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56, avenue de la Grande-Armée, 75017 Paris

Et vous, vous êtes luthérien ou calviniste ?

 

J'imagine que certains ne le savent même pas. Et ce n'est pas forcément plus mal. Notre référence, en tant que chrétiens, c'est le Christ, ce n'est pas un homme qui a vécu il y a 500 ans, fût-il réformateur.

Donc moi, je ne suis ni "luthérien", ni "calviniste", je suis "chrétien". Et si l'on veut préciser, je dirai qu'aujourd'hui, je suis heureux de vivre ma foi au sein de l'Eglise Réformée.

C'est en effet comme cela que s'appelle l'Eglise d'origine calviniste en France : l'Eglise Réformée. Cela pour dire justement que nous ne sommes pas les défenseurs des idées de Calvin, mais que nous voulons continuer dans cet élan de réformation qui a été le sien. Aujourd'hui, l'Eglise fondée par Calvin n'appartient pas à Calvin, mais à ceux qui la composent. La plupart des réformés d'aujourd'hui n'adhèrent pas à toutes les idées de Calvin.

En fait, on sait que, pour simplifier, Luther a fait la Réforme en Allemagne et Calvin en France. Donc les Allemands sont luthériens et les Français calvinistes (ou réformés, puisqu'ils ont voulu se faire appeler ainsi). En Alsace, c'est partagé.

En France "de l'intérieur", il n'y a donc pratiquement pas de luthériens. Sauf à Paris, par les immigrés des pays nordiques d'abord, puis par les Alsaciens qui ont quitté leur région en 1870 pour ne pas devenir allemands. Il y a ainsi à Paris une bonne dizaine de paroisses luthériennes.

La différence est donc essentiellement géographique, ou d'origine culturelle. Pour ce qui est de la théologie, il faut être très érudit pour être capable de dire les différences entre Calvin et Luther. Mettons que la réforme calviniste a été plus radicale que la réfome luthérienne, le culte réformé est plus dépouillé, alors que les luthériens ont conservé plus d'attention à la rigueur liturgique et aux symboles.

Quoi qu'il en soit, il ne semble pas que cela justifie de faire deux Eglises. Et de fait, depuis des années, dans l'Est de la France, les pasteurs luthériens et réformés se montrent très facilement interchangeables, pouvant être pasteurs de paroisses de l'autre Eglise. Dans cette région, les deux Eglises ont fusionné depuis quelques années. Il était temps de faire de même dans le reste de la France.

Certains luthériens avaient peur de se retrouver noyés dans la masse bien plus importante des réfomés, mais finalement le cheminement a été positif, et la fusion des deux Eglises a été décidée par les synodes respectifs. Il n'y aura donc bientôt plus deux Eglises, mais une seule, tout en permettant, bien sûr, à chaque paroisse de conserver son identité et sa personnalité.

C'est une excellente nouvelle en ces temps plus tournés vers les divisions et l'individualisme que vers la réunion fraternelle. Et nous en sommes heureux.


Louis Pernot