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Les miracles du Christ

par Louis Pernot (septembre 00)

 

L'Évangile nous rapporte un certain nombre de miracles de Jésus-Christ, et cela reste pour l'homme moderne une interrogation.

 

Lectures opposées

Face à cela, il y a des chrétiens que le merveilleux ne dérangent pas et qui tiennent absolument à la réalité historique des faits comme étant essentielle à leur foi. Ils voient alors ces miracles comme des démonstrations de puissance de la divinité du Christ. D'autres, plus attachés à la Raison, ou au discours scientifique mettent tous ces prodiges sur le compte de l'exagération orientale et les considèrent donc comme légendaires... D'autres encore, et c'est peut-être là la position la plus sage pensent que dans tous les cas le texte a quelque chose à nous dire, et qu'il faut donc trouver sa signification symbolique pour chacun de nous aujourd'hui, ici et maintenant.,

Il faut tout d'abord admettre que toutes ces tendances existent, (avec toutes les nuances possibles), et qu'on en trouve des représentants de toute sorte dans nos rangs. Et je crois que cela est bien. tous ont autant le droit d'être appelés chrétiens. Pour paraphraser Paul (Rom 14 :3), on pourrait dire: Que celui qui y croit ne juge pas celui qui n'y croit pas, et que celui qui n'y croit pas ne méprise pas celui qui y croit car Dieu l'a accueilli.


Des guérisons

Cela dit, la très grande majorité des miracles du Christ sont des guérisons et il n'est pas difficile de croire que Jésus guérissait. Aujourd'hui encore les pays du tiers-monde regorgent de guérisseurs "à mains nues"... alors pourquoi pas à plus forte raison le Christ ? Rien que cela, en fait, est déjà un enseignement: il n'est pas indifférent que le Christ nous ait été présenté comme soignant. Si le seul but des miracles avait été de montrer sa divinité il aurait pu faire d'autres prodiges beaucoup plus spectaculaires, mais justement là n'était pas son but, et il a toujours refusé de faire des miracles pour démontrer une puissance divine. Si Jésus guérissait, c'est déjà tout simplement qu'il aimait ses contemporains et qu'il se préoccupait de leur santé physique.

Ainsi, pour le Christ le corps n'est-t-il pas rien. Il n'y a-t-il pas une théologie dualiste, qui prétendrait que le corps pourrait être opposé à l'esprit, et qu'il faille abaisser ou sacrifier l'un pour élever l'autre, il nous montre que l'on doit se préoccuper aussi de la dimension physique de notre existence, même si c'est l'esprit qui est le plus important.

 

Des signes

Et puis ce qui est essentiel, et qui peut mettre tout le monde d'accord, c'est que ces miracles ne sont pas appelées dans l'Évangile des "prodiges" (terata) mais des "signes" (semeia), or, le propre du signe, c'est de renvoyer à autre chose qu'à lui-même. La réalité concrète du récit n'est donc pas faite pour que l'on en reste là, mais renvoie à autre chose. Il ne faut pas être aussi bête que le chien du proverbe chinois disant que si on lui montre la lune il regarde le doigt.

Ce qui est essentiel dans les guérisons qui nous sont relatées ce n'est pas qu'un jour quelqu'un qui ne voyait pas a vu, mais que Jésus est la lumière du monde, pour nous aider à voir ce que nous ne voyons pas, cet essentiel qui est invisible pour les yeux. Ce n'est pas qu'il ait permis à quelqu'un de marcher, mais qu'il est le chemin, pour nous remettre debout et en route quelles que soient nos infirmités, qu'il dise à chacun de nous: "prends ton lit et marche", ce qui peut se comprendre comme: "charge-toi de tes infirmités et avance..."

Ce n'est pas qu'il ait ressuscité un dénommé Lazare, (et pour combien de temps avant qu'il ne re-meure ?) mais qu'il est la résurrection et la vie, pour qu'en lui nous ayons la vie Éternelle, nous qui sans arrêt sommes menacés par la mort spirituelle du péché.

L'important, ce n'est pas qu'il fasse faire à Pierre une ballade à pieds sur un lac... mais que dans toute situation difficile dans laquelle nous craignons de nous noyer, de couler, le Christ nous fait reprendre courage en nous permettant de pouvoir marcher, par dessus, de pouvoir continuer à avancer sans nous enfoncer...

Tout dans l'Évangile est signe, jusqu'à Jésus lui-même qui est signe, puisque nos regards ne doivent pas s'arrêter à lui, mais aller vers le Père ainsi qu'il le dit : Qui m'a vu a vu le Père. (Jean 14 :9)

Louis Pernot