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56, avenue de la Grande-Armée, 75017 Paris

Pour voir le Christ ressuscité... allez dans le jardin

par Louis et Marc Pernot (avril 2002)

 

Un élément curieux dans les récits de résurrection du Christ, est que tout se passe dans un jardin : "il y avait un jardin dans le lieu où Jésus avait été crucifié, et dans le jardin un tombeau neuf, où personne encore n'avait été mis. Ce fut là qu'ils déposèrent Jésus" et un peu plus loin "Jésus dit à la femme : «pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ?» Et elle, elle pensa que c'était le jardinier". Nous voyons dans ce texte de Jean que le Christ est crucifié, dans un jardin, qu'il est ressuscité dans un jardin, et enfin, que le Christ ressuscité a l'apparence d'un jardinier. Il y a ici une insistance remarquable avec ces trois mentions du jardin.

Or un jardin, pour quiconque lit la Bible, cela évoque en particulier le jardin d'Éden, le jardin du commencement de la vie dans lequel Adam et Ève étaient dans une relation idéale avec Dieu.

L'Évangile de Jean associe la mort et la résurrection du Christ avec le jardin d'Éden. Et nous comprenons ainsi mieux cette curieuse mention des deux anges qui sont vus par Marie au tombeau de Jésus. Ces deux messages de Dieu rappellent ceux qui gardent la porte du jardin d'Éden selon la Genèse.

Marie est ainsi alors à la porte du paradis, et elle nous montre que cette porte est précisément le Christ lui-même : entre ces deux anges, il y avait le Christ ; plus précisément il y avait le Christ ressuscité, puisque le Christ n'est plus là. C'est donc ce Christ ressuscité qui est la porte du paradis. C'est lui qui nous permet d'entrer dans le paradis, dans le Royaume de Dieu, et de manger de l'arbre de la vie qui est au centre du jardin.

Et ainsi nous voyons que la mort et la résurrection du Christ ont pour nous une importance fondamentale. Cela nous montre comment, en passant par le Christ, nous pouvons entrer dans le Jardin d'Éden, comment aujourd'hui même nous pouvons être avec le Christ dans le Paradis. C'est d'ailleurs la promesse que Jésus fait sur la croix à un homme crucifié à ses côtés: «aujourd'hui tu seras avec moi au Paradis.» C'est ce qu'il nous propose de vivre.

 

Qu'est-ce que cela veut dire d'entrer au paradis ?

Le jardin d'Éden signifie le jardin des délices. Le Christ est ainsi concrètement celui qui nous permet d'avoir une joie véritable et une paix que rien d'autre en ce monde ne peut donner.

Par ailleurs, au milieu de ce jardin, il y a l'arbre de vie, selon la Genèse. Si donc, grâce au Christ ressuscité, nous entrons dans ce jardin de délice nous pouvons enfin découvrir et manger cet arbre spécial qui donne la vie éternelle.

Cet arbre de vie que nous pouvons manger, il est clair que c'est le Christ lui-même. Il nous offre la vie éternelle, cette vie qui est supérieure à toute question matérielle. Cette vie qui transforme en profondeur tout ce qui peut arriver de bon ou de douloureux dans notre existence, cette vie qui est même supérieure à la mort de notre corps. La vie dans le paradis, dès maintenant, aujourd'hui.

Si donc nous sommes entrés dans le jardin, si nous sommes au centre du jardin aux pieds de la croix du Christ, il nous faut encore manger l'arbre de vie, c'est-à-dire nous approcher du Christ et manger ce qu'il nous donne pour nous faire vivre. Il nous offre de manger "le pain de vie" (ses paroles, sa vie, sa façon d'être en relation avec Dieu et ses frères et soeurs): Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang demeure en moi, et je demeure en lui, celui-là a (dès maintenant) la vie éternelle; et je le ressusciterai au jour ultime. (Jn 6:54-56).

Le Christ est l'arbre de vie que nous découvrons dans le jardin de la présence de Dieu, et cet arbre nous est donné pour que nous le mangions, pour qu'il devienne notre force et qu'il réjouisse notre palais comme un délicieux agneau pascal. La Sainte Cène nous rappelle utilement, mois après mois, cette idée centrale dans les évangiles : il est bon pour nous de manger régulièrement l'arbre de vie qu'est le Christ.

Cet arbre est au centre du jardin, nous dit la Genèse. Un antique commentaire interprète cela en disant que l'on peut approcher de l'arbre de vie en venant de toutes les directions. Il y a donc une multitude d'approches possibles du Christ. Il n'y a pas une unique théologie valable, ni une unique façon de prier ou de rendre un culte à Dieu qui serait la seule clef de la vie éternelle.

Alors, approchez le Christ comme vous le voulez, mais approchez-vous de lui pour recevoir la vie. Vous pouvez comprendre la résurrection du Christ comme vous voulez, en prenant les récits de Matthieu, Marc, Luc, Jean ou de Paul plus ou moins au pied de la lettre, plus ou moins charnellement ou spirituellement. Mais l'essentiel, c'est que vous croyez qu'en Christ il y a quelque chose à recevoir pour vous, qui est la clef d'une dimension éternelle à votre existence.

Voilà donc ce que change la résurrection du Christ : sans le Christ et sans sa résurrection, nous resterions en dehors du jardin. Nous n'aurions pas cette nourriture qui nous donne la vie. Alors que par le Christ nous sommes dans ce jardin, et nous avons la vie.

Louis et Marc Pernot