient admiratives de ce courage et qui se convertissaient, si bien que le pouvoir a dû faire en sorte qu’ils n’e puisse témoigner en mettant du bois vert dans les bûchers afin qu’ils meurent asphyxiés avant que d’être brûlés et qu’ils n’aient pas le temps de chanter leur psaume. Ceux-là avaient quelque chose de fort et de puissant, c’est grâce à eux qui nous pouvons pratiquer notre foi aujourd’hui.

Et en fait, donc, cette histoire de fosse aux lions dont Dieu va tirer miraculeusement Daniel est un mal qui a trois causes plus ou moins mauvaises, la jalousie des satrapes, l’entêtement stupide de Darius et le radicalisme obtus de Daniel, et il y a une sorte de decrescendo de culpabilité. La première cause est évidemment mauvaise, la jalousie, reporter sur l’autre la faute est toujours mauvais. La deuxième, l’obstination de Darius, n’est ni bonne ni mauvaise, parfois il faut savoir tenir ce que l’on a décidé et ne pas être une girouette changeant d’avis toutes les deux minutes. Il faut avoir dans sa vie un cap auquel on se tient. Mais il ne faut pas être obstiné bêtement. Et pour la dernière, en fait et sans plaider pour l’intégrisme, on peut penser que Daniel n’était pas coupable. Daniel a vécu sa religion au grand jour et il a bien fait. Il n’offensait personne en faisant cela, il ne forçait personne à croire comme lui, il ne persécutait personne n'ayant pas la même foi que lui, et donc il a bien agi. En ce sens, on peut ne pas être favorable à la thèse de notre laïcité moderne qui veut renvoyer la foi et la religion dans le domaine de l’intime. Oui, je prie, peut-être pas dans la rue, mais chez moi, et je peux avoir la fenêtre ouverte, c’est-à-dire que ma foi peut être visible, ma foi peut être audible. Et le Dieu que j’adore peut être présenté à tous comme le sujet de mon adoration. Les satrapes voulant imposer qu’on n’adore que le roi, sont les mêmes que ceux qui, aujourd’hui nous disent qu’on ne doit adorer que la loi de la République. On n’adore pas la loi de la République comme un absolu, ou comme Dieu, même si on doit avoir un grand respect pour cette république. Ainsi Daniel montrera, au moment où il sera sorti de la fosse, un grand respect pour le roi quand il dira : « longue vie à toi, roi Darius », il dit là son allégeance au roi, il n’a rien contre lui, cependant, c’est Dieu qu’il adore Dieu, son Dieu qu’il prie trois fois par jour, le matin, le midi et le soir, et la fenêtre ouverte, tout le monde peut le voir et l’entendre. Oui, Daniel a bien fait.

La prière envoie Daniel dans la fosse aux lions

Daniel sera ensuite jeté dans la fosse aux lions. Quelle est la cause immédiate de sa situation dramatique ? Nous l’avons vu, certes, c’est son courage de témoigner, d’afficher sa foi, le courage de la désobéissance, l’objection de conscience, mais par ailleurs, ce qu’il nous est dit, c’est que la cause directe du fait qu’il ait été envoyé dans la fosse aux lions est qu’il priait trois fois par jour. Nous connaissons l’importance de la prière. Nous savons qu’il y a dans la prière des grâces formidables, qu’elle apporte tant de bien. Or ici nous avons une chose étonnante, c’est l’efficacité inversée de la prière, au lieu d’apporter du bien, elle apporte du mal. Daniel prie, et au lieu que les oiseaux du ciel viennent le nourrir, c’est lui qui est envoyé comme nourriture pour les lions. On voit ainsi que si la prière est bonne, ce n’est pas en tout cas pas pour des avantages matériels ou immédiats, la prière peut même être, dans certains cas, source de difficultés et de problèmes supplémentaires. Prier Dieu, ce n’est pas demander à Dieu des avantages, des priorités par rapport aux autres, mais c’est servir Dieu, c’est s’engager, c’est être serviteur de Dieu et non pas mettre Dieu à son service, et cela peut être dangereux, ou nous coûter matériellement. Il y a tout de même là un paradoxe, certes, Dieu délivrera Daniel de sa fosse et il ne sera pas mangé par les lions, et donc, on pourrait rendre grâces pour cette puissance de Dieu qui a libéré Daniel, mais elle ne l’a libéré que d’un problème qu’il n’aurait pas eu s’il n’avait pas adoré Dieu, et donc la prière serait finalement le moyen d’échapper, par l’aide de Dieu à un problème que l’on n’aurait pas eu si on n’avait pas prié ! C’est parfaitement paradoxal.

Mais on peut dire que tout cela n’est pas vraiment à cause de la prière ou de la foi de Daniel. De toute manière les satrapes auraient trouvé une raison de le condamner, prière ou pas. La prière n’est pas cause du mal, mais elle ne va pas éviter à Daniel toute épreuve, et elle va quand même l’aider à s’en sortir ! Il est dans sa fosse aux lions, menacé d’être mangé tout cru, et finalement les lions ne vont pas le toucher. Par quel miracle ?

Que faisait Daniel dans la fosse aux lion ?

Le problème, c’est que on ne sait pas ce que Daniel a fait pendant qu’il était dans sa fosse aux lions. Certains supposent qu’il a continué à prier comme il le faisait toujours, mais rien n’est dit. On ne nous dit pas : « Daniel avec constance et fermeté continuait à prier le Seigneur devant les lions ébahis ». Nous n’avons pas cela. La plupart des tableaux représentant cette scène montrent Daniel dans la position de l’orant, c’est-à-dire celui qui est en train de prier. D’autres le représentent en train de s’ennuyer, il attend, il attend, parce qu’il fait seulement confiance à Dieu. Pour d’autres il joue avec les lions, comme on jouerait avec un petit chien ou un chat. Notre imagination peut être fertile, mais le texte ne dit rien.

DanielRubens

La solution est sans doute dans les propos de Darius qui dit : « Daniel, serviteur du Dieu vivant, ton Dieu, que tu sers avec persévérance, a-t-il pu te délivrer des lions ? » (Dan. 6:21). Voilà ce qui a sauvé Daniel, non pas une seule prière au moment où il aurait été confronté avec les lions, mais la constance de sa dévotion. La prière, certes ne l’a pas empêché qu’il lui arrive cette difficulté redoutable, mais au moment où il est confronté à une difficulté, il est tiré d’affaire et il s’en sort indemne. La prière a donc quand même bien eu un effet, mais pas sur le court terme, sur le long terme. Il faut prier avec persévérance, c’est cette persévérance de la prière qui nous sauve, et pas forcément la prière immédiate qui ne peut être de toute façon efficace que si elle s’enracine dans une pratique constante de prière. La persévérance de la prière donne une force extraordinaire pour le moment où l’on serait confronté brutalement à une difficile épreuve.

DanielEnnui

La foi, la prière, la fidélité à Dieu peuvent nous sauver de deux choses : la fosse et les lions.

Les lions

Les lions sont dans la Bible ceux qui arrachent, le mot hébreu qui désigne cet animal veut dire celui qui prend, qui arrache, qui saisit, donc le lion est celui qui déchire. Et comment le lion te tue-t-il, ? En arrachant les membres les uns après les autres, ensuite il éparpille sa victime dans sa cage et la mange par morceaux. Le lion n’est donc pas comme le poisson de Jonas qui l’a gobé tout d’un coup et le rejette entier, le lion éparpille, il écartèle. Il est l’image du diable, dont le nom « diabolos » vient de « dia-ballein » qui signifie « envoyer aux quatre coins ». Le lion représente ce qui nous éclate, nous désunit. Et, merveille, Daniel va réussir à rester intègre, c’est-à-dire « un », à ne pas se perdre. Une des grandes difficultés des épreuves de la vie, c’est qu’elles nous écartèlent, elles nous balancent à gauche, à droite, d’un côté, de l’autre, et tout le problème, c’est de retrouver l’unité de son âme. Ainsi le psalmiste demande-t-il à Dieu : « unifie mon âme afin qu’elle te glorifie » (Ps. 87:11). En Dieu, par la prière, nous pouvons retrouver l’unité de notre être, notre être écartelé par les expériences du divers pur de la réalité qui nous entoure, nous emmenant successivement dans la joie, dans la peine, dans l’espoir, dans le découragement. Nos expériences nous écartèlent et font que nous ne savons plus où nous sommes, nous faisant ressembler à un bouchon jeté sur la mer ballotté de ci et de là par les vagues.

Dieu nous donne le point d’ancrage de notre vie, il est ce qui est constant, ferme, inébranlable ; il est l’ancre grâce à laquelle je ne dérive pas, même si je suis un peu ballotté ; il est le point d’appui à partir duquel je peux sauter, trouver la stabilité afin d’aller plus loin. La prière consiste essentiellement à se recentrer en Dieu et faire en sorte que le centre de gravité de son existence ne soit pas les événements, bons ou mauvais, qu’il faut toujours relativiser, mais que le centre de gravité de son existence soit un point fixe qui est Dieu lui-même. C’est le travail de la prière que de se recentrer sur Dieu, que de relativiser tout ce qui nous arrive, et c’est le travail de la prière que de se recueillir. Ce mot « recueillement » est beau, il veut dire « rassembler », « remettre en un ». Comme on cueille des fleurs ici et là pour en faire un bouquet unique. Je recueille ma vie en prenant tout ce qu’il y a dans ma vie à gauche et à droite, pour le rassembler autour de la tige centrale qui est Dieu lui-même. Voilà le recueillement, cette œuvre qui permet de se rassembler, d’aller chercher ces expériences bonnes ou mauvaises, ces joies, ces craintes, ces échecs, ses regrets, ses espérances, et tout cela le rassembler en un pour le présenter à Dieu et le centrer sur Dieu. Ce sont en fait ces expériences qui font ce que je suis, et sans ce point central, je ne serais qu’éparpillé, et je ne serais rien.

Ainsi Daniel arrive-t-il à survivre à ces puissances d’éparpillement. Probablement que devant la difficulté qui lui arrive, lui qui a été fidèle, après avoir été en grâce devant le roi Darius, et se trouve en but à la malhonnêteté, à la jalousie de ses contemporains, sans doute que Daniel a été menacé par des lions intellectuel et moraux qui avaient tendance à l’écarter et à le faire douter, à perdre sa confiance en Dieu et de ne plus savoir où il en est, ni qui il est.

Daniel dit une chose essentielle sur ce qui l’a sauvé : « L’ange de l’Eternel est venu et il a fermé la bouche des lions ». Donc il s’agit d’un ange, donc d’un messager, c’est-à-dire de la parole de Dieu. Ce n’est plus là la parole de Daniel aurait pu prononcer dans la prière, mais de la parole de Dieu. Cette parole on l’on trouve dans l’Ecriture, c’est cette parole qui s’est incarnée en Jésus-Christ, et aussi la parole intime, Dieu venant nous parler cœur à cœur dans notre prière, celle-ci étant sans doute plus écoute que demande de notre part. Quand on prie, même trois fois par jour, il peut sembler parfois que rien ne se passe, et que personne ne répond, mais il arrive un moment où Dieu parle, et il parle au moment où l’on en a besoin. Et là il ferme la bouche des lions, il réduit à néant toutes les puissances d’écartèlement, de dispersion. Il ferme la bouche des lions pour les empêcher de parler, parce qu’en effet, ce qui nous menace, ce ne sont pas des vrais lions, mais des paroles de lion, des paroles de doute, de crainte, d’éparpillement, des paroles qui sèment le doute et nous déstabilise, et des paroles qui risquent de briser le socle sur lequel nous nous étions établis. Si la prière est juste et constante, Dieu répond et il envoie ses anges vers nous pour fermer la gueule des lions afin que toutes ces paroles de découragement, de tentation et de mort se taisent à jamais.

La fosse

Et puis l’autre menace de Daniel, c’est la fosse. En fait, si les traducteurs utilisent ce mot « fosse », c’est à cause de l’interprétation chrétienne, la fosse est l’image du trou du cimetière dans laquelle on jette un mort, et notre texte de Daniel fait immanquablement penser à la mort du Christ, mis dans un tombeau, lui aussi fermé par une grosse prière, et elle aussi scellée par un sceau comme le dit l’évangile de Matthieu (Matt. 27:66). Ainsi, Daniel jeté dans la fosse sort vivant comme le Christ ressuscitera hors du sépulchre, et les lions peuvent être l’image des bêtes de l’enfer. L’interprétation du texte est alors simple : oui, Dieu nous libère de la mort, il arrache notre vie à la tombe. C’est vrai par le don de la vie éternelle qui transcendera notre mort physique, et c’est aussi l’histoire des résurrections de l’Evangile, comme la résurrection de Lazare, où l’on voit que quand on nous dit mort, quand tout le monde dit « il ne se relèvera point, il est fichu, il est déjà mort depuis trois jours et il sent déjà... » et bien Jésus nous dit comme à Lazare « sors de cette tombe » et Lazare sort, enlève ses bandelettes, et retourne dans la société. Jésus nous fait revivre, même dans cette société, quand nous sommes confrontés à la mort, au découragement, au deuil, Jésus nous redonne courage, il nous remet debout, et il nous réinstalle dans la société. Et il nous libère de cette fosse, et Dieu ainsi nous ressuscité comme il a ressuscité le Christ, ainsi que nous dit Paul, « si vous êtes ressuscité avec Christ alors vous êtes une créature nouvelle » (Gal. 3:1).

La citerne

Mais le mot hébreu que l’on a dans le texte ne désigne pas une « fosse » ou une tombe, mais une « citerne ». Et on peut prendre au sérieux cette mention de la citerne. Cela nous éloigne de l’idée de la fosse, la citerne n’étant pas un endroit habituel pour enterrer les morts. La citerne renvoie aussi à la triste expérience de Joseph jeté dans une citerne par la jalousie de ses frères, dont notre histoire est probablement une réminiscence comme celle du prophète Jérémie jeté aussi dans une citerne.
Ce devait être une citerne sèche, puisqu’il y avait des lions dedans (on ne sait pas comment ils sont descendus d’ailleurs). Une citerne sèche : là où il devrait y avoir de l’eau et où il n’y en a point. La sécheresse est ce qui nous menace le plus particulièrement, quand nous attendons de l’eau et que nous trouvons de l’aridité, nous attendons de la joie, nous trouvons de la tristesse, nous sommes enfermés dans cette existence qui est la nôtre qui devrait être remplie de joie, de vie, de cris de rires d’enfants, mais qui se trouve être une vie désespérément vide. Dieu me sauve du vide.

S’il y avait eu de l’eau dans la citerne, Daniel aurait pu nager, se tenir debout sur une pierre, les lions n’y seraient pas allés, mais être confronté au vide est peut-être le plus terrible. Quand on est confronté au vide, les lions arrivent et nous menacent, parce que le vide est intenable, il est impensable. L’inaction, l’oisiveté, mère de tous les vices comme on dit, est source de dépression, de découragement, et même laisse la place libre aux pires sentiments qui soient. Voilà à quoi renvoie cette citerne desséchée !

Mais, même jeté dans une citerne, menacé d’être mis en pièces, quand notre vie semble vide et desséchée, ne pouvant plus trouver plus au fond de soi-même la moindre ressource d’eau, quand ayant beau gratter le fond de notre être nous ne trouvons que tristesse, découragement, désespérance, nous ne devons pas désespérer ni avoir peur, car nous avons une source d’eau pure une source d’eau vive qui nous est donnée et qui peut irriguer notre existence pour l’éternité, c’est Dieu en Jésus-Christ. « L'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d'eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle » dit Jésus (Jean 4:14).

Et ainsi peu importe qu’il y ait dans ma vie ces moments de sécheresse, de tentation, de crainte, quand je me sens environné par le vide, par le rien, par des paroles dangereuses, par la jalousie, la méchanceté et l’égoïsme, quand je vois des lions qui me menacent, j’ai en Jésus-Christ un plus grand protecteur qui est Dieu lui-même. Il n’empêchera pas les lions d’être autour de moi, il ne m’évitera pas d’être jeté parfois dans la fosse, mais il fera en sorte que les lions ne me touchent pas et que je sorte vivants de ce piège destructeur. J’ai avec moi mon ami Jésus source éternelle d’une eau de vie, de joie et de résurrection dans toute situation et pour toujours.

Louis Pernot

Retour à la liste des prédications


Daniel 6:2-24

2Darius trouva bon d’établir sur le royaume cent-vingt satrapes qui devaient être (répartis) dans tout le royaume. 3Il mit à leur tête trois chefs – l’un d’entre eux était Daniel – à qui ces satrapes devaient rendre compte, afin que le roi ne subisse aucun tort. 4Daniel lui-même surpassait les chefs et les satrapes, parce qu’il y avait en lui un esprit supérieur ; et le roi pensait à l’établir sur tout le royaume.
5Alors les chefs et les satrapes cherchèrent un motif pour accuser Daniel en ce qui concernait les affaires du royaume. Mais ils ne purent trouver aucune occasion, ni aucune erreur, parce qu’il était fidèle, et qu’on ne trouvait chez lui ni négligence, ni erreur. 6Alors ces hommes dirent : Nous ne trouverons aucun motif contre ce Daniel, à moins que nous n’en trouvions un dans la loi de son Dieu. 7Puis ces chefs et ces satrapes se rendirent tumultueusement auprès du roi et lui parlèrent ainsi : Roi Darius, vis à jamais ! 8Tous les chefs du royaume, les intendants, les satrapes, les conseillers et les gouverneurs sont d’avis que soit publié un édit royal, et que soit mise en vigueur cette interdiction : Quiconque, dans l’espace de trente jours, adressera des prières à quelque dieu ou à quelque homme, excepté à toi, ô roi, sera jeté dans la fosse aux lions. 9Maintenant, ô roi, confirme l’interdiction et signe le décret, afin qu’il soit irrévocable, selon la loi des Mèdes et des Perses qui ne peut être abrogéei.
10Là-dessus, le roi Darius signa le décret et l’interdiction.
11Lorsque Daniel sut que le décret était signé, il monta dans sa maison où les fenêtres de la chambre haute étaient ouvertes dans la direction de Jérusalem ; et trois fois par jour il se mettait à genoux, il priait et louait son Dieu, comme il le faisait auparavant. 12Alors ces hommes entrèrent tumultueusement et trouvèrent Daniel qui suppliait et invoquait son Dieu. 13Puis ils allèrent trouver le roi et lui parlèrent de l’interdiction royale : N’as-tu pas signé une interdiction portant que quiconque dans l’espace de trente jours adresserait des prières à quelque dieu ou à quelque homme, excepté à toi, ô roi, serait jeté dans la fosse aux lion ? Le roi répondit : La chose est certaine, selon la loi des Mèdes et des Perses qui ne peut être abrogée. 14Ils prirent de nouveau la parole et dirent au roi : Daniel, l’un des déportés de Juda, n’a tenu aucun compte de toi, ô roi, ni de l’interdiction que tu as signée, et il fait sa prière trois fois par jour.
15Le roi fut très affligé quand il entendit cela ; il prit à cœur de délivrer Daniel, et jusqu’au coucher du soleil, il s’efforça de le délivrer. 16Mais ces hommes revinrent tumultueusement auprès du roi et dirent au roi : Sache, ô roi, que la loi des Mèdes et des Perses exige que toute interdiction ou tout décret confirmé par le roi soit irrévocable. 17Alors le roi ordonna d’amener Daniel et de le jeter dans la fosse aux lions. Le roi prit la parole et dit à Daniel : Puisse ton Dieu, que tu sers avec persévérance, te sauverj ! 18On apporta une pierre et on la mit sur l’ouverture de la fosse ; le roi la scella de son anneau et de l’anneau de ses grands, afin que rien ne soit changé à l’égard de Daniel.
19Le roi se rendit ensuite dans son palais ; il passa la nuit à jeun, il ne fit pas venir de concubine auprès de lui, et le sommeil le fuyait. 20Le roi se leva au point du jour, avec l’aurore, et alla précipitamment à la fosse aux lions. 21En s’approchant de la fosse, il appela Daniel d’une voix triste. Le roi prit la parole et dit à Daniel : Daniel, serviteur du Dieu vivant, ton Dieu, que tu sers avec persévérance, a-t-il pu te délivrer des lions ? 22Et Daniel se mit à parler au roi : Roi, vis à jamais ! 23Mon Dieu a envoyé son ange et fermé la gueule des lionsk qui ne m’ont fait aucun mal, parce que j’ai été trouvé innocent devant lui ; et devant toi non plus, ô roi, je n’ai rien fait de mal. 24Alors le roi eut une grande joie et ordonna de faire retirer Daniel de la fosse. Daniel fut retiré de la fosse et on ne trouva sur lui aucune blessure, parce qu’il avait eu foi en son Dieu. 25

Daniel 6:2-24