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Conférences de l'Étoile - janvier-février 2003

Les grands problèmes politiques d'aujourd'hui

 

PREDICATION EVANGELIQUE ET IDEAUX DEMOCRATIQUES

 

1 - Les origines des idéaux démocratiques.

> Nous voudrions d'abord poser la question suivante. Est-ce que le Judéo-christianisme a contribué à l'émergence des idéaux démocratiques (la laïcité, les Droits de l'Homme, et bien sûr la démocratie) ?
Ce point a fait en France, à la fin du XIX° siècle, l'objet d'un débat intéressant (1). Certains considéraient qu'il fallait trouver l'origine des idéaux démocratiques non dans le Christianisme mais dans le monde de l'Antiquité gréco-romaine, la tolérance des Romains et la sagesse des Grecs contrastant avec l'intolérance du Christianisme (2).

Certes, il n'est pas certain que les idéaux démocratiques (et en particulier l'idée d'une déclaration universelle des Droits de l'Homme) aient été enfantés directement par la pensée chrétienne. Par contre on peut dire qu'ils figurent depuis longtemps dans le trésor du Judaïsme

 

> En effet, les principes du plus large universalisme sont déjà présents dans le Talmud (commentaire juif du premier Testament datant du cinquième siècle de notre ère). Celui-ci énonce clairement que tous les humains, puisqu'ils sont tous à l'image de Dieu, sont tous égaux devant Dieu, qu'ils soient juifs ou non juifs, hommes ou femmes. Et il énonce également les principes d'une sorte de charte universelle des droits et des devoirs de l'homme valable pour l'humanité toute entière. En effet, selon le Talmud, Dieu a promulgué deux législations. La seconde (le Décalogue) s'adresse au seul Israël. Mais la première concerne l'humanité toute entière (3) et aurait été promulguée par Dieu dès les origines de l'humanité. 
En effet, cette législation universelle est rattachée, par le Talmud (4), à la première parole dite, selon la Bible, par Dieu à l'homme : "Et l'Eternel Dieu dit à l'homme, tu pourras manger de tout arbre du jardin" (5). Elle est donc rattachée à une parole de grâce, de liberté et de promesse et non à l'interdiction qui lui fait suite : "mais tu ne mangeras pas de l'arbre de la connaissance du bien et du mal".

1) Le premier commandement de cette loi universelle, c'est celui d'instituer des tribunaux et des magistrats. Le besoin que justice soit rendue est constitutif de l'humanité. Mais c'est aussi un droit, le droit à la justice. C'est le premier des Droits de l'Homme. On remarquera que ce commandement instaure la légitimité du pouvoir judiciaire et non pas celle du pouvoir politique. Le Judaïsme ancien aura toujours une certaine méfiance vis-à-vis du pouvoir politique.

2) Viennent ensuite les commandements suivants : "ne pas maudire Dieu" (6), "ne pas se créer d'idoles" (7), "ne pas tuer", "ne pas commettre d'inceste" (8), "ne pas voler", "ne pas manger de la chair coupée sur un animal vivant" (9). Chacun de ces commandements a aussi pour corollaire un droit de l'homme (ou même de l'animal).

 

> Le Christianisme, quant à lui, a vite oublié, dès qu'il a été promu religion d'Etat, l'enseignement de Jésus-Christ qui prônait une certaine forme de tolérance et aussi d'universalisme (10). Ainsi, au IVe siècle, la conversion des Chrétiens à un culte étranger était punie des mêmes peines qu'un crime capital. Au XIe et XIIème siècle, la peine de mort était appliquée à l'apostat. A contrario, on peut noter qu'un décret de 1150 interdit le baptême forcé, et aussi que les Juifs et les Musulmans ont été tolérés en principe et aussi dans les faits, du moins à certaines périodes (11).

 

> On peut également s'interroger sur l'apport de la Réforme protestante pour ce qui est des idéaux démocratiques. 
L'idée des Droits de l'Homme est au confluent de deux traditions, celle de la Renaissance prônant le Droit naturel (et appelant à une forme d'humanisme) et celle de la Réforme prônant les Droits de Dieu (et appelant à une forme d'utopie et d'idéal absolu).
La Réforme protestante, en remettant en cause la légitimité de la papauté et en affirmant le principe du sacerdoce universel des croyants a précipité l'évolution vers l'Etat démocratique moderne (12). Le Protestantisme a facilité la désacralisation de l'activité politique et sa sécularisation (13). Et il a contribué à la reconnaissance de la liberté de conscience (14) et à la séparation de l'Eglise et de l'Etat (15).
Cependant on peut constater que le Protestantisme, là où il était majoritaire (Angleterre, Ecosse, Scandinavie, Allemagne) n'a pas instauré la séparation de l'Eglise et de l'Etat. Certes, aux Etats-Unis, dès 1791, cette séparation a été instituée, mais surtout pour établir la liberté religieuse dans une situation fortement pluraliste. 
En France, l'émergence de l'idée de liberté religieuse et de laïcité se fait d'abord grâce à la Renaissance (cf. Montaigne et Rabelais), puis grâce aux Lumières anti-cléricales (Voltaire, Montesquieu), même si l'article Tolérance de L'Encyclopédie a été rédigé par un pasteur (16). Ajoutons que la proclamation en 1791 de la liberté des cultes et l'instauration en 1792 de l'état civil laïc ne doivent pas forcément être imputées à l'influence du Protestantisme.
En revanche à la fin du XIX° siècle, le Protestantisme et surtout le Protestantisme libéral, est partie prenante dans l'instauration de l'école laïque (17). Et ce alors que, en 1909, la Conférence des évêques de France condamne formellement l'Ecole laïque. La séparation de l'Eglise et de l'Etat, en 1905, est accueillie favorablement par les protestants alors que le Pape exprime sa réprobation par des Encycliques.

 

>Aujourd'hui, comment le Christianisme dans son ensemble se situe-t-il par rapport aux idéaux démocratiques ?
En 1937, le Pape Pie XI condamne l'Etat totalitaire sous sa forme nazie et sous sa forme communiste. Du côté protestant, face au nazisme, s'est constituée l'Eglise confessante soutenue par les plus grands théologiens (Karl Barth, Dietrich Bonhoffer). Depuis quelques temps, les Eglises deviennent les championnes des Droits de l'Homme et prennent la défense des idéaux démocratiques. Même l'Eglise catholique, de manière prudente il est vrai, accepte de faire référence à l'idée de laïcité.

 

> Il faut faire une place à part au Christianisme orthodoxe qui, du fait de sa théologie de la "symphonie des pouvoirs" continue à professer l'imbrication de l'Eglise et de l'Etat et, d'une certaine manière, de récuser le pluralisme religieux (18).

 

 

2 - Quel est le fondement des Droits de l'Homme ?

 

> Dans la théologie de St-Thomas d'Aquin, le fondement du droit, c'est la nature humaine elle-même. En effet, la "nature" de l'homme, sa raison et sa conscience, le portent naturellement vers le bien, la morale, le sens de la justice et l'incitent, de ce fait, à instaurer les lois morales et principes régissant la vie en société (19) (que ce soient les Constitutions des Etats ou les préceptes généraux de la morale universelle qui sont les ancêtres des Droits de l'Homme). 
Ceci peut être contesté. En effet, au nom de la nature humaine, on a pu glorifier l'esprit de conquête, les différences des peuples et les distinctions de races. Fichte et le romantisme allemand rejettent les Droits de l'Homme au nom de la nature humaine. Rien ne prouve que la nature humaine conduise à la démocratie, à la tolérance, au respect de la liberté de l'autre. Bien au contraire, elle peut très bien conduire à un ordre social fondé sur l'esclavage, les inégalités, le règne du plus fort,…

 

>Face à cette tentative de fonder le Droit (mais aussi la démocratie …) sur la nature humaniste et raisonnable de l'homme, la théologie protestante a réagi en présentant le Décalogue (comme ancêtre des "Droits de l'Homme" et des idéaux démocratiques) comme une requête de Dieu lui-même allant à l'encontre de l'ordre naturel des sociétés et de la nature humaine elle-même. Précisons ceci.

1) Les Droits de l'Homme (qui proclament la liberté, l'égalité et la justice), bien loin de décrire l'état naturel de la société, sont plutôt l'attestation d'une utopie et d'une promesse. De même le Décalogue est d'abord une promesse faite par Dieu à l'humanité. Le fait qu'il soit énoncé au futur le montre bien : voici ce que Dieu te promet, tôt ou tard, "tu ne tueras pas", "tu ne voleras pas" ... Et, de même, la déclaration que les hommes naissent, vivent et sont égaux en droit, c'est également la proclamation d'une promesse quasi utopique. Ce n'est pas la description d'un état de nature.

2) Les lois et les prescriptions qui découlent des Droits de l'Homme(tout comme les commandements qui sont énoncés par le Décalogue) constituent donc un appel à mettre en œuvre une "promesse". L'exigence instaurée par cette promesse est infinie, dans le sens où on n'en a jamais fini avec elle (20). Ainsi, elle fait découvrir à l'homme son incapacité "naturelle" à faire le bien (21). Mais le caractère infini de ces exigences est aussi, pour l'homme, une incitation à se dépasser lui-même. 

3) La Loi (instaurée par le Décalogue, par les Etats démocratiques et par les Droits de l'Homme) n'est pas une règle contraignant la liberté mais bien plutôt une méthode pour vivre libre. Ainsi, le Décalogue se présente comme une méthode de libération de tous les esclavages. Par exemple, respecter le sabbat, c'est une méthode pour être libre vis-à-vis de son travail. Ne pas tuer, c'est ne pas être esclave de son agressivité. Ne pas convoiter, c'est être libre vis-à-vis de sa chair …

 

3 - Les Droits de l'Homme : un nouveau totalitarisme ?

La prescription des Droits de l'Homme peut-elle s'appliquer universellement sans tenir compte des coutumes et des cultures locales ? Les Droits de l'Homme doivent-ils supplanter les "morales locales" qui nous paraissent parfois absurdes et atroces (cf. l'excision) ?

L'Occident, en tentant de faire prévaloir les Droits de l'Homme sur l'ensemble de la planète, accomplit-il, en fait, une forme de néo-colonialisme ?

A ce sujet, il faut bien constater que l'on est passé très vite de l'Ere des Lumières et de leur prétention à l'universalité à deux autres formes de conquête à prétention universaliste : le colonialisme puis le totalitarisme nazi ou soviétique. Cet enchaînement pourrait nous mettre la puce à l'oreille. Les Droits de l'Homme seraient-ils une forme subtile de colonialisme et de totalitarisme ?

Il faut aussi constater que certains peuples semblent prêts à refuser le progrès de la modernité (et de l'idéologie universaliste des Droits de l'Homme) pour rester culturellement différents, autonomes et enracinés dans leur identité (22). Faut-il respecter leur choix (23)?

La question qui se pose, c'est celle-ci. Devons-nous considérer les Droits de l'Homme comme ayant vraiment une valeur universelle (et, dans ce cas, il faudrait les imposer à tous de gré ou de force) ou comme étant seulement une manière occidentale de penser la philosophie allemande et française des Lumières (et dans ce cas, il faudrait renoncer à vouloir les faire appliquer sur l'ensemble de la planète).

Ma réponse personnelle consiste à reconnaître et à assumer ce qu'il peut y avoir de spécifiquement occidental dans l'idéologie de la démocratie et des Droits de l'Homme. Les Droits de l'Homme sont universels dans leur prétention, mais ils ne le sont pas dans leur genèse ni dans l'esprit qui a présidé à leur constitution.

Que faire alors face aux cultures (asiatiques ou africaines par exemple) qui ne s'y reconnaissent pas toujours ?

A mon sens, l'Occident est en droit de souhaiter l'universalisation des idéaux démocratiques, même si ceux-ci sont d'origine occidentale, et même si cela peut être considéré par certains comme une forme de néo-colonialisme. Mais le nouveau missionnaire, à la différence de l'ancien, doit "se présenter poliment", c'est-à-dire de manière non autoritaire et respectueuse des autres cultures.

Les Droits de l'Homme et, de façon plus générale les idéaux démocratiques, ne doivent pas être présentés comme une loi à laquelle tout homme devrait se soumettre sous peine d'être considéré comme un barbare. Ils seront présentés comme une foi et une conviction, comme une attestation dite aux autres, sur le mode du "je vous le promets, vous et moi sommes égaux". Et c'est ici que la distinction de Luther entre promesse et commandement, entre grâce et loi, peut retrouver tout son sens.

Ainsi, les structures juridiques mondiales et les principes universalistes des Droits de l'Homme ne sont pas là d'abord pour imposer une loi fut-elle universelle et rationnelle mais pour organiser la gestion des conflits, des cultures, des morales et des coutumes.

 

Alain Houziaux,
Pasteur à l'Eglise Réformée de l'Etoile,
Docteur en Théologie, Docteur en Philosophie.


(1) Cf. J. Baubérot, Origine et naissance de la laïcité in Encyclopédie des religions, sous la direction de F. Lenoir et de Y. Tardan-Masquelier, Bayard Editions, 1997, tome II, pages 2089 à 2097.

(2) D'autres au contraire et en particulier Ferdinand Buisson, considèrent que la morale laïque et universelle a pour origine l'Evangile "pris à sa source, avant les dogmes, avant les systèmes". Jésus-Christ est le premier laïc parce que, le premier, il s'oppose à toutes les religions d'autorité et pose le principe de la distinction entre l'Eglise et l'Etat. Cf. le "rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu" de Matthieu 22,21.

(3) Cette première législation est appelée loi noachique parce que, après le Déluge, Noé est devenu l'ancêtre de toute l'humanité. J. Eisenberg et A. Abecassis Et Dieu créa Eve, Albin Michel 1979, page 105 à 126.
Et le Judaïsme ajoute, à propos de cette loi universelle : "Quiconque parmi les Gentils accomplit les sept commandements pour obéir à l'ordre de Dieu fait partie des justes et a sa part du monde futur" (Maimonide, Hilhoth Melahim VIII, 2). Quel extraordinaire universalisme ! Maïmonide disait, au XIIe siècle, ce que l'Eglise catholique d'aujourd'hui récuse absolument (cf. le récent texte Dominus Jesu).

(4) Talmud, Sanhedrin 56,b.

(5) Genèse 2,16.

(6) La loi noachique est a-religieuse. Il n'est pas prescrit, comme dans le Décalogue, de croire en Dieu et de l'adorer. Mais cette loi prescrit néanmoins de ne pas maudire Dieu. Car maudire Dieu, c'est maudire la vie elle-même et vouloir sa mort. Ainsi, par exemple, lorsque la femme de Job propose à son époux de maudire Dieu, elle l'incite à se suicider. Cf. Job 2,9.

(7) L'idolâtrie, c'est absolutiser ce qui est, en vérité, relatif ; c'est se créer des dieux "à l'image de l'homme", c'est-à-dire créés selon ses aspirations, ses idées et ses idéaux. Rappelons qu'"idole", "idée" et "idéal" ont une même étymologie. Ainsi tout idéal et toute idée est une idole en puissance. 
Le Décalogue reprendra ce commandement sous la forme de "tu ne te feras pas d'image de Dieu", et "tu ne prendras pas en vain le nom de l'Eternel ton Dieu". Le monothéisme strict du Judaïsme, c'est la confession d'un Dieu sans nom et sans visage. Ainsi, c'est la confession d'un Principe qui, tel une épée à deux tranchants, a pour fonction d'éradiquer tous les dieux (les idoles) qui ont été faits de main d'homme et auxquels l'homme donne un nom et un visage conformes à ses idées et à ses idéaux.

(8) Cette prescription est considérée par les ethnologues comme une prescription générale de l'humanité. On la retrouve également au tout début de la Genèse sous la forme "l'homme quittera son père et sa mère et s'attachera à sa femme" (Genèse 2,24).

(9) L'homme peut manger de la viande, mais il ne peut ni mutiler ni torturer l'animal. Cf. Genèse 11,3.

(10) Cf. la parabole du bon grain et de l'ivraie (Mt 13,24-30) qui doivent être laissés ensemble ; cf. aussi cette parole étonnante de Jésus "beaucoup viendront de l'Orient et de l'Occident et prendront place avec Abraham, Isaac et Jacob dans le Royaume des cieux" (Mt 8,11).

(11) Certains papes et certains rois s'érigent en protecteur des juifs. Certaines périodes (VIIIe et IXe siècles, par exemple) furent à peu près indemnes d'antisémitisme. L'antisémitisme reprend après la première Croisade (1096) et surtout au XVe siècle ; cf. JC. Guillebaud, La refondation du monde, page 333, Seuil 1999.

(12) Théodore de Bèze énonce que la souveraineté n'est pas l'affaire des rois mais des peuples. Et les Eglises protestantes, dès leur origine, ont fonctionné de manière démocratique, et ce plus d'un siècle avant la Révolution française.

(13) Jean-Paul Willaime, La contribution du Christianisme à la modernité politique, in Encyclopédie des religions, Bayard, 2000, Tome II, pages 2109 à 2118.

(14) Pour le protestant Pierre Bayle (1647-1706), "les droits de la conscience sont directement ceux de Dieu même".

(15) Jean-Paul Willaime, Laïcité, Encyclopédie du Protestantisme, Paris et Genève, Le Cerf, Labor et Fides, 1996, pages 843 à 853.

(16) Le Protestantisme de l'époque était très marqué par la philosophie des Lumières.

(17) Les principaux collaborateurs de Jules Ferry sont des protestants libéraux (Ferdinand Buisson, Félix Pécaut, Jules Steeg). Lors de l'institution de l'Ecole laïque, les protestants ferment leurs établissements confessionnels et fournissent à la République un nombre important d'instituteurs et de professeurs.

(18) Jean-Paul Willaime, La contribution du Christianisme à la modernité politique, article cité.

(19) Il y a chez l'homme une inclination ("inclinatio naturalis") au bien et à la vertu. Cf. St-Thomas, Somme théologique, I, II, 90-108 : "C'est selon l'ordre même des inclinaisons naturelles que se prend l'ordre des préceptes de la loi naturelle. En effet l'homme se sent d'abord attiré à rechercher le bien correspondant à sa nature... Selon cet instinct, tout ce qui assure la conservation humaine et tout ce qui empêche le contraire de cette vie relève de la loi naturelle".

(20) Cf. Jean-François Collange, Droits de l'Homme, Nature et Loi, in Ethique et natures, ouvrage collectif sous la direction de E. Fuchs et M. Hunyadi, Labor et Fides, 1992 ; cf aussi Article cité et Eric Fuchs et Pierre-André Stucki, Au nom de l'Autre, Essai sur le fondement des Droits de l'Homme, 1985, Labor et Fides, pages 134-149. Le caractère infini de la loi est plus marqué dans le Nouveau Testament que dans l'Ancien Testament. Avec le commandement "tu aimeras ton prochain comme toi-même", on en n'a jamais fini.

(21) Cf. Calvin : "La loi est comme un miroir auquel nous contemplons premièrement notre faiblesse" (Institution de la religion chrétienne II, VII, 7). Cf. aussi Luther : "La fin principale de la loi n'est pas de rendre les hommes meilleurs mais pires", c'est-à-dire de leur faire découvrir qu'ils sont pires encore que ce qu'ils supposaient. (Œuvres XVI, Commentaire de l'Epître aux Galates, Labor et Fides, 1972, page 37).

(22) "Dans chaque tribu il y a une sorte de dosage entre les échanges exogames qui permettent les recombinaisons et un relatif isolement qui permet le renforcement des différences ainsi obtenues, et c'est l'équilibre de ce dosage qui a toujours favorisé la rapidité de l'évolution biologique et la vivacité de l'invention culturelle". O. Abel, commentant Lévi-Strauss, in Autres Temps, Hiver 1996-1997.

(23) Deux textes bibliques pourraient aller dans ce sens :
- La Tour de Babel. C'est un récit qui explique et justifie le fait que les hommes ne parlent pas tous la même langue. La diversité n'est pas une malédiction. C'était le monolithisme centralisé de Babel qui en était une. 
- Le récit de la Pentecôte : l'Esprit se répand sur les disciples et leur permet de parler aux païens dans leur propre langue.