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Quelle est la place des rites dans le protestantisme ?

Chez les protestants on pourrait dire qu’il n’y a pas de rites, du moins pas de rites institutionnalisés en dehors des deux sacrements que sont le baptême et la Cène. C’est même un des gestes de rupture au moment de la Réforme que de remettre en cause le trop plein de rites. Donc exit le carême, les processions, … jusqu’aux enterrements qui chez les Calvinistes étaient presque interdits ou du moins le pasteur n’accompagnait pas rituellement les familles.

Les protestants ne retiendrons donc que deux sacrements : le baptême et la Cène, puisqu’ils sont institués bibliquement, et qu’ils s’adressent à tous, ce qui n’est pas le cas des cinq autres sacrements en vigueur chez les catholiques.

Quant aux différents rites, le jeûne par exemple, dans l’évangile de Matthieu, Jésus a critiqué ceux qui jeûnaient pour se faire bien voir des autres (Mt 6,16-18) et il critique les rites qui conservent les obligations en oubliant le sens qui les fonde. Il énonce même cette fameuse phrase : « le sabbat a été fait pour l’homme, et non l’homme pour le sabbat » (Mc 2,27). Pourtant, il a jeûné et il a voulu retrouver le sens des rites. Le mot clé est là, il s’agit de donner du sens à nos rites et nos gestes. Dans nos pratiques plus une religion est axée sur le rite, plus elle risque de sombrer dans une « orthopraxie » qui serait une manière de se justifier et donc plus elle s’éloigne de l’annonce de la grâce.

Un protestantisme poussé à l’extrême pourrait aller jusqu’à supprimer le culte, mais si son caractère n’est pas obligatoire ce rendez-vous hebdomadaire a bien été maintenu. Supprimer tous les rites reviendrait à nier que les humains ont besoin d’un cadre et cela ouvre la porte à de nombreuses dérives. Ces quelques rites rappellent aussi l’importance de la dimension communautaire dans la religion. Certes nous pourrions nous passer de tout cela, et pourtant nous en avons besoin. Comme le faisait remarquer Calvin à propos des sacrements, ils sont des « béquilles ». Si les protestants sont si méfiants par rapport aux rites, c’est pour ne pas transformer ce qui est une aide en « idole ». Le rite n’est jamais une fin en soi, il peut évoluer, se transformer. Ainsi le « rituel » que nous connaissons lors des cultes n’est pas immuable. Il pourrait être salutaire de l’interroger, voire de le revisiter. Et « les protestants » c’est un monde très vaste, y compris dans notre monde luthéro-réformé. Ainsi certains vivent le carême comme un temps à part ; de nombreuses paroisses, à l’instar de l’Église catholique observent des temps liturgiques…

Pour résumer, si dans la foi des protestants les rites ont une place assez minime, il semble parfois nécessaire de rythmer notre vie de croyants par des temps de rencontre, de partage avec Dieu et avec nos frères et sœurs.

Florence Blondon