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Dieu agit par son Saint-Esprit... Ah?

par Louis Pernot (mars 06)

 

La définition du Saint-Esprit

Le Saint-Esprit, voilà un concept bien obscur pour beaucoup de gens. Bien sûr, on connaît la théorie : Le Saint-Esprit, c'est Dieu lui-même, car Dieu est Esprit. Et on utilise le mot Esprit, pour parler plutôt de Dieu en tant qu'il agit dans le monde.

Mais encore... Cela reste un peu obscur. Pourtant, le mot a en lui-même l'explication de son mystère.

Le " Saint-souffle "

En hébreu, comme en grec, il y a un seul mot pour dire : " esprit ", " vent " ou " souffle ". Donc, dire que Dieu est Esprit, et agit par son Esprit, veut dire que sa façon d'être et d'agir dans le monde est comme le souffle ou le vent. Et cela, c'est bien concret car nous avons tous l'expérience de l'air en mouvement...

Le Souffle, l'air, c'est ce qui est source de notre vie, et il y a là déjà une image merveilleuse de la présence de Dieu et de la grâce : l'air, c'est quelque chose qui semble immatériel et invisible et qui est pourtant essentiel pour vivre. De plus, il est là, disponible offert à tout le monde, il suffit de le respirer. C'est ainsi que la grâce est offerte à tous, mais qu'il faut se donner la peine de la mettre en soi pour en vivre, et cela quotidiennement. De même qu'on ne vit pas toute sa vie seulement de la première respiration de sa naissance, de même la grâce de notre baptême ne suffit pas à nous faire vivre quotidiennement si l'on n'y revient sans cesse pour y puiser la vie.

Le " Saint-vent "

Par ailleurs, le souffle, n'est pas seulement celui de nos narines, mais aussi celui du vent qui met en mouvement. Il y a même là une des images les plus belles pour expliquer le mode d'action de Dieu sur la Terre, pour dire de quel type est sa puissance : Dieu agit dans le monde comme un vent poussant des navires sur la mer.

Ce que l'on appelle la " toute puissance " de Dieu doit se comprendre, non pas comme la possibilité de faire tout et n'importe quoi, éventuellement même en contradiction avec les lois naturelles qu'il a lui-même édictées, mais c'est une puissance universelle, à laquelle rien n'échappe, si Dieu n'a pas la " toute puissance " dans un sens un peu simpliste, il a en tout cas " puissance sur tout ". Il n'y a pas un lieu, une chose, un être, un événement qui soit privé de la puissance de vie qui est celle de l'Esprit.

La puissance de Dieu dans le monde est celle d'une force, d'une tendance, poussant l'Univers vers plus de complexité, d'organisation, de vie, d'esprit, d'amour.

Il est ainsi à l'oeuvre depuis 15 ou 16 milliards d'années pour transformer le chaos initial en ce qu'il est aujourd'hui, et il est encore à l'oeuvre.

Dieu n'a pas plus créé le monde en un clin d'oeil, qu'en sept jours, il lui a fallu du temps, comme le vent qui inexorablement pousse ce qui se trouve sur la mer dans sa direction, mais n'a pas la possibilité de transporter " magiquement " les objets d'un point à un autre ou de les télé-porter.

Cette image biblique de Dieu comme vent est essentielle, faute de quoi on risque d'attendre de lui une puissance ou une action qui n'est pas dans sa nature. Et elle permet, de plus, de bien comprendre le rôle de l'homme dans tout cela.

Que faire sous le Souffle de Dieu ?

Nous sommes donc comme des bateaux sur l'océan du monde, soumis au vent de l'Esprit. A partir de là, il y a plusieurs façon possibles de se comporter.

Celui qui n'a aucune préoccupation autre que celle du quotidien et du matériel, sera comme celui qui attend sans rien faire que le vent veuille bien le mener quelque part. Le problème, c'est que le mode d'action de Dieu sur les choses purement matérielles est fort lent par rapport à la durée de nos jours (plusieurs dizaines de millions d'années pour passer de l'animal à l'homme), et donc pratiquement imperceptible en ce qui nous concerne.

Le croyant, c'est celui qui veut coopérer à l'oeuvre de l'Esprit. Il est comme celui qui ouvre une voile, afin que le vent le porte plus loin et plus vite. Tout le travail de la mystique consiste à s'exposer à l'oeuvre de l'Esprit, à se laisser transformer par lui, et une des particularités les plus essentielles de l'homme, est justement cette capacité à accéder à la puissance de Dieu, à y être sensible, comme un récepteur ou un capteur particulièrement réactif à une réalité normalement imperceptible.

L'opposant, c'est celui qui volontairement abaisse toutes les voiles possibles, et même sort une paire de rames pour aller où bon lui semble et même surtout dans la direction opposée à celle du souffle. C'est vouloir s'opposer à Dieu, au sens de la création et de l'évolution, c'est-à-dire aller contre la vie, l'esprit, l'amour. C'est la chose la plus grave qui soit, c'est le " blasphème contre le saint Esprit ", dont l'Evangile nous dit qu'il est le seul impardonnable, ce qui est normal, puisqu'il s'agit justement de s'opposer à Dieu et, entre autre, à son pardon.

Avoir la foi, c'est faire confiance à Dieu, croire que le sens de l'Evolution est bon et créateur, c'est croire que la vie vaut plus que la mort, l'homme plus que l'animal, que l'esprit vaut mieux que la matière, et vouloir s'engager à aller dans ce sens. Si nous vivons par l'Esprit, marchons aussi selon l'Esprit. (Galates 5:25).

Louis Pernot