Skip to main content
56, avenue de la Grande-Armée, 75017 Paris

La résurrection du Christ

par Louis Pernot (avril 03)

 

« Christ est ressuscité » ! Voilà une affirmation centrale du Christianisme. Tout le monde est d'accord.

Il y a néanmoins une grande diversité dans la manière avec laquelle les chrétiens comprennent cette profession de foi. Il y a ceux qui veulent absolument croire à une résurrection de la chair, au fait que Jésus soit revenu miraculeusement en chair et en os parmi ses disciples, et ceux qui voient dans ces récits plutôt l'expression imagée d'une expérience spirituelle et subjective des disciples. Nous n'avons pas à dire qui a raison et qui a tort, d'autant que là n'est peut-être pas le fond de la question.

Le schéma chronologique classique nous vient de l'Evangile de Luc et de sa suite : Les Actes des Apôtres. Selon ces livres, Jésus étant mort le vendredi soir, le dimanche matin, il serait ressuscité, puis aurait apparu aux disciples pendant 40 jours, jusqu'à l'Ascension, date à laquelle son corps aurait été enlevé au ciel. Cette date marquerait ainsi la fin des apparitions du Christ. Puis, 10 jours plus tard, soit 50 jours après sa résurrection de Pâques, les disciples auraient reçu la puissance de l'Esprit-Saint lors de la fête juive de Pentecôte pour aller prêcher l'Evangile dans toutes les nations. Ce schéma est propre à Luc, Paul et Jean, pour ne citer qu'eux, n'y adhèrent pas. Il contient sa propre logique, et une symbolique particulière que l'on pourrait étudier.

Mais ce schéma classique comporte un danger : c'est de faire assimiler le fait de la résurrection du Christ à un phénomène d'apparitions, comme si le Christ avait été ressuscité pendant 40 jours, puis ne l'avait plus été. Or, le message fondamental est bien « Christ est ressuscité » et non pas « Christ a été ressuscité, il y a deux mille ans pour quelques jours seulement et pour quelques privilégiés vivant à cette époque ». C'est pourquoi peut-on préférer ne pas trop s'attacher à ce schéma lucanien, car à le prendre au pied de la lettre, il risque de nous exclure de la Bonne Nouvelle.

Si « Christ est ressuscité », nous devons nous demander comment aujourd'hui le Christ est vivant parmi nous. C'est ça la seule vraie question. Et c'est ça la base fondamentale de la foi chrétienne, bien plus (je crois) que la nature exacte de l'événement historique qui a donné lieu aux récits évangéliques.

Or aujourd'hui, personne, ou à peu près, n'attend de voir apparaître le Christ en chair et en os pour venir nous parler et manger des poissons avec nous. Et si nous pouvons dire : « Aujourd'hui, Christ est ressuscité », ce ne peut être évidemment que dans un sens spirituel. Ce qui doit donc nous intéresser dans la croyance en la résurrection du Christ, c'est donc bien de la voir comme une réalité d'ordre spirituel.

Si nous voulons croire que les récits évangéliques nous concernent, c'est que ce qui y est dit, est encore vrai aujourd'hui. Sans doute donc devons-nous, pour nous les approprier, relire tous les récits d'apparitions du Christ dans les Evangiles comme des images, des figures symboliques d'une résurrection intemporelle et spirituelle du Christ qui est celle que nous pouvons encore expérimenter aujourd'hui. Ainsi quelqu'un qui se convertit aujourd'hui peut-il dire vraiment : « J'ai rencontré le Christ sur mon chemin, ou dans ma vie » Ainsi puis-je dire moi-aussi que le Christ m'a parlé, même si ce n'est pas vrai au sens purement matériel ou trivial.

Si nous pouvons dire comme Paul : (Gal 2:20) quand je vis, ce n'est plus  moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi, nous devons bien le comprendre spirituellement aussi, bien-sûr. Et nous pouvons alors, nous aussi, comprendre, comme les premiers disciples, que, aujourd'hui encore, l'expérience la plus extraordinaire, c'est de comprendre que le Christ, son Evangile, son message, son enseignement, son amour pour nous, son exemple, son témoignage, son envoi en mission, tout cela c'est le fonds de notre vie, c'est ce qui nous fait vivre. Et c'est tout cela qui est vivant à côté de nous, et en nous aujourd'hui, ce n'est pas une présence « corporelle » que nous avons à chercher.

De même le Christ a dit lui-même : (Mt 10:28) Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l'âme; craignez plutôt celui qui peut faire périr l'âme et le corps dans la géhenne. C'est bien de cela que la résurrection du Christ est la preuve : on a pu tuer Jésus, mais ce qu'il représentait, cette réalité de Christ qu'il a vécue, cela il l'est éternellement, et là se trouve une source de vie, de joie, de paix, de force, de pardon et d'amour éternel.

Louis Pernot