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56, avenue de la Grande-Armée, 75017 Paris

 

Culte Radio Pâques 2014

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Prédication prononcée sur France Culture par le pasteur Louis Pernot

INTRO :

« Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité ! » c’est la bonne nouvelle de Pâques, c’est comme ça que les chrétiens d’Orient se saluent ce jour, et cette affirmation a été la base de la prédication chrétienne depuis l’antiquité.

Aujourd’hui, nous disons aussi volontiers que là se joue l’enjeu principal de la foi chrétienne : la foi en Christ ressuscité. Mais nous ne sommes plus dans l’antiquité, et il n’est pas toujours facile de s’approprier cette bonne nouvelle au XXI siècle en Europe.

Replongeons nous, si vous le voulez bien dans ce coeur de la foi chrétienne pour voir comment ce message peut être encore bien vivant et palpitant aujourd’hui, et de quelle manière !

Mais avant de rentrer dans les détails, ce qui est l’essentiel, c’est que Pâques, c’est la foi dans la vie par delà la mort, c’est la foi que la victoire est à l’amour au delà de la haine,  c’est la victoire de la bénédiction sur la malédiction.

Et ainsi être chrétien, c’est croire que ce monde matériel et matérialiste avec ses déterminismes morbide n’est pas tout puissant, qu’il n’a pas le dernier mot, mais que le dernier mot, il est à un Dieu d’amour, de tendresse, de bonté et de grâce.

L’homme tue, il broie, il torture, l’homme amasse trop souvent pour lui, mais Dieu béni ceux qu’il aime. Et à ceux-ci, il donne un chemin de vie et de paix. Christ, au prix de sa vie nous a montré ce chemin, chemin de fécondité, et de bonheur.

C’est déjà ce chemin que chantait le psalmiste au Psaume 128, et que nous écoutons, et que la chorale de l’Etoile chante maintenant pour vous et avec vous :

Alors, comment Christ est-il ressuscité ? En bon protestant, retournons à l’Ecriture.
Mais là l’affaire n’est pas simple. Parceque, les Evangiles concordent assez bien pour ce qui est de la vie de Jésus, mais pour ce qui suit la résurrection, pour la manière avec laquelle Jésus apparaît, plus aucun ne sont d’accord, ils décrivent chacun des choses différentes, comme si l’on sortait d’une sorte d’objectivité contraignante. Sans doute le Christ ressuscité apparaît-il différemment à chacun selon sa foi... et on remarquera que dans l’Evangile, il n’apparaît pas du tout aux incroyants !

Le seul point qui met d’accord tous les évangiles, c’est le tombeau trouvé vide le jour de Pâques.

PREDICATION :

La bonne nouvelle de Pâques tient en trois mots : « Christ est vivant ». Ca devrait être simple, et pourtant, ça ne l’est pas. Le christianisme est loin d’être homogène dans ce domaine (comme dans d’autres d’ailleurs), et on trouve des chrétiens qui sont d’authentiques chrétiens et qui, pourtant, croient dans la résurrection du Christ de manières très différentes. Pour certains, la base fondamentale, c’est de croire dans une résurrection corporelle, physique, matérielle de Jésus : Jésus qui se relève, enlève ses bandelettes et va à la rencontre de ses disciples pour manger des poissons avec eux et montrer ses plaies. D’autres, préfèrent voir dans ces récits une expression imagée d’une expérience spirituelle des disciples qui découvrent qu’en fait Jésus est peut être mort physiquement, mais qu’il continue de les accompagner spirituellement par son enseignement. Sans doute la majorité ne sait pas très bien et penche sans approfondir la question vers une résurrection pas tout à fait corporelle, et pas seulement spirituelle. Et bien, je ne sais pas s’il faut trancher. Après tout, l’inquisition n’existe plus, et il est bon que les chrétiens apprennent à vivre ensemble sans forcément toujours penser pareil. Le protestantisme admet une certaine diversité, et il faut la maintenir au risque sinon de devenir sectaires.

Mais alors que pouvons nous dire de certain, de fort sur la question?

Plusieurs choses tout de même !

La première, c’est le point d’accord entre tous les évangiles : le tombeau vide. La bonne nouvelle de Pâques, c’est qu’il n’y a pas de cadavre du Christ. Le Christ est vivant, certainement, mais pas dans un cadavre, pas dans une tombe. Et nous en arrivons à ce paradoxe : la présence réelle du Christ est en fait une sorte d’absence réelle : le tombeau est vide. Ne cherchez pas parmi les morts celui qui est vivant  dit l’ange aux disciples.

C’est déjà une bonne nouvelle pour nous, parce que cela nous montre que la mort, ou le tombeau est incapable de retenir l’essentiel. La mort croyait retenir Jésus dans ses liens, mais elle ne garde qu’un suaire vide, Jésus échappe, la mort glisse sur le Christ, sans pouvoir l’attraper. C’est pourquoi aussi, dans les temples réformés, quand une croix est mise, elle est vide, sans crucifix. La croix est vide, Jésus a échappé. La violence, la mesquinerie, la trahison, la passion, l’épreuve, la torture, tout cela est vaincu, et n’atteint pas le Christ, ni ce qui en nous est uni à lui.

Et puis après ? Ah, ça devient plus compliqué. Encore que... le problème certainement vient de ce que la plupart des gens confondent « apparitions » et « résurrection ». Ce n’est pas la même chose, et il ne faut certainement pas réduire l’un à l’autre. Les apparitions, d’après Luc, concernent les disciples, entre Pâques et l’Ascension 40 jours plus tard. Après, il n’y a plus d’apparitions normalement. Mais la résurrection ne s’arrête pas pour autant ! La résurrection, c’est que, aujourd’hui Christ est vivant ! On ne dit pas à Pâques : « Christ a été ressuscité pendant 40 jours, et maintenant il ne l’est plus », mais on dit bien : « Christ est ressuscité, et il est vivant, aujourd’hui ». Ce qui nous intéresse, c’est donc le mode avec lequel ce Christ est ressuscité pour aujourd’hui, comment il peut être présent aujourd’hui parmi nous. Or là, personne n’attend de rencontrer physiquement Jésus au coin d’une rue pour manger un poisson avec lui. Et quand Jésus dit : « là où deux ou trois seront réunis en mon nom, je serai au milieu d’eux », nous le croyons et l’expérimentons sans cesse, mais pas physiquement, bien sûr !

Je ne sais pas comment le Christ est apparu aux disciples, mais je crois que le centre de notre foi, c’est comment il peut nous apparaître à nous aujourd’hui, et bien sûr que son mode de présence aujourd’hui est spirituel. Il est présent par son Esprit, par son enseignement, son Evangile qui nous fait vivre.

Réduire la résurrection aux apparitions du début serait une grave erreur, parce qu’alors cette bonne nouvelle ne nous concernerait pas. Qu’est-ce que ça peut me faire que Jésus soit apparu à l’un ou à l’autre si il ne m’apparaît pas à moi ! Certes, on peut être heureux pour les disciples qu’ils aient vu Jésus, mais le christianisme n’est pas une religion de voyeurs. Et on ne peut pas vivre sa foi par procuration. La bonne nouvelle de l’Evangile, ce n’est pas seulement une bonne nouvelle pour les Apôtres, mais pour nous, et pas que pour les 40 premiers jours, mais pour tous les temps, dont le nôtre. Donc ces récits d’apparitions nous égarent, et finalement nous éloignent de la bonne nouvelle, ils ne sont pas plus en mesure de nous donner de l’espérance que le récit d’un festin fait par d’autres il y a 2000 ans ne pourrait nous nourrir.

La bonne nouvelle, c’est que pour moi, pour toi, aujourd’hui, ici et maintenant, Christ est ressuscité, il est vivant, il est avec toi, il marche à tes côtés, il te parle, il te console, il te soutient. Et ça c’est vrai, c’est réel, parce que moi je le vis, d’autres le vivent, et vous vous pouvez le vivre.

Alors me direz vous, où est le corps du Christ ? Mais je n’en sais rien, nous n’en avons pas besoin : « la chair ne sert de rien, c’est l’esprit qui fait vivre » a-t-il dit lui-même. Et l’esprit, ce n’est pas rien ! Dieu est Esprit, et il n’est pas rien ! Ce Christ ressuscité aujourd’hui, il est Esprit, il est vie, il est espérance, foi, paix et amour, Merci Seigneur !

Quand au corps, c’est Paul qui donne la réponse : « vous êtes le corps du Christ ». Le corps, c’est ce qui permet d’agir concrètement matériellement dans le monde, et aujourd’hui le corps du Christ, ce sont les chrétiens, ceux qui croient dans sa parole et qui veulent se mettre à son service. Christ est vivant, pour nous, et en nous, et quand Christ vit en moi, je deviens son corps, sa puissance d’action dans le monde, sa bouche pour parler, pour pardonner, pour bénir, ses mains pour agir, pour donner, pour guérir.

Donc oui, Christ est ressuscité, et il a un corps, et aujourd’hui, sa résurrection elle est spirituelle, et son corps, c’est nous !

Mais alors que ferons nous des récits d’apparitions puisque, aussi merveilleux qu’ils soient, ils semblent ne plus nous concerner directement depuis l’Ascension ? Là aussi, la question est délicate. Elle a été un sujet de grands débats dans le sein même du protestantisme entre les libéraux et les orthodoxes. Aujourd’hui, la dispute est close, tout simplement en disant que ce qui s’est passé à l’époque, historiquement, en fait, peut importe, on peut croire un peu ce que l’on veut puisque nous n’y sommes pas et que cela ne nous concerne pas directement. L’important, c’est : qu’est-ce que cela veut dire pour nous aujourd’hui ? Et pour ça, le grand principe interprétatif de l’Ecriture, c’est de se dire dans chaque texte : ce texte parle de moi, ici et maintenant, et donc ce que j’y lis, c’est le récit de ce je peux expérimenter dans ma foi, là, tout de suite.

Bien sûr, cela demande souvent de faire un petit travail d’interprétation du texte, et puisque, aujourd’hui, je n’attends pas de rencontrer le Christ ressuscité en chair et en os, mais spirituellement, il me faut réinterpréter spirituellement tous ces récits. Et alors ils peuvent nous parler merveilleusement.

Les pèlerins d’Emmaüs, par exemple, ce sont vous, c’est moi quand je marche, parfois tout triste, me croyant seul, sans Dieu, sans le Christ, et en fait, quand je parle avec mon frère ou ma sœur du Christ, de l’Evangile, il est là, ce Christ, il chemine avec nous, même si nous ne le savons pas. Et finalement, on découvre avec reconnaissance qu’il est là, qu’il est toujours là, qu’il nous accompagne, et on voudrait qu’il reste toujours comme ça avec nous, et comme les disciples, nous disons : « reste avec nous, Seigneur, le jour décline », mais loin de nous infantiliser, il nous renvoie à notre vie, à notre responsabilité, par ce que lui, il doit aller plus loin.

Ou encore, quand Jésus apparaît aux Apôtres dans la chambre haute, alors que celle-ci a toutes ses portes fermées, nous nous retrouvons bien quand nous nous enfermons dans nos tours d’ivoire, dans nos certitudes, ou dans nos peurs, nos découragements. Et là, la bonne nouvelle de Pâques nous dit encore : Dieu par Jésus Christ peut venir à nous, même à travers toutes les barrières, il peut forcer tous les enfermements, et venir à nous pour souffler sur nous, nous donner son Esprit de vie, et nous envoyer en mission, faisant envoler notre peur ou notre découragement.

Et donc, frères et sœurs, réjouissez vous, parce que Christ est ressuscité, il est vivant, pour vous aujourd’hui, il est votre compagnon de route, il marche avec vous, il va à votre rencontre pour vous donner un souffle de vie, il vient vers vous dans votre travail terrestre, comme il l’a fait aux Apôtres qui peinaient en pêchant sur le lac, et quand on rencontre le Christ dans sa vie, c’est une explosion de joie, de fécondité, de paix, d’amour et de tendresse, et c’est tout ce que je vous souhaite.

Christ est vivant aujourd’hui pour vous, il est ressuscité, il est relevé des morts, et il vous relève de toutes vos morts avec lui.

Amen

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Evangile de Luc (24)

Le premier jour de la semaine, les femmes se rendirent à la tombe de grand matin, en apportant les aromates qu'elles avaient préparés. Elles trouvèrent que la pierre avait été roulée de devant le tombeau ; elles entrèrent, mais ne trouvèrent pas le corps du Seigneur Jésus. Comme elles étaient perplexes à ce sujet, voici que deux hommes se présentèrent à elles en habits resplendissants. Toutes craintives, elles baissèrent le visage vers la terre ; mais ils leur dirent : « Pourquoi cherchez-vous le vivant parmi les morts ? [Il n'est pas ici, mais il est ressuscité.] Souvenez-vous de quelle manière il vous a parlé, lorsqu'il était encore en Galilée et qu'il disait : «  Il faut que le Fils de l'homme soit livré entre les mains des pécheurs qu'il soit crucifié et qu'il ressuscite le troisième jour  » ». Et elles se souvinrent des paroles de Jésus.

Du tombeau elles s'en retournèrent pour annoncer tout cela aux onze et à tous les autres. C'étaient Marie-Madeleine, Jeanne, Marie mère de Jacques. Et les autres avec elles le dirent aux apôtres. Mais ces paroles leur apparurent comme une bêtise et ils ne crurent pas ces femmes. Mais Pierre se leva et courut au tombeau. En se baissant il ne vit que les bandelettes qui étaient à terre ; puis il s'en alla chez lui, dans l'étonnement de ce qui était arrivé.

Luc 24:1ss