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La Bible

(Concrètement)

 

La Bible comporte deux parties : l’Ancien Testament (qui fait les 3/4 du livre) qui est avant Jésus Christ, et le Nouveau Testament (beaucoup plus petit donc) qui est depuis Jésus Christ et après.

L’Ancien testament a été écrit en hébreu et le Nouveau nous est parvenu en grec.

 

L’Ancien Testament
Il commence par le Pentateuque : 5 livres qui forment ce que les juifs appellent la Torah : la loi : Genèse, Exode, Lévitique, Nombre et Deutéronome.

Ensuite il y a les livres historiques qui commencent avec l’entrée du peuple dans la Terre promise : Josué, Juges, puis en particulier Samuel (1 et 2) et les Rois (1 et 2). Au milieu on trouve le livre de Ruth, curieuse histoire d’une femme non juive, qui permet de relativiser l’importance d’être juif en respectant tous les commandements de la Torah.

Puis nous trouvons les livres poétiques : Job (qui traite le problème de l’origine du mal), les Psaumes (150 prières magnifiques), les Proverbes, et l’Ecclésiaste et le Cantique des Cantiques. Ce dernier est un livre curieux, chant d’amour poétique.

Enfin il y a les prophètes, les grands prophètes : Esaïe, Jérémie, Ezéchiel, Daniel, Osée, Joël... puis une quantité de petits prophètes : Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habaquq, Sophonie, Aggée, Zacharie, Malachie
L’ancien Testament a été rédigé sur une échelle de temps très importante, le plus ancien texte date à peu près de moins 900 avant JC (Le Cantique de Déborah : Juges 5 :1-31), et les plus récents sont des passages du prophète Daniel datant d’environs moins 300.

Il y a donc une grande variété théologique dans l’ancien Testament : il n’y a pas une seule pensée, mais une évolution, c’est le témoignage d’une découverte progressive de ce qu’est Dieu, recherche qui culminera dans la révélation de Jésus Christ d’un Dieu d’amour, de grâce et de pardon. Ainsi dans les textes les plus anciens, on voit Dieu comme à l’origine de tout ce qui arrive : du bien comme du mal, et dans les textes plus tardifs, Dieu n’est plus source que du bien, et le mal vient d’ailleurs.

Suivant les livres aussi, il y a des tendances différentes. Dans la Torah, l’essentiel, c’est l’obéissance aux 613 commandements transmis par Moïse en descendant du Sinaï. Dans les Psaumes et les prophètes, il est dit que l’essentiel, ce ne sont pas les rites et les sacrifices, mais l’amour du prochain.

L’ancien Testament n’est pas tombé du ciel (pourrions nous dire), mais il a été inspiré par tout ce qui se passait autour du peuple d’Israël alors : textes mazdéens, babyloniens, livres de sagesse de l’Egypte antique etc. Ainsi trouve-t-on dans les textes perses ce qui a sans doute été l’origine de l’histoire de Noé avec le déluge : un récit pratiquement semblable connu sous le nom de l’Epopée de Gilgamesh.

Dans l’histoire d’Israël, il y a eu un événement marquant qui a été l’exil : vers moins 500 (en fait -597), Israël est vaincu, le Temple de Jérusalem détruit, et une partie de l’élite du peuple déporté à Babylone pendant une génération. Cela a entraîné un changement de théologie, comme il n’y avait plus de temple ni de pratique de sacrifices possibles, a été développé l’idée que Dieu résidait non pas dans une maison de pierre, mais dans le cœur du fidèle, avec une religion plus spiritualisée. Au retour d’Exil vers -538, il y a une grande remise en ordre du judaïsme (Réforme d’Esdras), les anciens textes sont revus, et de nouveaux sont écrits. C’est de ce moment que date l’ancien Testament sous la forme que nous lui connaissons. Ceux qui étaient restés sur place n’ont pas suivi cette réforme et on donné (à peu près), le peuple des Samaritains (qui ont donc un pentateuque sous son ancienne forme et c’est tout).

On voit donc que le texte même de la Bible a une histoire, il n’y a aucune raison de prendre une ou l’autre des versions successives de ces textes anciens comme plus particulièrement « parole de Dieu ». Il y a eu une création continue de textes dont nous sommes les témoins. Et cette création a continué, petit à petit, beaucoup de juifs ne parlaient plus hébreu, d’autres textes ont été écrits, cette fois en grec, ce sont les textes deutérocanoniques présents dans les Bibles catholiques et pas dans celles qui sont protestantes (Macchabées, Tobbie, Ecclésiastique, Siracide etc.)

A ce moment aussi (vers -300) a été faite une traduction mot à mot de l’ancien Testament depuis l’hébreu vers le grec qu’on connaît sous le nom de traduction de la Septante (dit la légende, soixante-dix moines enfermés pendant soixante-dix jours ont traduit chacun, et le résultat étant miraculeusement absolument le même, signe que la traduction était inspirée par Dieu).

Le texte hébreu, lui a continué de circuler de copiste en copiste, il a été fixé et vocalisé (on a ajouté les voyelles que l’hébreu antique ne connaissait pas) par des religieux juifs vers l’an 1000 : les massorètes. On avait peu de manuscrits plus anciens, mais la découverte des textes de Qumran, murés dans des grottes avant la destruction de Jérusalem par les Romains en 70 nous a donné des textes très anciens de certains passages, et on a pu voir qu’en fait le texte était resté assez fidèle à lui-même.

 

Le Nouveau Testament

Le Nouveau Testament est né de l’événement central et fondateur de la prédication de Jésus reconnu comme le Christ c’est à dire le Messie.

Il commence par les quatre évangiles : Matthieu, Marc, Luc et Jean, quatre récits différents des faits, gestes et prédication de Jésus. Matthieu et Luc commencent dès la naissance de Jésus, et ils se terminent tous les quatre par la résurrection. Les trois premiers sont dits « synoptiques », parce qu’ils sont très proches et comportent beaucoup de passages parallèles entre eux. Le quatrième évangile, celui de Jean est un peu différent et plus conceptuel. Ensuite il y a le livre des Actes de Apôtres racontant ce qu’on fait les disciples après la mort et la résurrection du Christ. Une grande part de ce livre est consacrée aux voyages de Paul. Après quoi il y a les épîtres du dit Paul. D’abord à 7 églises : Romains, Corinthiens (1 et 2), Galates, Ephésiens, Philippiens, Colossiens et Thessaloniciens (1 et 2) puis à certains de ses collaborateurs : Timothée (1 et 2), Tite et Philémon. Suit l’épître aux Hébreux d’auteur inconnu, puis les épîtres dites pastorales, c’est à dire sans destinataires définis : Jacques, Pierre (1 et 2), Jean (1, 2 et 3) et Jude. Enfin, l’Apocalypse attribuée à Jean est le dernier livre du Nouveau Testament.

Le Nouveau Testament comporte à peu près les plus anciens textes chrétiens que nous ayions : ils sont tous à peu près d’avant 100. On sait qu’un certain nombre sont pseudépigraphes, c’est-çà-dire que leur auteur n’est pas vraiment celui que la tradition a attribué. C’est le cas en particulier des épîtres pastorales sans doute assez tardives.

Après ces textes, les chrétiens ont, bien sûr, continué à produire de la littérature. Le plus ancien texte chrétien non incorporé dans le canon du Nouveau Testament (règle fixant les livres qui s’y trouvent) est considéré comme étant l’épître de Clément de Rome datant d’environ 95, puis des textes intéressants comme la Didaché, ou le Pasteur d’Hermas. (qui ont fait partie du Canon un temps).

Puis ont été composés nombre textes dont l’intérêt décroit très vite à mesure qu’on s’éloigne de la source apostolique : les évangiles apocryphes en particulier sont très légendaires et souvent tardifs la tradition s’en est inspirée (par exemple pour le bœuf et l’âne à la crèche, mais ils ont peu d’intérêt théologique). Parmi ceux-ci néanmoins certains méritent notre attention, c’est le cas par exemple de l’évangile de Thomas. Il semble très ancien et bien renseigné, avec en particulier très probablement la trace de paroles, d’enseignements ou de paraboles authentiques qui auraient échappé à nos évangiles officiels. Mais ce texte a été très fortement contaminé par une pensée dualiste dite gnostique, ce qui fait qu’il est difficile de l’intégrer au reste.

Le Canon biblique du Nouveau Testament définit donc la liste des livres qui s’y trouvent. La trace la plus ancienne est le fragment de Muratori datant du VIIe ou VIIIe siècle, découvert en 1750, copie d’un original grec du 2e siècle. Le Canon se stabilise vers le 6e siècle avec l’acceptation tardive de l’Apocalypse.

Nous n’avons pas d’originaux des textes bibliques, mais seulement des copies de copies, parfois de fragments très petits, le plus ancien est considéré comme étant P52, un papyrus datant de 125. Plus les copies les plus anciennes du Nouveau Testament dans son ensemble (ou presque, sans l’apocalypse ajoutée après), datent d’environs de l’an mille, copies de manuscrits du 4e siècle, avec en particulier le Vaticanus et le Sinaïticus.

Les évangiles nous sont parvenus en grec, en général on dit que le plus ancien est Marc datant d’avant la destruction du temple de Jérusalem (donc avant 70), Matthieu et Luc viennent après, et considéré comme le plus tardif (vers 95). Mais en fait des datations sont compliquées parce que les évangiles n’ont pas été écrits d’une traite et sont le fruit d’une longue histoire rédactionnelle. Les dates de rédaction que l’on donne sont celles de la dernière main. Mais à l’origine, il peut y avoir des traditions orales ou même écrites remontant aux disciples du Christ.

Il est d’usage de dire que chaque évangile est né dans une communauté, Matthieu à Jérusalem ou Antioche, Marc à Alexandrie, ou de l’enseignement de Pierre à Rome, Luc à Antioche, et Jean à Ephèse. Une théorie pour essayer d’expliquer la constitution des évangiles synoptiques souvent admise est celle dite des deux sources, elle suppose qu’en gros, Marc le plus ancien était connue Matthieu et de Luc qui y ont presque tout repris, et qu’il y avait une deuxième source antique perdue de logia de Jésus, (c’est à dire un recueil de paroles), source que l’on appelle « la source Q », (de Quelle en allemand qui signifie « source »). Mais cette théorie est critiquée par certains, l’histoire des évangiles étant en fait très mouvementée.L’ensemble de la Bible a été traduit en latin, en général à partir surtout du grec de la Septante pour l’Ancien Testament. Cette vieille traduction latine a été revue par Saint Jérôme au VIe siècle donnant la version dite de la Vulgate, seule traduction utilisée par l’Eglise Catholique jusque vers le XXe siècle. Les Réformateurs redécouvrent l’importance des textes originaux et en particulier de l’hébreu et du grec et à partir de l’initiative de Luther choisissent de traduire la Bible en langue vulgaire pour pouvoir en donner l’accès à tout le monde.

 

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