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56, avenue de la Grande-Armée, 75017 Paris

Noël et nouvelle année

 

Je me suis toujours demandé pourquoi nous ne fêtions pas la nouvelle année en même temps que Noël. Il y aurait là, en effet, un joli symbole : quand le Christ vient (dans nos vies), alors nous accédons à un temps nouveau, ce qui est ancien est passé, et c'est dans un temps entièrement neuf que nous entrons.

Sans doute les raisons proviennent-elles d'obscures motivations de séparer le religieux du profane, il y aurait alors une fête spirituelle : Noël, et puis, pour ne pas être en reste, une fête totalement profane, voire païenne : l'enterrement de l'ancienne année, et se convaincre à la réjouissance de l'accueil d'une nouvelle année. Si c'est le cas, alors je suis bien content d'être chrétien : je préfère la joie de Noël aux fêtes à lendemains peu gais des réveillons du Nouvel An.

Noël, c'est la joie pure et simple, c'est la lumière, le merveilleux, le don, l'amour, l'accueil de la transcendance et du spirituel dans notre monde matériel. La fête du Nouvel An ressemble plus à une sorte d'étourdissement, où l'on veut croire que « faire la fête » pourrait nous donner de la joie... mais dans le fond, ce qui reste, c'est surtout que nous avons une année de plus. C'est une année derrière nous que nous regardons sans pouvoir en être vraiment fiers. Ce sont de bons événements qui sont passés. Ce sont pour l'avenir des choses que nous ignorons, et peut-être redoutons... Oui, le Nouvel An n'est pas une fête facile, et les traditionnels « voeux » ne mettent qu'un baume bien superficiel à notre trouble.

Comment alors vivre vraiment heureusement avec paix et tranquillité, ce nouvel an ? Peut-être justement en le vivant à la lumière de Noël. Oui, c'est vrai les deux fêtes ne sont pas en même temps, mais elles ne sont quand même pas éloignées et sans doute devons-nous les vivre dans un même mouvement. Noël nous apprend le pardon et donc nous sommes libérés de toute culpabilité à l'égard de l'année passée. Noël nous rappelle que l'essentiel est dans l'amour, dans la faiblesse et dans la simplicité, et nous sommes ainsi libérés de l'anxiété d'avoir à « réussir » l'année à venir, ou de devoir l'entreprendre comme un combat. Noël nous dit et redit que le matériel n'est pas tout, et que c'est le spirituel qui compte avant tout. Alors qu'importe ce qui arrive et arrivera puisque nous avons librement accès à un trésor que nul ne peut nous ravir. Noël nous rappelle que nous ne sommes pas dans le temps, mais dans l'Eternité de l'amour de Dieu... alors qu'est-ce que ça peut bien faire d'avoir un an de plus ?...

Oui, tout cela est bien vrai, nous en sommes persuadés, et en même temps notre foi n'est pas parfaite et nous avons à travailler pour bien nous en convaincre... Alors, ne serait-ce pas là la raison de la séparation des deux fêtes ? Il faut du temps pour que nous puissions intégrer la joie du message de Noël et que nous soyons ainsi prêts à vivre la nouvelle année effectivement comme une joie et une chance. Nos regards étant tournés vers l'avenir non plus avec crainte, mais avec confiance, et sur le passé non plus avec regret, mais avec reconnaissance.

Louis Pernot