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Passons sur l'autre rive...

Jésus le nocher du Styx ?

Prédication prononcée le 11 septembre 2022, au temple de l'Étoile à Paris,
par le pasteur  Louis Pernot


Une récupération abusive ?

Jésus dit : « passons sur l’autre rive ». Ce verset, si souvent utilisé dans la tradition protestante lors de l’annonce du décès de quelqu’un, est sympathique, mais il pose problème. On peut se demander, en effet, s’il ne s’agit pas d’une récupération détournée d’un verset ne parlant absolument pas de cela. Dans le contexte de l’évangile, Jésus dit simplement à ses disciples « passons sur l’autre rive » comme indication géographique, il s’agit donc de la situation très triviale d’un Jésus qui dit simplement son intention de changer de lieu, ce qu’il va faire. A priori, pas là de réflexion métaphysique sur le fait que nous soyons appelés à mourir, ou que la mort serait juste le passage comme d’une rive à l’autre.

Mais peut-être n’est-ce pas si simple, et notre attention peut être mise en éveil si l’on voit que ce qui suit cette invitation est la traversée de la mer, avec l’épisode de la tempête apaisée. La traversée d’une mer, en soi n’est pas rien puisque la mer représente dans la Bible la mort, l’épreuve, la difficulté, le deuil. La mer, c’est tout ce qui peut menacer notre équilibre, notre joie de vivre, notre confiance. Et ainsi ce texte montrant Jésus faire traverser la mer à ses disciples n’évoque pas juste une croisière entre amis, mais parle de quelque chose de beaucoup plus profond : comment, ces disciples vont pouvoir traverser la mort et comment ils vont arriver à bon port.

Ainsi la suite de notre verset parle de tous ceux qui sont confrontés à des difficultés, et en particulier à ceux qui sont explicitement confrontés à la mort. Et donc ce passage sur l’autre rive en dit certainement plus que la simple évocation d’un changement de lieu.

S’il s’agit d’un être cher que l’on a perdu, ce passage sur l’autre rive n’est pas le passage de la vie à la mort, mais le passage de la vie à la vie en passant par la mort. Cette mer si tempêtueuse représente la mort et il y a donc la certitude qu’il y a de l’autre côté de la mer, de la mort, une autre rive existe où il y a de la vie et tant de rencontres que les disciples feront avec leur maître.

Et cette mention du passage par la mer en tempête peut aussi parler de l’expérience des endeuillés, en effet, les disciples, à qui s’adresse Jésus, ne sont pas morts, ils sont confrontés à la mort, et leur expérience peut ressembler à celle de ceux qui, subissant la mort d’un proche, vont passer par un état tumultueux dont ils se demandent s’il ne va pas les attirer eux-mêmes au fond de la mort. Cette situation de confrontation à la mort représentée par une tempête représente fort bien l’état émotionnel dans lequel sont ceux qui perdent un être cher, sorte de tempête où tout se brouille où on ne sait plus que faire. Evidemment qu’il faut interpréter symboliquement le récit de la tempête apaisée, matériellement, les disciples de Jésus était de bons marins, et certainement pas confrontés pour la première fois à une tempête sur le lac de Tibériade, mais dans tempête intérieure, ils ne savent plus quoi faire, ils se sentent perdus, ils ont l’impression qu’ils vont eux aussi périr, happés par cette mort qui les approche.

Ce qui va les sauver, c’est ce Jésus qui est présent, qu’ils ont emporté avec eux... mais qui dort. Cette image est précieuse et doit nous libérer : ne craignons pas, pour nous ou nos proches, si la foi est comme endormie, il vaut mieux une foi endormie qu’une absence de foi. Et quand Christ est présent dans une vie, même s’il n’est pas très actif, s’il est là, s’il est un familier des lieux, il pourra se réveiller quand il le faudra et qu’on le lui demandera. C’est la situation de beaucoup de nos catéchumènes qui, par leur catéchisme, ont une présence du Christ qui n’est pas forcément vive au moment de la confirmation, mais le Christ est présent dans leur barque, s’il dort sur un coussin, c’est-à-dire bien installé tranquillement à la poupe, tout est possible pour eux.

Mort et résurrection du Christ

Et puis, la mention de Jésus qui est dit dormir et être réveillé, est tout à fait intéressante parce que, là encore, on a un vocabulaire éminemment symbolique en rapport avec la mort et la résurrection. En effet, si la mer évoque la mort, le sommeil et le réveil sont les termes qu’utilise la Bible pour parler de la mort et de la résurrection. Ce Jésus qui dort, est donc un Jésus mort, et les disciples vont le réveiller. Le Jésus mort ne peut pas les sauver, mais quand ils le réveillent, alors il les sauve. Cela montre que la résurrection du Christ n’est pas un événement historique objectif face auquel nous serions confrontés comme automatiquement, mais la résurrection du Christ, c’est son réveil dans nos vies. Christ est mort, et s’il ressuscite en nous, alors nous avons la vie par lui. C’est le Christ réveillé, ressuscité, qui nous sauve.

La traversée du Styx

Mais il y a d’autres éléments incitant à penser que ce récit est bien plus que celui d’une aventure sur un lac, et touche à la question la plus fondamentale du passage de la mort à la vie. Quand Jésus dit : « passons sur l’autre rive », et qu’il traverse une mer tempétueuse, on est en fait dans une situation bien commue à l’époque du Christ, et essentielle tant dans la culture grecque et latine que dans la culture égyptienne avec des mythes, ou des croyances qui ont précédé notre évangile de 1000 ou 2000 ans et que les contemporains de Jésus avaient forcément en tête.

Dans la culture grecque, il y a le passage du Styx par ceux qui mouraient qui devaient traverser le fleuve des enfers et dont le nautonier Charron prenait dans sa barque ceux qui étaient suffisamment méritants, par leurs bonnes œuvres, leur pratique, leur religiosité, et leur permettait de traverser le fleuve de l’enfer moyennant un certain prix pour arriver au paradis. Plus près encore de la culture biblique est la tradition égyptienne. En Egypte, se trouvait une idée très semblable que le mort devait traverser un grand fleuve, une mer, un chaos originel, et pour cela il devait obtenir les faveurs du dieu Rê (ou Ra) et qu’il fallait pour cela une grande barque (On en a retrouvé une de plus plusieurs tonnes au pied de la grande pyramide). Il y avait alors une pesée des âmes pour déterminer qui méritait cette traversée, et le Dieu Rê permettait à l’âme pure de s’embarquer avec lui, de traverser la tempête du chaos originel pour arriver dans une forme de vie éternelle.

Il est évident, par la proximité qu’il y avait entre l’Egypte et les Hébreux, que les juifs connaissaient ce genre de discours. De toute façon, l’idée qu’après la mort il faille traverser quelque chose et que seul celui qui aurait certains mérites pourrait le faire est une idée assez naturelle. Les disciples n’auraient donc pas été étonnés que Jésus se présente comme le nautonier du Styx, comme ce dieu Rê qui prend dans sa barque celui qui doit traverser la mort pour le mener au paradis. Et pour nous, quand Jésus dit « passons sur l’autre rive » et qu’il fait traverser des hommes une eau tumultueuse grâce à une barque, immédiatement tous les signaux sont allumés, on sait de quoi il va s’agir. Ceux qui connaissent la tradition égyptienne attendent quelque chose qui va être en rapport avec cette piété populaire égyptienne. Mais voilà que les choses vont se passer très différemment, et le décalage qu’il y a entre l’évangile et le récit mythologique égyptien montre, d’une manière particulièrement pointue, quelle est la particularité et l’originalité de la prédication évangélique.

Passage pour les vivants et non les morts

Tout d’abord, quand Jésusl dit « passons sur l’autre rive », il ne s’adresse pas à des morts, ou à des mourants mais à des vivants, et c’est eux-mêmes qui seront confrontés à du chaos et à des puissances mortifères et qui parviendront à passer sur l’autre rive... sans mourir. Ils passent de la vie à la vie en passant par un chaos certes, mais sans mourir. Le message ne concerne donc pas l’après mort terrestre, mais une expérience devant avoir lieu au cours de cette existence même. C’est absolument essentiel et va tout à fait dans le sens de la pensée biblique qui, depuis les origines des textes que nous avons, invite plus à se préoccuper de sa vie que de sa mort.

La question, pour l’ancien Testament, est non pas comment ressusciterons-nous, et dans quelles conditions, mais comment pouvons-nous aujourd’hui vivre comme il le convient, de la meilleure manière qui soit. Cela fait qu’il n’y a pas, ou pratiquement pas dans l’ancien Testament de parole concernant l’au-delà, la résurrection des morts, le paradis ou l’enfer, tout cela qui préoccupait infiniment les Egyptiens avec lesquels ils ont vécu 400 ans. C’est pourtant une tendance générale de la piété populaire de vouloir imaginer que nos morts vivent dans un autre lieu, qu’on les retrouvera, qu’ils seront dans une sorte de félicité éternelle. Et ce désir fondamental d’un au-delà associé à une sorte de crainte possible d’avoir fait du mal et d’être envoyé en enfer, est une tentation populaire voire populiste qui revient sans cesse à l’assaut dans la religion, et qui est revenue s’immiscer comme une pollution dans la théologie chrétienne, contre toute la tradition biblique qui n’a eu de cesse de vouloir dépréoccuper le croyant de sa mort pour le recentrer sur sa propre vie. Que l’on regarde sur les tympans de nos cathédrales, ces scènes extraordinaires du jugement dernier avec les pécheurs réprouvés menés en laisse par le diable qui les emmène dans la fournaise, et les saints, les bienheureux qui sont avec les anges, l’air béats (et de s’ennuyer un peu, il faut le dire...). C’est une tentation de la théologie chrétienne qui est remontée et qui remonte sans cesse.

La Réforme a su, d’un coup, remettre à l’écart cette question de l’après mort par la doctrine de la prédestination, certes critiquable et voire fausse, mais tellement efficace. Il s’agissait juste de dire aux gens d’arrêter de vouloir faire son salut, de vouloir mériter son paradis, de craindre l’enfer ou de se préoccuper sans cesse de l’au-delà et de l’après la mort, Dieu, ce Dieu tout-puissant, infiniment bon, et bienveillant s’était déjà chargé de tout. Le salut est offert, tout est réglé d’avance par le Christ. Cessons de nous préoccuper de cela. La seule question, comme cela était dans l’ancien Testament, restant de savoir de savoir comment vivre aujourd’hui. Comment vivre, non pas pour gagner le ciel ou le paradis puisqu’il est déjà donné, mais pour que notre vie soit un chant d’action de grâces et de reconnaissance pour ce salut qui nous est offert.

Un nautonier bien généreux

Et donc Jésus aurait très bien pu reprendre cette vieille idée populaire, égyptienne, de la traversée du chaos originel et se présenter comme le dieu Rê permettant à ceux qui lui serait fidèles d’arriver sur l’autre rive, c’est-à-dire au paradis. Mais ça ne se passe pas comme ça, puisque d’abord il s’adresse aux vivants et non pas à ceux qui seraient à l’article de la mort, et ensuite, parce qu’il ne met aucune condition à l’accès à cette traversée. Il ne dit pas : « ceux qui seront justes, qui auront cru en moi pourront traverser », mais il appelle toute la foule : « venez, passons sur l’autre vie ». La foule entière est invitée, bons ou mauvais, croyants ou incroyants, ceux qui ont des certitudes et ceux qui ont des doutes. D’ailleurs, ceux que Jésus fera traverser le chaos épouvantable de la tempête, les disciples, la première chose que Jésus leur dira : « gens de peu de foi ». Il ne leur dira pas qu’ils sont formidables, et qu’ils auraient mérité son aide, il insiste sur leur manque de foi ! Le salut n’est même pas par la foi, mais par grâce seule. La foi n’est ni un mérite ni une condition. Ceux qui sont montrés en exemple comme ayant traversé le Styx avec ce grand nautonier qui est le Christ sont présentés comme étant des gens tout à fait ordinaires. Message d’une universalité extraordinaire, accueillant tout le monde sans condition de qualité, de foi, de piété, de croyance, d’observance ou de pratique, simplement par un appel, et sont sauvés tous ceux qui acceptent de répondre à cet appel : « venez, passons sur l’autre rive ». Oui Seigneur, j’y vais !

Le salut est donc universel... Et l’aide qu’apporte le Christ à tous ceux qui se sentent dans la tempête est aussi offerte à tous. Cela peut se comprendre donc non pas pour le passage à l’autre monde, mais pour nous ici-bas, et cela est conforme à un grand mouvement de pensée présent dans le nouveau Testament, où il est question de la résurrection, non pas comme un événement à venir, mais comme quelque chose à expérimenter de son vivant, « si vous êtes ressuscités avec Christ, dit Paul, cherchez les choses d’en haut » (Col 3:1), et Jésus, d’après Jean, dit « celui qui croit en moi il a la vie éternelle » et non pas « il aura ». La question n’est donc de savoir si on ressuscitera après notre mort physique, mais comment ressusciter ici-bas, dès aujourd’hui. Cette résurrection à laquelle nous sommes appelés peut se comprendre de deux manières.

Résurrection

D’abord, même pour les incroyants, d’une façon très psychologique comme celle évoquée tout à l’heure, le Christ peut nous aider à nous relever de toutes les situations chaotiques dans lesquelles nous nous trouvons, chaque fois que nous sommes confrontés à de la crainte, à de la peur, du deuil, de la tristesse, le Christ peut nous aider à traverser cela, sans dommage. Tant qu’il est avec nous dans la barque, et même s’il dort, tant qu’il est sur le coussin, il est devant, bien placé.

L’autre résurrection qui est la nôtre, c’est celle qui est évoquée dans l’évangile de Jean (Ch. 3) avec le dialogue entre Jésus et Nicodème, où il dit qu’il ne suffit pas de vivre de chair et de sang, mais qu’il faut naître d’en haut et d’esprit. Ou comment, de notre vie terrestre, peut naître cette dimension spirituelle qui est d’un autre ordre, qui est la nouvelle naissance, et que Paul appelle la résurrection. En effet, quand on cesse de ne vivre que pour soi, mû par l’égoïsme, le succès personnel, le plaisir personnel, l’auto-centrement et le développement de sa petite personne, quand on découvre par l’Evangile le sens du don, le sens du sacrifice, le sens d’une vie qui se donne pour les autres, alors on naît à une vie nouvelle, qui est une vie infiniment plus belle que la précédente et infiniment plus joyeuse. Une vie de paix, de tranquillité, comme la terre ferme où vont arriver les disciples grâce à Jésus. Et cela aussi est une invitation que Jésus nous donne : « Venez, vous-là qui est sur le bord, vous êtes sur le bord de l’eau, venez, passons sur l’autre vie, je vous invite à passer à un autre mode de vie, à changer votre logique d’existence, à transformer l’option, l’orientation, la direction de votre vie pour que vous accédiez à une vie nouvelle ».

Certes, le texte ne dore pas la pilule et il dit bien que cela ne va pas être simple. On peut bien vouloir passer sur l’autre rive, mais cela peut se faire par des tempêtes, dans cette démarche vers Dieu, on peut passer par des moments où l’on se croit abandonner par lui. Le Christ lui-même a vécu cela quand il a dit sur la croix « mon Dieu mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné » (Matt. 27:46). Mais tant que le Christ est présent, qu’il dorme ou qu’il veille, il calmera nos tempêtes, et il nous mènera à bon port.

Les disciples prennent peur, ils se croient abandonnés par Jésus. Ils manquent de foi et Jésus le leur dira brutalement. Mais c’est quand même dans ce manque de foi qu’ils vont en appeler à lui. Leur foi n’était donc pas totalement absente, juste endormie, comme leur Jésus. Nous sommes tous souvent ainsi, avec un mélange de foi et de non foi. Et nous pouvons dire à Jésus comme le père de cet enfant malade dans l’évangile de Marc : « je crois Seigneur, viens au secours de mon incrédulité » (Marc 9:24). Dans ma foi, il y a de l’incroyance. Et dans mon incroyance, il y a un peu de foi. Et c’est cette étincelle de foi au milieu de mon manque de foi qui peut me sauver, parce qu’elle est comme le brin de corde qui me relie à mon sauveur et auquel je peux m’attacher de toutes mes forces. Lui tiendra bon si je sais le saisir.

Des questions

Ensuite, il y a certes des tempêtes, et nous nous y attendons, Jésus peut nous aider dans ces situations, mais d’après le texte, ce n’est pas tout, et la tempête étant apaisée, les disciples n’arriveront à bon port sur la terre ferme qu’après être passés par trois questions.

D’abord, Jésus qui leur dit : « Pourquoi avez-vous peur ? ». On peut le comprendre en reprenant l’ordre psychologique, comme un appel à essayer de discerner ses peurs, ses craintes. Nommer, cerner désigner ses peurs peut permettre d’être plus fort pour les surmonter. Ce peut être aussi un appel à la confiance, en effet, quand Jésus dit « pourquoi avez-vous peur », il sous-entend, « vous n’avez aucune raison d’avoir peur », et si vous avez peur, c’est parce que vous êtes « encore » dans une foi trop faible, le « encore » sous entendant que cette confiance en Dieu est juste appelée à grandir. Il n’y aurait donc pas de raison d’avoir peur, ni d’être angoissé, et ce pour deux raisons : soit parce que l’on peut découvrir que ce dont nous avions peur, en fait, est relativement peu de choses et pas très essentiel, l’essentiel qui est invisible pour les yeux nous est acquis. N’ayons pas peur, tout va bien ! Soit parce que nous avons confiance en Dieu, et par conséquent, n’ayons pas peur, parce que Dieu a d’avance, lui, tout prévu, et prend en charge l’ensemble de notre existence et nous mènera à bon port.

La deuxième question est : « n’avez-vous pas encore la foi ? », c’est un appel à rechercher ce petit reste de foi qui est en nous pour construire dessus et le faire grandir.

Et enfin, la question que se posent eux-mêmes les disciples : « qui donc est celui-ci car même le vent et la mer lui obéissent ». C’est un appel à voir enfin et à admettre qu’il y a une réelle puissance de vie dans le Christ.

Le texte ne donne de réponse à aucune de ces questions. L’important n’est sans doute pas là, mais dans le simple fait de se questionner ainsi.

Dans tous les cas, Jésus permettra à ces individus, ni bons, ni meilleurs, ni pires que nous, à ces individus de peu de foi qui ont mis Jésus quelque part dans leur barque d’être sauvés. Jésus était avec eux, ils l’avaient mis coussin quand même pour qu’il dorme mieux... qui ne fait comme ça : on aime bien Jésus mais il faudrait quand même qu’il ne nous dérange pas trop ! Ces disciples arriveront à bon port, ils seront bousculés, certes, parce que la vie de l’Evangile n’est pas nécessairement une vie de tranquillité, il y a des combats à mener, des situations difficiles auxquelles on peut être confronté. Et puis il faut accepter également d’être questionnés par l’Evangile, par le Christ. Mais finalement il y a là une bonne nouvelle incroyable qui est que dès que l’on accepte cette invitation : « passons sur l’autre rive », qu’on embarque avec Jésus, qu’on sait le réveiller au bon moment, et qu’on se laisser poser ces trois questions alors Jésus nous permet d’arriver en sécurité.

Jésus le grand passeur

Et enfin, Jésus ne dit pas vraiment « passons sur l’autre rive », mais littéralement : « passons au-delà ». Il invite avant tout à « passer » ce qui est une thématique essentielle dans la Bible où ce verbe se dit « avar » ce qui a donné au peuple de la Bible son nom : « Everi », les « hébreux ». Les hébreux sont le peuple du passage, il est le peuple qui a traversé la mer Rouge, puis le désert, qui a traversé tant d’épreuves, tant de défaites, mille choses difficiles et angoissantes. Et qui pourtant, sort toujours victorieux intérieurement. Les hébreux sont le peuple du passage et Jésus nous invite à être des hébreux, c’est-à-dire des gens qui passent. Qui passent d’une chose à l’autre, qui vont toujours au-delà des apparences, qui se projettent vers un avenir. Et Jésus, s’il n’est ne nocher du Styx est au moins le grand passeur, parce qu’avec lui, on peut passer, avancer, ne jamais rester bloqué, coincé sur une situation mortifère. Passer est le contraire de l’immobilité. L’immobilité, c’est la mort. Passer, c’est évoluer, c’est changer, c’est aller de ce qu’on était à ce que l’on veut être, c’est se mettre en route, et avec Jésus, nous le pouvons. Quand on est dans le deuil, il nous fait passer à la consolation, dans la peur il nous fait passer à la confiance, dans le sentiment de notre misère, de notre péché, il nous fait passer au sentiment du pardon et de la grâce. Jésus nous aide chaque fois à passer les caps difficiles, les tempêtes qui se présentent dans notre vie pour nous amener sur l’autre rive, vers la terre ferme, terre promise où coulent le lait et le miel.

Louis Pernot

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Marc 4:35-41

35Ce même jour sur le soir, Jésus leur dit : Passons sur l’autre rive. 36Après avoir renvoyé la foule, ils l’emmenèrent dans la barque où il se trouvait, et il y avait aussi d’autres barques avec lui. 37Il s’éleva une forte bourrasque, et les vagues se jetaient dans la barque au point qu’elle se remplissait déjà. 38Et lui, il dormait à la poupe sur le coussin. Ils le réveillèrent et lui dirent : Maître, tu ne te soucies pas de ce que nous périssons ? 39Il se réveilla, menaça le vent et dit à la mer : Silence, tais-toi. Le vent cessa et un grand calme se fit. 40Puis il leur dit : Pourquoi avez-vous tellement peur ? Comment n’avez-vous pas de foi ? 41Ils furent saisis d’une grande crainte et se dirent les uns aux autres : Quel est donc celui-ci, car même le vent et la mer lui obéissent ?

Jean 3:3-7

3Jésus lui répondit : En vérité, en vérité je te le dis, si un homme ne naît de nouveau il ne peut voir le royaume de Dieu. 4Nicodème lui dit : Comment un homme peut-il naître quand il est vieux ? Peut-il une seconde fois entrer dans le sein de sa mère et naître ? 5Jésus lui répondit : En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. 6Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est esprit. 7Ne t’étonne pas que je t’aie dit : il faut que vous naissiez de nouveau.

 

 

Marc 4:35-41