Accéder au contenu principal
56, avenue de la Grande-Armée, 75017 Paris

Jésus a-t-il eu des frères et des soeurs?

Vous parlez des frères de Jésus. Question: peut-on prendre au pied de la lettre l'expression "frère de Jésus"?
Comment pouvez-vous expliquer que Jésus confie sa mère à son frère en lui disant "voici ton fils" (Jean 19:26-27), comme si elle ne le savait pas; et inversement, voici ta mère à son fils si elle l'est déjà évidemment?
Par contre, je trouve logique que, n'ayant personne pour prendre soin de sa mère, Jésus la confie à celui qu'il affectionne particulièrement.

Il est évidemment très difficile de savoir ce qui s’est passé exactement et historiquement à propos de Jésus sur la croix dans l'évangile de Jean (Jean 19:26-27)

Les historiens disent que de toute façon ce dialogue n’a pas eu avoir lieu là puisque les femmes n’étaient pas admises au spectacle de la crucifixion. Il s’agit donc d’une scène reconstruite.
Evidemment que Jean (ou l’auteur du 4e évangile) avait des présupposés plus théologiques qu’historiques. On comprend bien l’interprétation faite habituellement que Jésus confie sa succession au disciple sans nom et bien aimé qui nous représente plus qu'à une personne historique.

Maintenant on ne voit nulle part ailleurs que Jésus aurait confié sa mère à un disciples car n'ayant pas de frère ou de soeur.

L’argument faisant penser que Jésus a pu avoir des frères ne vient pas du dialogue sur la croix, mais en grande partie de la suite de l’histoire comme on peut la lire dans les Actes des Apôtres, avec Jacques dit « frère du Seigneur » qui se trouve parachuté chef de la petite communauté des premiers chrétiens alors qu’il n’en avait évidemment pas les qualités pour qu’on le choisisse pour ça. Il n'avait pas le charisme de Pierre qui prend natuellement le lead et qui fait les premiers grands discours à partir de la Pentecôte. Et, en dehors des paroles du « tu es petrus »  qu'on pourrait interpréter autrement que comme une désignation de succession de la part de Jésus, Pierre présentait évidemment toutes les qualités de meneur d’homme, d’initiative, de parole et d’autorité qu’il fallait pour cela. Mais c'est pourtant bien Jacques qui a l'autorité officielle dans la première communauté, et à lui que l'on s'adresse pour trancher le différent entre Paul et Pierre, et qui décide et qui tranche lors du premier concile de Jérusalem.

On peut donc penser que la seule raison pour laquelle Jacques "frère du Seigneur" a été reconnu comme le chef de la première communauté n'était pas pour ses qualités personnelles, mais parce qu'il avait une légitimité naturelle en étant vraiment le frère du Seigneur. Un simple cousin n'aurait pas eu cette légitimité.

L'hypothèse que l'auteur resté inconnu de l'Evangile dit de Jean soit le frère de Jésus n'est pas absurde. Si en effet Jésusa vait effectivement un frère, il est invraisemblable qu’il ait dû confier à sa mère à un étranger. Jésus dit simplement à son frère de prendre soin de sa mère. C'est logique.

Mais sans doute la visée de l'évangile est avant tout théologique: on n’est plus dans une religion de la tribu, des liens du sang, mais de l’adhésion personnelle, permettant d’élargir le peuple de Dieu aux païens, et plus seulement aux seuls descendants d’Abraham. C'est pourquoi la question historique est moins importante que la lecture théologique que l'on peut faire de l'épisode: c'est bien à chacun de nous disciple de nous considérer comme enfant de Marie et donc frère de Jésus.

Dans tous les cas tout cela ne sont que des hypothèses, et vous avez, bien sûr tout loisir de choisir l’option qui vous semble la plus juste...

Louis Pernot

À découvrir également
Dernières séries