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56, avenue de la Grande-Armée, 75017 Paris

Au bonheur de l'attente

 

Chaque année, nous prenons le temps d'accueillir le temps de l'Avent, de vivre cette attente. C'est assez paradoxal, car tout dans l'Evangile nous dit la présence du Christ, non pas la présence à venir, mais une présence déjà là. Le Christ ne nous dit jamais, "je serai avec vous", mais "je suis avec vous", "là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis avec eux", "je suis avec vous jusqu'à la fin des temps", sans oublier la série des "je suis" dans l'Evangile de Jean.

La foi chrétienne s'enracine sur cela, sur cette expérience de la rencontre avec celui qui est. Et pourtant, nous sommes appelés à attendre. Pourquoi ? Fondamentalement, si nous attendons celui qui est toujours présent, c'est parce qu'il est présent, mais il ne nous appartient pas. En réalité, c'est nous qui lui appartenons. Il est là, mais il est aussi ailleurs. Nous ne pouvons nous l'accaparer, nous ne pouvons nous l'approprier, nous ne pouvons le posséder. Et aucun d'entre nous, même des plus sages, ne possédera Dieu de telle façon que nous n'ayons plus à l'attendre. On peut croire posséder Dieu, l'enfermer dans une doctrine, dans un livre, dans un rite, mais en réalité ceux qui imaginent le posséder ne possèdent qu'un idole. Cette attente est un vrai bonheur. Cette mise en veille est salutaire. Elle est comme une défense contre toute tentation de fondamentalisme.

C'est pour cette raison qu'à l'Etoile nous sommes si attachés à la parole libre, aux débats, aux questionnements. Nous vivons cette quète qui nous invite à attendre et accueillir la Parole de Dieu, c'est à dire non pas ce qui est déjà venu, ce qui est déjà connu, ce qui a déjà été entendu, mais l'inattendu de ce qui nous arrive, ce qui vient pour nous, justement là, au moment où nous ne pouvions pas le prévoir, ou le programmer, et qui nous parle, nous console, nous remet en route, nous donne assez de courage pour être et pour agir. L'attendre, cela signifie tout avoir sans rien posséder, car tout est à lui, et nous aussi nous sommes à lui.

Et nous sommes heureux dfans l'attente, car nous pensons à la joie de la rencontre. Veiller c'est aussi l'accepter, accueillir celui qui vient, tel qu'il est, c'est à dire l'aimer. Attendre c'est aimer.

 


Florence Blondon