Skip to main content
56, avenue de la Grande-Armée, 75017 Paris

Le ressuscité du jardin d'Eden

Prédication du pasteur Louis Pernot au temple de l'Etoile

Jean 19:41 à 20:18 ; Cant 6:1 à 3 et 4:12 à 16 ; Col 3:1, 2 et 15 à 17.

Le jour de Pâques est pour nous chrétiens le jour de la fête de la résurrection de Jésus Christ. Cette idée de la résurrection d'un personnage, est aujourd'hui une chose tout à fait extraordinaire, unique, incroyable; pour l'époque, ce l'était moins. Si nous voulons donc méditer sur ce que Pâques nous enseigne, il ne faut pas tant méditer sur le fait qu'un être humain puisse mourir et de nouveau revivre, que cela soit sur terre, que cela soit spirituellement, mais méditer sur le fait que c'est Jésus Christ qui est ressuscité.

En effet, dans la Bible, Jésus Christ n'est pas le seul ressuscité, et ce n'est pas non plus le premier à être ressuscité: nous avons par exemple Lazare qui a été ressuscité avant le Christ, et pourtant nous ne fêtons pas le jour de la résurrection de Lazare. Il y a aussi, d'après les évangiles, tous les saints qui ressuscitent et se lèvent des tombeaux au moment de la mort du Christ, et nous ne fêtons pas la résurrection de tous ces saints. Et nous lisons également dans l'évangile de Matthieu, au chapitre 10, verset 8, que Jésus Christ dit aux douze: Allez, guérissez les malades, ressuscitez les morts, pardonnez les péchés... Donc parmi ces ordres, il y a celui de ressusciter les morts. On peut supposer qu'ils l'ont fait.

Le Christ n'a donc pas été le premier ni le seul ressuscité, et nous devons faire comme si la résurrection du Christ était non pas quelque chose de banal, mais comme si le fait de la résurrection n'était pas en soi une chose absolument unique. Jouons le jeu de la mentalité de l'évangile. Et posons-nous cette question: Si il y avait d'autres gens qui ressuscitaient, pourquoi celle du Christ nous intéresse-t-elle particulièrement ? C'est certainement parce qu'elle a un sens particulier, parce qu'elle a une valeur symbolique; et c'est certainement parce que la résurrection du Christ ne concerne pas lui seul, que ce n'est pas l'histoire de quelqu'un qui est mort il y a deux mille ans, et puis a revécu, sous quelque forme que cela soit. Mais si nous continuons d'en parler, c'est parce que cette résurrection nous concerne, aujourd'hui et maintenant.

Nous devons donc nous poser la question suivante: qu'est-ce que la résurrection du Christ change pour nous? Qu'est-ce qu'elle nous apporte?

On pourrait bien sûr trouver de très nombreuses significations, l'importance symbolique de la résurrection du Christ est multiple, et cela explique pourquoi c'est une si grande fête et pourquoi cela fait des milliers d'années que l'on prêche sur Pâques, et que pourtant les prédicateurs ne disent pas forcément la même chose tous les ans.

Une piste parmi d'autres peut être suggérée par l'évangile de Jean, dans cette indication du lieu dans lequel se passe la résurrection. Si nous lisons attentivement le verset 41 du chapitre 19, il est écrit: Il y avait dans le jardin, là où Jésus avait été crucifié un tombeau où personne n'avait encore été mis. Et ensuite plus loin, au verset 15 du chapitre 20, il y a Marie qui se retournant voit le Christ, et elle se dit c'est le jardinier.

Par conséquent, dans Jean, nous voyons que le Christ est crucifié, d'abord, puis ressuscite dans un jardin. Et un jardin, pour quiconque lit la Bible, cela évoque en particulier un jardin très important, le jardin d'Eden, le jardin du commencement, le jardin dans lequel Adam et Eve vivaient cette proximité absolue avec Dieu.

Continuons : sur quoi Jésus a-t-il été crucifié? Sur une croix, bien sûr, mais ce qui est très curieux, c'est que dans bien des cas, les textes de la Bible, au lieu de dire la croix, disent le bois; le Christ a été pendu sur le bois dit on en particulier. En grec le bois se dit xilon; en hébreu il se dit etz; et etz signifie à la fois la croix, le bois, mais aussi l'arbre, et le fruit de l'arbre. Il y a ainsi un seul mot en hébreu pour signifier le bois, l'arbre, le fruit de l'arbre et la croix.

Nous voyons donc que le Christ crucifié, qui d'après l'évangile de Jean est au centre du jardin, c'est aussi l'arbre au centre du jardin. Et quel est l'arbre qui est au centre du jardin ? C'est l'arbre de vie pour quiconque a lu la Genèse. Nous voyons donc poindre que le Christ crucifié est l'arbre de vie au milieu du jardin d'Eden.

Il y a encore autre chose, par exemple: Qui gardait l'entrée du paradis, dans la Genèse? Il y avait des chérubins, avec des épées tournoyantes. La Talmud nous dit que ces chérubins étaient au nombre de deux. Or, que voit Marie dans le tombeau? Elle voit deux anges assis là où est le Christ, l'un à la tête et l'autre aux pieds. Et donc Marie est bien à la porte du paradis, et elle nous montre que cette porte, est précisément le Christ lui même: entre ces deux anges il y avait simplement le Christ. Mais plutôt le Christ ressuscité, puisque le Christ n'est plus là. C'est donc ce Christ ressuscité qui est la porte du paradis, qui est ce qui nous permet d'entrer dans le paradis, et de manger de l'arbre de la vie qui est la croix elle même.

Et ainsi nous voyons que la mort et la résurrection du Christ ont pour nous une importance fondamentale, car cela nous renvoie dans la jardin d'Eden. Cela nous montre que c'est en passant par le Christ que nous pouvons accéder au paradis ou à l'Eden. Quel est l'avantage de cela? Il y en a deux: d'abord parce qu'Eden, jardin d'Eden, gan Eden en hébreu, cela signifie le jardin des délices, le jardin de la volupté. C'est donc intéressant pour nous de pénétrer dans ce jardin de délices, parce que c'est là que nous trouvons la joie et le bonheur de notre existence. Le Christ est effectivement celui qui nous permet de pénétrer dans ce jardin de délices.

Et l'autre fait intéressant, ou important pour nous, c'est que si nous réussissons à pénétrer dans ce jardin de délices, grâce au Christ ressuscité, nous sommes enfin en face de l'arbre de vie, et cela nous permet d'en cueillir les fruits; En effet l'arbre de vie n'a jamais été interdit à Adam ou à Eve, mais Dieu avait mis l'homme dehors de façon à ce qu'il ne puisse pas profiter des fruits de l'arbre de vie, et donc que l'homme meure. Or nous voyons que si nous sommes très proches du Christ mort et ressuscité, nous pouvons pénétrer dans le jardin, et si nous sommes dans le jardin, alors nous pouvons cueillir de l'arbre de vie. Et pour cela il faut effectivement se rapprocher du Christ, puisque c'est lui qui est le centre du jardin. Et lorsque nous nous rapprochons du Christ, nous pénétrons automatiquement dans le jardin. Se rapprocher du Christ, c'est se rapprocher de sa mort et se rapprocher de sa résurrection.

Et puis cet arbre, cet arbre de vie, dont nous pouvons cueillir les fruits, il est en fait évident que c'est le Christ lui-même. C'est en effet lui qui peut nous donner la vie éternelle, cette vie qui est supérieure à toute question matérielle, à toutes les vicissitudes concrètes de notre existence, et cette vie qui est même supérieure à la mort. Donc si nous sommes aux pieds de Jésus, il nous faut encore manger de cet arbre, il faut manger de l'arbre de vie, mais cet arbre étant le Christ sur la croix, cela signifie que nous devons manger du Christ lui-même. Nous devons le mettre en nous, l'ingérer, en faire la nourriture de notre existence. Tout cela n'est rien d'autre que cet enseignement bien connu du pain de vie, que nous rappelons semaine après semaine par la communion et la Sainte Cène, pour nous dire que nous devons manger de ce pain de vie, de ce pain qui donne la vie éternelle, parce que c'est lui qui est l'arbre de la vie que mangeaient Adam et Eve.

L'arbre est au centre, nous dit le texte de la Genèse, et si l'arbre est au centre, le Midrach nous dit quelque chose d'intéressant: cela veut dire que l'on peut l'approcher de n'importe quel côté, il y a une multitude d'approches possibles de l'arbre de vie. De même il y a une multitude d'approches possibles du Christ; il n'y a pas une seule théologie valable, il n'y a pas une seule théorie valable sur la résurrection du Christ, plus ou moins charnellement, spirituellement.. Approchez le Christ comme vous le voulez, mais approchez-le, allez au centre du jardin, prenez le et mangez le, faites en la nourriture de votre existence, c'est cela la seule question, c'est de vivre du Christ.

Voila donc ce que change la résurrection du Christ qui suit sa mort: sans le Christ et sans sa résurrection, nous continuerions d'être en dehors du jardin, alors que par le Christ ressuscité nous sommes dans ce jardin. Mais encore faut-il que nous puissions nous rapprocher du Christ, car c'est autour du Christ que se trouve ce jardin de délices. Mais comment pouvons nous, aujourd'hui, deux mille ans après, rencontrer ce Christ ressuscité ? où se trouve-t-il ? où est effectivement, concrètement, ce jardin de délices, en quel lieu devons nous chercher ce Christ ressuscité ? La réponse à cette question n'est pas une réponse historique, vous pouvez faire tous les pèlerinages en Terre Sainte, vous pouvez visiter les nombreux Golgota que l'on montre aux touristes, près de Jérusalem, vous ne rencontrerez pas le Christ ressuscité.

L'intérêt de la résurrection du Christ, c'est précisément que le Christ est aujourd'hui vivant parmi nous .C'est cela qui est intéressant plus que le fait qu'il ait revécu quelques jours avant de disparaître vers le ciel. Il est aujourd'hui vivant, et le cri de foi des premiers chrétiens est "Christ est ressuscité" non pas le Christ a été ressuscité. Le Christ est ressuscité, aujourd'hui il est vivant parmi nous.

Nous pouvons donc le voir, le rencontrer. Mais où ? Eh bien nous pouvons le rencontrer dans le jardin; mais où est ce jardin d'Eden au milieu duquel est le Christ? C'est pourquoi je vous ai lu tout à l'heure ce très beau texte du Cantique des Cantiques, qui est extrêmement important pour comprendre l'évangile, puisqu'il y est fait référence de très nombreuses fois dans l'évangile, lorsque le Christ dit qu'il est l'époux et que nous sommes la fiancée promise au Christ, lorsqu'il parle des vierges sages et des vierges folles et cétera. Or dans ce Cantique des Cantiques, nous avons lu deux choses:

La première au chapitre 6, où il dit "Où est ton bien-aimé, celui que tu cherches" voila justement notre question. Et il répond "ton bien-aimé, il est descendu dans le jardin". Cela nous le savions déjà mais c'était pour vous montrer que c'est en relation avec notre question. Mais un peu avant, au chapitre 4, il dit "ce jardin, c'est toi-même, o ma bien aimée qui es un jardin". "Ma bien-aimée est un jardin dans lequel descend le bien-aimé, pour faire paître son troupeau ". Voila la question, c'est que ce jardin, dans lequel le Christ ressuscite, et où nous pouvons le rencontrer, c'est nous mêmes. Nous sommes, chacun, ce jardin d'Eden, Nous sommes tous ce jardin, ce paradis; nous ne devons pas le chercher en dehors de nous, mais chacun de nous est le paradis , le jardin dans lequel le Christ ressuscite, dans lequel le Christ vient pour faire paître ses brebis, ainsi que nous le disent l'évangile et le Cantique des Cantiques., comme le Bon Berger de l'évangile.

Nous avons cette même idée dans l'évangile de Luc, au chapitre 17, verset 21, quand les disciples demandent à Jésus où est le Royaume de Dieu, et le Christ répond le Royaume de Dieu est au dedans de vous.

Ce jardin, nous n'avons pas à le chercher à l'extérieur, nous n'avons pas à nous dire que c'est un lieu éloigné dans lequel il nous faut entrer, mais ce jardin est en nous-mêmes, et chacun de nous est, de toute façon, un jardin. Chacun de nous est une terre, un champ dans lequel poussent des choses, dans lequel peuvent pousser le bon grain ou l'ivraie, le meilleur et le pire.. Mais pour que notre jardin soit effectivement, non pas n'importe quel jardin en friche, mais le jardin d'Eden; le jardin de délices, il faut que le Christ soit au centre, puisque ce qui définit le jardin d'Eden, c'est que l'arbre de vie est au centre. Le jardin d'Eden sans l'arbre de vie n'est plus le jardin d'Eden. Nous pénétrons dans ce jardin d'Eden si seulement nous savons, non pas nous déplacer dans un autre lieu, mais faire venir le Christ en nous, afin que notre existence devienne elle même ce jardin d'Eden. Et nous avons cette vie éternelle, ces plaisirs, ces délices, ces voluptés, pour peu que que le Christ soit effectivement le centre de notre existence.

Ainsi, le lieu de la résurrection, c'est le jardin. Et comme le jardin, c'est nous, nous pouvons dire que le lieu où le Christ peut et doit ressusciter c'est en nous mêmes. Et c'est pourquoi nous fêtons, année après année Pâques, c'est pour nous aider chaque année à faire ressusciter le Christ dans notre propre existence. Nous vivrons éternellement si le Christ ressuscite en nous. Et si Pâques est la résurrection du Christ dans le coeur de chacun, ce que nous devons faire aujourd'hui particulièrement c'est de réveiller ce Christ qui sommeille en nous. Nous vivrons si le Christ vit en nous, et cela nous l'avons dans maints passages, et de Paul en particulier : dans la lettre aux Galates, chapitre 2 , verset 2O quand Paul dit Si je vis, ce n'est plus moi qui vit, mais c'est le Christ qui vit en moi.

C'est donc en nous-mêmes que tout cela se passe. Et là est le paradis, quand une existence est centrée sur le Christ, comme le jardin est centré sur l'arbre de vie. Et c'est là qu'est notre paradis, si nous savons nous nourrir de cet arbre de vie qui est le Christ. "Celui qui mange ma chair, dit le Seigneur, il a la vie éternelle" "Celui qui me mange, vivra par moi" Il semble bien que cette Sainte Cène que le Christ a faite juste avant sa mort, soit comme la préfiguration de sa mort et de sa résurrection, soit comme le mode d'emploi pour nous de sa mort et de sa résurrection.

La porte du paradis est ouverte, elle est le Christ lui-même, le Christ ressuscité et absent; et nous devons passer par cette porte, aller directement au centre où est le Christ mort et ressuscité. La porte du paradis est ouverte, et tous nous sommes invités à y entrer.

Venons donc, frères et soeurs, dans le paradis. Venons prendre le fruit de l'arbre de vie qui nous est offert. Et ne faisons pas un autre péché: Adam est Eve ont péché en prenant le fruit que Dieu leur interdisait; que nous, au moins, nous sachions prendre le fruit que Dieu nous offre, et que nous ne le laissions pas de côté pour en prendre d'autres . Alors nous pourrons envisager de n'avoir pas fait un péché plus grave que celui d'Adam et d'Eve.

Venez prendre ce Jésus vivant, ressuscité; et faites en le centre de votre jardin. Car c'est alors que vous aurez le Royaume de Dieu en vous; c'est alors que vous aurez la vie éternelle; c'est alors que vous aussi vous serez ressuscité, avec le Christ; c'est alors que le Christ sera ressuscité en vous, et c'est alors que vous vivrez .

Amen.

Retour à la liste des prédications

Jean 19:41 à 20:18

41Or, il y avait un jardin à l’endroit où il avait été crucifié, et dans le jardin, un tombeau neuf où personne encore n’avait été déposé. 42Ce fut là qu’ils déposèrent Jésus, à cause de la préparation des Juifs, parce que le tombeau était proche.

20 1Le premier jour de la semaine, Marie-Madeleine se rendit au tombeau dès le matin, comme il faisait encore obscur ; et elle vit que la pierre était enlevée du tombeau. 2Elle courut trouver Simon Pierre et l’autre disciple que Jésus aimait, et leur dit : On a enlevé du tombeau le Seigneur, et nous ne savons pas où on l’a mis.
3Pierre et l’autre disciple sortirent pour aller au tombeau. 4Ils couraient tous deux ensemble. Mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau ; 5il se baissa, vit les bandelettes qui étaient là, pourtant il n’entra pas. 6Simon Pierre qui le suivait, arriva. Il entra dans le tombeau, aperçut les bandelettes qui étaient là 7et le linge qu’on avait mis sur la tête de Jésus, non pas avec les bandelettes, mais roulé à une place à part. 8Alors l’autre disciple, qui était arrivé le premier au tombeau, entra aussi ; il vit et il crut. 9Car ils n’avaient pas encore compris l’Écriture, selon laquelle Jésus devait ressusciter d’entre les morts. 10Et les disciples s’en retournèrent chez eux.
11Cependant, Marie se tenait dehors, près du tombeau, et pleurait. Comme elle pleurait, elle se baissa pour regarder dans le tombeau 12et vit deux anges vêtus de blanc, assis à la place où avait été couché le corps de Jésus, l’un à la tête, l’autre aux pieds. 13Ils lui dirent : Femme, pourquoi pleures-tu ? Elle leur répondit : Parce qu’on a enlevé mon Seigneur, et je ne sais où on l’a mis. 14En disant cela, elle se retourna et vit Jésus debout ; mais elle ne savait pas que c’était Jésus. 15Jésus lui dit : Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? Pensant que c’était le jardinier, elle lui dit : Seigneur, si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis, et je le prendrai. 16Jésus lui dit : Marie ! Elle se retourna et lui dit en hébreu : Rabbouni, c’est-à-dire : Maître ! 17Jésus lui dit : Ne me touche pas ; car je ne suis pas encore monté vers mon Père. Mais va vers mes frères et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. 18Marie-Madeleine vint annoncer aux disciples qu’elle avait vu le Seigneur, et qu’il lui avait dit ces choses.

Jean 19:41 à Jean 20:16