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Comment Israël confesse sa foi?

Prédication prononcée le 11 mai  2014, au Temple de l'Étoile à Paris,

par la pasteur Florence Blondon

Le cœur de la foi dans le judaïsme c’est le « shema Israël », « Écoute Israël, L’Éternel est notre Dieu, l’Éternel est  un ». (Dt 6,4)  

Ce n’est d’ailleurs pas une confession de foi mais une profession de foi, chaque croyant est amené à dire ce verset de manière personnelle, c’est la signification de « professer » du latin professus, qui signifie étymologiquement déclarer « en avant », alors que la confession, « déclarer avec », est donc une expression de foi de la communauté. Lors de la confirmation chez les protestants, il y a également « profession de foi » de chaque jeune ; Et le « shema Israël » est la profession de foi qui accompagne le juif de sa plus tendre enfance  jusqu’à sa tombe. Elle est la base du travail d’éducation des parents. Dans chaque foyer juif, on la récite quand on se lève et quand on se couche. Mais c’est tout de même étonnant, que ce verset ait été choisi parmi les 4875 versets du Pentateuque pour être la devise d’Israël. Car cela ressemble assez peu à ce que les chrétiens ont coutume d’appeler « profession de foi ». Il ne commence pas par « je crois », mais par « écoute », qui plus est, ce verbe est à l’impératif ! Si il y a bien une chose que l’on ne peut  obliger, c’est bien à croire.

 

- « Écoute » : La démarche de la confession de foi telle que nous l’entendons est assez étrangère à la Bible Hébraïque. Pourquoi commencer par ce verbe « écoute » ?  Pourquoi n’est-il pas dit : regarde ou crois mais « écoute ». « Écoute » et non pas regarde, ni contemple les œuvres de Dieu car les œuvres peuvent être attribuées à autant d'idoles, on risque même de les confondre avec Dieu. Ecoute parce que l'homme qui ne voit pas écoute ; parce que, souvent, autour de nous ou en nous, nous sommes dans le noir le plus profond. « Écoute » parce que l'homme entend bien avant que de voir ou même de percevoir. Il écoute avant la naissance et jusqu’à la mort, l’écoute est première et elle est dernière. Déjà dans le ventre maternel l’enfant entend sa voix et la voix des proches, il est sensible aux sons, à la musique. Et au terme de la vie, alors que l’être humain n’a plus la force d’ouvrir les yeux, alors qu’il ne sait plus comment communiquer, l’être encore pleinement humain entend, il écoute. Ceux qui ont été au chevet des mourants savent qu’une parole, une voix, un cantique peuvent renouer la communication, apaiser. De simples paroles, le chant, la musique, éveille un sourire, un mouvement d'espoir, la certitude de la présence de Dieu au moment ultime de la vie. Et si finalement nous entendions cet impératif non comme un ordre, une obligation, une injonction, mais comme une invitation, car de cette écoute va naître la vie. Écoute Israël. L’impératif n’est plus contrainte mais aspiration. L’Éternel se caractérise par la parole adressée, il est Parole, et cela c’est déjà une déclaration de foi. Il est Parole et Il nous adresse une parole, et quelle parole subversive : L’Éternel est notre Dieu, l’Éternel est un.

 

- L’Éternel est notre Dieu, l’Éternel est un : En premier, Dieu décline son nom, il se présente par son nom : YHWH, nom, que l’on ne peut prononcer et que j’ai choisi de traduire, m’inscrivant dans la tradition protestante par l’Éternel. Il se présente dans une proximité, lui nous connaît par notre nom et il nous invite à le connaitre personnellement. Il est notre Dieu, s’opposant ainsi à toutes les idoles qui nous entourent. Et, il est « un ». On a souvent opposé cela avec le polythéisme, et c’est probablement juste, mais comme souvent le sens déborde et l’on peut entendre également que signifiant l’unicité de Dieu, unicité qui est ainsi mise en avant. On a opposé cela également à la trinité chrétienne, les chrétiens auraient 3 dieux. Mais je crois que la trinité ce n’est pas trois dieux, mais trois visages du même Dieu. Certes, la trinité est une construction dogmatique, et je pense que l’on peut tout à fait être chrétien sans y adhérer. Mais en aucun cas la trinité représenterait 3 dieux. Pourtant les chrétiens sont tout de même menacés de « bithéisme » lorsqu’ils opposent le Dieu de l’Ancien Testament et celui du Nouveau Testament. Le Dieu de l’Ancien Testament serait violent et celui du Nouveau Testament serait un Dieu d’amour. Je pense qu’en fait la violence de l’Ancien Testament est la violence des hommes, et que déjà l’amour de Dieu pour l’humanité est présent à l’ouverture de la Bible, dans la Genèse. Il se concrétise dans cette première parole de Dieu lorsqu’il offre les 10 paroles (10 commandements) : « Moi, je suis l'Éternel, ton Dieu, qui t'ai fait sortir du pays d'Égypte, de la maison de servitude. »(Dt 5, 6). Il sait lorsque nous sommes en danger, il connaît nos douleurs, et il n’est pas un Dieu qui contraint, mais un Dieu qui libère. Et, le « shema Israël » nous dit tout l’amour, toute la proximité de Dieu et de l’être humain. La proximité de Dieu qui a un nom. Le Seigneur notre Dieu, le Seigneur est un. Le Seigneur se caractérise par Sa Parole, il se manifeste aux hommes par sa parole qui était aux origines.

 

- Mais ce qui reste étonnant c’est que ce verset est suivi d’une autre parole, je n’oserais dire un commandement car il est exprimé au futur : « Tu aimeras…. ». Et ici, à L’unicité de Dieu répond l’unicité de l’humain qui doit faire appel à toute sa diversité, réunir tous ses sens, concentre tout son être pour aimer. On n’aime pas du bout des lèvres, ou du bout des doigts ; on aime avec son corps, son âme, son intelligence, pour aimer il faut concentrer toute notre énergie – d’ailleurs, le « écoute » pourrait être traduit par « concentre-toi »- Et cette parole introduit une dimension éthique à la foi : Écoutes et tu aimeras, l’écoute permet de construire un humain pleinement humain qui en se tournant vers Dieu se détourne de son animalité.

«  Je crois à tes commandements » (Psaume 119, 66), c’est un peu déroutant, que le cœur de la foi, le « écoute » soit suivi d’un commandement, et que un des rares « je crois » qui intervient dans la Bible hébraïque soit un je crois en tes commandements. Mais pas n’importe quel commandement, le « écoute » est suivi du commandement d’amour à Dieu. Dans la tradition juive l’unicité de Dieu traduit l’unicité de l’univers, et donc la fraternité, donc le commandement d’amour de Dieu est également le commandement d’amour du prochain. Finalement Croire et aimer son indissociables. Tous les amoureux, les vrais le savent, lorsque l’on aime on croit. Et tout le contraire de l’amour c’est la jalousie, qui ne refuse de croire, mais qui veut savoir, qui cherche à posséder. Tous les croyants le savent également avoir la foi, croire en Dieu c’est aussi l’aimer et cela a des conséquences éthiques dans nos existences.

 

- Pourtant, on ne peut limiter l’expression de la foi à ces seuls versets, car d’autres textes nous disent la foi des hommes de l’Ancien Testament. Comment ne pas penser aux Psaumes : je crie donc je crois, je prie donc je crois. Malgré le doute, malgré la peur, je crois ! La foi c’est le courage d’être. Le psautier entier est une confession de foi. Certainement pas au sens classique tel que nous l’entendons, en tout cas rien à voir avec les constructions dogmatiques issues des premiers conciles œcuméniques qui sont devenus les confessions de foi chrétiennes. Dans les Psaumes, on trouve plus la confiance que la foi, faire confiance que croire.  Faire  confiance « batah » en hébreu a été rendu par espérance par les traducteurs de la Bible des Septante (3ème ou 2ème siècle avant J.-C.). La foi, particulièrement dans les psaumes, est bien plus de l’ordre de la confiance, de l’espérance que le psalmiste met en Dieu : son rocher, son secours.. Magnifique confession de foi que celle du Psaume 23 : « L’Eternel est mon berger, je ne manque de rien ». La foi est de l’ordre de la rencontre personnelle avec Dieu, de notre propre expérience, bien plus que d’une réponse objective, par l’intelligence et la volonté à un contenu dogmatique. La foi biblique est confiance en une personne, confiance en Dieu et finalement en cela elle est très éloignée à l’adhésion à une vérité intangible ou à un dogme.  

La foi-confiance, l’espérance et l’amour que l’on retrouve dans ce délicieux passage de la première épitre de Paul aux Corinthiens. Cri de foi également, et pourtant ni Christ, ni Dieu dans ce poème, non, seulement l’amour ! Et pourtant jamais ils n’ont été si présents. La foi, l’espérance et l’amour que l’on qualifie beaucoup trop vite de vertus, sont en réalité, des dons de Dieu, presque un abandon de Dieu pour l’humain. Ainsi c’est amour auquel il nous appelle il nous l’offre en premier. Et c’est notre chemin de bonheur et de vie que celui de l’amour. « Écoute ce chant d’amour » : 1-8 « Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n'ai pas l'amour, je suis du bronze qui résonne ou une cymbale qui retentit. Et quand j'aurais (le don) de prophétie, la science de tous les mystères et toute la connaissance, quand j'aurais même toute la foi jusqu'à transporter des montagnes, si je n'ai pas l'amour, je ne suis rien. Et quand je distribuerais tous mes biens pour la nourriture (des pauvres), quand je livrerais même mon corps pour être brûlé, si je n'ai pas l'amour, cela ne me sert de rien.

L'amour est patient, l'amour est serviable, il n'est pas envieux ; l'amour ne se vante pas, il ne s'enfle pas d'orgueil, il ne fait rien de malhonnête, il ne cherche pas son intérêt, il ne s'irrite pas, il ne médite pas le mal, il ne se réjouit pas de l'injustice, mais il se réjouit de la vérité ; il pardonne tout, il croit tout, il espère tout, il supporte tout. L'amour ne succombe jamais. 13 Maintenant donc ces trois choses demeurent : la foi, l'espérance, l'amour ; mais la plus grande, c'est l'amour. » (1 Cor 13, 1 à 8 et 13)

 Amen

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Deutéronome 5: verset 6

« Moi, je suis l'Éternel, ton Dieu, qui t'ai fait sortir du pays d'Égypte, de la maison de servitude. »

 

Deutéronome Chapitre 6, verset 4 à 9  

Écoute, Israël ! L'Éternel, notre Dieu, l'Éternel est un. Tu aimeras l'Éternel, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. Et ces paroles que je te donne aujourd'hui seront dans ton cœur. Tu les inculqueras à tes fils et tu en parleras quand tu seras dans ta maison, quand tu iras en voyage, quand tu te coucheras et quand tu te lèveras. Tu les lieras comme un signe sur ta main, et elles seront comme des fronteaux entre tes yeux. Tu les écriras sur les poteaux de ta maison et sur tes portes.

 

Psaume 119, verset 66

Enseigne-moi le bon sens et la connaissance !

Car je crois à tes commandements.

 

Psaume 40, verset 1 à 5

Au chef de chœur. De David. Psaume.

J'avais mis en l'Éternel mon espérance ;

Et il s'est incliné vers moi, il a écouté mon cri.

Il m'a retiré de la fosse de destruction

Du fond de la boue ;

Il a dressé mes pieds sur le roc,

En affermissant mes pas.

Il a mis dans ma bouche un cantique nouveau,

Une louange à notre Dieu ;

Beaucoup (le) verront et auront de la crainte ;

Ils se confieront en l'Éternel.

Heureux l'homme qui place en l'Éternel sa confiance

Deut. 5:6, Deut. 6:4-9