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Archives-Reflexions

Parole, feu, langues, Esprit, Eglise, Pentecôte... Quel rapport?

Esprit de Pentecôte

 La Pentecôte, c'est la fête du don de l'Esprit, du parler en langues, et aussi celle des flammes de feu, du commencement de l'Eglise... tout cela est bien mystérieux, et quel rapport tout ce qui peut sembler un bazar symbolique peut-il avoir ensemble ?

Avant d'être une fête chrétienne, Pentecôte était une fête juive : Shavouot : fête du don de la Torah à Moïse sur le mont Sinaï, c'est-à-dire du don de la « Parole de Dieu ». Et la théologie juive comme la théologie chrétienne nous donnent le premier lien avec l'Esprit puisque pour elles, il est indissociable de la Parole de Dieu elle-même. (C'est l'un des sens de la doctrine de la Trinité d'ailleurs : Dieu est à la fois « Fils » et « Esprit », c'est-à-dire « Parole » et « Esprit » et les deux sont eux-mêmes pleinement Dieu).

Pour les juifs, Dieu autrefois donnait son Esprit et donc sa parole (avec Moïse, les prophètes etc...) et ils pensaient, au temps de Jésus que l'Esprit avait cessé de souffler et que donc il n'y avait plus de prophètes, plus de parole divine donnée.

L'un des sens de la Pentecôte chrétienne est donc là : l'Esprit souffle encore et de nouveau et ainsi de nouveau la parole de Dieu se fait vivante et efficace.

Mais il y a des différences essentielles :

D'abord concernant la nature de la flamme : un Buisson ardent collectif pour l'Ancien Testament : un pour tous, et un intermédiaire Moïse qui descend, et pour le Nouveau : une flamme pour chacun et plus d'intermédiaire, chacun entend directement la Parole.

Et cette Parole, elle se trouve en 70 langues: on n'a plus affaire à une religion réservée à un peuple, à une culture, mais à un message universel. Dieu parle à tous, et c'est par les chrétiens eux-mêmes qu'il parle.

Quant au Saint Esprit, il désigne, en fait, Dieu dans sa présence, c'est la présence de Dieu dans nos vies, ce que nous éprouvons dans la foi affective.

Il y a ainsi deux choses essentielles : la Loi c'est-àdire la Parole, l'Ecriture, et le Saint Esprit, la présence vivifiante de Dieu, il faut les deux.

Dieu agit par son Esprit et fait de grandes choses. En agissant à l'endroit du Christ, il fait surgir l'Evangile, parmi les disciples, il leur a donné d'être une parole d'amour et de paix dans le monde, et si nous continuons à fêter aujourd'hui la Pentecôte, c'est pour dire que le Saint Esprit continue de souffler pour nous, que les langues de feu nous sont données à nous aujourd'hui encore.Tout cela n'est pas quelque chose qui était vrai il y a deux mille ans et qui ne nous concerne plus, au contraire, c'est actuel. Sinon, nous redeviendrions comme les pharisiens comme les serviteurs d'une lettre morte alors que comme le dit Paul, La lettre tue, c'est l'Esprit qui fait vivre. (2 Cor 3 :6)

L'important, c'est la Parole et l'Esprit, pas le légalisme ou le dogmatisme, il faut trouver l'esprit présent dans parole morte, trouver la vie, interpréter, actualiser, vivre cette parole vieille de 2000 ans qui nous a été transmise. C'est le sens du « Témoignage intérieur du Saint Esprit » que Calvin disait nécessaire pour que la Bible devienne « parole de Dieu » à celui qui la lisait.

Que les textes ne suffisent pas d'eux-mêmes, c'est l'expérience des disciples : ils avaient suivi et connu le Christ, ils avaient donc mieux que quiconque une parfaite connaissance de l'Evangile, or on les voit prostrés, immobiles, cet Evangile ne leur donnait pas vie avant la Pentecôte. Pourtant, le Christ leur avait bien donné son Esprit d'après l'Evangile de Jean, mais apparemment, cela n'avait pas suffi à les mettre en route. C'est qu'il faut un certain temps pour que la connaissance intellectuelle de l'Ecriture donne vie à quelque chose, pour qu'elle devienne source de vie. Rien n'est immédiat dans l'accueil du Royaume et tout est une affaire de croissance.

Aujourd'hui, dès que nous nous réunissons au nom du Christ, l'Esprit est donné d'après la promesse de Jésus : « Là ou deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d'eux » (Matt. 18 :20). Je crois bien que c'est vrai, mais cet Esprit ne donne pas toujours vie tout de suite, immédiatement et totalement à tous les participants, tout de suite. La patience, la persévérance sont des vertus souvent louées dans l'Evangile et peut-être que nous les passons trop souvent sous silence. (Jésus dit lui même en Luc 21 :19 : « Par votre patience vous sauverez vos âmes », ce n'est pas rien !)

Un dernier point : c'est bien dans l'Eglise que l'Esprit est donné, pas dans la solitude. Il y a certainement un danger de prétendre vivre sa foi à sa manière dans son coin, il manquerait quelque chose, peut-être une part d'Esprit qui lui, est, qu'on le veuille ou non, donné quand on est réunis. Et cet Esprit il n'est pas seulement donné pour faire plaisir à ceux qui sont là, il est aussi donné pour pouvoir communiquer avec les autres.

Nous retrouvons là encore l'incontournable Paul :

En lui vous aussi, après avoir entendu la parole de la vérité, l'Évangile de votre salut, en lui vous avez cru et vous avez été scellés du Saint-Esprit qui avait été promis,
Eph 1:13

Louis Pernot