Il n'y a plus à attendre le Messie (le Christ )!
par Louis Pernot (janvier 06)
A Noël nous fêtons la venue du Christ dans le monde. Or «Christ» signifie «Messie». Dire que Jésus est le Christ, c'est dire que le Messie est venu et qu'il n'y a plus à attendre, nous sommes déjà dans les temps messianiques, les promesses de Dieu, en Jésus, sont réalisées. Or si les juifs attendent encore, certains chrétiens aussi. Ils attendent le retour du Christ, comme si le Christ n'avait pas encore accompli toute chose. Il est vrai que nous vivons dans une sorte de contradiction: nous disons croire que Jésus est le Christ, mais pourtant, il faut admettre qu'aujourd'hui, les promesses ne sont pas pleinement réalisées, tout n'est pas paix, justice et bonheur dans ce monde, et contrairement à ce qu'annonçait le prophète Esaïe (65:25), le lion ne broute toujours pas de l'herbe et le loup ne dort toujours pas avec l'agneau...
Or je crois que la question, ce ne devrait pas être d'attendre ou non, il n'y a pas à attendre. Les temps sont accomplis, c'est la bonne nouvelle de l'Evangile. Reste à savoir comment ce Royaume de Dieu peut et doit se réaliser sur notre Terre.
Ceux qui attendent un retour matériel du Christ font la même erreur que certains juifs qui ont crucifié Jésus, ils attendent une manifestation concrète et autoritaire de Dieu qui s'accomplirait d'elle-même, sans le consentement des hommes. Mais justement, Jésus n'a pas voulu répondre à cette attente. Il a montré que son Royaume n'est pas de ce monde, que la paix qu'il donne n'est pas politique, mais intérieure, que la richesse qu'il offre ne peut ni être volée ni rouiller, que s'il donne une lumière, elle ne se compte pas en Kilowatts, qu'il est bien une source d'eau, mais pas pour arroser les champs de maïs, plutôt pour nous abreuver intérieurement, et qu'il est bien un pain, mais pas pour arranger la famine dans le tiers monde, mais une nourriture spirituelle qui peut nous nourrir pour la vie éternelle.
Le Royaume de Dieu n'est pas à chercher dans une réalité extérieure, mais dans le domaine du spirituel. Le Royaume de Dieu ne s'impose pas et ne s'imposera jamais aux hommes. Il est offert, il s'est approché de nous. Mais il dépend ensuite de nous de l'accepter, de le mettre en nous, de l'accueillir, et ensuite de l'actualiser sur cette Terre.
Certes, ce peut être un peu décevant, nous aurions bien aimé que Dieu fasse tout le travail, qu'il rende tous les méchants gentils et les pauvres riches. Mais voilà, ça ne marche pas comme ça. Et tant mieux, parce que Dieu nous respecte, il attend de nous que nous participions à son oeuvre, que nous soyons ses collaborateurs.
Quant à Dieu, lui, il a accompli toute sa promesse, il nous donne en Christ la plénitude de la vie, de l'amour, de la foi, de l'espérance et de la paix. Il nous donne aussi la direction, nous savons par la révélation du Christ tout ce que doit être le Royaume. Il nous donne à la fois le programme et l'énergie nécessaire pour y arriver. Il accomplit toutes ses promesses pour nous, en Christ tout nous est donné pour que nous répandions ces bienfaits sur la Terre avec son aide.
Le Messie est venu, c'est juste à nous de l'accueillir. Le royaume de Dieu, il est là, à portée de main, il ne dépend que de nous d'y entrer, d'en vivre et de participer à sa croissance.
Quant à ce qu'annonçait Esaïe, cela paraît fou, et certes, ce n'est pas pour demain que les lions brouteront de l'herbe et seront amis des gazelles. Et Jésus n'a absolument pas cherché à domestiquer lesanimaux sauvages. Ce passage d'Ésaïe, on ne peut pas le comprendre autrement que symboliquement. On est alors conduit à comprendre que le loup que convertira le Messie c'est une part de nous-mêmes. On comprend que la venue du Royaume n'est pas une chose à laquelle on assiste en spectateur, mais une conversion qui nous est proposée.
L'Évangile ne s'adresse ni aux loups ni aux agneaux, mais à ce qui est loup et à ce qui est agneau en nous.
Nous avons en commun avec le loup des instincts qui nous gouvernent bien souvent. Ce qu'Ésaïe annonce et ce que vit Jésus, c'est d'être plutôt gouverné par l'Esprit de Dieu. Que notre vie ne soit pas programmée par les vieux instincts animaux, mais par l'Esprit. Ainsi, alors que l'animal est mû par un instinct de survie biologique, le Christ, lui, accepte de mourir par amour. Au lieu d'être guidé, par l'instinct de défense du territoire, il dit : le Fils de l'homme n'a pas de lieu où reposer sa tête. (Matt. 8:20). À la place de l'instinct de pouvoir et de domination, il dit : le plus grand parmi vous sera votre serviteur. (Matt. 23:11). Et au lieu du désir naturel de possession, les disciples de Jésus diront : nous avons tout quitté pour te suivre. (Matt. 19:27)...
L'Evangile est bien une réorganisation du monde, une réorganisation de notre vie, de notre rapport au monde et du rapport que nous pouvons avoir avec nos contemporains. C'est tout cela qui participe du royaume de Dieu, et ce Royaume progressera comme une réalité en genèse qui grandira en nous si nous l'accueillons vraiment.
Et ainsi, tout ce qui est loup et agneau en nous peut vivre différemment, vivre en paix et en harmonie si nous voulons bien être guidés par l'Esprit du Christ.
Réjouissez-vous, le Messie est venu, le Christ est venu et a accompli toute chose. Le royaume de Dieu, ce n'est pas pour demain, il est là, pour vous, en vous, si vous l'acceptez.
Marc et Louis Pernot