Skip to main content
56, avenue de la Grande-Armée, 75017 Paris

L'Arche d'alliance

par Louis Pernot (septembre 02)

 

Les hébreux transportaient avec eux dans tout le désert un coffre en bois d'acacia qui symbolisait pour eux la présence de Dieu auprès d'eux pour les soutenir, les nourrir et les guider vers la terre promise.

Dans ce « Coffre de l'Alliance », il y avait 3 choses : et il est certain que ces trois choses représentent chacune un des aspects de la présence et de l'aide de Dieu pour nous en ce monde.

On sait en général la première chose qui se trouvait dans l'Arche : les Tables de la Loi données à Moïse sur le mont Sinaï. Mais on ignore souvent qu'il y avait aussi de la « manne », ce pain tombé du ciel pour nourrir les hébreux, et le « bâton d'Aaron ».

 

1) Les tables de la Loi

On comprend assez bien leur présence : elles sont la Parole de Dieu, et effectivement, la présence de Dieu se trouve dans sa parole. La théologie réformée est dans la droite ligne de cela en disant que la présence réelle de Dieu se situe dans la lecture de la Parole de Dieu, la Bible et que c'est en se frottant constamment à cette Parole en se rapprochant, en se plongeant dans la Bible que l'on a une chance de trouver la plénitude de cette présence de Dieu.

 

2) La Manne

La présence de la Manne est déjà plus mystérieuse. Une explication peut être trouvée dans le sens-même du mot « manne ». Et en effet lorsque la manne est tombée (Ex 16), personne ne savait ce que c'était, et les hébreux disaient « Qu'est-ce que cette chose-là? », ce qui se dit: « man hou » en hébreu, et faute de pouvoir réponde on a appelé cette chose du nom de la question: « manna », « qu'est-ce que c'est ? ».

Ainsi cette présence de Dieu, qui se trouve dans sa parole, n'est pas seulement une loi à laquelle il faut obéir, ou des vérités à écouter et à croire, mais c'est une parole à côté de laquelle on pose une question « qu'est-ce que c'est que ça ?». La présence de Dieu est dans la Bible, mais dans une Bible sur laquelle on réfléchit, on travaille, on médite, et c'est lorsqu'on a à la fois la Parole et la question posée sur cette Parole que l'on a une chance de trouver la vraie présence de Dieu.

Cela permet d'éviter le fondamentalisme, qui exige que l'on prenne la Bible au pied de la lettre, et qu'on y obéisse aveuglément ; et d'éviter de croire qu'être protestant, ce serait d'adorer la Bible et d'en faire un absolu. La manne a été donnée aux hébreux pour les nourrir, or ils avaient déjà la parole qui est une nourriture, mais pour être vraiment efficace, il faut qu'il y ait un questionnement à côté d'elle. Si jamais on cherche dans la Bible des réponses, on ne trouvera pas la présence réelle de Dieu. C'est par les questions que l'on avance; c'est parce que la Bible nous questionne, c'est parce qu'elle nous dérange, que nous pouvons grandir et avancer.

La relation constructive et nourrissante à la Bible est de la questionner et d'être questionné par elle, de chercher la signification du texte aujourd'hui, de chercher pourquoi ce texte est ainsi.

 

3) Le bâton d'Aaron

La présence du Bâton d'Aaron est un souvenir de la révolte du peuple qui ne voulait plus du pouvoir des prêtres représentés par Aaron à la tête de la tribu des Lévites. (Nb 17). Le peuple disait alors, comme aujourd'hui d'ailleurs, « On n'a pas besoin de curés, de pasteurs, non plus que d'églises, de paroisses ; on a la parole de Dieu, et c'est suffisant ». Les protestants, dans leur révérence à la Bible, ont trop tendance à croire possible de se passer de toute Eglise. Mais dans le livre des Nombres, Dieu leur donne un signe en faisant fleurir le bâton du chef de la tribu des prêtres au milieu de tous les autres pour montrer qu'il tient bien à cette prêtrise.

La Parole de Dieu et le questionnement ne suffisent pas : la dimension communautaire de l'Eglise, l'importance de toute cette organisation qui comprend la paroisse, le temple, le culte, les sacrements, la communion, les pasteurs, tout cela représente un lien humain entre Dieu et son peuple, indispensable pour nous faire sentir la présence de Dieu.

Cela dit, c'est toujours la Parole de Dieu qui est première, la réflexion personnelle et l'Eglise sont ajoutés comme aides, mais ne sont pas autonomes. Cependant, le fait que la Parole de Dieu soit première ne veut pas dire que l'on puisse se passer des deux autres éléments.

Et ainsi, si nous portons avec nous toujours cette Arche bien remplie de ses trois éléments, nous avons cette présence de Dieu avec laquelle nous pouvons franchir tous les déserts, avec laquelle nous sommes en marche vers la Terre Promise, le pays où coule le lait et le miel, vers le pays de joie et de vie.

Louis Pernot