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Engagez-vous !
Prédication prononcée le 26 septembre 2021, au temple de l'Étoile à Paris,
par les pasteur Florence Blondon et Louis Pernot pour le culte de rentrée
1. « Engagez-vous ! ». C’est le mot d’ordre que nous avons voulu pour cette journée de rentrée. Parce que nous sommes une Eglise de multitude qui accueille tout le monde sans mettre de condition d’exigence d’engagement, de pratique, de don, de présence ou de foi. Tous sont bienvenus, c’est bien entendu. Mais en même temps, une Eglise ne peut vivre que si certains s’engagent. Rien ne se fait tout seul. Ce bâtiment même est le fruit de la volonté, de l’engagement d’un certain nombre de familles dont nous avons encore aujourd’hui des descendants. Et tout ce qui se fait dans notre paroisse aujourd’hui, il est dû à l’un, l’une ou l’autre qui s’est engagé pour le faire.
Nous avons donc besoin de chrétiens engagés. Et même si tout le monde est bienvenu. Chacun doit se poser la question un jour : et moi quelle part puis-je prendre à cette œuvre ? Un chrétien peut être consommateur quand il est en genèse, en formation. Mais un chrétien accompli ne peut que s’engager.
On trouve cet appel déjà dans l’Ancien Testament : en 1 Rois 18:21 : Elie parle au peuple et dit : « Jusques à quand clocherez-vous des deux côtés ? Si l’Éternel est Dieu, ralliez-vous à lui ; si c’est Baal, ralliez-vous à lui ! ».
Cela veut dire qu’il faut un jour choisir son camp : qui veut-on servir ? A quoi voulons nous que notre vie serve ? A quelle œuvre voulons-nous participer.
Chacun est libre, totalement, chacun fait ses choix, mais il faut faire un choix un jour ou l’autre. Ne pas choisir, c’est ne rien servir et ne servir à rien.
Pour moi, je dirais comme Jacob : (Josué 24 :15) « si vous ne pensez pas devoir servir l’Éternel, choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir : ou les dieux que servaient vos pères au-delà du fleuve, ou les dieux des Amoréens dans le pays desquels vous habitez. Moi et ma maison, nous servirons l’Éternel. »
Oui, il y a un choix à faire : il faut se positionner, on est pour ou on est contre. Et être pour c’est servir ce Dieu, pas juste l’écouter avec plaisir.
1bis . Paul comprend cela, ça lui tombe dessus alors qu’il allait à Damas. Et il dit : (Actes 22 :10) « Seigneur, que ferai-je ? ». Bonne question. Chacun devrait se la poser sans cesse. Le Christ lui dit : « va à Damas, et là les frères te diront ». Encore et encore, il renvoie à la communauté.
2. Et en effet s’engager pour Dieu, c’est certes s’engager dans ce monde pour œuvrer pour un monde plus juste et plus fraternel. Faire grandir l’amour et la paix autour de soi. Mais aussi s’assembler à d’autres pour un travail en commun. On n’est pas chrétien tout seul dans son coin. Et on ne peut pas, tout seul, témoigner efficacement de l’Evangile. Pour rayonner, il faut s’organiser, a plusieurs, on est plus forts.
D’ailleurs les premiers chrétiens s’engagent dès le début dans la construction de l’Eglise, dans sa croissance : On le voit en Actes 2 :37ss : Les apôtres parlent à la foule, et il est écrit que « Après avoir entendu cela, ils eurent le cœur vivement touché, et ils dirent à Pierre et aux autres apôtres : Frères, que ferons-nous ? [...] 41Ceux qui acceptèrent sa parole furent baptisés ; et en ce jour-là, furent ajoutées environ trois mille âmes. »
Tous les premiers chrétiens se sont ainsi engagés dans le développement du peuple de Dieu, de l’Eglise. Et ce que disent les Actes sans cesse, c’est que la communauté, l’Eglise grandissait. Ca doit être un de nos objectifs. Et, dès ses débuts l’Eglise à « recruté ». Les apôtres ne suffisent plus, il faut s’organiser, s’engager pour que la parole puisse se vivre en actes aussi. C’est ce qui nous est rapporté au chapitre 6 du livre des Actes des Apôtres : « 2Les douze apôtres réunirent alors l'ensemble des disciples et leur firent cette proposition : « Il ne serait pas juste que nous cessions d'annoncer la parole de Dieu pour servir aux tables.3C'est pourquoi, frères et sœurs, choisissez parmi vous sept hommes de bonne réputation, remplis de l'Esprit saint et de sagesse, et nous les chargerons de ce travail. 4Nous continuerons ainsi à donner tout notre temps à la prière et au service de la parole de Dieu. »
C’est assez cocasse et paradoxale, car cela donne ainsi une sorte de répartition des tâches, presque de hiérarchie, alors qu’il n’en est rien puisque juste après l’un des diacres, Etienne sera arrêté et c’est lui qui fera le plus long discours, la plus longue des prédications du livre des Actes.
C’est bien d’aimer l’Eglise, d’apprécier les prédications, de se trouver solidaires les uns des autres. Mais l’Eglise n’est pas une institution pourvoyeuse de services. C’est une jeune pousse de Dieu qu’il faut faire grandir et pour laquelle il faut s’engager. C’est une communauté où chacun est appelé à faire fructifier ses dons.
Et les pasteurs font ce qu’ils peuvent, mais ce n’est pas nous l’Eglise, c’est vous ! Les actes ne disent pas que les Apôtres avaient de plus en plus de succès. Le but, ce n’est pas la starification des pasteurs. Ni de voir si les pasteurs-youtubers ont de plus en plus de vues... L’Eglise, c’est une œuvre collective.
Et le succès, ce n’est pas celui de ceux qui s’exposent, mais de tous, chacun ayant un rôle. Le succès, c’est celui de la communauté : « en ce jour-là, furent ajoutées environ trois mille âmes. »
C’est le succès de la communauté.
3. Mais peut-être aussi que vous vous en sentez incapables, pas assez de foi, pas assez de dons, pas assez de temps, pas assez de...
Alors là, ne vous en faites pas, vous n’êtes pas le premier : En fait, vous êtes comme presque tous les prophètes appelés par Dieu. A commencer par Moïse, qui dit à Dieu qu’il ne se sent pas capable. Et Gédéon : (Juges 16:11-16) Quand Dieu l’appelle, il est écrit : que l’Ange de l’Eternel lui dit : « L’Éternel est avec toi vaillant héros ! 13Gédéon lui dit : Ah ! mon seigneur, si l’Éternel est avec nous, pourquoi tout cela nous est-il arrivé ? Et où sont tous ses prodiges que nos pères nous racontent, quand ils disent : l’Éternel ne nous a-t-il pas fait monter hors d’Égypte ? Maintenant, l’Éternel nous abandonne et nous livre entre les mains de Madian ! 14L’Éternel se tourna vers lui et dit : Va avec cette force que tu as, et tu sauveras Israël de la main de Madian ; n’est-ce pas moi qui t’envoie ? 15Il lui répondit : Ah ! mon seigneur, avec quoi sauverai-je Israël ? Voici que ma parenté est la plus pauvre en Manassé, et je suis le plus petit dans la maison de mon père. 16L’Éternel lui dit : Mais je serai avec toi et tu battras Madian comme un seul homme. » (ou : Jeremie 1)
Se croire trop petit, trop faible, c’est une fausse et mauvaise excuse. En tout cas Dieu ne l’a jamais acceptée ! Et toute l’histoire d’Israël montre que les plus grandes choses ont toujours ou souvent été faites par les plus petits, ceux qu’on n’attendait pas.
4. Il y a encore autre chose de surprenant dans notre Bible. Car en effet Dieu appelle les petits les grands, les jeunes les vieux, les boiteux, les biens portants. Tous nous pouvons contribuer à son œuvre. Justement parce que nous ne sommes pas seuls. Samuel qui aurait-il été un si grand prophète sans les autres ? Déjà sans sa mère Anne qui s’est engagée à laisser son fils être au service de Dieu dès son plus jeune âge ; sans Hélie le prêtre pour qui il servait. En effet Dieu va appeler Samuel trois fois, Samuel répond : « me voici », mais il répond à la mauvaise personne. Il pense que c’est son maître qui l’appelle, la troisième fois Hélie va comprendre que c’est Dieu qui s’adresse à Samuel, et c’est à partir de ce moment que sa vocation va advenir.
Et même Paul, qui était un grand homme, pas de doute, une pointure ! Et pourtant, dans ses lettres, on trouve des salutations qui listent des tas de gens : comme dans l’épître aux Romains (Rom 16 :21ss)
« Timothée, mon compagnon d’œuvre, vous salue, ainsi que Lucius, Jason et Sosipater, mes parents. 22Je vous salue, moi Tertius, qui ai écrit cette lettre dans le Seigneur. 23Gaïus, mon hôte et celui de toute l’Église, vous salue. Éraste, le trésorier de la ville, vous salue, ainsi que le frère Quartus. 24[Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous tous ! Amen !] »
Donc Paul n’était pas tout seul, on voit qu’il y avait plein de monde avec lui. Il était un grand apôtre. Mais tout seul, on ne peut rien faire. La force, c’est la communauté, et la communauté active, pas la communauté juste fidèle.
La communauté qui s’engage...
5. Et n’oubliez pas ce que Dieu a dit à Jacob et qu’il a redit à Gédéon : « va avec la force que tu as » « Je serai avec toi ». Dieu nous accompagne, il peut nous donner la force. Si Dieu nous vivifie, nous fortifie, nous fait vivre, il faut que cette énergie serve à quelque chose. L’Evangile dit : « c’est de l’abondance du cœur que la bouche parle » (Luc 6 :45). Notre action doit être comme un trop plein. Trop plein de joie, il faut que je la partage, que j’en parle à quelqu’un. J’ai trouvé un lieu formidable, il faut que mes amis viennent avec moi. Même sur Facebook quand on aime une publication, on la partage ! Quand on lit un roman qu’on a aimé, on en parle à ses amis. Il faut que notre joie se partage, déborde, soit transmise. Sinon elle s’éteindra et sera comme un rameau stérile.
6. Dieu nous invite donc à entrer dans sa maison de festin. A nous réjouir... Puis à aller rayonner, combattre pour lui, nous engager. C’est pourquoi il est écrit dans le Cantique des Cantiques : (Cant. 2 :4) « Il m'a fait venir vers la maison de la joie, et sa bannière au-dessus de moi, c'est l'amour ». Cette bannière, c’est un drapeau de régiment, un insigne qui indique le sens du combat que nous sommes appelés à mener. Et ce combat, c’est toujours et toujours sous le signe de l’amour de Dieu. Nous sommes appelés à nous enrôler sous une bannière, celle de l’Amour. Ainsi il existe des combats, qui se jouent non dans le violence, mais bien dans l’amour. Et nous pourrons dire comme Paul : « J’ai combattu le bon combat » (2 Tim 4, 7).
Pourtant nous ne sommes pas toujours en état de combattre. Parfois nous sommes à bout de force, à bout de souffle. C’est là que la communauté devient une force. Nous avons besoin de la communauté, elle est un soutien. D’ailleurs dans le double commandement d’amour, nous sommes invités à aimer Dieu et notre prochain. Mais notre prochain comme nous-même. Ainsi pour pouvoir aimer, nous avons besoin des autres pour redécouvrir notre valeur, c’est alors que nous aurons la force pour nous engager. Dans l’évangile de Luc, juste après que ce double commandement ait été énoncé, Jésus nous raconte la parabole du Samaritain. Certes nous pouvons être celui qui vient en aide, le « samaritain ». Mais parfois nous sommes celui qui est à terre et qui a besoin des autres. C’est une force d’être dans une communauté qui nous permet grâce aux engagements des uns et des autres, nous pouvons reprendre notre souffle, être à nouveau capable d’aimer à nouveau, de partager.
Et l’amour, c’est avant tout de partager. Nous ne sommes pas seulement pour entretenir une communauté ou pour en profiter égoïstement, mais pour être des soldats de l’amour, de la tendresse, de la paix, de la fraternité et de la vie !
Florence Blondon et Louis Pernot
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