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56, avenue de la Grande-Armée, 75017 Paris

Les secrets de l'Apocalypse

Prédication prononcée le 16 janvier 2011 au temple de l'Étoile à Paris,

par le pasteur Louis Pernot

(Apoc 1 :1-3 Apoc 20 :11-15 Apoc 21 :1-7 Matt 24 :4-6)

 

« Apocalypse », en français courant ce mot est synonyme de destruction, de fin du monde, de catastrophe, et accessoirement on sait que c'est un des livres de la Bible, le dernier, tout à la fin du Nouveau Testament.

Il faut dire que ce livre est un un peu mystérieux, avec beaucoup de symboles, et comme il peut prêter à une grande diversité d'interprétation suivant l'imagination du lecteur, il est trop souvent utilisé par diverses sectes pour faire peur aux gens et les inciter à se convertir.

Il est vrai que dans Apocalypse, on trouve des textes racontant des destructions, des catastrophes, il y est question d'épreuves, mais il n'y a pas que ça, et on y trouve aussi plein de belles choses.

Comment lire ce livre difficile ?

Les commentaires chrétiens, aujourd'hui, font le plus souvent une lecture historique : on dit que l'auteur de l'Apocalypse parle dans situation de catastrophe, dans une époque troublée pour cette époque troublée. On a ainsi pensé aux persécutions qui ont pu avoir lieu entre 65 et 70 sous le règne de Néron. On disait que cet empereur faisait des fêtes dans son jardin la nuit et qu'il l'éclairait en mettant le feu à des chrétiens enduits de goudron pour qu'ils brûlent comme des torches. Mais l'historiographie moderne est revenue là dessus, et on pense qu'il n'y a pas eu tant de persécutions que ça sous Néron. On a alors pensé à celles plus réelles qui ont eu lieu à la fin du règne de Domitien entre 81 et 96. D'autres encore pensent qu'il n'est pas la peine de chercher une date si tardive pour la rédaction de l'Apocalypse, et que des persécutions, on en trouve dès la mort du Christ de la part des juifs intégristes, comme on le voit dans les Actes des Apôtres.

Ces considérations historiques sont intéressantes, mais elles n'ont aucun intérêt pour la foi car alors ce texte ne nous concernerait pas. Or le principe essentiel pour lire la Bible d'une manière profitable est que chaque lecteur pense que tout texte est écrit pour lui et parle de lui aujourd'hui et maintenant.

Il reste alors deux solutions permettant cela : la mauvaise et la bonne.

La mauvaise, ou tout au moins la plus habituelle mais qui ne me poser d'autres problèmes, et de dire que l'Apocalypse annonce fin du monde, mais que cela nous concerne, puisque celle ci est imminente. C'est ainsi que fonctionne le discours de certaines églises ou sectes prêchant « repentez vous... car la fin est proche ». Les prédicateurs montrent alors qu'en effet on peut voir des signes de l'Apocalypse qui se réalisent aujourd'hui pouvant faire penser que cette fin est imminente. Mais ce n'est pas une bonne solution, car même tout cela pouvait nous concerner (ce dont je doute) alors ça ferait de toute façon 2000 ans que les chrétiens auraient lu l'Apocalypse pour rien puisqu'aucune génération jusqu'à présent n'a connu la fin du monde. Or je ne crois pas qu'il y ait quelque chose dans la Bible qui concernerait une seule génération.

Il faut donc penser que l'Apocalypse reste valable même si la fin du monde n'est pas imminente, et en particulier pour nous en dehors de cette hantise moyenâgeuse de fin du monde.

Et reste alors un angle de lecture de l'Apocalypse qui est le plus positif et universel, c'est de penser que l''Apocalypse ne parle pas du tout le la fin du monde concret, mais de tout autre chose. D'ailleurs, le mot même « Apocalypse », en grec ne signifie absolument pas « destruction », ou « catastrophe », mais tout simplement « révélation ». C'est ainsi que les anglo-saxons désignent de livre : non pas « Apocalypse », mais « Revelation », et ils ont raison. Il s'agit d'une révélation, d'un ouvrage non pas géopolitique, mais théologique, une révélation du sens de notre vie et de ce vers quoi elle peut mener. Et cela nous concerne de plusieurs manières, notre livre parle de façon imagée de notre vie, des conséquences de ce que nous vivons, et de la manière de vivre dans ce monde.

Pourtant il est quand même question de la fin de quelque chose et de destructions... alors de quoi ? Là encore, on peut interpréter cela de plusieurs manières.

La plus évidente, et certainement pas fausse est quelque chose de l'ordre de la mise en garde sur notre manière de vivre. Il y a des choses dans notre façon de vivre qui peuvent mener à la vie, ou à la mort, au bonheur, ou au malheur, et certaines attitudes peuvent en effet mener à la catastrophe, à la destruction, au néant, alors que d'autres mènent vers la vie, la paix, la joie, la transmission et une forme d'éternité.

Ce genre de mise en garde est fréquente chez les prophètes de l'Ancien Testament. Il ne faut pas les lire comme des menaces de punitions divines, mais comme une responsabilisation de l'individu, lui montrant que ses actes ont des conséquences qui peuvent être bonnes ou mauvaises. Il faut faire attention, tout n'est pas égal, et notre manière de vivre a des conséquences pour nous, et pour les autres, et ce, pas forcément dans l'autre monde, mais même ici bas. Il n'y a pas besoin d'attendre d'être mort pour vivre l'Enfer et le Paradis, ils peuvent très bien déjà se vivre dès ici bas. Et si cela n'est pas toujours très agréable à se faire rappeler, c'est néanmoins tout à fait important. On annonce en effet le pardon et la grâce, mais il est bon de rappeler que le pardon et la grâce ne déresponsabilisent pas, et n'effacent pas les conséquences de nos erreurs. Certes, on peut vivre libérés et déculpabilisés, mais c'est pour mieux pouvoir s'engager positivement dans le monde.

C'est ainsi également que l'on peut comprendre l'idée du Jugement Dernier dont il est question en Apocalypse 20:11. Au Moyen-Age, on l'interprétait en disant qu'à la fin des temps, chacun comparaîtrait devant une sorte de tribunal pour y être jugé sur ses œuvres, et en fonction du résultat être envoyé en Enfer, ou au Paradis. Mais cette interprétation peut ne pas sembler évangélique. Je ne crois pas que Dieu puisse envoyer qui que ce soit en Enfer. Tout simplement parce qu'il nous aime, même pécheurs, ou alors il n'est pas un Père. Moi en tant que père quand mon enfant rentre de l'école, je ne le mets pas dehors s'il a eu des mauvaises notes. De toute façon je l'accueille, je lui ouvre la porte. Je ne pense pas que Dieu puisse faire moins bien que moi. Mais cela ne veut pas dire que je sois indifférent à son travail, s'il n'a rien fait, je le gronderai, je lui expliquerai, je le mettrai en garde, mais je ne le mettrai pas dehors.

Il faut donc croire à une forme de jugement : tout les actes ne se valent pas, il y a des bonnes choses et des mauvaises, les bonnes ont de bonnes conséquences, pas sur notre salut dans l'au-delà, mais pour le monde, pour nous, notre bonheur, et les mauvaises sont destructrices et mortifères. L'Apocalypse, montre ainsi d'une manière imagée les dangers de différents types d'impiété et de mal.

Une autre interprétation, plus intéressante des destructions de l'Apocalypse est de montrer que quand on accueille une nouvelle manière d'être dans la présence de Dieu, en vivant certains idéaux, alors forcément cela se fait au détriment de comportements archaïques, accéder à l'amour et la grâce suppose l'abandon et la destruction de la jalousie, de l'égoïsme et de la violence. Accéder à nouvelle vie suppose la destruction de l'ancienne vie mauvaise, et l'accès au spirituel la destruction du matérialisme. Il faut que le vieil homme meure pour que le nouvel homme accède à la vie et que l'on devienne une nouvelle création.

Et ces destructions peuvent, enfin, être comprises comme on le fait dans les Psaumes à propos des « ennemis » dont il est dit qu'on demande à Dieu de les abattre, de les tuer, de les noyer dans leur propre sang et d'éclater la tête de leurs enfants sur des rochers. Ces passages ont souvent dérangé les chrétiens qui trouvent que ces demandes ne sont pas très « évangéliques ». Mais c'est se méprendre sur le sens à leur donner. Il ne s'agit évidemment pas d'ennemis humains, mais d'ennemis spirituels, de toute pensée morbide qui nous détruit, de la tentation qui nous attire vers le mal, ou de toute situation, d'épreuve qui tend à nous déstabiliser, à nous faire chuter, à nous détruire. Ce que l'on demande à Dieu, ce n'est pas de tuer des hommes, mais d'exterminer tout le mal qui nous menace, ou nous attaque, de faire disparaître ces ennemis intérieurs, et de nous aider à vaincre ces événements mortifères.

Donc toutes les destructions ne sont pas mauvaises, au contraire, il y a plein de choses dont on peut souhaiter qu'elles disparaissent à jamais, qu'elles tombent dans un océan de feu, pour laisser place à une réalité nouvelle faite d'amour, d'espérance, de joie, de paix, de lumière et de fraternité. Mais cela ne se fait pas sans combat, certainement... et sans renoncer à certaines choses aussi...

Et tout ça... ce n'est pas pour la fin des temps, c'est pour tout de suite, pour chacun, et pour chaque jour.

Et puis l'Apocalypse, ce n'est pas que de la destruction, ni dans le sens négatif de menace, ni dans celui positif de faire disparaitre le mal. Il y aussi beaucoup de bien, de bonnes choses, il y a aussi plein de grâce, et on peut penser que c'est cela qui en est l'essentiel, le pivot, le point d'appui fondamental pour comprendre tout le livre.

Ainsi dans révélation des nouveaux cieux et de la nouvelle terre au 22, on ne trouve que des bonnes nouvelles : « la mer n'est plus » est-il écrit, or la mer c'est le mal, l'épreuve, la mort, là où on ne peut plus respirer et vivre... et « Dieu habitera lui-même avec eux : il essuiera toutes larme de leurs yeux, il n y aura plus de deuil, ni cri ni douleur. » quelle joie, quel bonheur. Et on trouve un peu plus loin même ces belles paroles de grâce, parmi les plus belle de toute la Bible : « a celui qui a soif, je donnerai de la source de l'eau de la vie, gratuitement. ».

Ne laissons donc pas parler les oiseaux de malheur, bien-sûr, il y aura toujours sur Terre des guerres et des bruits de guerre, mais cela n'est pas la fin dit le Christ, (Matt 24). Or par « fin », il ne faut pas entendre la « terminaison », mais la « finalité ». Certes, il y aura toujours du mal sur Terre, mais ce n'est pas la finalité, ce n'est pas le but, l'objectif. Le but, l'objectif, la finalité, la fin, de la création, ce n'est pas pour demain, mais pour aujourd'hui, pour maintenant, ce n'est pas pour d'autres, mais pour nous, et c'est la paix, la joie, la douceur, la tendresse, le pardon, la lumière, la vie et l'amour. C'est ça qui donne le sens de toute la création, c'est pour ça que nous vivons, et de ça que nous vivons. Et c'est pour cela que Dieu combat avec nous.

Louis Pernot

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 Apocalypse 1:1-3

Apocalypse (Révélation) de Jésus-Christ, que Dieu lui a donnée pour montrer à ses serviteurs ce qui doit arriver bientôt, et qu'il a fait connaître par l'envoi de son ange à son serviteur Jean, celui-ci a, comme témoin, annoncé la parole de Dieu et le témoignage de Jésus-Christ : tout ce qu'il a vu. Heureux celui qui lit et ceux qui écoutent les paroles de la prophétie et gardent ce qui s'y trouve écrit ! Car le temps est proche.

Apocalypse 20:11-15

Puis je vis un grand trône blanc, et celui qui y était assis. Devant sa face s'enfuirent la terre et le ciel, et il ne fut plus trouvé de place pour eux. Et je vis les morts, les grands et les petits, debout devant le trône. Des livres furent ouverts, et un autre livre fut ouvert, qui est le livre de vie. Les morts furent jugés d'après ce qui était écrit dans les livres, selon leurs œuvres. La mer donna les morts qui s'y trouvaient, la mort et le séjour des morts donnèrent les morts qui s'y trouvaient, et ils furent jugés chacun selon ses œuvres. La mort et le séjour des morts furent jetés dans l'étang de feu. C'est la seconde mort, l'étang de feu. Quiconque ne fut pas trouvé inscrit dans le livre de viefut jeté dans l'étang de feu.

Apocalypse 21:1-7

Je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre ; car le premier ciel et la première terre avaient disparu, et la mer n'était plus. Et je vis descendre du ciel, d'auprès de Dieu, la ville sainte, la nouvelle Jérusalem, prête comme une épouse qui s'est parée pour son époux. J'entendis du trône une forte voix qui disait : Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes ! Il habitera avec eux, ils seront son peuple, et Dieu lui-même sera avec eux. Il essuiera toute larme de leurs yeux, la mort ne sera plus, et il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu. Celui qui était assis sur le trône dit : Voici, je fais toutes choses nouvelles. Et il dit : Écris, car ces paroles sont certaines et vraies. Il me dit : C'est fait ! Je suis l'Alpha et l'Oméga, le commencement et la fin. A celui qui a soif, je donnerai de la source de l'eau de la vie, gratuitement. Tel sera l'héritage du vainqueur ; je serai son Dieu, et il sera mon fils.

Matthieu 24:4-6

Jésus leur répondit : Prenez garde que personne ne vous séduise. Car plusieurs viendront sous mon nom, en disant : C'est moi qui suis le Christ. Et ils séduiront beaucoup de gens. Vous allez entendre parler de guerres et de bruits de guerres : gardez-vous de vous alarmer car cela doit arriver. Mais ce ne sera pas encore la fin.

Apoc. 1:1-3, Apoc. 21:1-7, Apoc. 20:11-15