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Archives-Reflexions

Maranatha

Les derniers mots de la Bible
Les premiers chrétiens répétaient un mot d’ordre mystérieux : « Maranatha » ! Il semble que ce soit, en araméen, l’appel que l’on trouve dans la conclusion de l’Apocalypse : « Viens Seigneur Jésus ». En fait on ne sait pas exactement ce que signifie ce mot, suivant comment on le découpe (« Maran-Atha » ou « Marana-Tha ») il peut signifier « Viens Seigneur », ou « Le Seigneur vient ». La nuance est importante !

Viens Seigneur Jésus !
C’est ainsi que la majorité des commentateurs    l’interprètent, sous-entendu : « ... pour juger le monde ». Cela serait cohérent avec la seule fois où on trouve « maranatha » explicitement dans la Bible, en I Cor. 16:22 : « celui qui n’aime pas le Seigneur, qu’il soit anathème (retranché de la communauté), Maranatha ».
Théologie terrifiante et excluante, bien éloignée de la douceur évangélique que nous aimons. On peut préférer les propos de Jésus d’après Jean : « je ne mettrai pas dehors quiconque vient à moi », et « je ne suis pas venu pour juger le monde, mais pour sauver le monde » (Jean 12:47).
On peut néanmoins conserver l’idée de jugement, non pas dans le sens où Jésus viendrait faire le tri entre les bons et les mauvais pour les envoyer en enfer ou au paradis, mais dans le sens où nous avons besoin d’un critère pour discerner le bien du mal, ce que nous pouvons faire pour le monde et pour Dieu et ce qu’il vaut mieux éviter. 
Et ce critère, c’est le Christ, sa parole, son enseignement, son exemple même sont le maître étalon le plus parfait que nous pouvons désirer pour conduire notre vie.
On peut aussi entendre le verbe « juger » dans son sens hébraïque de « gouverner ». C’est ainsi que les « Juges » qui gouvernaient Israël n’étaient pas des magistrats de tribunaux, mais des sages dirigeant le pays en accord avec la volonté de Dieu. Alors oui, nous pouvons souhaiter de tout notre cœur que Jésus gouverne le monde, c’est-à-dire que ce ne soit pas la haine, l’égoïsme et la violence qui règnent, mais le service, la paix et l’amour. C’est ce que nous demandons tous les jours dans le Notre Père : « Que ton règne vienne ! ».

Le Seigneur vient !
C’est l’autre lecture possible, non pas un appel, mais une affirmation, une certitude. L’entendre au futur : « le Seigneur va venir », n’est pas très intéressant. Nous savons que ce monde passera et que rien ne subsistera que ce qui est uni à Dieu. On peut plutôt le comprendre comme un progressif : « le Seigneur est en train de venir », voire même comme un passé se continuant dans le présent : « le Seigneur est venu ». Voilà une belle expression de la foi : le Seigneur est venu, il est là, il est tout proche et il vient à moi. C’est l’affirmation d’une grâce extraordinaire. Le Seigneur est là, les temps sont réalisés et nous sommes déjà dans les temps messianiques, il n’y a pas à attendre. Nos évangiles s’ouvrent ainsi par la prédication de Jean Baptiste : « le royaume de Dieu s’est approché », c’est-à-dire : le royaume de Dieu est là, il est venu jusqu’à vous, vous n’avez plus à attendre, c’est maintenant que les promesses de Dieu peuvent se réaliser pour vous.

Déjà là et pas encore
Nous sommes ainsi dans ce « déjà là » et le « pas encore ». Le royaume de Dieu est là, et en même temps, nous prions Dieu pour qu’il vienne en abondance, en plénitude. Parce que ce royaume de paix, d’amour et de bonté, il est planté dans notre présent, et il est appelé à se développer et à grandir. Nous devons ainsi veiller par-dessus tout sur ces embryons de royaume, et partout où nous les voyons, les cultiver, les surveiller et les protéger. Il nous faut garder la parcelle de royaume qu’il y a en nous, dans nos relations, avec les autres, nos enfants, nos proches. Chaque fois que nous percevons cette étincelle de royaume de Dieu, il faut la prendre comme le plus précieux trésor et en faire le germe de la plénitude du royaume à venir.

Le Seigneur est proche...
Il est même tout proche, Dieu n’est pas un Dieu lointain, sévère et indifférent qui viendrait nous juger, mais il est un Dieu de tendresse tout proche de nous. En Jésus Christ, il s’est même fait semblable à nous.
Oui, le Seigneur vient, viens Seigneur, viens établir ton règne parmi nous, viens demeurer en nous, viens t’unir à nous, Maranatha !

Louis Pernot