Skip to main content

Conférences de l'Étoile - novembre-décembre 2002

La vie, le destin et l'amour

 

PEUT-ON FAIRE LE BONHEUR DE SES ENFANTS ?

 

A mon avis, faire le bonheur de ses enfants, c'est les rendre aptes à vous quitter pour qu'ils puissent tenter de faire par eux-mêmes leur propre bonheur.. C'est les rendre autonomes, et leur donner la possibilité de faire eux-mêmes leur propre bonheur. Et c'est pourquoi le verset biblique "l'homme quittera son père et sa mère pour s'attacher à sa femme" (Genèse 2,24) peut être considéré comme l'objectif de l'éducation des enfants. 
Pour illustrer cette idée, je donnerai trois exemples bibliques. 

 

Dieu le Père, et ses enfants (Adam et Eve)

Premier exemple. Puisque nous considérons Dieu comme un Père, il peut être utile et instructif de voir comment il s'est comporté vis-à-vis de ses premiers enfants, Adam et Eve. De quelle manière les a-t-il "éduqués" ? 
Au début du récit biblique de Gen 2-3, Adam et Eve sont dans le paradis un peu comme des petits enfants sont dans le cocon familial. Et à la fin du récit, ils sont chassés de ce paradis par leur "père". En effet ils sont majeurs et autonomes, et considérés comme tels par Dieu lui-même. 
Comment s'est passée cette éducation exemplaire ?

> Reprenons le récit à son commencement. 
Donc, au début du récit, Adam et Eve sont directement nourris par Dieu. Ils sont totalement dépendants de Dieu. Ils n'ont vraisemblablement aucune sexualité. Ils n'ont pas besoin de vêtements personnels comme s'ils étaient encore "dans les jupes de leur père" (!). Ce bon Dieu est vraiment pour eux un papa-poule. Et l'Arbre de vie qui permet aux enfants de se nourrir peut être considéré comme une sorte de cordon ombilical qui relie directement les enfants au "sein" de leur père. 
Mais, à côté de l'Arbre de vie, Dieu plante aussi l'Arbre de la connaissance du bien et du mal. Et il profère un interdit : vous pouvez manger les fruits de tous les arbres mais pas du fruit de l'Arbre de la connaissance du bien et du mal. Il vous est interdit d'accéder à la "connaissance du bien et du mal".

> Pourquoi Dieu a-t-il planté cet Arbre ? Et pourquoi cet interdit ? Il semblerait bien que, en interdisant à Adam et Eve de manger le fruit de l'Arbre de la connaissance, Dieu veuille en fait leur interdire de devenir majeurs, autonomes et indépendants de lui. En effet, la "connaissance du bien et du mal", c'est bien la caractéristique de l'adulte. Et en mangeant le fruit de l'Arbre de la connaissance, Adam et Eve deviendraient adultes (1).
En effet, la "connaissance du bien et du mal", c'est le "discernement" (le discernement du bien et du mal) qui, paraît-il, est une caractéristique de l'adulte, indépendant et majeur par rapport à son père. 
Cette "connaissance", c'est peut-être aussi la sexualité, qui est, elle aussi, une caractéristique de l'adulte. En effet, on le sait bien, "connaître", dans la Bible, a un sens sexuel. "Connaître" une femme, c'est "coucher" avec elle. Et quelques textes de l'Ancien Testament désignent les enfants (qui n'ont pas encore de sexualité) et les vieillards (qui n'en ont plus) comme étant "sans connaissance du bien et du mal (2)". Et, de plus, on constate qu'Adam et Eve, dès qu'ils ont consommé le fruit de l'Arbre de la connaissance du bien et du mal découvrent la pudeur et deviennent aptes à concevoir.
Et enfin, la "connaissance du bien et du mal", c'est aussi la connaissance qui sait tout ; c'est la connaissance de la totalité de la vérité, puisque "ce qui est bien" et "ce qui est mal" représentent ensemble la totalité de ce qui existe. Cette connaissance totale et parfaite, c'est la connaissance de Dieu lui-même.
Ainsi, il semblerait que Dieu le Père, en interdisant à ses enfants l'accès à "la connaissance du bien et du mal" voudrait leur interdire de devenir des adultes doués de discernement, de sexualité et de la même connaissance exhaustive que Lui. 
Ainsi, Dieu, en interdisant à ses enfants l'Arbre de la connaissance du bien et du mal, serait, comme beaucoup de parents, un père qui refuserait de voir ses enfants grandir et s'émanciper loin de lui.

> Mais voilà ! Le récit biblique ne s'arrête pas là. Et cette manière de voir Dieu comme un père possessif est sans doute inexacte. En fait, il se pourrait bien que Dieu, bien loin de vouloir maintenir Adam et Eve en situation de dépendance, fasse en fait tout pour qu'ils lui désobéissent et s'émancipent. 
En effet, d'une part Dieu plante cet Arbre de la connaissance au beau milieu du jardin, directement sous les yeux d'Adam et Eve, et il le pare de tous les attraits comme s'il voulait encourager ses enfants à transgresser l'interdit. Et d'autre part, il crée lui-même le serpent tentateur (Genèse 3,1), et il laisse ce serpent inciter Adam et Eve à la désobéissance. 
Et peut-être Dieu n'a t-il proféré l'interdit ("ne mangez pas le fruit de cet arbre") que pour mieux inciter ses enfants à la désobéissance. Chacun sait qu'il suffit d'interdire quelque chose à des enfants pour qu'il aient envie de le faire, justement parce que c'est interdit. 
Ainsi, contrairement à ce que l'on pourrait penser, Dieu a tout fait pour que Adam et Eve soient incités à manger le fruit de l'Arbre de la connaissance. Le serpent a pour fonction de permettre l'accomplissement du désir de Dieu. Il est le complice de Dieu. En fait, Dieu a planté l'Arbre de la connaissance pour qu'Adam et Eve en mangent le fruit. Dieu est un vrai père qui sait que son premier devoir de père est de préparer ses enfants à leur émancipation. Mais il ne peut pas leur dire "désobéissez-moi" car, dans ce cas, leur désobéissance ne serait pas une vraie désobéissance (puisqu'elle serait une forme d'obéissance à un ordre donné par le père), et leur émancipation ne serait pas une vraie émancipation. Et c'est pour cela que Dieu confie au serpent la tâche d'inciter Adam et Eve à la désobéissance. Il emploie un subterfuge pour que l'émancipation d'Adam et Eve soit une vraie désobéissance. En effet une émancipation qui serait "octroyée" ne serait pas une vraie émancipation. L'émancipation passe par la désobéissance.

> Ainsi Adam et Eve désobéissent. Ils font leur crise d'adolescence, cette crise qui passe nécessairement par la désobéissance, et qui seule permet la conquête de l'autonomie et de la liberté. 
Et ensuite, Dieu chasse Adam et Eve du paradis de leur enfance. Et Il va même jusqu'à placer des chérubins qui, par leurs épées de feu, interdisent à Adam et Eve le retour au cocon du giron paternel. 
Et, dès lors, Dieu considère Adam et Eve comme des adultes ayant les mêmes pouvoirs que lui. A Adam, il donne la mission de cultiver la terre et de transformer le monde (ce qui était jusque là la prérogative de Dieu lui-même). Et à Eve il donne la mission d'engendrer la vie (ce qui était également jusque là son privilège exclusif). Dieu s'efface et se retire en son "repos" (Gen 2,2). Il prend sa retraite de père et laisse Adam et Eve pleinement responsables, indépendants et majeurs. Et Adam et Eve peuvent alors fonder leur propre famille et vivre leur vie. 
Bien sûr l'homme cultivera la terre "à la sueur de son front" et la femme enfantera "dans la souffrance". Mais cela ne les empêchera pas forcément, loin de là, de connaître le bonheur. Car, me semble-t-il le bonheur est d'abord dans la créativité. "Le bonheur, c'est une raison que la vie se donne à elle-même" (3). "Le bonheur est la plus grande des conquêtes, celle que l'on fait contre le destin qui vous est imposé" (4).
Ainsi Dieu lui-même a mis en œuvre le commandement qu'il donne à l'homme : "l'homme quittera son père et sa mère pour vivre avec sa femme" (Gen. 2, 24). Il s'agit bien d'un commandement adressé tant à l'homme lui-même qu'à ses parents. Les parents doivent faire en sorte que leurs enfants puissent les quitter.
Ce commandement est considéré à juste titre comme celui de l'interdit de l'inceste, l'inceste étant l'expression extrême d'une relation possessive et fusionnelle du père (ou de la mère) vis-à-vis de son (ou de ses) enfant(s). 
Faire le bonheur de ses enfants, c'est, dès leur plus jeune âge, agir en sorte qu'ils puissent s'émanciper en quittant le giron paternel et maternel.


Jésus-Christ et sa mère ; Abraham et son fils.

> Notre lecture du récit de la Genèse pourra paraître partiale. Mais il me semble qu'elle est confortée par l'attitude de Jésus vis à vis de ses parents. En effet, celle-ci est un modèle d'émancipation.
En effet, le premier acte public de Jésus est un acte de désobéissance et d'émancipation vis à vis de la tutelle parentale. Je fais référence à sa fugue à Jérusalem (Luc 2, 41-50). Pendant trois jours, Jésus échappe à ses parents et se paye ensuite le luxe de leur faire la morale et même le catéchisme. 
Ensuite, dès le début de son ministère (Jean 2, 1-11) , Jésus manifeste son indépendance vis-à-vis de sa mère Marie par cette parole déconcertante : "Femme qu' y a-t-il entre toi et moi ?". Et Marie consent immédiatement à cette émancipation (elle dit "faites tout ce qu'il vous dira"), comme si elle n'avait tenté d'exercer une autorité vis à vis de son fils (en lui demandant de pourvoir au manque de vin) que pour que Jésus ait l'occasion de manifester son indépendance à son égard. On pourrait considérer cette parole de Jésus ("Qu'y a-t-il entre toi et moi ?") comme l'exemple même de la distance que l'homme adulte doit avoir vis-à-vis de ses parents.
Et, on le sait, Jésus continuera à transgresser les règles ancestrales de son milieu familial, en particulier par sa profanation du Temple et du Sabbat.

> On pourrait lire dans la même optique le récit relatant le pseudo-sacrifice d'Isaac par Abraham (Genèse 22) (5). On est souvent choqué par le fait que Dieu demande à Abraham de sacrifier son fils.
Mais ce que Dieu demande à Abraham, ce n'est pas de tuer son fils Isaac. C'est de consentir à son émancipation. En effet, Abraham a eu son fils sur le tard, et c'est sans doute la raison pour laquelle il a une relation très fusionnelle avec lui. Et c'est pourquoi Dieu lui demande, non pas de sacrifier son fils mais, plus précisément, de l'"élever en holocauste" (c'est-à-dire en offrande) vers Lui, pour manifester ainsi que son fils ne lui appartient pas mais appartient à Dieu seul, et qu'il est donc libre et autonome. 
Abraham, semble-t-il, refuse cette émancipation de son fils. A la limite, il préférerait tuer son fils que de devoir le détacher de lui. De même, lors du jugement de Salomon (I Rois 3, 16-28), la fausse mère préférerait que l'enfant soit coupé en deux plutôt que de le voir appartenir à quelqu'un d'autre (6). 
Dieu empêche ce drame et substitue un agneau à Isaac. Abraham le tranche en deux, et dès lors, par cet acte symbolique et substitutif, il coupe le "cordon ombilical" qui le relie fusionnellement à son fils. Il est libéré de son désir de tuer Isaac plutôt que de le voir s'émanciper. Dès lors, Isaac est libéré de la relation fusionnelle qu'Abraham avait avec lui (7). Il cesse d'être "couvé" par son père. Il peut se marier et ainsi "quitter son père et sa mère".


L'interdit de la relation fusionnelle.

De quelle manière les parents peuvent-ils faire le bonheur de leurs enfants ? Nous l'avons montré, faire le bonheur de ses enfants, c'est agir envers eux de telle sorte qu'ils puissent vous quitter. C'est se refuser à les rendre dépendants de vous. Le premier des principes éducatifs, c'est la prohibition de l'inceste, c'est-à-dire d'une relation fusionnelle et possessive avec ses enfants.
"Vos enfants ne sont pas vos enfants, 
Ils sont les fils et les filles de l'appel de la Vie à elle-même. 
Ils viennent à travers vous et non de vous
Et bien qu'ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas….
Vous êtes les arcs par qui vos enfants, comme des flèches vivantes, sont projetés (8).
Faire le bonheur de ses enfants, ce n'est pas chercher à faire leur bonheur. C'est les rendre autonomes, ce qui est la condition nécessaire (nécessaire mais non suffisante) pour qu'ils puissent, si la chance leur sourit faire eux-mêmes leur propre bonheur.

> Ainsi les parents doivent prendre garde au sens profond de l'interdit de l'inceste. Il faut en effet opérer une distinction fondamentale entre la nature du lien entre deux conjoints et celle de la relation qui devrait exister entre les parents et leurs enfants (9).
La relation de couple relève du domaine privé, et ce même si elle peut être avalisée par la société (par le maire, le prêtre ou le pasteur) (10).
En revanche, la relation des parents avec leurs enfants relève non pas de la vie privée (comme le mariage) mais de la vie de la société. Aussi surprenant que cela puisse paraître, la paternité doit d'abord être considérée comme une réalité culturelle, civique et sociale avant d'être (éventuellement) une réalité biologique et naturelle. Ce qui le montre bien, c'est que les représentants de la société (juges pour enfants, juges aux affaires matrimoniales, enseignants, assistantes sociales) interviennent de droit dans les relations parents-enfants. Rousseau considère le père comme le délégué de la Nation. C'est à celle-ci que l'enfant "appartient" en premier lieu. La paternité est une fonction civique, institutionnalisée comme telle, avant d'être éventuellement une réalité biologique. (11).

> Ainsi la fonction parentale doit être définie d'abord par une règle culturelle et sociale (à savoir, en l'occurrence, celle de la prohibition de l'inceste) et non par une réalité naturelle, biologique, pulsionnelle et instinctive.
Les parents n'ont pas à "faire" le bonheur de leurs enfants mais à agir de telle sorte que leurs enfants puissent faire leur propre bonheur sans eux, et puissent les quitter de façon à s'unir à un autre qui sera le plus proche de tous leurs prochains (parents inclus). 
Pour que les parents ne soient pas enclins à avoir une relation fusionnelle avec leurs enfants, il est souhaitable que chacun des deux parents ait une relation de couple avec quelqu'un d'autre que leur enfant. On voit ici le risque des familles mono-parentales, du moins si le parent isolé n'a aucune relation de couple avec un tiers. Il faut être à deux pour être à trois.
On constate souvent que, pour un couple, la naissance d'un premier enfant peut devenir une épreuve et aussi un test à propos de la relation du couple. Si les parents, à la naissance d'un enfant, deviennent exclusivement des père et mère et cessent, de fait, d'être des conjoints constituant un couple, ceci est préjudiciable non seulement au couple mais aussi, et peut-être bien plus encore, à l'éducation de l'enfant. 
Pour que les parents soient un bon père et une bonne mère, il est sans doute souhaitable que leurs désirs se portent non pas sur l'enfant mais s'exercent dans une relation de couple. Le couple doit rester le seul lieu du désir et de la jouissance.
Il me semble aussi que pour être de bons parents, il n'est pas nécessaire d'être obnubilé par sa responsabilité de parent. Le mieux sans doute est d'être soi-même, ou plutôt rester soi-même tel que l'on était avant la naissance de son premier enfant. "Les enfants, ce n'est sorcier, ça pousse à travers nos erreurs" (12).
Etre soi-même plutôt que de jouer le rôle de parent, cela permet à l'enfant, dès le plus jeune âge, d'être en relation avec un être qui a ses limites et ses vulnérabilités. Cela lui permet d'être, dès son jeune âge, adulte et tolérant.

> Ajoutons ceci. Il importe de rappeler la loi de la prohibition de l'inceste non seulement aux parents mais aussi aux enfants. 
L'exigence de quitter père et mère doit aussi être dite aux enfants. Les divans des psychanalystes sont plus encombrés par des enfants de 40-50 ans qui n'ont pas rompu leur lien fusionnel avec leurs parents (que ce lien se manifeste par une dépendance affective ou par des reproches sans fin (13)) que par des parents de 40 ou 50 ans qui ne parviennent pas à "quitter leurs enfants". 
Pour que les enfants puissent réellement quitter leur père et leur mère, il importe qu'ils puissent lier une réelle relation de couple avec leur conjoint. Et il ne peut y avoir d'alliance conjugale réelle sans un détachement par rapport à la famille d'où l'on vient. C'est ce que Claude Levi-Strauss appelle la loi d'airain de la constitution du couple. 
De nombreuses femmes, en particulier, ont du mal à quitter leurs parents (même si c'est pour mieux les haïr). Quelquefois, c'est le fait de devenir mère elles-mêmes qui leur permet de prendre de la distance vis-à-vis de leurs parents. Mais il aurait mieux valu que cette coupure psychologique se fasse dès le début de leur vie de couple. Elles auraient été plus heureuses, leur conjoint aussi, leurs enfants aussi. Et sans doute leurs propres parents aussi !
Et les enfants pourront d'autant mieux créer une relation de couple que leurs parents leur auront transmis cette aptitude à former un couple. Et leurs parents pourront d'autant mieux le faire qu'ils vivent eux-mêmes une réelle relation de couple. 
Il faudrait donc que les parents soient heureux sans leurs enfants pour que les enfants puissent être heureux sans leurs parents.
Mais bien sûr, dans ce domaine, rien n'est automatique. Il y a des enfants qui sont réellement autonomes par rapport à leurs parents et qui ne trouvent cependant pas leur bonheur. Et il y a aussi sans doute des enfants qui continent à avoir une relation fusionnelle avec leurs parents et qui sont néanmoins heureux, même avec leur conjoint.
Le hasard, ou la grâce, font quelquefois des miracles.

Alain Houziaux


(1) Cf notre étude plus détaillée dans Alain Houziaux, Le Tohu-bohu, le Serpent et le Bon Dieu, Presse de la Renaissance, 1997.

(2) Cf Deut. 1, 39 et II Sam. 19, 35.

(3) Simone de Beauvoir, Les Belles Images, Gallimard 1966.

(4) Albert Camus, Lettres à un ami, Gallimard 1945.

(5) Cf Marie Balmary, Le Sacrifice interdit, Grasset, 1986, p. 195-205.

(6) Ceci rappelle étrangement le drame de certains enfants de divorcés que l'on préférerait voir tués et coupés en deux plutôt que de les laisser à l'autre.

(7) Sur le chemin qui montait au Mont Morija, Abraham et son fils marchent "tous deux ensemble " ; et au retour, apparemment, ils ne sont plus ensemble et ils n'apparaissent plus jamais ensemble, sauf à la mort d'Abraham.

(8) Khalil Gibran, Le Prophète, Casterman 1956.

(9) La relation entre deux personnes constituant un couple ne concerne qu'eux. L'Eglise catholique l'a bien compris en faisant du sacrement du mariage un sacrement célébré par les conjoints eux-mêmes (depuis le Concile de Florence de 1439) même si (depuis le Concile de Trente de 1563) ce sacrement doit être célébré devant un prêtre dont le rôle de témoin se borne à constater la célébration du sacrement par les époux. Et la rupture du lien conjugal est, autant que faire se peut, considérée comme une affaire privée (dans le divorce par consentement mutuel, le juge se borne à constater la rupture du lien conjugal).

(10)Nous nous inspirons pour tout ceci de Philippe Julien, Tu quitteras ton père et ta mère, Aubier 2000.

(11) Ceci est clair dans le cas de l'adoption. Mais ce qui va dans le même sens, c'est le fait que, sauf à faire la preuve du contraire, la loi considérait comme père d'un enfant celui qui était l'époux de la mère même s'il n'était le géniteur biologique de l'enfant. Cf l'adage hérité du droit romain : "pater is est quem nuptiae demonstrant" cité par Philippe Julien, op. cit. page 79.

(12) Christian Bobin, La Plus que vive, Gallimard 1996.

(13) "Les enfants commencent par aimer leurs parents, devenus grands, ils les jugent… quelquefois, ils leur pardonnent", Ocarc Wilde, Le portrait d'Orian Gray, Stock.