Jésus et le péché originel
Jésus dit dans Jean (15:22) "Si je n'étais pas venu et ne leur avais pas parlé, ils n'auraient pas de péché". Mais comment comprendre cela puisqu'on m'a enseigné que nous étions pécheurs depuis la faute originelle d'Adam et Eve, et que Jésus enlevait le péché de tous par sa croix. N'est-ce pas plutôt le contraire: si Jésus n'était pas venu, et n'avait pas parlé, nous serions encore tous sous le péché!
En fait chaque évangile a sa propre logique, et la théologie traditionnelle chrétienne la sienne propre aussi, et est une construction de toute pièce faite plus tardivement et qui a sa propre cohérence.
On ne peut pas croiser les discours.
Dans Jean, il n’est pas question de péché originel, ni d’Adam et Eve dans ce sens, ni de Jésus qui ôterait miraculeusement le péché de tout le monde. Dans Jean, Jésus est Parole de Dieu. Et le péché pour Jean, c’est l’opposition à la volonté de Dieu.
Ce qu’il dit, c’est que, quand on n’a même pas connaissance de la volonté de Dieu, la notion de péché n’existe pas. Le péché, c’est de connaître ce que Dieu veut et de s’y opposer en toute conscience.
C’est de la même manière que Jésus dit aux pharisiens à la fin de l’histoire de la guérison de l’aveugle né:
« Si vous êtiez aveugle, vous n’auriez pas de péché, mais parce que vous dites « nous voyons », votre péché demeure » (Jean 9:41).
J’avoue d’ailleurs me trouver plus à l’aise dans le discours de l’Evangile de Jean que dans celui du concile de Trente et de toute cette construction autour du péché originel comme culpabilité héréditaire, et du sacrifice expiatoire du Christ qui serait le prix payé à Dieu pour qu'il nous pardonne. Tout cela n'est pas évangélique. On peut en trouver des traces dans certaines épîtres de Paul ou dans l'épître aux Hébreux, mais c'est déjà une construction théologique qui s'éloigne de la prédication du Christ, et construire un système culpabilisateur et un peu magique à partir de cela est plus que discutable, et en tout cas n'a pas de raison de faire autorité. Je crois que les évangiles font plus autorité que le catéchisme traditionnel.
Louis Pernot