Rompre pour annoncer
« Ne me retiens pas » Jean 20 : 17
Au matin de Pâques, Marie-Madeleine, alors même qu’elle reconnaît Jésus dans le jardinier, va être stoppée dans son élan. Elle aimerait pouvoir reprendre sa vie comme avant la Croix. Mais, Jésus bloque sa quête possessive par un « ne me retiens pas ! », qui rétablit désormais la distance.
Un « ne me retiens pas » qui annonce la rupture entre celui qu’elle reconnaît comme son maître « Rabbouni » et le « Ressuscité », celui qui est la Vie. Car la résurrection n’est en rien une restauration. Sa présence est autre. Au corps à toucher et à voir se substitue désormais une Parole à entendre et à annoncer.
Un « ne me retiens pas » qui lui dit qu’il est la Parole incarnée, et que cette Parole ne peut en aucun cas être contenue, être enfermée. Au désir de retour en arrière, Jésus oppose une invitation à porter en avant sa Parole.
Un « ne me retiens pas » qui la projette dans une dynamique vivante, en rupture avec toutes tentations de retourner à nouveau vers le passé, sa vie d’avant.
Il faudra donc à Marie-Madeleine, faire l’expérience de cette rupture, pour pouvoir se détacher. C’est la condition indispensable à son envoi, la condition pour qu’elle puisse proclamer la bonne nouvelle qui va transformer tous nos destins, faisant d’elle le premier témoin de la résurrection, la première envoyée, la première apôtre. C’est en se détachant, en renonçant qu’elle va pouvoir vivre et annoncer.
Ce détachement n’est-il pas le mouvement même de la vie ? Il nous permet de rompre avec toutes les morts, pour l’accueillir Lui qui est la Vie. Aujourd’hui, nous pouvons mettre nos pas dans ceux de Marie-Madeleine et nous orienter dans cette dynamique. Pour cela il nous faudra nous aussi rompre avec ce qui nous attache, rompre avec tous nos désirs de possessions. Pourrons-nous renoncer à notre volonté de combler nos manques à tout pris, et, au contraire les accepter, pour faire place au vide et ainsi être en capacité de reconnaître et d’accueillir la Parole de Vie ?
Cette Parole qui ne nous appartient pas, que nous ne pouvons en aucun cas posséder au risque de la rendre lettre morte, il nous faut à notre tour l’annoncer, la partager.
Florence Blondon