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Que signifie 'être sauvé' ?

Que signifie "être sauvé"?

Pour pouvoir comprendre ce que signifie "être sauvé", il faut d'abord avoir éprouvé en soi-même le sentiment d'être perdu.

Je vais vous donner quelques exemples.

Imaginez quelqu'un qui est très malade. Tout le monde pense qu'il va mourir. On dit : "il est perdu". Et puis tout à coup, on apprend que l'on vient de découvrir un médicament qui peut le guérir. Et on s'écrie avec un immense soulagement : "il est sauvé". Oui ce remède, c'est son salut. Il lui rend la vie. Et ce remède, on le reçoit comme une grâce, car on n'est pour rien dans sa découverte. C'est un peu ce que dit l'apôtre Paul : "nous sommes sauvés par grâce, sans que nous n'y soyons pour rien".

Autre exemple. Vous vous souvenez du fils prodigue. Il a quitté la maison paternelle et maintenant il n'a plus de quoi vivre. Et il pense : "je suis perdu", et il décide de retourner chez son père. Mais il a peur d'être traité comme un moins que rien. Et puis voilà que, au moment où il arrive, il voit son père qui court vers lui, les bras ouverts pour l'embrasser. Et le fils s'exclame : "je suis sauvé". Oui cet accueil de son père, pour lui, c'est un don du ciel. Ainsi, être sauvé, c'est découvrir que quelqu'un nous aime, même lorsque l'on se sent sale, sali, et indigne d'être aimé. Le théologien Tillich a dit que être sauvé, c'est découvrir que l'on est aimé tout en sachant que l'on est indigne d'être aimé.

Dernier exemple. Vous vous souvenez de l'histoire de la femme adultère. On l'attrape et on se prépare à la lapider. C'est sûr, elle est perdue. Mais voilà que Jésus arrive et prend sa défense. Et elle est sauvée, parce qu'elle a trouvé quelqu'un qui ne la juge pas et qui la protège. Etre sauvé, c'est trouver un refuge inattendu quand on est en pleine déroute. C'est trouver une main à laquelle on peut s'accrocher. C'est trouver une parole qui vous ouvre un chemin nouveau. C'est découvrir, tout d'un coup, que Dieu est le défenseur des pauvres, des pécheurs, et même des femmes adultères.

Je voudrais encore ajouter un point à propos du salut. Certains disent que "être sauvé", c'est aussi, et même surtout, être sauvé après la mort. C'est être sauvé de la mort. Le salut, c'est la vie éternelle. Certains y croient. D'autres non. Eh bien moi, j'y crois.

Je compare l'éternité de Dieu à une bande magnétique qui enregistre ce qui se passe ici-bas dans l'histoire des hommes. Et qui le garde en mémoire, même après leur mort.

Cette image de la bande magnétique, elle n'est pas dans la Bible, bien sûr ! Mais il y a dans le Saint Livre une image très proche. C'est celle de la moisson que l'on trouve en particulier dans la parabole du bon grain et de l'ivraie (Mat 13,30). Elle nous dit que Dieu, le Dieu éternel, recueille la moisson de nos vies et qu'il garde cette moisson dans le grenier de son éternité, on pourrait dire sur la bande magnétique de son éternité. Mais, heureusement, nous dit la parabole, il ne moissonne pas tout. Il moissonne le bon blé et il laisse l'ivraie. Le blé, le bon blé que Dieu moissonne, c'est le blé de ce qu'il y a eu de foi, de confiance, d'espérance et d'amour dans chacune de nos vies. Et ce qu'il y a eu dans nos vies d'égoïsme, de mesquineries et d'ivraie, Dieu le laisse à la cendre et à la poussière. Et c'est très bien ainsi.

Mais avec les quelques fils d'or que nous avons tissés dans notre vie, Dieu tissera fil-à-fil l'étoffe de notre vie éternelle.

Alain Houziaux