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Le pain de vie et la communion

(Propositions pour une foi contemporaine)

 

L’évangéliste Luc nous dit que Jésus est né à Bethléem, et dans une crèche. Cela comme tous les détails de l’Evangile a beaucoup d’importance.

D’abord Bethléem. En hébreu, cela veut dire « la maison du pain ». (« Beth », c’est la maison, et « lahem », c’est le pain). Ensuite le texte nous dit qu’il est né dans une « crèche ». Or peu de gens savent aujourd’hui ce qu’est une crèche, ce n’est pas une étable, mais une mangeoire, c’est l’endroit où on met le foin pour les bêtes. Ainsi Jésus est il né dans une mangeoire à la maison du pain. On peut dire qu’il est préprogrammé pour être la pain donné à manger au humains.

Jésus dira lui-même, lors de son dernier repas donnera du pain à ses disciples en disant : « prenez et mangez, ceci est mon corps ». Et dans un chapitre magnifique de l’évangile de Jean, Jésus va développer cette idée en disant qu’il est lui-même le « pain de vie » venant du Ciel (c’est-à-dire de Dieu), et « celui qui le mange vivra éternellement ».

Quand on dit qu’il faut « manger » le Christ, évidemment qu’il ne faut pas l’entendre matériellement. Ses interlocuteurs dans Jean font d’ailleurs cette erreur, ils disent : « nous donnera-t-il donc son corps à manger ? », ils ne comprennent rien. Il ne s’agit pas d’anthropophagie, ni même, lors de la sainte Cène de manger concrètement un morceau de pain qui changerait quoi que ce soit dans notre vie, mais l’idée c’est qu’il faut se nourrir du Christ, de son exemple, et de son enseignement.

On dit bien aujourd’hui si on lit un livre passionnant qu’on a « dévoré un roman », ou si on écoute un orateur talentueux : « j’ai bu ses paroles ». Il ne s’agit là que d’images, de même lorsque nous disons qu’il faut manger le corps du Christ et boire son sang.

Manger le Christ, c’est le mettre en soi, en faire la source de sa vie, intellectuellement et spirituellement, s’en nourrir. Et l’Evangile est véritablement une nourriture.

C’est d’ailleurs ce que dit Jésus dans ce verset essentiel en Matthieu 4 :4 : (le verset « tout terrain » : 4x4, présent en Mattheiu 4x4 et aussi Luc 4x4) : « L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu »

Et cela explicite assez bien la manière avec laquelle la parole de l’Evangile ou de la Bible nous construit quand on prend la peine de s’en nourrir régulièrement. Ce que nous mangeons matériellement, nous fait vivre, mais la majeure partie ne sert à rien et est évacuée dans « quelque lieu secret » comme dit l’Ecriture. Mais sans qu’on s’en rende compte, une toute petite partie, petit-à-petit finit par nous constituer. Il en va de même pour la lecture de la Bible, on peut en lire souvent et beaucoup de ce qu’on lit nous entre par une oreille pour sortir par l’autre, nous ne trouvons pas toujours, et même pas souvent des textes qui nous bouleversent ou nous passionnent, mais sans qu’on s’en rende compte, petit à petit, ce texte auquel on se soumet finit par nous transformer et nous renouveler.

Et en effet, si notre corps a besoin de nourriture, notre âme aussi, notre dimension spirituelle, morale et humaine. Et aussi, pour vivre, nous avons besoin de soutien, de force, de consolation, de tout ce qui peut nous servir de ressource pour nous aider à avancer, à nous relever, et à marcher dans un chemin qui ait du sens.

Ainsi Jésus se définit-il lui-même comme le « pain de vie » dans ce beau et compliqué chapitre de Jean 6. Il y a en lui, dans sa vie telle qu’elle nous a été transmise par les évangiles et dans son enseignement une vraie nourriture.

Participer à la sainte Cène revient à affirmer que l’on croit qu’il y a en effet en Jésus Christ non seulement une nourriture, un pain qui fortifie notre vie, mais aussi un vin qui réjouit notre âme. Et faire le geste, c’est marquer dans son corps, c’est expérimenter le fait que Jésus est source de vie non seulement dans notre intellect, mais aussi dans tout notre corps.


Ensuite, cette communion que nous pratiquons dans nos cultes nous le faisons d’une certaine manière qui lui donne encore plus de sens. D’abord donc nous l’avons vu, il s’agit d’une sorte de profession de foi personnelle : prendre le pain et le vin en les regardant comme les signes de la présence du Christ, c’est affirmer pour soi et devant les autres que l’on croit que le Christ est la source de notre vie. En mangeant le pain et en buvant le vin, on fait une sorte de communion verticale avec Dieu lui-même. Mais il y a aussi une dimension humaine dans la communion. C’est le même pain que nous partageons, et la même coupe à laquelle nous buvons. Ainsi participer à la communion, c’est aussi affirmer vouloir faire partie de la communauté qui reconnaît le Christ comme sa nourriture essentielle. Cette dimension horizontale de la communion est particulièrement marquée chez les protestants qui communient en se disposant en cercle autour de leur temple pour former une vraie communauté.

Ces deux dimensions sont toutes deux essentielles, elles forment comme les deux montants de la croix qui se rencontrent et qui se croisent en Jésus Christ, point de rencontre ultime entre Dieu et l’homme.

 

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