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56, avenue de la Grande-Armée, 75017 Paris

Noël chrétien, noël païen

 

Il est de bon ton de se plaindre que, trop souvent, la dimension religieuse de Noël est oubliée pour n'en garder qu'une occasion de faire la fête en famille avec des cadeaux... Il faut, en effet, bien avouer que tout n'est pas purement spirituel ou évangélique dans la façon que nous avons de fêter Noël...

Et alors ? Est-ce grave ?

Pour certains, oui. Ils voudraient, dans une sorte de démarche de purification, nous enlever toutes nos petites joies humaines et matérielles de Noël. C'est ainsi que certains n'aiment pas les sapins de Noël, parce qu'ils nous viennent d'une tradition païenne ; et dans bien des familles protestantes, l'on n'offrait autrefois jamais de cadeaux à Noël, - afin de ne pas polluer le recueillement dû à ce jour, sans doute - pour les remettre en « étrennes » au jour de l'an.

Il est vrai que toute activité humaine peut porter au débordement ou à l'excès, ce qui n'est jamais bon, et Noël n'échappe pas à la critique à cause de ceux qui le décrédibilisent à force d'exagérations : trop de décorations, trop de cadeaux, trop de récupérations commerciales, trop de tout... ça excède...

Mais réagir par l'intégrisme est-il une bonne réponse ?

Je ne le pense pas. Pourquoi n'aurait-on pas le droit de se faire plaisir, pourquoi ne pourrait-on pas s'offrir des cadeaux ? Et pourquoi pas... bien manger, ou réjouir les enfants avec un beau sapin bien décoré plein de lumières ? La religion, verrait-elle d'un mauvais oeil que l'on se fasse plaisir et que l'on fasse la fête en famille ? Je crois très profondément qu'il n'y a pas à séparer ou à opposer les joies spirituelles et les joies matérielles. Il n'est pas nécessaire d'être austère, vivant de rigueur et de privations, pas besoin d'être triste et ascète pour être proche de Dieu.

Alors laissez-nous nos sapins, laissez-nous faire la fête avec ceux que nous aimons, laissez-nous nous amuser à faire une jolie crèche, laissez nous profiter de nos joies familiales et simples, c'est une manière comme une autre de célébrer la beauté de la vie, de dire qu'il y a de la joie possible sur cette terre. En soi, je crois qu'il y a dans cette simplicité quelque chose d'évangélique.

Bien sûr, bien sûr, il ne faut pas être idolâtre, il ne faudrait pas que nous comptions sur ces joies terrestres pour donner un sens à notre vie, et il est bon d'en jouir tout en sachant que l'on pourrait s'en passer. La lutte contre l'idolâtrie consiste, non pas à ne pas user du monde, mais à ne pas le mettre au-dessus de tout.

Alors mangeons du foie gras si nous en avons, n'en mangeons pas si nous n'en avons pas, et dans les deux cas, que cela ne nous empêche pas de prier...

Et puis ce qui fait qu'un Noël est chrétien, ce n'est peut-être pas la présence ou non de joies terrestres, mais la façon de vivre ce moment, non pas tant pour recevoir que pour donner et partager.

Louis Pernot