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56, avenue de la Grande-Armée, 75017 Paris

Qu'est Dieu?

(Propositions pour une foi contemporaine)

 

Il y a beaucoup de façon différentes de croire en Dieu, et tous n’ont pas la même foi. Certains on une foi « mystique », ils ont le sentiment de la présence de Dieu, ils prient... d’autres ont une foi plus intellectuelle, pour eux, croire en Dieu se résume à adhérer à des valeurs, voire à une tradition. Peu importe, il y a de la place pour tout le monde et « beaucoup de demeures dans la maison du père ».
 
Il y a donc plusieurs manières donc de croire en Dieu, et on peut en faire une sorte de petit catalogue, en allant du plus au moins évident.
Le plus évident, c’est le Dieu moral. Dieu, c’est ce en quoi l’on croit, c’est un mot simple pour regrouper tout ce que l’on considère comme essentiel, des valeurs, des idéaux. Ainsi, celui qui croit dans le pardon, l’amour ou la grâce, croit que c’est ça le fondamental, c’est ce qu’il veut mettre au dessus de tout, c’est sa foi, ce qui oriente sa vie, et c’est ça qu’on peut appeler « Dieu». En ce sens, il n’y a pas de problème d’existence de Dieu, l’amour, le pardon, existent, donc Dieu existe ! Une des lettres de Jean nous dit bien (1Jean 4,16) : « Dieu est amour », or si Dieu est amour, on peut dire aussi : « l’amour, c’est Dieu ».

En ce sens, tout le monde a un Dieu moral, un système de valeurs. Le théologien Paul Tillich définit ainsi le Dieu dans lequel on croit comme « la préoccupation ultime » : ce qui est plus important que tout dans sa vie et qui lui donne son sens. Le tout, c’est de bien choisir. On peut dire qu’un chrétien, c’est quelqu’un qui, connaissant l’Evangile, affirme: « je crois que Jésus a raison, il y a là l’essentiel, les valeurs fondamentales, le programme que devrait suivre l’humanité pour progresser et survivre, et le sens de ma propre vie ». Etre chrétien ce peut être donc tout simplement d’adhérer globalement au message de l’Evangile.Le deuxième Dieu peut être le Dieu philosophique, un peu plus compliqué. Les philosophes affirment que les choses qui sont dans le monde ont en commun d’être et participent ainsi chacune à une réalité commune qui est l’être. On peut essayer de penser l’ « être », en dehors de quelque chose qui soit, c’est là la question de la métaphysique : « qu’est-ce que l’être en tant qu’être ? ». Or il y a bien de l’être puisque des choses sont, s’il n’y avait pas d’être, rien ne serait, mais l’être n’est rien de matériel... La tradition théologique de l’ontothéologie affirme que Dieu, c’est l’être-en-soi. C’est ce qui fait qu’il y a quelque chose et non pas rien. Certains théologiens modernes disent que Dieu est la « puissance d’être », ce qui fait être les choses et ce qui pousse toute chose à plus être.

Toujours dans le registre philosophique, on peut penser Dieu comme l’absolu. Dans ce monde, tout peut apparaitre et disparaître, mais il faut bien qu’il y ait quelque chose de transcendant et durable, quelque réalité qui ne puisse ne pas être, et cet absolu aussi nous l’appelons Dieu, ou encore l’Eternel.
Ou encore, on peut se demander si vraiment le monde n’est fait que de ce que l’on voit, de choses, d’objets. On peut penser qu’il y a aussi de l’invisible, comme dit le Petit Prince de Saint-Exupéry : « l’essentiel est invisible pour les yeux ». Ce non matériel qui n’existe pas comme une chose mais qui « est » et est important dans le monde, c’est ce qu’on appelle le « métaphysique» (au delà du physique), ou le « transcendant ».

Sans doute est-ce là en effet un choix, et la frontière essentielle entre le foi et l’athéisme est là : le véritable athéisme est « matérialiste », affirmant que ne comptent que les choses, les objets. Les autres cherchent l’essentiel qui est de l’ordre de l’invisible. Et croire en Dieu, c’est croire que le monde ne se réduit pas au visible, que tout n’est pas contingent, qu’il y a de l’absolu, de l’invisible, du transcendant qui est l’être essentiel du monde. C’est croire aussi que l’être humain ne se réduit pas à être une mécanique organique complexe, mais qu’il est quelque chose de plus qu’un simple mammifère par une dimension qui est celle de l’esprit.
 
Le troisième Dieu est le Dieu cosmique ou scientifique. Il n’est pas beaucoup plus difficile à démontrer que les précédents. Nous sommes en effet dans un univers en évolution. Or les lois de la physique sont toutes des lois d’augmentation de l’entropie (c’est-à-dire qu’elles affirment que naturellement, les choses ne peuvent que se désorganiser et se dégrader). Or nous observons que dans notre Univers, il y a une complexification croissante dont la physique pure ne peut rendre compte. Les cosmologistes disent (qu’ils soient croyants ou non) qu’il faut admettre que notre Univers, s’il est soumis aux lois de la physique, a en plus « une tendance à la complexification ». On peut appeler «Dieu » la tendance à la complexification de l’Univers.

Le fait est que les lois de la physique ne déterminent pas tout, il y a une certaine marge d’indétermination, et on peut penser Dieu comme une force cosmique, une puissance évolutive et créatrice qui pousse progressivement l’Univers vers du plus complexe et finalement vers ce qu’il est aujourd’hui. Dieu dans ce cas ne serait pas le Dieu que l’on a enseigné aux enfants agissant de l’extérieur comme une personne toute-puissante pouvant faire tout ou n’importe quoi dans l’Univers, mais une grande force cosmique interne qui est comme un dynamisme créateur, il est bien dans ce sens le « créateur de l’Univers ».
 
Et enfin, le quatrième Dieu est le Dieu de la foi, dans le sens de sentiment mystique. Il est un fait que le sentiment religieux est une composante de l’esprit humain. Dans toutes les civilisations, partout dans le monde, ce sentiment existe, certains y sont plus sensibles que d’autres, mais c’est une réalité objective. Certains éprouvent ce sentiment dans la prière, d’autres comme l’impression d’être aimé, accompagné, d’autres dans le sentiment d’immensité ou de perfection que l’on a devant un beau paysage, un coucher de soleil, la merveille d’un enfant qui naît, ou en entrant dans une cathédrale... Peu importe. Certains ne le ressentent pas, mais ca ne veut pas dire que ça ne soit rien, ce n’est pas non plus parce que certains ne sont pas sensibles à la musique que la musique n’est pas un art. Le sentiment religieux est donc une composante de la vie humaine, c’est un sentiment qui peut être extrêmement fort, capable de transformer une vie, certains lui consacrant toute leur existence, il est même plus puissant que les grands besoins vitaux comme la nourriture ou la sexualité. La religion sert à encadrer ce sentiment diffus, à mettre des mots dessus, à l’encourager et à l’orienter pour qu’il s’investisse dans un sens positif pour l’individu et la société.
 
Certes, nous avons ainsi quatre approches de Dieu... Mais il s’agit bien d’un seul Dieu perçu de manières différentes, par le sentiment religieux, où l’homme, par sa complexité et sa sensibilité, ressent l’effet de cette puissance créatrice à l’œuvre dans tout le monde, et on peut penser que le sens vers lequel cette puissance nous pousse est indiqué par les valeurs de l’Evangile dans lesquelles nous croyons, nous permettant d’y collaborer activement. C’est la révélation : un discours est considéré comme tel quand on pense qu’il exprime le sens positif dans lequel orienter son énergie spirituelle. Une révélation est un discours programmatique que l’on ne peut pas déduire du passé, et qui propose une piste pour aller au-delà de là où nous sommes, c’est une nouveauté à laquelle on adhère comme à un idéal que l’on dit symboliquement « parole de Dieu », c’est-à-dire une information créatrice à mettre en œuvre.
 
Certes, tout cela fait de Dieu une image complexe, mais c’est une grande chose que de savoir que Dieu n’est pas une réalité simple. On ne traite pas la question de Dieu en disant brutalement «je crois en Dieu », ou « je n’y crois pas » parce que la question préalable qu’il faut traiter est : « qui est Dieu ? » Et la réponse ne peut pas être simple. Ensuite chacun se reconnaîtra plus dans un point ou plus dans un autre, c’est normal, tous les tempéraments ou les esprits ne sont pas les mêmes, mais certainement que l’idéal serait d’avoir une conception complexe de Dieu qui prenne en compte chacun de ces aspects.

 

 

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