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Le prologue de Jean: les clés de tout (re)commencement

Prédication prononcée le 29 juillet 2018, au temple de l'Étoile à Paris,

par le pasteur Louis Pernot

L’évangile de Jean s’ouvre par un prologue célèbre et magnifique, il commence par ces deux mots pleins de sens : « Au commencement ». Cette idée même de commencement est une formidable ouverture : il y a dans le texte qui suit la clé de tout un monde qui s’ouvre, le point de départ d’une réalité nouvelle et le prologue va donc en donner la clé. C’est là que l’on va pouvoir trouver le fondement de toute vie possible, de tout le meilleur qui peut nous arriver et que nous pouvons trouver.

Ces deux mots, et cela n’a échappé à personne, sont les mêmes que ceux qui ouvrent le livre de la Genèse : « Au commencement Dieu créa le Ciel et la Terre... ». Nous avions alors la création du monde matériel, ici, dans Jean, nous avons donc une nouvelle création, la création d’un monde nouveau qui est celui de l’esprit. C’est là que se joue même notre humanité parce que si nous sommes nés de chair et de sang comme tout mammifère, nous avons une autre dimension qui est la dimension spirituelle, et nous sommes appelés à découvrir et à développer cette autre dimension de l’invisible qui est en nous. C’est cela dont va parler l’Evangile de Jean
Nous avons en effet une vie matérielle, nous naissons, nous grandissons, nous vieillissons et mourrons... et tout ça pour quoi ? Pour perpétuer l’espèce comme le font les animaux sauvages ? Et entre temps, nous mangeons, nous nous distrayons, nous travaillons peut-être, ou nous sommes au chômage et cherchons un emploi, ou à la retraite... Nous avons des loisirs, si nous sommes en bonne état, nous pouvons profiter de notre santé physique, si nous sommes malades, alors nous devons passer notre temps à soigner ce corps par des examens, des hospitalisations, des interventions... et tout ça pour quoi ? Tout ça qui mène à quoi ? Cette dimension matérielle, corporelle de notre vie n’est ni bonne ni mauvaise, mais ne mène à rien, il y a la nécessité de trouver une autre dimension, une profondeur dans notre existence qui soit au delà des chances ou malchances matérielles, dimension qui touche à l’éternité.

L’Evangile de Jean tourne autour de cette question avec en particulier le dialogue entre Jésus et Nicodème où notre Seigneur lui explique qu’il ne suffit pas pour un homme d’être né physiquement, mais qu’il lui faut aussi naître de nouveau et d’en haut, sinon il n’est qu’une bête qui passe. Le prologue de Jean nous donne les clés de cette nouvelle naissance, de la nature et de la possibilité même d’accès à cette nouvelle dimension, cette nouvelle création qui s’ouvre par un nouveau commencement.

Ce commencement n’est pas une seule fois chronologique dans notre existence, mais c’est une puissance créatrice de renouveau perpétuel qui nous est donnée en Dieu. La foi peut apporter dans notre vie une création nouvelle, et être sans cesse une source possible de renouveau, de résurrection, elle peut apporter du neuf, redonner la vie, en Dieu nous avons accès à une puissance de vie nouvelle pouvant nous aider à retricoter notre vie quand même elle semble partir en chaos. Une illustration saisissante de ce que Dieu peut apporter dans une vie est la vision d’Ezéchiel 37 avec les ossements desséchés. Parfois en effet on peut avoir le sentiment que sa vie n’est qu’un désert, un champ de ruines, des ossements desséchés éparpillés dans un soleil brûlant. Mais en Dieu, nous avons la puissance d’une vie possible, notre foi en Dieu peut recréer une vie nouvelle, nous aider à remettre des tendons entre ces membres démembrés, remettre de la chair, de la vie autour de toute cette mort. Dieu peut nous recréer et nous redonner vie au delà de tout ce que le monde matériel a pu ou peut m’imposer.
Et c’est ça la bonne nouvelle du prologue de Jean : « au commencement », il nous place devant un commencement possible et pas dans des conséquences inéluctables et morbides. Ma vie n’est pas que de subir ce que m’impose les conditions passées, mais peut être un commencement, le départ d’une vie nouvelle, le tremplin vers quelque chose de neuf auquel Dieu m’invite. Cela est dit par cette expression galvaudée, mais finalement pas si mauvaise : « aujourd’hui est le premier jour du reste de votre vie ». Mais il ne suffit pas de le dire pour que ce soit vrai, il faut comprendre comment cela peut devenir vrai et pour cela il faut avoir une autre source que celle de notre vie matérielle qui n’est faite que de causes et de conséquences enfermant dans une sorte de déterminisme incontrôlable ou aujourd’hui semble déterminé par ce que je suis matériellement, et par tous les événements passés dont je ne peux me défaire. C’est donc bien en Dieu seul que je peux avoir cette liberté et cette radicalité d’un nouveau départ, d’une nouvelle création.

C’est pour cela que les chrétiens normalement fêtent le jour du Seigneur, le dimanche comme le premier jour de la semaine. Nos calendriers français ont tort de mettre le dimanche comme le dernier jour. Le septième jour, c’est le sabbat, le samedi. Dimanche est le jour de la résurrection, le premier jour de la semaine comme le dit l’Evangile, c’est l’ouverture d’une nouvelle semaine, d’un monde nouveau. Les calendriers américains ont conservé cette tradition chrétienne de commencer les semaines par le dimanche et c’est bien mieux. En effet, le jour du Seigneur n’est pas une sorte de récompense après avoir bien travaillé, mais une grâce première offerte inconditionnellement pour pouvoir ensuite bien travailler. Le Seigneur n’est pas tant un repos donné après la peine que le tremplin d’une vie nouvelle qui s’ouvre à nous. Mettre le dimanche au début de la semaine, c’est non pas construire sur le passé, mais au contraire s’ouvrir sur l’avenir et faire de Dieu la base et le fondement de tout ce possible qui s’ouvre à nous et de tout ce que nous pourrons faire avec lui. Ce premier jour, c’est le jour de Dieu, c’est de là que tout part, c’est affirmer que notre vie n’est pas faite de conséquences mais de commencements, de nouveaux départs, et que toute vie nouvelle ne peut être construite que sur la grâce : se savoir aimé et pardonné, et avoir une parole qui nous illumine pour pouvoir avancer.


Au commencement en effet nous dit l’évangile de Jean sont deux réalités essentielles : la parole et la lumière. La parole est la parole créatrice de Dieu : force agissante de Dieu pour nous et en nous, et la lumière... elle ne fait rien d’actif, mais juste elle illumine, elle rassure, elle libère et ouvre des horizons. La parole est active : elle crée, elle invente, elle instruit, conseille, oriente, révèle, met en garde, propose appelle. La lumière, elle donne la liberté, elle permet de choisir, laisse comprendre. Ainsi la parole et la lumière semblent très complémentaires, voire contraires sur certains points, l’une guide et l’autre libère, l’une agit et l’autre laisse faire. Notre vie de chrétien est prise entre ces deux, entre une parole qui instruit et une grâce qui fait confiance, et c’est ainsi que nous pouvons grandir et être prêts pour partir faire de grandes choses, pour notre propre vie et pour le monde.
 
Le prologue de Jean nous dit que ce Dieu qui nous crée est lui-même parole et lumière, il y a là en fait une confession de foi tout à fait extraordinaire et originale.

Dire que Dieu est parole, c’est affirmer de grandes choses sur ce qu’il est et sur sa manière d’être et d’agir dans le monde. La parole en effet, informe, crée, appelle, conseille, mais elle n’est pas de l’ordre de l’action directe ou de la toute-puissance. Dieu n’agit pas directement sur les choses comme par magie, ni sur les événements, mais il est la source d’information qui s’actualise dans la nature, et il agit évidemment d’autant plus qu’il y a quelqu’un pour l’écouter. C’est donc par l’homme que Dieu agit le plus, puisque l’homme est dans l’univers connu ce qui a le plus la capacité de comprendre, d’entendre et de choisir avec une certaine liberté d’agir de telle ou telle manière.

Et dire que Dieu est lumière, c’est affirmer qu’il est non seulement un message, mais aussi qu’il donne la liberté en permettant de comprendre et de choisir. Et puis s’il est lumière, il est aussi, indépendamment de tout message une simple présence qui chasse les ténèbres, que ce soit les ténèbres de l’ignorance, ou les ténèbres de la tristesse et du deuil : Dieu met de la joie, de la confiance, de la consolation dans nos cœurs. Dieu est une parole et une présence qui simplement fait du bien, il est une parole et une puissance de vie, de liberté et de joie.

Or pour le prologue de Jean, les deux ne sont pas indépendants, nous devons donc toujours garder en tête que la parole de Dieu n’est pas une parole pour condamner ou faire peur, non, c’est une parole qui libère, libère du péché, de la culpabilité, de la peur, une parole qui libère du passé, de la mort et de tout ce que nous subissons. Ceux qui prêchent cette parole de l’Evangile doivent toujours garder en tête que la prédication doit être de cet ordre là, ou elle n’est pas fidèle.

Et inversement, cette lumière qui nous est donnée peut aussi être vue comme une parole : la présence de Dieu, sa grâce ne sont pas juste données comme ça pour notre petit confort, cette lumière est aussi un appel, une proposition de vie, certes nous profitons de la lumière, mais nous sommes aussi invités à marcher vers la lumière. La lumière est donnée et nous devons avancer vers la lumière pour que celle-ci soit le programme de notre vie. La grâce n’est pas juste donnée pour nous faire plaisir, mais elle est aussi laissée comme un but vers lequel nous devons avancer, et pour qu’elle informe notre vie en devenant le logiciel système qui la transforme.


Mais dire qu’au commencement de toute bonne chose sont la parole et la lumière n’est pas seulement pour parler de Dieu, cela dit aussi beaucoup sur nous. En effet, la parole n’est pas à sens unique, une parole, c’est aussi la communication : Dieu parle, et moi je parle aussi. Au commencement est la parole de Dieu, mais aussi le commencement de ma nouvelle vie est possible parce qu’avec Dieu j’ai la parole, je peux échanger. Dieu me dit que je peux être moi-même un être de parole, j’ai droit à la parole, j’ai droit à penser, à avoir une opinion, à avoir des sentiments, et je peux les exprimer. Et quand je parle, je revis ; l’humain est humain par la parole et parler me construit, me fait entrer dans la relation avec les autres et avec la société. Il faut donc parler, parler aux autres, parler à son pasteur, à son psy ou à Dieu tout simplement. Sans doute est-ce là un des bienfaits de la prière : c’est un lieu de parole pour moi qui me permet de me libérer, d’organiser ma pensée, de mettre de l’ordre dans mes sentiments.

Et cette parole qui est la mienne n’est pas juste pour me construire, c’est aussi une parole qui a une puissance, par la parole, une force créatrice incroyable m’est donnée, c’est une puissance divine. Par la parole je peux faire d’immenses choses. Peut-être même le plus grand des pouvoirs n’est-il pas la puissance matérielle, financière ou autre, mais celui de la parole. Il suffit de se l’autoriser et de bien l’utiliser. Il n’y a pas que les théologiens qui le disent, ainsi dans l’art équestre dit-on que pour conduire un cheval il y a quatre aides naturelles : la jambes, les mains et l’assiette, bien sûr, mais aussi la voix ! On pourrait croire que la voix n’ayant aucun contact physique elle est inutile mais au contraire, c’est une grande chose.

Il faut prendre conscience que ce que l’on dit peut avoir une importance considérable pour les autres. Un simple mot peut changer une vie. Tout pasteur a reçu des témoignages du type : « Monsieur le pasteur, vous avez dit une fois.. ceci ou cela... et ça a changé ma vie ! ». Mais inversement, une parole peut aussi détruire, et à côté du témoignage positif que nous avons exposé, il peut y avoir le souvenir pesant et plein de regret de cette fois où s’étant énervé sur un proche ou un de ceux dont on pouvait avoir la charge, des paroles dures ou blessantes ont pu échapper qui ont cassé quelque chose pour toujours dans la relation. La parole peut sauver une vie, ou peut détruire, c’est un pouvoir extraordinaire. Il faut donc faire attention à ce que l’on dit, à ses proches, ses enfants, ses collaborateur, ou ses employés... non pas pour avoir toujours peur de dire une bêtise, mais pour réfléchir avant de parler, penser, nourrir sa parole par la prière, par l’amour pour que nous sachions donner des paroles qui construisent, des paroles qui donnent la vie. Dieu, en nous donnant la parole nous donne une part de son pouvoir créateur, d’être « au commencement » de grandes choses.

Quant à la lumière, elle, elle ne semble que donnée, et naturellement, nous ne sommes pas des lumières. Pourtant si, on peut, de même que pour la parole, dire qu’elle nous appartient aussi, par grâce ; Ainsi Jésus dit-il d’après Matthieu (5:13-16) : « vous êtes la lumière du monde ». Ainsi si nous sommes au bénéfice de cette lumière divine extraordinaire, capable d’illuminer toute notre existence, nous sommes aussi appelés à être lumière pour le monde. Cela peut sembler être un peu beaucoup, mais alors disons que nous sommes appelés à être lumière au moins pour notre petit monde, pour ceux qui nous entourent et qu’il nous est donné de côtoyer et de rencontrer. Voilà la mission du chrétien, notre programme : apporter tant que possible de la liberté, de la joie, de l’autonomie, donner de la confiance, ouvrir des horizons, faire découvrir, faire voir même l’invisible et proposer des visées des idéaux pouvant orienter des vies.


Cette lumière, qu’elle soit donnée, ou que nous puissions la donner évidemment n’est pas lumière matérielle. C’est une lumière au delà de la lumière. Dieu est lumière, mais il ne se compte pas en kilowatts. Cela est évident, mais puisque le prologue de Jean identifie la lumière à la parole, on peut légitimement se demander si on ne devrait pas dire la même chose de la parole : la parole dont il est question n’est pas une parole matérielle, ne serait-ce pas une parole au delà de la parole, au delà des mots ? Sans doute, et cette parole qui est au commencement est certainement bien au delà de mots écrits de telle ou telle manière. Ce qui compte, pourrait-on dire, ce n’est pas le signifiant, mais le signifié. Dans ce que l’on dit aux autres, il y a la réalité concrète des mots, et ce que l’autre entend, en fonction de ce qu’il est, du contexte et de notre relation à lui. Cela est essentiel, ne serait-ce que dans notre rapport à l’Ecriture. Si l’Evangile est « parole de Dieu », ce n’est pas par les mots, les paroles qui s’y trouvent littéralement, mais par l’esprit qui inspire ces mots et qui n’est jamais enfermé dans les mots. Nous n’adorons pas un livre, ou une parole verbale ancienne et toute faite, mais nous pouvons trouver au delà des mots humains qui forment notre Bible une parole qui est une parole de vie et de lumière dont les mots humains ne sont que d’imparfaits emballages.

De toute façon, l’intelligence de Dieu est au delà de notre propre intelligence, la parole de Dieu est au delà de tout langage, et la vérité de Dieu, si elle ne contredit pas la raison humaine, certainement la dépasse. Dieu est incompréhensible, et la parole de Dieu est indicible. Il n’y a que les intégristes pour prétendre savoir mieux que Dieu ce qu’il dit, pense, impose, pour parler à la place de Dieu en remplaçant une parole de lumière qui donne la vie et libère par une parole d’encre qui enferme et condamne.

Dieu est au delà des mots, et la tradition juive le sait bien qui affirme que le nom même de Dieu est imprononçable et même inconnaissable : IYWH, le nom imprononçable de Dieu qu’on prononce arbitrairement et faussement Jéhowah ou Iaweh, mais en fait Dieu est Dieu et tout ce que l’on peut en dire n’est qu’approximation. De toute façon Dieu ne se comprend pas seulement par la parole humaine, la théologie ne dit pas tout de Dieu, les petits enfants qui sont encore à la mamelle en savent peut-être plus que nous sur lui. Et cette « parole » créatrice de Dieu n’est pas un catéchisme à apprendre, c’est aussi une source de vie qui passe par la sensibilité, la prière, la mystique, l’émerveillement, le sentiment de sa petitesse et de la grandeur universelle ou d’autres choses encore. Paul dit joliment cela quand il dit dans l’épître aux Romains : « nous ne savons pas que demander dans nos prières, mais l’Esprit intercède pour notre esprit avec des soupirs inexprimables. »


« Au commencement est la Parole, celle de Dieu, qui est Dieu lui-même... et elle était la véritable lumière qui éclaire tout homme venant au monde ».

Voici : il y  un commencement, une vie nouvelle qui nous est offerte, il y a une Parole qui nous est donnée, parole de vie et une lumière de joie et d’espérance, lumière de liberté et de vérité. Tout cela nous est offert par grâce, c’est même la grâce qui nous est offerte pour notre vie, pour notre joie et pour la joie du monde.

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Jean 1:1-18

1Au commencement était la Parole, et la Parole était à Dieu, et la Parole était Dieu. 2Elle était au commencement à Dieu. 3Tout a été fait par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle. 4En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes. 5La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas accueillie.
6Il y eut un homme envoyé par Dieu, du nom de Jean. 7Il vint comme témoin pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous croient par lui. 8Il n’était pas la lumière, mais (il vint) pour rendre témoignage à la lumière. 9C’était la véritable lumière qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme. 10Elle était dans le monde, et le monde a été fait par elle, et le monde ne l’a pas connue. 11Elle est venue chez les siens, et les siens ne l’ont pas reçue ; 12mais à tous ceux qui l’ont reçue, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom 13et qui sont nés, non du sang, ni de la volonté de la chair ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu.
14La Parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité ; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme celle du Fils unique venu du Père. 15Jean lui a rendu témoignage et s’est écrié : C’est celui dont j’ai dit : Celui qui vient après moi m’a précédé car il était avant moi. 16Et nous avons tous reçu de sa plénitude, et grâce pour grâce, 17car la loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ. 18Personne n’a jamais vu Dieu ;  le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui, l’a fait connaître.

 

Jean 11-18