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Notre résurrection et la vie éternelle

(Propositions pour une foi contemporaine)

 

La croyance populaire d’une résurrection après la mort pour vivre soit en enfer soit au paradis en fonction de ses mérites ou de ses fautes ici-bas est difficile à admettre. La vie éternelle, c’est très rassurant pour certains, et pour ceux qui ont du mal à y croire, ce peut être un obstacle à la foi. Il faut d’abord donc rassurer sur ce point, il est difficile de savoir exactement ce qu’il en est de l’après-mort et tout ce que l’on peut en dire est forcément très discutable. Que chacun garde donc sa propre conviction si elle lui convient !

Ce qu’il faut savoir d’abord, c’est que dans l’Ancien Testament, il n’y a pratiquement pas d’attente de résurrection des morts. Les auteurs de l’Ancien Testament s’en passaient même très bien avec l’idée que de toute façon, l’essentiel, c’est de vivre au mieux notre vie d’ici-bas, sans s’absorber dans un au-delà hypothétique. S’il y a du bien à faire, alors il faut le faire, et juste éviter le mal. De toute façon, il faut faire le bien par conviction, et non pas pour éviter une punition ou espérer une récompense. C’est le sens de ce que proclamait Calvin avec la prédestination. Aujourd’hui pratiquement plus aucun protestant ne croit à cette idée que Dieu choisirait arbitrairement qui serait sauvé et qui ne le serait pas, mais l’idée était de dire à ces gens du Moyen-Age qui s’angoissaient sur leur salut que la question était déjà réglée par Dieu et que donc ils n’avaient pas à s’en préoccuper (d’autant que se poser la question était le signe même du fait qu’on était prédestiné par Dieu au salut, non pas par un quelque jugement sur les œuvre, mais par grâce !)

Cela dit, entre croire comme certains qu’il n’y a que rien de rien après la mort, et croire comme d’autres qu’on revit dans une sorte de salon avec des anges pour nous servir le thé, il y a beaucoup de manières différentes de croire dans la vie éternelle.

La plus simple est de partir de ce verset de l’Apocalypse : « Heureux les morts qui meurent dans le Seigneur, oui, dit l’Esprit, ils se reposent de leur peine et leurs œuvres les suivent » (Apoc. 14:13). Ainsi quand quelqu’un meurt, il laisse derrière lui tout ce qu’il a fait et qui demeure. Bien sûr, il y a le souvenir que l’on laisse, mais même au delà de ça, chaque humain laisse derrière lui une trace indélébile qui fait que le monde n’est pas le même que ce qu’il aurait été s’il n’avait pas vécu. Ainsi peut-on dire que chaque vie a une marque éternelle dans l’histoire de l’Univers. C’est déjà pas mal, et voir sa vie à partir de ce que l’on apporte au monde est certainement la base du message évangélique, s’opposant à tout ceux qui ne voient d’important dans leur vie que ce qu’ils consomment et ce qu’elle peut leur apporter.

Ensuite dans le Nouveau Testament, la question n’est pas très claire. On trouve parfois l’idée d’une mort physique suivie d’une résurrection pour la vie éternelle, certes. Mais dans ce cas, comme le dit Paul, la nature du corps ressuscité n’a rien à voir avec le corps physique que nous avons sur Terre (1 Cor. 15), c’est un corps spirituel qui est tout différent. Et puis dans bien d’autres passages, on a plutôt l’idée d’une vie éternelle, c’est-à-dire d’une dimension spirituelle de notre existence qui ne meurt pas parce qu’elle dépasse et transcende la mort. L’idée, c’est que notre être ne se limite pas à sa dimension animale, mais qu’il y a dans chaque humain une autre dimension spirituelle qui est au delà de notre corps, au delà du visible, au delà du matériel, une dimension au delà du fait d’être jeune ou vieux, riche ou pauvre, malade ou en bonne santé, et même finalement vivant ou mort. C’est ce que dit Paul : « nous regardons non pas aux choses visibles, mais à celles qui sont invisibles, car les choses visibles sont pour un temps et les invisibles sont éternelles ». (II Cor 4:18).

Le fait est qu’un humain est plus qu’un animal. Quand un rat d’égout meurt, un autre prend sa place et c’est pareil, de même un animal sauvage vaut un autre animal sauvage, c’est l’espèce qui compte, plus que l’individu ; un sanglier vaut un autre sanglier, et une gazelle mangée par un lion n’est pas un drame tant qu’il y a d’autres gazelles. Mais pour l’humain il n’en est pas de même, chacun est unique et irremplaçable. Et ce fait que chacun est unique, au delà de son statut de mammifère vieillissant et mortel, est assez extraordinaire parce que justement tout se joue là au delà du physique. On peut penser qu’on touche là à ce qu’est la vie éternelle. Parce que s’il y a quelque chose en nous qui est au delà du matériel alors ce quelque chose est aussi au delà du temps puisque le temps est une dimension matérielle. C’est ça que signifie « éternel » : qui est hors du temps. Le temps très long qui dure indéfiniment les philosophes le qualifient autrement de « sempiternel ».

Chaque être humain a donc une dimension transcendante au delà du matériel, et cette dimension n’est pas atteinte par la mort physique. C’est en tout cas comme cela que l’évangéliste Jean voit les choses : pour lui la « vie éternelle », ce n’est pas la vie après la mort, mais une dimension que notre vie ici-bas acquiert et qui demeure éternellement. Ainsi dit-il : « Celui qui croit en moi vivra quand même il serait mort, et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais » (Jean 11:25,26). Il ne dit pas « il aura », mais « il a ». De même il fait dire à Jésus : « celui qui écoute ma parole... il est passé de la mort à la vie » (Jean 5:24). Pour Jean comme pour Paul, la résurrection, ce n’est pas un événement futur, mais une dimension de vie nouvelle que notre vie acquiert sur Terre. Paul ne dit pas « vous ressusciterez », mais « vous êtes ressuscités avec Christ ». (Col 3 :1).

Pour prendre une image, on pourrait dire que notre vie est comme un satellite précieux lancé par une fusée. La fusée, c’est notre vie physique, et au cours de celle-ci, notre dimension spirituelle s’établit, puis la fusée décline faute de carburant, retombe (c’est la mort), et le satellite continue sa course.

On pourrait aussi partir de ce célèbre chapitre de Paul (I Cor. 13) qui nous enseigne que tout dans ce monde est passages, mais qu’il y a seulement trois choses qui demeurent : la foi, l’espérance et l’amour, et que la plus grande de ces choses, c’est l’amour. Ainsi on peut penser que l’amour est éternel, non pas en tant que sentiment amoureux, mais que tout ce qui a été partagé, donné, reçu de l’ordre de l’amour dans une vie reste un trésor immatériel et éternel lié à cette vie.

D’abord parce que l’amour c’est le don, et ce que l’on a donné, personne ne peut nous le reprendre, pas même la mort. Ce que l’on possède matériellement, on peut le perdre, on peut nous le voler, mais ce que l’on a donné, personne ne peut nous le reprendre puisqu’on ne l’a plus matériellement, mais personne ne peut non plus faire qu’on ne l’a pas donné. Ainsi peut-on dire que le vrai sage est riche non pas de ce qu’il possède mais de tout ce qu’il a donné.

Ensuite, l’amour est éternel parce qu’une vie est sauvegardée dans l’amour de ceux qui restent et qui ont aimé la personne en question, et même si il n’y avait plus personne pour s’en souvenir, Dieu lui-même s’en souvient, comme il se souvient de chacun de ses enfants. Ainsi sommes nous tous sauvés en Dieu. Certes cela peut sembler un peu mystérieux, mais nous admettons bien que toutes nos données, nos mails et autres soient sauvegardés dans un « cloud » dont nous ne savons absolument pas où il se trouve, on peut garder cette image en disant que notre vie est comme sauvegardée pour l’éternité dans le « cloud » de Dieu pour qui rien ne se perd.

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