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Archives-Reflexions

La leçon du poisson

 

Christ le grand poisson

Depuis les premiers temps du Christianisme, le poisson est lié au Christ. On sait en particulier que le dessin du poisson a été le signe de ralliement des chrétiens.

On sait qu'une des raisons de ce choix est que le mot "poisson" en grec (IChTUS) est l'acrostiche de Iésous Christos Théou Uios Soter ce qui signifie : "Jésus Christ, fils de Dieu sauveur".

Or il y a là en peu de mots une confession de foi extraordinaire.

Jésus est le "Christ", c'est-à-dire le "Messie", il est celui qui est revêtu de la présence de Dieu (autre fois symbolisée par l'huile) pour être notre roi (mais son royaume n'est pas de ce monde), et pour être prophète (il nous dit la Parole de Dieu).

Il est "Fils de Dieu" parce qu'il est dans une parfaite intimité et une totale proximité avec Dieu, que tout ce qu'il est il le tire de Dieu lui-même, et que d'une certaine manière, cette union, cette communion que Christ a avec Dieu fait qu'il en est l'image, il est "le portrait" de son père.

Il est "Sauveur", parce que nous croyons que le Christ nous sauve, si ce n'est de la mort par la vie éternelle, en tout cas de la crainte de la mort par l'annonce de cette vie éternelle, il nous sauve des épreuves en nous donnant l'aide de sa présence, il nous sauve de l'absurde et de la vanité en donnant un sens à notre vie par l'Evangile et en nous apprenant que nous sommes aimés, et enfin il nous sauve de la culpabilité du péché par l'annonce du pardon de Dieu.

Mais si les premiers chrétiens ont choisi ce symbole pour leur Sauveur, c'est qu'avant même le Christ, déjà le poisson était dans le judaïsme un signe d'espérance, et ce pour plusieurs raisons bien symboliques.

 

La vie dans le chaos

Tout d'abord, le poisson est un animal qui vit dans l'eau... Or, pour les hébreux, l'eau de la mer était symbole du danger, de l'engloutissement, de la mort. La mer, c'est tout ce qui menace notre vie ou notre équilibre. Le poisson est une bonne nouvelle, car nous voyons qu'il y a une vie possible, même dans le milieu dans lequel nous pensons qu'il nous est normalement impossible de vivre.

Et c'est bien là l'espérance chrétienne, ce n'est pas que Dieu nous évite les épreuves, mais qu'il fasse en sorte que même au plus profond de l'épreuve nous puissions quand même vivre, même là, le chrétien peut trouver confiance et la douceur de la présence de son Sauveur.

 

Le voyant

Et dans ce milieu hostile, le poisson a une autre qualité, c'est que, paraît-il, il n'a pas de paupières. Il a donc toujours les yeux ouverts. Le poisson est l'image de la vigilance, selon ce commandement de Jésus : veillez et priez... Il sait voir l'essentiel qui est invisible pour les yeux, voir ce que le monde matériel ne voit pas et qui sont les réalités essentielles.

 

Le bonheur en kit

Mais ce n'est pas tout, et cette fois encore, c'est l'hébreu qui nous permet de comprendre les choses. Dans cette langue, le poisson se dit DAG, or, dans l'autre sens (GAD) nous avons un autre mot qui signifie le bonheur...

Ce poisson du Christ est donc d'une certaine manière le bonheur. Bonheur qui n'est pas forcément le plaisir matériel, mais le bonheur profond et durable de la paix de Dieu. C'est là un point central de l'enseignement de Jésus : l'Evangile donne le bonheur. Il suffit de voir les premiers mots de l'enseignement du Christ dans l'Evangile de Mathieu, qui sont huit fois "heureux" avec ce beau texte des "béatitudes" (Matt 5) et les derniers dans l'Evangile de Jean: Si vous savez ces choses vous êtes heureux... pourvu que vous les mettiez en pratique (Jean 13:17).

Mais ce bonheur du Christ n'est pas donné tout fait. Il est donné comme dans le désordre, tous les éléments en sont donnés, mais il faut encore pour nous le construire, y participer.

Louis Pernot