Accéder au contenu principal
56, avenue de la Grande-Armée, 75017 Paris

 

Noé, le déluge et l'arche

Ecouter la version audio Conf MP1

Prédication prononcée à deux voix le 27 septembre  2015, au temple de l'Étoile à Paris, (Culte de rentrée)

par les pasteurs Florence Blondon et Louis Pernot

 

1. LP  Le récit du Déluge avec l’arche de Noé est l’un des premiers de la Bible que l’on enseigne aux enfants. Certes, les parents y trouvent leur compte, et l’interprètent habituellement en disant que les méchants sont punis et que donc il faut être gentil comme Noé, ce qui est très moral. Mais on peut le regretter : ce récit propage une idée abominable de Dieu : un dieu qui juge, qui punit qui est prêt à détruite, à tuer même. Où est le Dieu de tendresse, de pardon, de grâce et d’amour que l’Evangile nous a enseigné ? On ne peut donc pas se contenter de cette lecture enfantine, et il faut entrer plus dans le texte pour voir ce que l’on peut en faire. Peut-on le lire tout en ayant une vision évangélique de Dieu ?

2. FB : En effet si la lecture enfantine a quelques vertus, elle peu faire des ravages. Ce texte, bien loin d’une leçon de morale, peut être entendu comme appel à la responsabilité. C’est assez humain de rejeter la faute sur l’autre, voire de rejeter nos fautes sur Dieu. Mais lorsqu’on lit attentivement le texte, ce n’est pas Dieu qui est à l’origine de la violence et de la destruction imminente. Il voit la méchanceté des hommes, le mal, la corruption, la violence. Tous ces mots sont là pour nous alerter. Dieu constate le contraire de l’harmonie de la création, toutes ces perversions sont out simplement le retour au chaos, et ce retour ne peut que provoquer la dislocation de ce monde. Pas besoin de Dieu pour détruire, l’humain sait parfaitement le faire. Un monde où le mal règne ne peut que s’autodétruire. Aussi j’oserais une hypothèse : et si Dieu dans ce récit n’avait pas en réalité sauvé l’humanité, car un monde où la violence et la perversion font loi, tous les justes sont écrasés. Les hommes allaient s’entretuer et ils allaient tuer la figue du juste en premier. Si Dieu n’était pas intervenu l’humanité aurait été engloutie. Ainsi le déluge peut aussi être lu comme un sauvetage, celui du seul juste qui restait Noé et sa famille.

3. LP  Dans le cadre des petites solutions, on peut aussi dire que Dieu n’a empêché personne de faire des arches. Les méchants voyant Noé faire une arche auraient pu se poser des questions, l’interroger, et faire de même. C’est ainsi qu’il y a dans le monde des prophètes ou des témoins de cette réalité divine, il faut les écouter, et accepter de se remettre en cause, de se questionner, et ne pas continuer sa vie tout droit sans savoir où elle mène.

On peut aussi dire que l’Ancien Testament attribue un peu tout à Dieu, et que là, ce n’est pas tant Dieu qui punit que la mise en garde de conséquences du mal. Or il est vrai que la haine attire la violence, le mal nous détruit, l’égoïsme, la jalousie, l’orgueil tout cela a des conséquences néfastes sur nous, peut nous conduire à notre propre perte, en tout cas au malheur, pour nous et notre entourage. Même si Dieu ne punit pas, il n’empêche donc que la façon avec laquelle nous vivons a des conséquences qui peuvent être néfastes, et il est bon d’en avoir conscience.

4. FB Dans l’histoire des l’Eglise, l’arche a souvent été interprété comme une image de l’Eglise : ceux qui y entrent sont sauvés. Cela illustrait la maxime : « hors de l’Eglise point de salut ». L’idée est intéressante, mais on peut regretter l’aspect fermé et exclusif de cette pensée, l’image de cette Église refermée sur elle même, ni l’image d’un Dieu qui fait le tri sans retour possible. Une arche protection pour les élus et uniquement pour eux, c’est assez monstrueux. . Or l’Eglise est un lieu d’accueil où tous sont bienvenus.

Cependant on peut l’entendre spirituellement, l’arche pouvant être vue comme une image de notre foi, le lieu de l’intimité avec son Dieu. Quand on entre dans l’arche de Dieu, on est protégé, bien à l’abri des tempêtes que nous impose nécessairement le monde, et des épreuves qui sont autant de petits déluges personnels. L'arche est cette protection que Dieu nous offre pour affronter nos tempêtes, nos folies (et en hébreu déluge se dit « maboul »), cette arche c’est à la fois l’amour de Dieu pour nous sa force son énergie qui nous offre la foi pour affronter les tourmentes de la vie.

5. LP  Mais en fait non. Toutes ces justifications tournent autour du pot. Il faut dire clairement que ce texte est inadmissible, effroyable et scandaleux. Comment attribuer à Dieu l’origine de mal et de souffrance. Imaginez le déluge : les enfants qui meurent noyés, les hurlements de détresse, et Dieu qui regarderait sans ciller en disant que c’est bien fait pour eux... sans compter les animaux innocents agonisant par millions. Il faut avoir le courage de mettre de côté ce texte comme n’étant que le vestige d’une théologie archaïque. L’ancien Testament n’est pas l’aboutissement de la révélation, il n’est que la découverte progressive et tâtonnante de Dieu. Des textes comme celui-ci, on peut les lire par curiosité culturelle, mais ils ne parlent pas de notre Dieu. Notre Dieu, c’est celui de l’Evangile, il est grâce, pardon et bonté. Laissons de côté ce Dieu trop souvent montré dans l’Ancien Testament comme responsable de tueries, de massacres, de punitions et autres horreurs.

Mais il ne faut tout de même pas sous-estimer les textes bibliques. Et il y a des solutions moins radicales. Si on approfondit sa lecture du texte, on peut s’apercevoir que cette brutalité n’est qu’apparente. Certes, la lecture littérale est impossible, nous l’avons dit, mais le sens est sans doute ailleurs. La preuve, c’est qu’il est dit que Noé est sauvé parce qu’il était « parfait ». Or voilà qui est curieux, personne n’est parfait, si bien que les traductions ont souvent édulcoré le terme en mettant : « intègre ». Noé lui-même n’a évidemment pas été parfait, il s’enivrera même comme on le sait ce qui est mal. Mais ce qui sera sauvé est bien celui qui est dit « parfait ». Donc l’histoire telle quelle est impossible, et il faut comprendre que ce que Dieu sauve, c’est ce qui est « parfait » en chacun. Il ne s’agit pas de faire un tri dans l’humanité pour séparer les bons des méchants, parce que tout le monde a du bon et du mauvais en soi. En chacun de nous, il y a un Noé bon et parfait, et un humain fait de violence, d’égoïsme, de jalousie et de péché. Mais donc, Dieu choisit de sauver le Noé qui est en chacun de nous, et le reste, il l’oublie.

Ainsi, l’arche peut être vue comme le lieu de ce que Dieu veut sauver, ou, pourrions-nous dire, sauvegarder. Le reste ne vaut rien et autant s’en débarrasser. De chaque vie, Dieu sauvegarde le meilleur pour l’éternité et il jette le reste. Pour prendre une des images de l’Evangile, c’est comme le moissonneur qui moissonne, garde le bon grain et brûle la paille, une image plus moderne pourrait-être de dire que c’est comme nous avec nos ordinateurs, nous sauvegardons tout ce qui est précieux et le reste on le laisse perdre, heureusement d’ailleurs qu’on ne garde pas tout. Ainsi, si nous recevons un mail précieux, plein de bonnes choses, nous le sauvegardons, mais tous les SPAMs imbéciles, nous les jetons. L’arche, c’est comme le « cloud » de Dieu, son saint nuage où il garde mémoire pour chacun de ses enfants ce qui est bon, ce qui est de l’amour, de la grâce, de la générosité et de la bonté. Pour ce qui est du déluge, plutôt que le feu, on pourrait prendre l’image, peu poétique certes mais parlante, de la chasse d’eau. Notre vie produit de belles choses, nous pouvons les partager avec les autres, en faire mémoire, en garder trace dans nos albums de photo ou autre, mais nos excréments, nous n’en faisons pas collection, ils vont dans « quelque lieu secret » comme dit l’Evangile et nous tirons la chasse, ce sont les grandes eaux qui nous en débarrassent. La chasse d’eau n’est pas un drame, au contraire, c’est une libération, que ferions nous si nous devions nous promener en traînant derrière nous tous nos excréments depuis notre naissance ? Ce serait comme vivre en traînant sans cesse le boulet de nos imperfections, de nos péchés et de nos échecs. Ou penser que dans l’autre monde, nous serions encore chargés, culpabilisés, handicapés de tout ce mal ou cet inutile qui a fait partie de notre vie terrestre. Mais Dieu choisit de ne garder que le meilleur !

Donc Dieu sauvegarde le meilleur et choisit d’oublier le reste. Le texte nous dit que huit personnes seront sauvées, Noé, sa femme, leurs trois garçons : Sem, Cham et Japhet et leurs épouses. Cela nous donne l’indication de ce que Dieu sauve en chacun de nous, les qualités qu’il garde, avec leur dimension de fécondité.
Noé, il est dit : « homme juste qui marche avec Dieu », voilà déjà ce que Dieu aime et conserve : la justice, et tous les moments où nous marchons avec Dieu. « Sem » signifie « le nom » (de Dieu évidemment, dans le contexte biblique). Dieu sauve ce qui est divin, spirituel en chacun de nous. La dimension purement animal, terrestre, nos grippes, maux de têtes ne sont pas des valeurs éternelles, et même nos sentiments trop humains de jalousie et d’égoïsme, Dieu choisit de les oublier. « Cham » veut dire « chaud », c’est l’enthousiasme, les émotions, la vie, le dynamisme qui nous fait avancer et agir. Quand Japhet, son nom signifie « ouverture », voilà encore ce qui participe à l’essentiel sauvegardé : l’ouverture à l’autre, la tolérance, et plus encore : l’amour, le fait de s’ouvrir à l’autre pour pouvoir lui donner, recevoir de lui et échanger.

Tout le reste donc est brûlé, perdu, oublié (méchancetés, orgueil, égoïsme, violences, rancune...) envoyé dans les grandes eaux, Dieu choisit de l’oublier, c’est une forme de grâce et de pardon, de libération.

6. FB  Pour comprendre le sens de ce texte, on peut aussi en faire une lecture comparative. Des mythes de destruction totale par l’eau ou par le feu, il en existe dans toutes le civilisations. Et l’histoire du déluge se retrouve, presque à l’identique dans plusieurs romans du Proche Orient Ancien (POA), particulièrement dans l’Épopée de Gilgamesh. Épopée qui est le best seller de l’Antiquité orientale, puisqu’il va circuler de 2 500 à 500 avant J.-C. Et lorsque les archéologues ont découvert et traduit les tablettes où se trouve ce récit du déluge, cela les a ébranlés, car ce récit est plus ancien que la Bible. Fallait-il remettre en cause la véracité du récit biblique ? Cette question nous invite à réfléchir sur le sens de la vérité d’un récit, et surtout sur ce qu’il nous dit. Certes, les auteurs bibliques ont repris ce récit du déluge, mais pour mieux le détourner, le subvertir. Ils se sont servis de la culture de leur époque et de leur région. Région qui rappelons-le était régulièrement dévastée par des pluies meurtrières qui marquaient les esprits, tout comme les inondations aussi rapides que violentes dans le Sud de la France peuvent provoquer des traumatismes chez les habitants. Tout le monde connait le danger de l’eau. Mais les auteurs bibliques ont emprunté ces récits non pas pour nous parler de ce danger, mais bien plus pour proclamer leur foi dans un Dieu bien différent de ceux qui peuplent le POA. Et c’est à partir de divergences fondamentales que nous sommes invités à découvrir un Dieu d’amour. D’abord les raisons du déluge sont profondément différentes. Dans Gilgamesh les dieux se sont lassés de ces humains, sorte de jouets entre leur main. Les humains sont bruyants, ennuyeux, les dieux en ont marre, donc ils décident de les détruire, comme un enfant case son jouet. L’image des dieux et celle de dieux capricieux, versatiles, violents. Ensuite dans le récit du déluge c’est Dieu qui travaille avec Noé, c’est lui qui ferme l’arche, par geste de protection. Il donne l’autorisation de ressortir une fois la terre asséchée. Et surtout à la fin, Dieu dit : « plus jamais ça ! » Et de manière tout à fait symbolique il nous offre l’arc-en-ciel, qui fait le pont entre la terre et le ciel. Et qui signifie également que Dieu dépose les armes. L’arc, symbole du dieu guerrier vengeur, est déposé. Désormais Dieu fait alliance avec l’humain, il se dévoile donc à travers ce récit comme un Dieu d’amour, de pardon à l’opposé de tous ces dieux archaïques du POA. Le récit du déluge est un brulot contre les religions ancestrales. Car il s’agit bien de cela quitter nos représentations archaïques qui sont encore aujourd’hui si prégnantes pour découvrir Dieu qui nous veut du bon, du beau et du bien.

7. LP  Le texte était révolutionnaire pour l’époque, ce qui compte en effet, c’est la conclusion montrant Dieu qui dit solennellement qu’il ne détruira plus l’humanité, et qu’il ne sera pour lui plus jamais source de mal. Les historiens disent qu’il correspond à un changement de théologie dans le peuple d’Israël : l’ancien Israël, dans sa théologie archaïque croyait dans un Dieu violent, punissant, pouvant être source de mal, d’épreuves et de destructions. Les théologiens de l’époque donc font passer le peuple à l’idée d’un Dieu d’amour et de grâce, seulement source de bien, jamais de mal. Pour convaincre le peuple de ce changement de paradigme, ils inventent ou réutilisent une vieille histoire mythologique attribuant ce changement à Dieu lui-même. Si donc c’est Dieu qui le dit... alors on peut changer de modèle !

Mais pour nous, ce changement est intéressant. Parce que le texte dit que Dieu « se repent », c’est-à-dire qu’il change d’avis. Bien sûr qu’en soi, Dieu ne change pas. Dieu n’est pas une girouette, il est l’absolu, ce sont les idées que les hommes se font de lui qui peuvent changer. Mais donc cette histoire doit nous inciter à être capables de changer de Dieu. Il faut pouvoir remettre en cause ses anciennes représentations de Dieu, pour savoir d’accueillir des idées nouvelles sur Dieu. Sans cela, l’histoire de Noé aurait été vaine. Là, Israël est passé de l’idée d’un dieu jugeur et exterminateur à un dieu qui fait alliance avec la personne même imparfaite, cela va ouvrir des horizons allant jusqu’à la bonne nouvelle absolue de l’Evangile. Mais nous aussi il arrive que nous soyons encombrés par de vieilles représentations de Dieu, il faut avoir le courage parfois d’oublier son catéchisme ou ses vieilles croyances, de repenser sa foi pour pouvoir découvrir un Dieu neuf qui au lieu d’être un obstacle à tout, nous ouvre vers la vie et l’espérance.

8. FB  Jusqu’à là nous avons exploré des pistes théologiques, mais si nous avons choisi ce texte aujourd’hui, c’est dans le cadre d’une réflexion sur le climat, l’environnement. Et, nous n’en avons encore rien dit. Le récit du déluge est « le » récit  convoqué majoritairement lors d’une réflexion sur le changement climatique. Mais nous parle-t-il de cela ? Certes le déluge est une catastrophe climatique, mais ces catastrophes ont toujours eu lieu, avant même que l’homme commence à maltraiter la planète : déluge, tsunami, tremblements de terre…Alors aucun intérêt ? Et bien non, car ce texte évoque un passage d’un monde à l’autre qui doit nous interpeller.

Avant Dieu est omniprésent, et l’homme très dépendant. Alors qu’ici Dieu confie le monde à l’homme en lui donnant plus de liberté et plus de responsabilité. Avec comme symbole le dépôt de l’arc et l’alliance conclue. Le déluge peut être perçu comme un avertissement qui s’applique à tous les domaines, celui du respect de l’autre mais également celui de l’environnement : il ne faut pas maltraiter ce monde qui nous est confié. Car le risque est de provoquer des déluges. Si nous avons survécu à un, saurons-nous survivre aux déluges rapprochés, successifs ? Dieu donne sa bénédiction à l’homme, en lui réitérant par deux fois le commandement de Gen1 : « soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre » (Gn 9, 1 et 6). Mais ici le ton est profondément différent, grave. Dieu sait que nous sommes loin d’être des sages. La conclusion est assez étonnante, au moment de la bénédiction Dieu confie à l’homme une mission, mais il effectue un changement radical : il autorise l’être humain à manger d’autres animaux, de la chair. En permettant de manger de la viande, Dieu prend acte de l’imperfection qui est en nous, qu’aucune loi ne pourra l’éradiquer, alors autant la contenir. Il admet que l’homme a de la violence en lui et lui offre un exutoire : la possibilité de manger de la chair, il lui offre un régime alimentaire carné, où il va pouvoir dominer l’animal, mais toutefois avec une limite (le sang) afin que nous ne puissions pas tout détruire par nos désirs de domination du monde qui nous entoure. Dieu admet que l’homme est imparfait, malgré cela il consent à faire alliance avec lui, et il lui fourni le moyen de s’extirper de sa condition animale.

9. LP  Dieu enfin accepte de faire alliance avec l’homme quand bien même il le sait imparfait. Dieu dit qu’il sait que le monde est mauvais, mais il l’accepte quand même, et veut vivre en paix avec lui sans s’y opposer violemment ou le rejeter.

Ce Dieu qui accepte l’imperfection est une bonne nouvelle pour nous, c’est celle du pardon et de la grâce, mais c’est aussi une petite leçon pour que nous sachions apprendre à vivre selon le même principe avec nos frères et sœurs et avec nous-mêmes.

Nous aussi en effet, nous pouvons avoir un jugement dur sur ce et ceux qui nous entourent, mais nous sommes appelés à ne pas chercher sans cesse, la pureté absolue, ne supportant que la perfection. L’essentiel, c’est l’alliance, c’est-à-dire de rester en lien. Les idéaux trop élevés, les exigences absolues sont comme le déluge, ils ne sont que sources de jugements, de destructions et de solitude. C’est la tentation de l’intégrisme qui nous menace tous. Mais avec nos prochains, notre conjoint, nos parents, nos enfants, nos amis, nous devons accepter qu’ils ne soient pas parfaits, certes, ils ne sont pas comme nous les aurions rêvé, et il y a beaucoup de choses en eux qui nous insupportent, ou nous donnent envie de tout rompre pour recommencer, mais nous sommes invités à faire comme le Dieu de Noé, qui choisit de ne  plus détruire ou « purifier » l’humain, mais de faire alliance avec cet homme imparfait et souvent mauvais, et de cheminer avec lui dans le relation... (Ce qui ne veut pas dire qu’il faille éventuellement parfois prendre la distance nécessaire pour pouvoir vivre en paix sans que la relation apporte la destruction de l’un ou de l’autre).

Et pour nous mêmes avec nous-mêmes la démarche est identique. Certes, notre vie est imparfaite, nous n’avons pas le physique que nous aurions aimé avoir, notre travail n’est pas ce que nous aurions voulu, nous n’avons pas fait les études que nous aurions rêvé, la liste peut être longue. Mais nous devons « faire alliance » avec notre vie, l’accepter et cheminer avec elle, comme Dieu pourra faire de grandes choses avec son humanité imparfaite. C’est le secret de la vie et de la joie.

Car d’ailleurs, ce n’est pas un pis aller, une sorte de résignation. En effet, la fin de l’histoire, c’est l’arc-en-ciel. Phénomène magnifique, bien plus beau qu’un bête soleil. Mais pour qu’il naisse, il faut ce mélange de pluie et de beau temps. Or la pluie, c’est le mal, et le soleil, la lumière. C’est donc quand on sait accueillir même une part de mal et la mélanger à du bien, de la grâce, du pardon, de l’amour, de la relation, de l’accompagnement qu’il se passe quelque chose source d’une immense beauté et de beaucoup de joie. La pluie pure, c’est de la destruction, le soleil pur, il brûle tout et ne laisse pas d’espace pour vivre à l’ombre. Quand nous mettons un peu d’amour ou de grâce dans une situation difficile, nous la transfigurons, et Dieu, lui est la source en soi de bien et de lumière, une vie imparfaite et assumée comme telle, vécue à la lumière de ce bien infini de Dieu peut donner ce qu’il y a de plus beau au monde, la vie et la joie.

10. FB Lorsque la pluie s’est arrêtée et que le sol a séché, Noé ouvre une fenêtre de l’arche pour que s’envole la colombe. La fenêtre de l’arche en hébreu est un mot qui a la même racine qu’espérer. Ainsi cette ouverture sur le monde nous invite à l’espérance. Et espérer c’est aussi se battre pour préserver la beauté de ce qui nous entoure, la beauté des hommes et la beauté de notre petit terre.  Ce texte profondément poétique chante la splendeur du  monde: un arc-en-ciel sur le mont Ararat et ses neiges éternelles, « tant que la terre subsistera » (Gn 8,32) À nous de ne pas détruire tout cela. Dieu en faisant alliance avec Noé, nous dit combien il aime le monde et nous demande de l’aimer également.

Retour à la liste des prédications

Genèse 6:9-14, 18-22

Noé était un homme juste et intègre parmi ses contemporains ; Noé marchait avec Dieu.
Noé engendra trois fils : Sem, Cham et Japhet. La terre était corrompue devant Dieu, la terre était pleine de violence. Dieu vit que la terre était corrompue ; car toute chair avait une conduite corrompue sur la terre. Alors Dieu dit à Noé : J’ai décidé de mettre fin à tous les êtres vivants ; car la terre est pleine de violence à cause d’eux ; je vais donc les détruire avec la terre. Fais-toi une arche de bois de gopher ; tu disposeras cette arche en cellules, et tu la couvriras d’un enduit, en dedans et en dehors.
[...]

Mais avec toi j’établirai mon alliance ; tu entreras dans l’arche, avec tes fils, ta femme et tes belles-filles. Tu feras aussi entrer dans l’arche deux animaux de chaque espèce vivante, pour qu’ils survivent avec toi : tu prendras un mâle et une femelle. Un couple de chaque espèce, oiseau, bétail, reptiles du sol, viendra vers toi afin de survivre. Et toi, prends de tous les aliments que l’on mange, et fais-en des provisions auprès de toi, pour que cela te serve de nourriture ainsi qu’à eux.
C’est ce que fit Noé. Il agit en tout point comme Dieu le lui avait ordonné.

Genèse 9:8-17

 Dieu parla encore à Noé et à ses fils avec lui, en disant : 9Quant à moi, j’établis mon alliance avec vous et avec votre descendance après vous, avec les êtres vivants qui sont avec vous, tant les oiseaux que le bétail et tous les animaux de la terre, avec tous ceux qui sont sortis de l’arche, avec tous les animaux de la terre. J’établis mon alliance avec vous : (il n’arrivera) plus que toute chair soit retranchée par les eaux du déluge, et il n’y aura plus de déluge pour détruire la terre. Dieu dit : Voici le signe de l’alliance que je place entre moi et vous, ainsi que tous les êtres vivants qui sont avec vous pour les générations à venir : je place mon arc dans la nuée, et il sera un signe d’alliance entre moi et la terre. Quand j’aurai rassemblé des nuages au-dessus de la terre, l’arc paraîtra dans la nuée, et je me souviendrai de mon alliance entre moi et vous, ainsi que tous les êtres vivants, et les eaux ne se transformeront plus en déluge pour détruire toute chair. L’arc sera dans la nuée, et je le regarderai pour me souvenir de l’alliance perpétuelle entre Dieu et tous les êtres vivants qui sont sur la terre. Dieu dit à Noé : Tel est le signe de l’alliance que j’établis entre moi et toute chair qui est sur la terre.

Gen. 6:9-14 18-22, Gen. 9:8-17