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Rencontre avec Louise Laïdi, nouvelle présidente du conseil presbytéral

"J'ai envie de donner tout ce que je peux à l'Étoile." 

Louise Laïdi, 67 ans a accepté de devenir la nouvelle président du conseil presbytéral de l'Étoile. Elle raconte sa rencontre avec le protestantisme et ses engagements au service de la finance verte, en tant que juriste pour un groupe bancaire français.

Pourquoi as-tu accepté de devenir présidente du conseil presbytéral de l’Étoile ?

Quand je me suis tournée vers le protestantisme, il y a d’abord eu une période où j’ai essayé modestement de construire ma foi. Puis je suis devenue monitrice de l’école biblique à l’Étoile, après que mes enfants ont été baptisés en 1997. Je trouvais que la formule du dimanche était formidable, où l’on amène les enfants pour leur caté, et où les parents peuvent être moniteurs. Lorsqu’on est mère de famille, mariée, on n’a pas beaucoup de temps alors on « consomme » beaucoup à l’Étoile. Puis lorsque les enfants grandissent, on a plus de temps et j’ai eu envie de faire plus pour l’Étoile. Les pasteurs m’ont demandé d’abord de rejoindre le conseil presbytéral en 2016. Et en 2021, on m’a demandé si je voulais bien devenir présidente pour prendre la suite de Melton, qui était notre président, car il avait moins de temps. J’ai dit oui, volontiers.


Quel est le rôle du président ?

L’Étoile est une association cultuelle et c’est l’assemblée générale qui élit le conseil presbytéral, dont les pasteurs sont membres de droit. Ce comité est collégial, ce qui signifie qu’il n’y a aucun rapport hiérarchique entre les conseillers. Il faut qu’il y ait un président, parce qu’il est le représentant légal de l’association vis-à-vis de la société. C’est avant tout une fonction administrative.


Comment as-tu découvert le protestantisme ?

Ma mère était protestante, mon père était catholique. L’Église catholique demandait traditionnellement que les enfants soient élevés dans le catholicisme, alors c’était mon cas. Mais je m’y sentais très à l’étroit, et beaucoup plus à l’aise dans la culture protestante parce qu’on a plus de liberté pour construire sa foi. Cette liberté, pour moi, est très importante. Ma mère m’a très bien transmis son Protestantisme. Un de ses versets préférés était « Il y a plusieurs demeures dans la maison du Père », dans l’évangile de Jean. Une rencontre décisive a été celle avec le pasteur Samuel Sahagian en 1995, pasteur au temple de la rue Madame à Paris. Je suis allée le voir en lui demandant : j’ai appris par cœur que Jésus était mort sur la croix pour sauver nos péchés, mais qu’est-ce que cela veut dire ? C’est par lui que je suis entrée très à fond dans le protestantisme. Je passais aussi mes vacances dans une maison de famille dans la campagne genevoise où j’ai dévoré tous les livres d’Albert Schweitzer de la bibliothèque. Quand le pasteur Samuel Sahagian a quitté sa paroisse, j’ai cherché une paroisse où il y ait vraiment un catéchisme intelligent, et je suis tombée sur Louis Pernot, et j’ai été comblée. Je recommande la lecture du livre qu’il a tiré de son enseignement : *Un christianisme pour le XXIe siècle* (éd. Olivétan).
Je me suis intéressée à d’autres religions et ce qui caractérise pour moi le christianisme est le rôle central du message d’amour. C’est la raison pour laquelle je me sens en définitive plus à l’aise dans le christianisme, que dans les autres religions que j’ai explorées. C’est aussi l’expérience d’une vie : dans les conflits, si on y met de l’amour, on arrive à les dépasser. Et j’ai une autre conviction, qui m’est venue à la période où je m’intéressais à d’autres religions : pour vivre ma foi, j’ai besoin de la vivre dans une communauté. C’est difficile de vivre sa foi seule. C’est une des raisons pour lesquelles j’ai envie de donner tout ce que je peux à la communauté de l’Étoile.


Quels sont les sujets qui te tiennent à cœur pour l’Étoile ?

Comme je viens d’accepter ce rôle, j’essaie de voir ce que l’on peut faire, principalement pour épauler les pasteurs. Nous avons la chance d’avoir deux pasteurs qui ont un message ancré dans l’Évangile et riche de sens. Je pense aussi à la dimension matérielle liée à la diffusion très large de nos cultes, notre présence sur les réseaux sociaux. Et il y a quelque chose que j’aimerais bien creuser, à titre personnel, c’est la prédication laïque. Le Protestantisme offre en effet la possibilité à un laïc, sous la responsabilité d’un pasteur, de participer à la célébration d’un culte et il y a des formations adaptées à cette fin.


Tu as une carrière de juriste en droit international, d'abord pour des cabinets d'avocat américains avant de travailler pour le groupe bancaire BPCE en tant que coordinatrice des travaux juridiques sur la finance verte et les conséquences du Brexit...

On ne peut pas sauver la planète seul dans son coin. Il faut un effort collectif. Pour financer la transition écologique, qui coûte très cher, les autorités européennes veulent que les banques financent la transition énergétique. Une réglementation a été édictée par l'Union européenne, bientôt en application, et qui vise à rendre très attractifs, voire incontournables, les financements dans la transition énergétique. Par exemple, lorsqu'un particulier souhaitera placer un peu d'argent, les banques seront obligées de lui proposer des produits d'investissement dans des activités durables, bénéfiques à la transition énergétique. Elles devront aussi recueillir ses préférences en matière d'investissement durable. C'est un nouveau vocabulaire qui est en train de se mettre en place.
Si je vois une façon de m'impliquer dans ce domaine en dehors de ma carrière, je le ferai très certainement. Il faut du pragmatisme, parce qu'il y a une tension entre toutes les mesures qu'il faudrait prendre pour arriver assez rapidement dans cette transition énergétique, et leur coût social. Par exemple, lorsqu'on achète un bien immobilier, celui-ci est accompagné d'un diagnostic énergétique, classé de A à F. Les biens qui sont aujourd'hui mal classés perdront énormément de valeur dans les prochaines années. Dans l'immobilier, cela aura un coût social considérable. Je pense que c'est très important de sensibiliser à l'écologie et de rester pragmatique. Nous voulons tous que la transition aille très vite, mais il faut aussi tenir compte du coût social.

Propos recueillis par Raphaël Georgy