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56, avenue de la Grande-Armée, 75017 Paris

Actes pastoraux

 

L'été est la grande période des actes pastoraux, c'est-à-dire des mariages, des baptêmes, des confirmations etc... Ce sont à chaque fois des moments importants, tant pour les individus que pour les familles ou la paroisse elle-même.

Pourtant, la tradition réformée a toujours relativisé ces actes. Du temps de Calvin, la confirmation n'existait pas et les mariages étaient célébrés rapidement au cours du culte du dimanche. Et puis, quand nous baptisons un enfant, nous pensons, bien sûr, que même s'il n'était pas baptisé, il aurait tout autant la grâce de Dieu. Et pour les époux, l'essentiel n'est-il pas la promesse qu'ils se font dans leur coeur, l'un pour l'autre et devant Dieu ? La solennité de la liturgie et les grandes orgues, pour ne pas parler de la robe blanche ajoutent-elles quoi que ce soit à la bénédiction de Dieu ? Ou encore, mettrais-je dehors ou traiterais-je comme un étranger un jeune qui n'ayant pas voulu faire sa confirmation reviendrait à l'Eglise quelque temps plus tard ? Lui dirais-je qu'il ne peut vraiment faire partie de l'Eglise que s'il accepte de faire officiellement devant tous un acte public et officiel au sein d'une liturgie ?

Non, le Christ lui-même n'a instauré aucune liturgie, ne nous a imposé aucun rite. Il n'a pas demandé que l'on baptise les enfants, il n'a jamais parlé de confirmation et n'a rien dit sur les cérémonies de mariage...

Quelle importance donner alors à tout cela ?

La pensée réformée a toujours, d'un certain côté, la tentation de revenir à la pureté de l'Evangile, affirmant que l'essentiel, c'est la sincérité du coeur, et la qualité de notre relation personnelle avec Dieu, sans qu'il soit indispensable de médiatiser tout cela par des actes ecclésiastiques.

Donc oui, on peut être un bon chrétien même sans avoir été baptisé à six mois, un couple peut vivre heureux, fidèlement et plein de foi, même sans être marié, et il n'y a pas de nécessité de proclamer publiquement sa foi au cours d'un culte pour croire en Dieu, ni même pour être attaché à l'Eglise, ou pour se dire "protestant".

Alors pourquoi ne nous débarrassons-nous pas de tous ces gestes humains ? Pour plusieurs raisons. D'abord, parce que ce qui va sans dire va encore mieux en le disant. Ainsi n'est-il pas indispensable de dire à son ami " bonjour " pour lui souhaiter dans son coeur beaucoup de bien, mais il manquerait quelque chose si ce n'était pas dit. De même, il est bon que les époux se disent parfois l'un à l'autre : " je t'aime " et ne se contentent pas juste de le penser.

Ensuite, parce que pour nous-mêmes, dire les choses un peu solennellement, grave plus profondément dans notre propre histoire ces choix que nous faisons et nous permet de les vivres plus en intensément.

Et puis parce que nous vivons en communauté, et non pas tout seuls face à Dieu. Les jeunes qui confirment le font un peu pour eux, mais leur geste a encore plus d'importance pour toute la paroisse. Ils disent à tous une parole positive à l'égard de l'Eglise, et nous, nous pouvons leur dire notre joie et notre affection. C'est vrai qu'on pourrait s'en passer... mais d'une manière générale, ce serait dommage.

Louis Pernot