L'histoire du protestantisme
(Propositions pour une foi contemporaine)
Le protestantisme est né à la renaissance sous l’influence du premier grand Réformateur : Martin Luther. Moine augustin à l’origine, il s’indigne de l’Eglise Catholique Romaine qui à l’époque vendait des « indulgences », c’est-à-dire des années de remise de peine de purgatoire pour pouvoir accéder au Paradis. En lisant la Bible, il redécouvre l’importance de la grâce, c’est-à-dire de la gratuité en ce qui concerne nos relations à Dieu. Pour lui, tout homme est de toute façon pécheur, et il ne peut pas prétendre à se sauver lui-même en quoi que se soit, alors s’il est sauvé c’est par la grâce seule de Dieu. Et ainsi il redécouvre la grâce de la part du croyant aussi comme une dimension de l’amour. Si le croyant fait le bien, en effet, ce ne peut-être que par amour, et non pas pour son propre intérêt en pensant à se sauver. Ainsi pour la Réforme, inverse la relation entre le salut et les bonnes œuvres, dans une certaine prédication médiévale, on disait aux fidèles : « faites des bonnes œuvres pour être sauvés » , la Réforme dira : « vous êtes sauvés par grâce, faites des bonnes œuvres en reconnaissance pour ce salut qui vous a été offert ».
Luther également va rêver de réformer l’Eglise catholique, en la voulant plus pauvre et plus humble, et avec un pape qui n’aurait pas autant de prétentions spirituelles ou temporelles, et surtout moins de pouvoir.
Le 31 octobre 1517, on dit qu’il a placardé 95 thèses de réflexions pour faire bouger l’Eglise sur la porte de la chapelle du château de Wittenberg. Mais le pape va refuser toute remise en cause et excommunier Luther. Luther hors de l’Eglise mère alors va continuer son travail, suivi par un nombre important de personnes gagnées à ses idées.
En France, Jean Calvin (1509-1564) va découvrir les idées de Luther et les défendre à son tour, travaillant avec d’autres à la création de l’Eglise Réformée en France. Il ira un peu plus loin que Luther dans la forme, proposant plus de dépouillement en particulier dans le culte. Il va avec l’aide des poètes Clément Marot et Théodore de Bèze faire une version en vers des Psaumes et faire composer des mélodies pour ceux-ci que nous chantons encore aujourd’hui. D’un tempérament plus sévère que Luther qui était un bon vivant, et ancien juriste, il va poser les bases d’une pensée rigoureuse avec son principal livre qui sera « L’institution de la Religion chrétienne « . Chassé de France, il ira à Genève où il continuera son travail de Réforme.
En Suisse également un autre réformateur important : Huldrich Zwingli aura d’âpres discussions avec Luther sur des points un peu particulier, mais on lui doit aussi un certain nombre de choses, dont la conception que nous avons aujourd’hui de la Sainte Cène.
La Réforme va s’installer assez bien en Allemagne, mais en France, elle va se heurter au pouvoir royal qui tenait au catholicisme comme légitimant son pouvoir. Il y aura des guerres de religions, dont le célèbre massacre de la Saint Barthélémy en 1572 occasionnant plusieurs milliers de morts dont le chef protestant l’Amiral de Coligny. Henri IV plutôt favorable aux protestants va promulguer l’Edit de Nante leur donnant une certaine liberté. Mais en 1685 Louis XIV signe la révocation de l’Edit de Nantes. A partir de ce moment là il était interdit d’être protestant sous peine d’être emprisonné ou envoyé aux galères. Les pasteurs étaient eux condamnés à mort. Il y aura certains lieux de résistance, comme dans les Cévennes avec les célèbres guerres des Camisards contre les Dragons du roy (soldats). Le simple fait alors de posséder une Bible pouvait être suffisant pour être emprisonné.
Le protestantisme va ainsi être interdit en France pendant à peu près 100 ans jusqu’à peu près la Révolution Française en 1789 où il va de nouveau être autorisé et où il va pouvoir se reconstruire et de nouveau s’organiser avec des pasteurs et des paroisses. Mais cette longue interdiction et la grande difficulté alors de transmettre sa foi et sa conviction va faire qu’il y a très peu de protestants en France aujourd’hui : (autour de 2% de la population). Certaines régions sont restées très protestantes comme les Cévennes ou la région de Montpellier, la Drôme, la Saintonge... Dans d’autres régions on trouve encore aujourd’hui un assez grand nombre de protestants parce qu’elles n’étaient pas en France du temps de Louis XIV, et n’y ont donc pas été interdits, c’est le cas de l’Alsace ou du Pays de Montbéliard.
Aujourd’hui, on a l’habitude de définir la pensée protestante avec un certain nombre de grands principes : le premier est « sola scriptura » : l’Ecriture seule. Cela veut dire qu’il n’y a pas d’autre autorité que la Bible. C’est un principe de liberté et de responsabilité individuelle : Il n’y a dans le protestantisme pas de pape qui dicterait la doctrine ou la morale. Chaque protestant est donc libre de sa propre croyance qu’il élabore à partir de sa propre lecture de la Bible. . Il n’y a pas de dogme obligatoire, et responsable de ses propres choix dans le domaine de la morale ou de l’éthique. Ensuite théologiquement on dit « sola gratia » et « sola fide » ce qui veut dire par la grâce seule et la foi seule. Cela signifie que le croyant n’est pas sauvé par ses bonnes œuvres, mais par la grâce seule de Dieu au moyen de sa foi.
Calvin est parfois cité pour une doctrine qu’il a défendu qui est celle de la « double prédestination » et qui semble bien curieuse à beaucoup de monde. Calvin ne prétendait pas que l’homme n’ait pas de liberté et soit programmé en tout. Cette prédestination concernait seulement le salut. Il disait que c’était Dieu qui choisissait de sauver qui il voulait et de laisser perdre qui il voulait. Aujourd’hui peu de protestants professent cette croyance, et la plupart pensent que Dieu veut bien sauver tout le monde et qu’il sauve ceux qui le veulent bien. Mais ce n’est pas très important parce qu’il faut comprendre que les protestants ne se définissent pas par la pensée des Réformateurs, la doctrine étant libre, ils le sont aussi par rapport à ce qu’a pu dire Luther ou Calvin, un protestant n’est donc pas contraint de défendre tout ce qu’a pu dire l’un ou l’autre.
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