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Qu'est-ce que l'homme?

Qu'est-ce que l'homme?

L'être humain infiniment petit

Si la Bible nous parle de Dieu, elle nous offre également une réflexion sur notre humanité. Au coeur du Psaume 8, nous sommes interpellés par ce questionnement. « Qu'est-ce que l'homme pour que tu te souviennes de lui, qu'est-ce que l'être humain pour que tu t'en soucies ?» (Psaume 8,5)

Comme tous les Psaumes, ce poème est très structuré. Cette structure est message en soi-même. Il commence et se termine par la même exclamation: « éternel, notre Seigneur, que ton nom est magnifique sur toute la terre ». La louange fait ressortir la question centrale qui est profondément existentielle. Comment, toi qui es si grand, toi dont la création est immense, et immensément belle, tu peux t'occuper de l'homme, petit vermisseau au regard de tout cela ?

Face à l'infiniment grand, l'infiniment beau, le vertige nous assaille. Pourtant, en posant cette question qui inscrit l'être humain au centre du psaume, l'auteur le place également au centre de la création, tout en reconnaissant sa petitesse et de sa finitude.

Pour souligner la faiblesse de l'être humain, il utilise deux termes différents pour qualifier l'homme, qui s'associent, pointant ainsi l'extrême précarité de notre condition humaine. Le premier terme, « énosh », désigne l'être humain, le mortel, l'homme dans sa fragilité, sa finitude, son inconsistance. Le second, «fils d'Adam», rappelle l'origine humaine. L'homme mortel est tiré de la poussière du sol. Le contraste est grand entre la puissance du nom de l'Éternel, l'immensité étourdissante de sa création et la vulnérabilité de la condition; l'être humain est tout petit-petit, tout petit, certes...

 

L'être humain infiniment grandi

... Mais il est objet de la sollicitude de Dieu : l'éternel se souvient de lui. L'Éternel fait plus que se souvenir, il prend soin. Quand l'éternel se souvient et prend soin de son peuple, c'est du concret ! Il le délivre de l'esclavage en Égypte. Ainsi Dieu se souvient, il prend soin de l'humain, faisant de lui, non pas un animal un peu différent, qui serait supérieur. Non, l'humain est radicalement autre, il est capable d'être devant Dieu, il est celui qui peu dialoguer avec Dieu. Il est un être de relation. Autrement dit : Il n'y a d'être humain véritable que s'il peut se trouver en face d'un tout Autre qui lui échappe, devant Dieu qui l'empêche de se refermer sur lui-même et l'ouvre à la relation avec les autres.

C'est cette relation qui fait que l'homme se retrouve au centre de la création: Cela apparaît crescendo dans le psaume : il se présente d'abord dans le texte sous la forme des « enfant s» et « nourrissons », donc dans son extrême faiblesse. Puis, il grandit en étant évoqué, au centre comme être humain mortel. Puis il est dit que Dieu en a fait «presque un dieu»! Il l'a couronné de gloire et d'honneur. Le très faible est fait roi par l'Éternel! On note le geste englobant de Dieu. Il pose ses mains sur la tête de l'homme en le couronnant, et sous ses pieds : « tu as tout mis sous ses pieds ». L'homme n'est pas un élément parmi les autres au sein de la création.

Certes l'homme est un élément faible, minuscule dans l'univers, mais l'amour de Dieu pour lui, lui assure une place exceptionnelle. Il règne sur le reste de la création par la volonté de Dieu.

 

L'être humain responsable

Mais régner ne veut pas dire écraser. Puisque c'est l'Éternel qui le fait régner, ce règne devrait être à l'image de celui de Dieu. Nous sommes tous un roi / une reine couronné(e) par Dieu lui-même! C'est dire que tout homme a une valeur infinie aux yeux de Dieu. L'être humain le plus misérable, le plus dégradé est un roi / une reine pour Dieu. Tout cela a plusieurs conséquences. J'en vois au moins trois.

La première c'est la responsabilité de l'être humain, la création lui est confiée, à lui de la préserver. Si nous ne voulons pas être le maillon faible, nous devons être à la hauteur de ce que Dieu nous offre, répondre à sa confiance.

La seconde se situe dans le domaine des droits de l'homme : tout être humain est digne d'être aimé, respecté, accueilli, alors même qu'il est dans le plus grand dénuement, la plus grande fragilité, quels que soient ses visages, ses différences.

Enfin cela signifie que moi, que toi tu as du prix aux yeux de Dieu. Je ne suis pas rien, j'ai de la valeur, tu as de la valeur. Je ne suis pas, tu n'es pas un moins que rien pour Dieu. Nous sommes aimables, certes pécheurs mais aimables et aimés de Dieu. Ce n'est pas le plus petit des paradoxes que les croyants sont amenés à vivre.

Saurons-nous vivre pleinement notre humanité, devant Dieu et devant les hommes ?

Florence Blondon