Résurrection ou apparitions ?
On confond souvent résurrection et apparition concernant le Christ. Quand certains me demandent si je crois vraiment à la résurrection du Christ qui leur semble contraire à la raison, je dois leur montrer la nuance : je peux croire que le Christ est vivant aujourd’hui parmi nous, croire qu’il est présent dans ma vie, sans pour autant attendre de lui une présence corporelle.
Or beaucoup de gens mélangent les deux. Certains pensent que ce qui est de fondamental dans la foi chrétienne, c’est de croire à la résurrection corporelle du Christ, telle qu’elle peut être décrite dans certains récits d’apparitions de l’Evangile. Mais on peut très bien lire ces récits d’apparitions comme des expressions imagées de l’expérience spirituelle des disciples, et montrer que le fondement de la foi chrétienne, ce n’est pas l’historicité matérielle des apparitions, mais le fait que le Christ est vivant aujourd’hui comme autrefois parmi nous.
Le message, ce n’est pas: « Christ a ressuscité et est apparu pendant 40 jours, et puis c’est fini». Faudrait-il croire qu’il n’est plus ressuscité puisqu’il n’apparaît plus ? Ou que la résurrection ne concernerait que les premiers disciples et plus nous ?
Il faut le dire : la bonne nouvelle de l’Evangile c’est de tout temps : « Christ est vivant », et c’est encore une bonne nouvelle pour nous aujourd’hui, ici et maintenant. Or de quelle manière est-il vivant aujourd’hui ? Comment pouvons nous le rencontrer ? Spirituellement, bien sûr, dans la foi, pas matériellement.
Je ne veux donc pas savoir ce qui s’est passé matériellement avant l’Ascension, cela ne me concerne pas. Ce qui m’intéresse, c’est de lire dans ces vieux textes quelque chose qui parle de mon expérience personnelle. Il ne faut donc pas chercher dans les récits d’apparition du Christ d’éventuels témoignages de phénomènes miraculeux dont nous serions exclus aujourd’hui. L’Evangile, il n’est pas fait pour nous faire regretter le bon vieux temps, mais pour parler de nous aujourd’hui et maintenant. Ces récits, c’est donc de nous qu’ils parlent, et il faut les lire comme des récits symboliques d’expériences de la présence spirituelle du Christ ressuscité comme nous pouvons le faire aujourd’hui.
D’ailleurs, il est même fort possible que ces textes aient été lus comme ça dès l’origine. Il est remarquable que, dans l’Evangile, le Christ ressuscité n’apparaît qu’aux croyants. Ce n’est pas une présence objective qui s’impose à tout le monde, c’est une présence particulière qui ne peut se recevoir que dans la foi. Et la foi, c’est de savoir qu’aujourd’hui, nous ne sommes pas seuls, mais qu’une présence nous accompagne pour nous donner courage, espérance, paix, joie et force. Une présence d’amour qui, justement parce qu’elle n’est pas matérielle, transcende toute chose d’ici bas et est au-delà de tout.
Louis Pernot