L'Evangile de Matthieu
Leçon pour Ecole Biblique (enfants de 8 à 12 ans)
Ce dessous, de simples notes pédagogiques, sans autre prétention que de donner des pistes de lecture pour les adultes voulant initier des enfants à la lecture des textes cités.
Le jeune homme riche
Lire : Matthieu 19:16-22 (puis 19:23-26)
C’est une histoire curieuse : Jésus demande au jeune homme riche de tout donner ce qu’il possède. Mais c’est trop demander, c’est un commandement irréalisable. Et personne ne l’a jamais fait, chacun donne plus ou moins aux pauvres, mais personne ne donne « tout », ni les pasteurs, ni les prêtres, ni les plus pauvres moines qui ont au moins leurs sandales. Même Jésus n’a pas tout donné puisqu’il possédait au moins une jolie tunique, si belle que les soldats se la sont tirée au sort pour l’avoir quand il était sur la croix, elle valait donc de l’argent.
En fait, Jésus sait bien que c’est impossible. D’ailleurs il lui dit : « si tu veux être parfait » (v. 21), or nul n’est parfait et personne ne peut jamais être parfait. Ce peut être un message, il va lui montrer qu’il ne doit pas vouloir être « parfait », parce qu’on n’y arrivera jamais. Il faut accepter qu’il y ait toujours des erreurs et des imperfections en nous, mais ce n’est pas très grave, c’est comme ça, et cela doit nous donner l’humilité par rapport à Dieu et aux autres. Parce que la religion, ce n’est pas d’être un champion des bonnes œuvres, mais d’avoir l’humilité de ne pas se croire meilleur que les autres, et de savoir demander pardon à Dieu sans arrogance et de se dire que l’on peut toujours progresser. Par ce commandement qu’il ne sait pas appliquer, le Jeune homme riche sera dans une meilleure voie.
Ensuite, si ce commandement est irréalisable, c’est qu’il ne s’agit donc pas d’un commandement à réaliser, mais d’une direction vers laquelle se diriger, d’un idéal à conserver pour s’orienter. L’idéal, c’est de donner, et la direction globale de l’Évangile, c’est de donner, et on peut toujours donner plus et encore mieux.
Par-là, Jésus fait une révolution par rapport à la logique juive. Dans l’Ancien Testament, la religion était une morale, il fallait obéir à des commandements avec une liste de choses à faire et d’autres à ne pas faire. Pour plaire à Dieu, il suffisait d’appliquer des règles. Là Jésus dit qu’il ne suffit pas d’appliquer des règles ou d’obéir à une morale, mais d’avoir un idéal qui oriente sa vie.
Dans le Judaïsme, il y a les 10 commandements dont Jésus cite là certains (en fait les derniers), mais il y en a en fait bien plus : 613 commandements. Le Jeune homme reste dans la logique de savoir ce qu’il faut « faire » pour Dieu. C’est ce qu’il demande : « Que dois-je faire de bon ? ». Jésus lui dit que le « bon » n’est pas dans le « faire », mais Dieu seul est bon. Il faut donc juste se tourner vers Dieu.
Parce que pour Jésus donc, la religion, ce n’est pas d’appliquer des règles, mais d’avoir un idéal. Il ne dit pas combien il faut donner aux pauvres, mais donne une direction : donner le plus possible. Ensuite chacun fait comme il peut, mais il y a une direction. Et on ne peut jamais dire qu’on a fait assez pour les pauvres, ni qu’on est parfait et qu’on n’aurait plus d’effort à faire, on peut toujours faire mieux et plus. Même si l’idéal n’est jamais atteint, il reste une visée vers laquelle se diriger.
Mais cela risque d’être décourageant : si l’idéal est inatteignable, personne ne peut être sauvé ? La réponse dans les versets 25-26 : c’est impossible aux hommes, mais possible à Dieu. Ce n’est pas nous qui nous nous sauvons par nos bonnes œuvres, mais c’est Dieu qui nous sauve.
Donc nous ne sommes même pas jugés sur le niveau auquel nous arrivons, c’est Dieu qui nous sauve si nous l’acceptons.
Le but n’est donc pas d’arriver à la perfection, mais de continuer d’avancer dans la bonne direction, et ensuite on est sous la grâce, Dieu nous pardonne, nous comprend et nous sauve.
Jésus montre le chemin au jeune homme riche
Et peut-être en plus : Jésus nous donne là un commandement qui questionne. La religion, ce n’est pas pour appliquer des règles donc mais pour qu’on se pose les bonnes questions et que chacun trouve sa manière d’être après avoir bien réfléchi. Ce type de commandement nous fait réfléchir : on se dit : « certes, Jésus exagère… mais il n’a pas totalement tort. Et moi, combien je donne ? Qu’est-ce qui m’empêcherait de tout quitter pour servir le Christ ? Quelles sont les choses auxquelles je suis peut-être trop attaché ? » Ce sont des bonnes questions. Chacun peut aussi se demander ce qu’il est en mesure de donner aux autres, et même les enfants peuvent se poser ces questions. Et il ne s’agit pas seulement d’argent, mais il est bon de chercher dans chaque situation ce que l’on pourrait soi-même donner. Ainsi même quand on va voir sa grand-mère, ne pas juste se demander ce qu’elle va nous donner (parce que les grand-mères donnent souvent), mais aussi ce que moi je pourrais lui donner, ne serait-ce qu’un peu de joie, d’amour, de tendresse, de temps ?
Jésus enfin ne condamne pas les riches en disant qu’ils sont forcément mauvais, mais il dit que la richesse peut être un obstacle quand on est trop attaché à ce que l’on possède. Celui qui ne possède pas trop finalement est peut-être un peu plus libre.
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