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Archives-Reflexions

Devenir un petit protestant

 

· Je proclame et je déclare la résurrection de Jésus-Christ comme une sorte de "déclaration de principe". 

Il y a pour moi un devoir de proclamer la résurrection de Jésus-Christ un peu comme il y avait un devoir de proclamer la réhabilitation du Capitaine Dreyfus injustement condamné. Il arrive aussi que l'on réhabilite après leur mort des personnes injustement condamnées à mort. C'est un devoir "de principe". 

Je proclame la résurrection de Jésus-Christ au nom de la Justice et de la Vérité. Je la proclame parce qu'il est vrai que Jésus était juste et innocent et qu'il a été crucifié injustement. Je la proclame parce qu'il est juste que Jésus soit justifié, réhabilité, glorifié et exalté. 

Ce que l'on confesse "par la foi", c'est ce que l'on confesse "par principe". La foi, c'est d'abord la foi en des principes. C'est la foi que, au moins par "Dieu" et devant "Dieu", ces principes ont et auront le dernier mot.

Luther énonce : "Ne pas avoir le goût des assertions (on pourrait dire des déclarations de principe), ce n'est pas d'un chrétien... J'entends par "assertion" le fait de s'attacher avec fermeté, d'affirmer, de confesser, de défendre et même de persister, invincible".

Cette "proclamation" de la résurrection de Jésus-Christ est fondée sur un acte de confiance en la Justice de Dieu et dans la puissance de cette Justice.

Bien sûr, on pourra me dire que avant et après Jésus-Christ, il y a eu des milliers d'hommes condamnés et exécutés injustement. Mais la crucifixion de Jésus a valeur de paradigme. Et la confession que "Dieu a ressuscité Jésus-Christ d'entre les morts" a également valeur de paradigme. 


· Ainsi, confesser la résurrection de Jésus-Christ, ce n'est pas seulement une proclamation à propos de Jésus, c'est d'abord une confession à propos de l'idée que je me fais de Dieu, et de l'honneur de Dieu. 

Confesser que Dieu a ressuscité Jésus-Christ d'entre les morts, c'est confesser Dieu comme une Force qui ressuscite et restaure la Vérité et la Justice. C'est confesser qu'aucune puissance au monde ne peut aller à l'encontre de cette Force de la Vérité et de la Justice.

Cette Force, je l'appelle "Dieu", car je crois, je veux, j'espère qu'elle est toute puissante. Elle peut aller jusqu'à ressusciter les morts. Pour moi, c'est là mon ultime assurance. Je crois, je veux, j'espère que cette Force sera victorieuse. 

La théologie scolastique a souvent défini Dieu comme "le Principe de l'Être". Je préfère dire que Dieu, c'est la Force des principes. 

Et je conçois cette Force comme une Force de promesse pour l'humanité (la promesse que, dans le Royaume, tout sera établi dans la Justice, la Vérité et l'Amour) et aussi comme une Force de protestation. Contre les reniements de ces principes. 

Ainsi je confesse Dieu comme le "Grand Protestant". Et ma confession de foi, c'est de m'associer à cette protestation de Dieu et de devenir moi-même un "petit protestant". Croire en Dieu, c'est protester (dans le sens de "protester de" et de "protester contre"). Je proteste de ce dont proteste Dieu (de la vérité, de la justice et de l'amour) et je proteste ce contre quoi Dieu proteste (contre les injustices, les falsifications de la vérité, les compromissions...).

Croire en Dieu, c'est être le "procureur" de cette vérité, de cette justice. C'est "requérir" la résurrection de Jésus-Christ "au nom de l'honneur de Dieu", de la vérité, de la justice et de l'amour. 

Et requérir la résurrection de Jésus-Christ, c'est d'abord requérir contre soi-même, puisque c'est nous qui avons crucifié Jésus-Christ et qui continuons à le crucifier au nom de l'opportunisme et du pragmatisme (que l'on anoblit sous le nom "d'éthique de responsabilité").

Confesser la résurrection de Jésus-Christ, c'est confesser une "éthique de conviction" et de "principe".

Alain Houziaux