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56, avenue de la Grande-Armée, 75017 Paris

Des femmes responsables d'Église ?

 

L’Église protestante unie de France vient d’élire son nouveau président, et c’est une présidente, la pasteure Emmanuelle Seyboldt.

C’est une première. Cette élection l’année où les protestants célèbrent les 500 ans de la Réforme a une portée toute symbolique.

Pourtant, dans le paysage religieux français c’est une exception. Pourquoi les religions confinent-elles souvent les femmes à des tâches subalternes ? Et si finalement la mise à l’écart des femmes dans le christianisme primitif était avant tout un problème
de pouvoir, et non le résultat d’un enracinement évangélique.

Dans une civilisation patriarcale les Églises ont reproduit le mode d’exercice du pouvoir de la culture dans laquelle elles prospéraient. Il faut bien admettre que dans ce contexte la voix des femmes n’aurait probablement pas été entendue. Aujourd’hui, alors que les femmes peuvent être chefs d’entreprises, rock star ou ministres, nous pouvons entendre le message de l’Évangile. Car la Bible a pris à bras le corps la question des femmes, et ce dans les deux Testaments. Dès l’ouverture des évangiles, la généalogie de Jésus nous rappelle combien les femmes sont essentielles. Quatre y sont présentes, Tamar, Rahab, Ruth, et Bethsabée. Elles sont parfois loin d’être exemplaires mais elles ont toutes en commun leur combat pour que la vie puisse advenir. Ruth, à la fois femme et étrangère, devient le modèle de la croyante et sera l’arrière grand-mère de David. Tout au long de sa vie, Jésus sera accompagné de femmes parfois plus fidèles que les douze disciples. Et à la fin de l’évangile de Jean, c’est à Marie- Madeleine, que Jésus ressuscité apparaît en premier. Il lui donne la parole, il l’envoie annoncer la bonne nouvelle, faisant d’elle le premier apôtre.

Il aura fallu presque vingt siècles pour que l’Église entende la voix de ses femmes, pour qu’il y ait des femmes enseignantes, ministres du culte, chefs d’Église et ce malheureusement de manière très minoritaire au regard du nombre d’Églises. 

Alors oui, cette élection est une bonne nouvelle.


- Une bonne nouvelle pour notre Église en premier parce que Emmanuelle a été élue pour ses qualités. Le fait qu’elle soit une femme n’est pas intervenu dans ce choix mais le fait qu’elle soit une femme n’a été en rien un obstacle. Nous nous rappelons que l’Évangile appelle à combattre les fléaux sociaux, la mise au banc des femmes en fait partie, comme la lutte contre toutes les exclusions.

- Une bonne nouvelle pour les religions qui peuvent ainsi s’opposer à la vision négative qu’elles véhiculent et s’opposer à tous les radicalismes. Il existe une manière ouverte, inclusive, accueillante de vivre et de dire sa foi. Une manière qui loin de nous diviser nous relie.

- Une bonne nouvelle pour la société. Il existe un lien fort entre le rôle des femmes dans la société et l’état de celle- ci. Lorsque l’on attaque le droit des femmes, c’est le reflet d’un monde dans lequel tous les droits de l’homme sont bafoués. Alors qu’il y ait des femmes responsables au plus haut niveau, y compris dans l’Église, nous invite à poursuivre sur la voie de la construction d’un monde plus juste.

 

Florence Blondon