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56, avenue de la Grande-Armée, 75017 Paris

L'assomption de Marie

Lire: Psaume 18:2-20 ; Matthieu 16:24-17:4a ; Matthieu 20:17-19

Prédication du 15 août au temple de l'Etoile à Paris par pasteur Louis Pernot.

Le 15 août, pour un certain nombre de chrétiens est une importante fête religieuse : l'Assomption. Comme protestants, nous n'avons pas grand chose à dire sur l'Assomption de Marie puisqu'il n'y a pas texte biblique qui en parle.

L'assomption de Marie a été officiellement promulguée assez récemment, en 1950, par le pape Pie XII. Il a déclaré que la vierge n'est pas morte comme tout le monde, mais que, comme le Christ a été au ciel à l'Ascension, sa mère a été également ressuscitée et enlevée au ciel, corps et âme. C'est l'Assomption de Marie.

Alors qu'est-ce que l'on peut en dire ? Chacun est libre de croire ce qu'il pense être vrai. Et personne ne pourra jamais prouver qu'un tel événement a eu lieu ou n'a pas eu lieu dans l'histoire puisque aucun texte ne parle de l'assomption, ni de l'immaculée conception de Marie avant le 7e siècle.

Mais, l'idée d'assomption n'est pas sans intérêt, loin de là. En effet, le mot d'assomption se trouve effectivement dans la Bible, ou plus exactement le mot traduit en latin par assomption se trouve dans le texte de la Bible, à plusieurs reprises. L'assomption, c'est quand un croyant est " saisi " par Dieu, comme s'il nous prenait par la main pour nous soulever, nous "élever". Cette assomption-là, nous pouvons en parler car elle fait partie de la théologie biblique. Nous pouvons nous y intéresser, elle nous concerne directement, car la Bible parle de nous quand elle dit que tel ou tel croyant a la chance d'être élevé par Dieu.

C'est cette assomption que chante David au Psaume 18 en ces mots: " L'Éternel étendit sa main d'en haut, il me saisit, Il me retire des grandes eaux; il me délivre de mon adversaire puissant et de mes ennemis qui étaient plus forts que moi. Ils m'avaient surpris au jour de ma détresse ; mais l'Éternel fut mon appui. "

Quand nous sommes au plus bas, que ce soit de notre faute ou le fait du hasard, ou de la maladie, ou d'inondations, ou de guerres... quand nous sommes en train de couler, l'Éternel nous saisit pour nous relever. Et même quand nous nous détournons loin de lui, il ne nous abandonne pas pour autant, nous dit la Bible, il descend et il tend sa main pour nous en sortir. C'est cette assomption-là que nous promet la Bible. À nous tous.

Cette promesse n'est pas une blague, bien des croyants peuvent témoigner que cela est vrai.

Dans l'Évangile selon Matthieu nous avons entendu 2 exemples où le Christ prend ses disciples pour les faire monter, où il les " assomptionne ":

  • Au chapitre 17, le Christ prend Pierre, Jacques et Jean pour les faire monter sur la montagne.
  • Au chapitre 20, le Christ prend les 12 apôtres pour les faire monter à Jérusalem.

Or, la montagne évoque dans la Bible la présence de Dieu, c'est un lieu où l'Éternel parle, où on l'entend, où nous sommes plus proches de lui. Un lieu où nous sommes déjà un peu dans le Royaume de Dieu.

Jérusalem et son Temple évoquent un peu la même chose que la montagne c'est-à-dire la présence de Dieu au milieu de son peuple dans ce monde. Cela évoque le fait que Dieu choisit de descendre à notre niveau pour être présent au milieu de nous, en nous, dans cette humanité qu'il aime malgré toutes ses limites et ses erreurs.

Le Christ propose ainsi aux disciples de les faire monter ainsi. Aujourd'hui, le Christ nous rejoint là où nous sommes pour nous élever un peu plus, pour nous faire monter plus près de Dieu.

Nous voyons dans ces textes qui parlent de l'assomption 2 choses essentielles que nous apporte la foi :

  • avec le psaume, nous voyons que Dieu nous relève dans la détresse,
  • avec l'Évangile, nous voyons qu'en dehors de tout moment difficile, Dieu nous permet d'aller plus haut.

Le secours de la foi est bien réel. Dans, la maladie, le deuil, la vieillesse, la tentation... la foi permet de s'élever au-dessus de tout ce qui peut nous arriver de mauvais. Ce n'est pas que la foi porte chance mais elle permet de vivre dans tous les cas. La foi nous permet de recevoir de Dieu une force, un secours et une consolation qui sont loin au-delà de ce qui est à la portée des simples forces humaines.

Mais ce n'est pas tout. La foi n'est pas qu'une assurance contre le malheur. Dans les 2 textes de l'Évangile que nous avons entendu, les disciples ne sont pas particulièrement en difficulté, mais le Christ leur permet de monter plus haut. Dans la joie, dans la paix et le bonheur, la foi apporte encore quelque chose. Elle apporte encore plus de vie.

Bien sûr, aucun homme ne peut s'élever au-dessus de la condition humaine par ses propres forces. En prenant mon élan peut-être que j'arriverai à sauter par-dessus un mur de 2 mètres de haut mais s'il y a un mur vertical et lisse de 4 mètres, cela n'est pas humainement possible. Il faudrait que quelqu'un me fasse la courte échelle ou que je grandisse tellement que je puisse enjamber ce grand mur. Dans la Bible, nous voyons que Dieu fait cela pour nous. Il tend la main pour relever David. En Christ, il tend la main pour faire monter les apôtres plus haut.

Dieu ne cesse de vouloir faire cela pour chacun de ses enfants. Mais il ne peut pas l'imposer. Il faut la prière de David, il faut la foi des disciples en Christ pour que Dieu puisse les prendre et les faire monter, (ou remonter).

C'est une bonne chose de croire que Dieu existe, qu'il peut apporter quelque chose, qu'il est bon, c'est utile de croire ça mais ce n'est pas suffisant en soi. L'intérêt ce n'est pas de le croire, mais de l'expérimenter.

Être chrétien non pratiquant, c'est comme avoir chez soi un escalier dans sa maison et ne pas être pratiquant... et bien on reste à la cave tous les jours, c'est alors comme si la maison n'avait pas d'étages ensoleillés et confortables au-dessus. D'ailleurs, cette expression " chrétien non pratiquant " me semble étrange. Ce serait bien plus court et bien plus clair de dire tout simplement " je suis athée ". Puisque celui qui ne prend pas le temps de penser à Dieu, littéralement, celui-là vit comme s'il était " sans Dieu ", et c'est exactement cela que veut dire le mot a-thée.

Il existe des gens qui n'ont aucun désir de s'élever un peu véritablement. C'est triste, et il est probable que ces gens ne seront pas très intéressés par la foi. Le Christianisme est pour ceux qui veulent monter sur la montagne, ceux qui veulent quelque chose de plus dans leur vie que leur petit boulot, leur petite maison, et leurs petites vacances, et leur grande télé. Tout cela est bon et agréable, mais chacun de nous vaut bien plus que cela. Nous sommes destinés à infiniment plus que ça. Et c'est dans le Christ que l'on peut trouver ce plus.

Le Christ aide ceux qui le suivent à monter sur la montagne, pour les élever jusqu'à la présence de Dieu. Voilà son ambition pour nous : d'être élevé vraiment très haut, de connaître chaque jour un peu plus une véritable assomption.

Dans l'Évangile selon Jean, Jésus nous dit que nous pouvons " naître d'en haut ", et que cela transforme notre existence limitée en lui donnant une dimension d'éternité. C'est en réalité simple et concret. Jésus est cette présence de Dieu, cette main tendue de Dieu qui, par amour, est à la recherche de chacun en particulier pour le faire passer par-dessus les obstacles et l'élever plus haut, vers Dieu et avec Dieu.

Notre nature est bonne, mais elle est évidemment limitée. Nous avons conscience d'avoir des défauts et des désirs que l'on ne peut satisfaire, d'être souvent arrêté ou même diminué par l'échec, par la difficulté que nous avons à nous dominer nous-mêmes, par nos forces qui nous trahissent.

Et bien la bonne nouvelle de l'Évangile c'est que Dieu nous fait passer par-dessus les barrières. Pour lui, aucun de nous n'est fait pour l'échec, mais pour la victoire. Aucun de nous n'est voué au néant, mais chacun est fait pour le bonheur et pour la vie, pour une vie plus forte que la mort.

Pourtant, cela est tout à fait hors de portée de notre nature.

Le Christ vient nous prendre tels que nous sommes, au pied de la montagne, il va nous chercher jusque dans les vallées obscures ou les plaines où nous tournons en rond. Il nous propose de le suivre, et alors nous pouvons monter, puis découvrir une réalité nouvelle, supérieure, plus proche de Dieu.

Voilà l'assomption du croyant dans la Bible.

Selon le dogme catholique, la Vierge Marie n'a pu mourir car elle est sans péché, elle devait donc monter au ciel miraculeusement dans une assomption.

C'est cela aussi qui nous est promis dans l'Évangile, c'est que Dieu ne retient pas contre nous tout ce qui ne va pas, mais il nous reconnaît comme son enfant bien-aimé. Oui, nous, humbles humains, nous sommes tous pécheurs, tous imparfaits, limités et mortels. Mais notre gloire, c'est l'amour de Dieu qui nous prend tels que nous sommes, il trouve que nous vallons la peine qu'il descende vers nous pour nous tendre la main en Christ. Il est la présence de Dieu qui tend sa main vers nous pour nous relever et nous faire monter.

Encore faut-il vouloir s'élever. Le Christ ne ligote pas ses disciples pour les jeter dans la benne d'un camion qui les déchargerait au sommet de la montagne. Non, il leur propose de le suivre vers le haut pour entrer en présence de Dieu.

Les disciples se sont donc d'abord arrêté 2 minutes dans leurs activités pour écouter ce que Jésus avait à leur dire.

Puis ils ont pris la peine d'essayer, de le suivre sans trop savoir où ils allaient, parce que c'était lui.

Ils ont dû aussi bouger les pieds pour monter jusqu'en haut, ce n'est pas l'Everest, mais quand même, ils l'ont fait. Et ils sont arrivés là où nul ne peut aller par ses propres forces.

S'il y a un quelqu'un qui a été au ciel et qui a vu Dieu, c'est le Christ et le Christ seul, nous dit l'Évangile. C'est lui qui nous élève vers Dieu, C'est lui que nous voulons suivre.

Il est le Chemin, la vérité et la vie.

Personne ne va au Père que par lui.

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Ps.18:2-20, Matt. 16:24-17, Matt. 20:17-19