Le sel de la vie
Le Sel de La Vie
Depuis les origines de l’humanité, le sel est indissociable de l’histoire des hommes. Précieux, car essentiel à la vie, objet de toutes les convoitises comme de bien des trafics, il est présent dans toutes les civilisations. Le Moyen-Orient biblique, qui frottait ses nouveaux-nés de sel, ne fait pas exception.
Rehausseur de saveur, mais aussi agent de conservation des aliments, obstacle à la corruption, son rôle purifiant en fait le symbole de l’alliance de Dieu avec les hommes.
Le Lévitique (2,13) commande aux Hébreux « Tu mettras du sel sur toutes tes offrandes. Tu ne laisseras point ton offrande manquer de sel, signe de l’alliance de ton Dieu. »
C’est encore par le sel qui favorise la vie que l’éternel, par la main du prophète Élisée, comme en retour bienfaisant de l’offrande des hommes, purifie les eaux mortifères de Jéricho (2 Rois 2,19).
Mais la blancheur du sel possède aussi sa face sombre. Les déserts de sel ne sont-ils pas radicalement hostiles à toute forme de vie ? Le sel des larmes n’est-il pas marque universelle des épreuves humaines ?
À maintes reprises, l’Ancien Testament associe le sel à la tristesse et la désolation : ainsi, la femme de Loth devint statue de sel après la destruction de Sodome et Gomorrhe tandis que le roi Abimélek rasa la ville de Sichem avant de semer du sel sur ses décombres (Juges 9,45) ; toutes situations dans lesquelles l’homme s’éloignant de l’éternel par sa méchanceté rompt l’alliance. Quelle résonance cette double symbolique du sel peut-elle trouver auprès des hommes d’aujourd’hui ?
Le sel a perdu son aspect rare et précieux, il est présent sur toutes nos tables, les techniques de maîtrise du froid en réduisent considérablement le rôle de conservation ; l’homme est désormais capable de désaliniser l’eau de mer pour la transformer en eau douce, mais il en apprécie aussi l’agrément et les bienfaits à travers les bains de mer ou la thalasso-thérapie.
Finalement, il n’en garde plus que le meilleur !
C’est ce que l’Évangile invite le chrétien à faire dans le monde. Jésus a dit à ses disciples :
« C’est vous qui êtes le sel de la terre » (Mat 5,13) et Paul, dans un verset moins souvent cité, écrit : « Que votre parole soit toujours accompagnée de grâce, assaisonnée de sel, pour que vous sachiez comment vous devez répondre à chacun » (Col 4,6).
Sachons donner place dans nos vies aux grains de sel de la présence du Christ et en faire partager le goût inestimable, celui du sel de la Vie.
Marie Laure Degand
Présidente du Conseil Presbytéral