L'Étoile atteint les 10.000 abonnés sur YouTube
Ce jeudi 9 mai, jour de l'Ascension, la chaîne YouTube de l'Étoile a franchi la barre symbolique des 10.000 abonnés. Le fruit d'un travail collectif qui ouvre de belles perspectives pour la diffusion d'un christianisme moderne adapté au XXIe siècle.
Par Raphaël Georgy | Publié le 9 mai 2024
La première "Foire aux questions" du confinement, le mercredi 18 mars 2020. Photos R.G.
Ce 18 mars 2020, le confinement vient de s’abattre sur la France depuis trois jours et déjà le pasteur Louis Pernot trépigne d'impatience. Sa collègue Florence Blondon salue les internautes de la première émission « La Foire aux questions » – la première d'une longue série, mais nous ne le savions pas encore – et donne rendez-vous la semaine suivante. « Tu ne veux pas que l’on continue ?, l'interrompt Louis. On peut le faire tous les soirs ! Nous n'avons rien d'autre à faire, nous sommes tous coincés chez nous, on s'ennuie... » Ainsi l'Étoile a-t-elle commencé à diffuser ses émissions chaque jour, week-end compris, et à constituer une véritable communauté numérique qui ne cessera de grandir jusqu'à aujourd'hui. En 2020, l’année du premier confinement, l'audience de l'Étoile a été multipliée par quatre. Mais ceux qui regardent aujourd'hui avec envie nos 10.000 abonnés sur YouTube oublient que nous partions de loin. Très loin.
Une simple caméra, deux micros et un ordinateur pour diffuser les offices de la Semaine sainte le 10 avril 2020.
Nul ne sait si Louis imaginait où il porterait l'Étoile lorsque, vingt ans plus tôt, en l'an 2000, il inaugure sans tambour ni trompette le site Internet de l'Étoile. C’est l'indifférence générale dans la paroisse. L'Étoile est alors l'une des premières paroisses à être présente sur Internet. La plupart des conseillers presbytéraux ne voyaient dans le numérique qu'un gadget qui avait au moins pour avantage de ne déranger personne. Pour Louis, jeune pasteur arrivant dans une paroisse qui menaçait de fermer boutique, toute expérience était bonne à tenter. La vidéo viendra plus tard.
Léonore, une des premières réalisatrices formées, aux manettes le 8 août 2021.
Le premier office enregistré est le culte de Noël 2013, avec une prédication de Louis et Florence sur la lumière – celle de l'Étoile, évidemment. Lorsque les premiers smartphones deviennent capables de diffuser en direct, Louis s’y met. L’image est cadrée de loin, l’écho est terrible. Il aurait eu toutes les raisons de se décourager. Mais les premiers retours sont positifs. Il pense alors le culte vidéo comme un « produit d'appel » pour faire connaître le temple.
Un temple vide
L'envers du décor, le 20 avril 2020.
Lorsque la pandémie de Covid a éclaté, l'Étoile était parée. L'été précédent, elle avait recruté votre serviteur, sans imaginer une seconde que nous serions condamnés ensemble, confinés dans notre kilomètre réglementaire. À peine sorti de l'école de journalisme, j'ai assuré la diffusion en direct des émissions pendant les confinements. « C'est le Seigneur qui vous a mis à l'Étoile ! », me lançait un pasteur luthérien, peu libéral, mais très malicieux. Nous passions de longs moments après l’émission sur le palier avec Florence et Louis, à deviser sur l’avenir incertain, retardant le moment où nous irions retrouver notre solitude et nos affaires profanes. Les hommes et les femmes se révèlent dans les temps troublés.
Face à un temple entièrement vide, les pasteurs continuent à prêcher en chaire, face caméra. L'Étoile est alors une des rares paroisses à offrir un culte « en chaire et en robe », avec orgue, malgré la distance, lorsque de nombreuses autres avaient jeté par-dessus bord toute liturgie et toutes leurs habitudes. Un ami rabbin à Neuilly me rappelle alors la grande valeur des rituels qui rythment nos journées et réintroduisent un peu d'ordre dans le chaos du monde.
Avant d'être transférée à la tribune, la régie s'est fondue parmi les fidèles, le 12 décembre 2021.
Mais nous ne serions pas là où nous sommes aujourd’hui sans un sens de la communauté capable de traverser les murs. « Formons une communauté de lecteurs ! », lance Florence lors du premier culte confiné, en invitant tous ceux qui l'entendaient à lire l'Évangile de Jean. À distance, notre secrétaire générale Charlotte Mariaux de Serres a œuvré sur tous les tableaux pour maintenir le lien avec les paroissiens et participer au montage de notre toute nouvelle offre de communication désormais multimédia : Lettre imprimée, site Internet, newsletter, réseaux sociaux, YouTube et podcast.
Nouveaux investissements
Vérification d'un dernier verset avant de tourner un nouvel épisode des "5 minutes pour la Bible" avec la pasteure Florence Blondon, le 20 février 2023.
Le numérique s’est imposé comme un complément indispensable à notre paroisse afin de continuer à transmettre la parole vivante de l'Évangile. Nous avons « fait église » à travers nos écrans. Le jour de Pâques, nous avons partagé symboliquement le pain et le vin, partout où nous étions. Un tiers de notre communauté numérique se trouve à l'étranger. Certains paroissiens continuaient de se lever religieusement lorsque le pasteur levait les mains pour prononcer la bénédiction finale. Nos cultes sont maintenant diffusés 52 dimanches par an grâce à notre équipe de réalisateurs bénévoles et formés : Léonore, Alexia et Franck, Alexandre et Lucien.
Travail de couple : Franck et Alexia à la nouvelle régie, le 1er octobre 2023.
Il n'a pas été nécessaire de déployer de grands efforts pour convaincre le conseil presbytéral d'investir dans une nouvelle régie et des caméras à la hauteur de la vocation particulière de l'Étoile, devenue une des vitrines du protestantisme. Nous avons lancé le podcast mensuel « Les Débats de l'Étoile », pensé comme un hommage aux « Conférences de l'Étoile » du pasteur Alain Houziaux, pour montrer que le protestantisme a toujours une contribution à apporter aux débats de société. Mais une fois le virus disparu, les désordres du monde ont reparu.
Le pasteur Louis Pernot et Alban Robert, dernière recrue dans l'équipe audiovisuelle, le 15 mars 2024.
Nous nous sommes rappelés que les réseaux sociaux résonnaient souvent non pas d'une parole de vie et de liberté, mais d’un fondamentalisme et d’une bêtise la plus noire. L'Étoile doit être sur Internet comme l'étoile qui brille dans la nuit noire : une lueur qui nous rappelle que d'autres chemins de foi sont possibles. Ceux qui crient le plus fort, dans toutes les religions, ignorent que l'humanité est appelée avant tout à un renouvèlement intérieur perpétuel, et non à imposer son dogme aux autres. Il est d'intérêt général que nous continuions à porter cette lueur partout où se trouvent nos contemporains, y compris dans l’intime de nos écrans. En février 2024, nous avons recruté Alban Robert, jeune et prometteur diplômé en réalisation audiovisuelle qui a déjà contribué à multiplier notre audience par trois en quelques mois. Nul ne sait où s'arrêtera l'Étoile.
Nouveaux éclairages pour l'enregistrement des "Débats de l'Étoile", le 24 avril 2024.