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Baptême, confirmation, profession de foi, communion

(Propositions pour une foi contemporaine)

A la fin du catéchisme, nos Eglises protestantes proposent aux jeunes une « confirmation ». Autrefois on parlait plutôt de « réception des catéchumènes dans l’Eglise ». L’idée de « confirmation » vient du langage catholique que les protestants ont ré-interprété. Pour l’Eglise romaine, c’est l’évêque qui confirme le catéchumène, pour nous, c’est le catéchumène lui-même qui en est l’acteur, et qui confirme. Mais pour comprendre il faut partir du sens du baptême.

Le baptême a un double sens théologique (en rapport avec Dieu) et ecclésiologique (en rapport avec l’Eglise). Théologiquement, le baptême est un « sacrement », ce qui signifie : « signe visible de la grâce invisible de Dieu », ou en français plus courant : un signe de l’amour inconditionnel de Dieu. C’est pourquoi on peut baptiser des petits bébés qui n’en ont pas conscience, c’est alors les parents qui affirment leur foi que leur enfant est aimé par Dieu, qu’avant même que nous le sachions, déjà Dieu nous accueille, et son amour est offert sans préjuger de la réponse qui y sera donnée ou non. Ainsi pense-t-on que la vie chrétienne ne consiste pas à gagner l’amour de Dieu, mais apprendre y répondre. Bien sûr, les parents peuvent donner un geste d’amour à leur enfant, c’est leur droit, mais il leur faut ensuite donner à l’enfant les moyens de comprendre ce qu’on leur a fait, pour qu’il puisse savoir ce qu’il va en faire. C’est pourquoi les parents qui baptisent leur enfant doivent leur donner ensuite une connaissance de l’Evangile et de cette grâce de Dieu signifiée par le baptême, afin que l’enfant puisse dire un jour s’il croit dans cette grâce ou non, s’il confirme que pour lui ce baptême a un sens.

Et puis le baptême est aussi l’accueil dans l’Eglise... mais en tant qu’enfant de parents chrétiens. Ce n’est pas par le baptême en effet que l’on devient chrétien, pour cela, il faut le vouloir et confesser sa foi, et un petit enfant ne peut le faire, mais on dit que l’enfant est bienvenu dans l’Eglise parce que ses parents en font partie. Plus tard donc on demandera à l’enfant s’il confirme sa place dans l’Eglise, non plus seulement parce que ses parents y sont, mais parce que lui, personnellement le désire.

On entend parfois dire que le catéchumène « confirme les vœux de son baptême ». C’est faux puisqu’à son baptême, l’enfant n’a fait aucun vœu. La seule chose qui puisse s’en approcher est que, si les parents baptisent leur enfant, c’est bien qu’ils aimeraient qu’il découvre un jour cette présence de Dieu l’accompagnant et qu’ils lui souhaiteraient de devenir chrétien. Les parents ont le droit d’avoir des souhaits pour leurs enfants (et les enfants le droit de ne pas y répondre). En ce sens, à la confirmation, le jeune choisit de faire sien ce souhait exprimé par ses parents.

Ou ce que l’on peut dire, c’est que le catéchumène confirme l’alliance de son baptême. Une alliance, c’est une relation, et pour qu’elle soit établie, il faut l’engagement des deux parties. Le baptême, c’est l’engagement de Dieu seul qui est premier. Donner le baptême à un enfant, c’est affirmer que l’on croit que l’enfant est enfant de Dieu. Donc c’est Dieu qui dit « celui-ci est mon enfant bien aimé en qui j’ai mis toute mon affection » (Matt. 3:17). Dieu dit qu’il veut bien de cet enfant pour son enfant. Il faut ensuite que l’enfant en question apprenne à connaître le Dieu de Jésus Christ pour qu’on puisse lui demander si lui, il veut bien de Dieu pour son père, et ainsi la relation sera complète. Cela peut s’apparenter à ce qui se passe quand quelqu’un a besoin d’un artisan pour un travail. Celui-ci fait un devis où il s’engage à faire telle chose pour tel prix et il signe. Pour que le devis soit « confirmé », il faut que le client signe le devis à côté pour dire qu’il est d’accord. Alors la relation est engagée, et la collaboration est possible.

Ainsi le catéchumène, à la fois, confirme son appartenance à l’Eglise en disant bien vouloir en faire partie, et confirme l’alliance se son baptême en confessant sa foi. Et c’est en disant sa foi qu’on devient chrétien explicitement.

Si un catéchumène n’a pas été baptisé enfant, cela ne veut pas dire qu’il n’ait pas été aimé par Dieu, Dieu n’a pas besoin de nos signes pour nous aimer, et le baptême ne fait que dire un amour qui existe de toute façon. Mais alors il fait à quelques secondes d’intervalle baptême et confirmation-profession de foi. L’officiant lui demande : « veux-tu recevoir le baptême qui est le signe de la grâce de Dieu ? », il le baptiste, puis lui demande : « veux-tu répondre à cette grâce en te disant disciple de Jésus Christ », et alors il professe sa foi.

Cette profession de foi, elle doit être la plus minimale possible. En effet, dans les détails, le contenu de notre foi peut évoluer et il est bon qu’il en soit ainsi. Il n’est donc pas question de s’engager à croire de telle ou telle manière. Historiquement, dans les premiers temps de l’Eglise, le candidat professait sa foi en disant « Jésus Christ est le Seigneur ». C’est encore la formule officielle demandée dans la constitution de l’Eglise Protestante Unie. Mais cette formule n’est peut-être pas toujours très bien comprise dans le pays de la Révolution française qui a enseigné la détestation des seigneurs féodaux. Il faut donc expliquer que le seigneur, c’est, idéalement, celui que l’on veut servir et qui nous protège. Mais aussi, on peut regretter que cette formule nous laisse dans un rapport très hiérarchique avec le Christ, alors qu’il est venu pour être proche de nous. On peut alors compléter la formule en disant : « Je crois que Jésus-Christ est mon Seigneur et mon frère ». Ou alors on peut utiliser une formule moins historique mais plus synthétique : « Je crois en Dieu par Jésus-Christ », c’est là la confession de foi minimale et la plus ouverte.

Et par ailleurs, cette confession de foi peut être professée à différents niveaux d’intensité. Il est évident qu’on ne peut pas demander à une dizaine de jeunes d’être au même niveau de foi et de maturité au jour qu’on leur impose pour la cérémonie. En ce sens, les confirmations groupées en fin de catéchisme ont plus le sens de fête de fin d’instruction religieuse que d’expression d’une expérience mystique bouleversant une vie. Ainsi, certains peut-être auront découvert cette présence spirituelle qui les accompagne par Jésus Christ qui a donné sa vie, mais pour d’autres, ce pourrait être beaucoup plus simple. La confirmation n'est pas une sorte de label d'une foi extraordinaire, ni d'une consécration totale au service du Christ, ni d'une piété exemplaire. Au minimum, elle peut-être vue comme juste un geste simple disant que, globalement, à l'instant donné, le jeune veut bien se dire chrétien (ou protestant) et faire partie de l’Eglise, et est plutôt en accord avec les valeurs de l'Evangile qu’il a appris à connaître. De toute façon, la foi reste un questionnement et un cheminement... Ce n'est pas non plus un engagement à vie, on ne leur demande pas s’ils veulent « vivre et mourir dans la foi chrétienne » comme on peut le voir sur certains vieux certificats de première communion, mais c’est une parole de bonne volonté que chacun peut dire, à son niveau, vis-à-vis de l'Evangile et de l'Eglise. Cette confirmation n’a pas donc à être survalorisée, c’est juste une porte que l’intéressé veut bien ouvrir sur l’Eglise, ce que les jeunes en feront ensuite leur appartient, mais de toute façon nous sommes toujours sous la grâce, et notre Eglise, comme Dieu n’accueille pas seulement ceux qui ont une foi parfaite, et chacun est bienvenu.

Quand il s’agit d’un adulte qui demande pour lui le baptême ou de professer sa foi, le geste évidemment peut être beaucoup plus investi. Il ne se fait alors qu’à la suite d’une préparation individuelle faite en relation avec le pasteur. Si l’intéressé n’a jamais été baptisé, alors il reçoit le baptême et professe sa foi. S’il a déjà été baptisé, il peut publiquement professer sa foi, et éventuellement être reçu plus officiellement dans l’Eglise Protestante en disant qu’il est heureux de vouloir vivre cette foi dans le sein de l’Eglise protestante.

Ensuite, il est d’usage lors des confirmations de partager une sainte Cène, c’est-à-dire, la communion. Pour la plupart des confirmants, ce sera aussi leur « première communion ». En fait la constitution de notre Eglise permet aux enfants de prendre la communion sous la responsabilité de leurs parents. C’est une bonne chose, Dieu n’exclue personne de sa grâce, il n’y a pas un niveau de maturité ou de foi minimum pour avoir le droit d’être au bénéfice de la grâce ou pour faire un geste de foi. Mais beaucoup préfèrent conserver à la communion une certaine solennité, geste important se faisant d’une manière instruite et réfléchie. Il est vrai qu’en communiant, le catéchumène réaffirme par un geste le double sens de sa confirmation. En partageant avec les autres le pain et le vin, il montre qu’il veut faire partie de cette communauté de l’Eglise qui se rassemble autour du Christ « pain de vie ». Et ce pain et ce vin représentant le corps et le sang du Christ, il affirme qu’il veut reconnaître dans le Christ la source de sa vie, pour lui donner la force et la joie. Ainsi participer à la sainte cène, c’est vivre avec son corps les deux dimensions de la communion horizontale avec les autres, et verticale avec Dieu, formant les deux branches de la croix, c’est dire son désir de faire partie de l’Eglise et affirmer sa foi.

Cela dit, tout cela ne sont que des gestes humains. La seule chose qui compte, c’est la relation que l’on a à Dieu dans son cœur, ces valeurs de l’Evangile sur lesquelles on peut vouloir bâtir sa vie. Toutes ces liturgies d’Eglise sont secondaires et ne conditionnent pas l’amour de Dieu, bien sûr que l’essentiel, c’est de se savoir sous la grâce de Dieu et de vouloir y répondre. Mais ce qui va sans dire va encore mieux en le disant et il est toujours beau d’exprimer l’essentiel.

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